En observation aux bords des étangs de l’île de loisirs je repère au milieu des menthes aquatiques quelques pieds d’une plante déjà toute séchée. Il s’agit d’un bidens.
Les bidens sont des astéracées à fleurs jaunes typiques des milieux humides. Celui-ci, Bidens tripartita, le bidens trifolié, est le plus commun des 5 espèces présentes en àŽle-de-France. On le retrouve sur les substrats vaseux des berges des mares et étangs un peu partout dans la région.
Bien que nos individus soient secs, il reste un élément important sur nos plantes : le fruit. Etymologiquement, Bidens fait référence à la forme du fruit à deux pointes bien visibles (bi-dents).
Si on y regarde de plus près on distingue de nombreuses épines, telles des harpons. Cela permet certainement au fruit de mieux s’accrocher dans les poils et plumes des animaux de rivage et d’assurer une meilleure dispersion des graines.
Sources :
Dictionnaire étymologique de la flore française, par JP Ferrari
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Le leste vert, Chalcolestes viridis, est une espèce de l’ordre des Odonates et du sous-ordre des Zygoptères, les demoiselles.
On reconnait les lestes à leurs couleurs métalliques, leurs ptérosigmas (taches colorées dans les ailes) de forme rectangulaires et le fait qu’ils se posent en général avec les ailes étalées, caractéristique plus commune chez les anisoptères (libellules) que les zygoptères (demoiselles). Il en existe 6 espèces en àŽle-de-France.
Chalcolestes viridis se différencie des autres par : une couleur métallique verte relativement uniforme du thorax au bout de l’abdomen, des ptérostigmas clairs, une pointe verte sur le côté du thorax et des appendices annaux très clairs chez le mâle.
Chez tous les lestes la ponte se réalise en tandem, mâle et femelle accrochés, dans des tissus végétaux vivants ; souvent dans les branches de saules avançant au-dessus d’un plan d’eau. On peut d’ailleurs voir les cicatrices provoquées par les pontes sur les branches des arbres.
Le leste vert est l’un des plus tardif. Il émerge vers juillet-aoà»t et peut se rencontrer jusqu’au mois de novembre !
Cornus sanguinea, le cornouiller sanguin, est un arbrisseau qui dépasse rarement les 3 mètres de haut. Il appartient à la famille des Cornaceae, qu’il partage avec Cornus mas, le cornouiller mâle, le seul autre représentant en àŽle-de-France.
Quelques caractéristiques du cornouiller sanguin
Le cornouiller sanguin a des fleurs blanches disposées en corymbe. Sa floraison est souvent décrite comme ayant une odeur « désagréable ». Je lui trouve un parfum de levure de boulanger, ou de patte à pain crue… Chacun y trouvera agrément ou non selon ses préférences.
La feuille du cornouiller est de forme elliptique avec des nervures bien dessinées. Elle présente une caractéristique particulière : lorsque l’on déchire la feuille des filaments se forment, probablement par coagulation de la sève, qui maintiennent quelques temps les deux fragments, reliés comme par magie !
Le fruit du cornouiller est une drupe, un fruit charnu contenant un seul noyau, d’un bleu tirant sur le noir.
L’écorce des plus jeunes rameaux a des teintes rouges, parfois très vives, ce qui lui vaut son nom de cornouiller sanguin. On voit sur l’image précédente l’aspect pourpré de la branche.
Quelques atouts du cornouiller sanguin
Cet arbuste est indigène en àŽle-de-France, il est très présent et particulièrement bien adapté aux conditions franciliennes. Il fait d’ailleurs partie des plantes disposant de la marque Végétal Local pour la région. Ses fleurs, qui s’épanouissent de mai à juin, sont très mellifères et assez appréciées des insectes pollinisateurs. En septembre et octobre ce sont ses fruits qui nourrissent les oiseaux amateurs de baies et petits fruits (comme les merles et les grives par exemple). Etant de plus, plutôt bas et de structure très buissonnante il fait un formidable allié des créateurs de haies !
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Elle a une drôle d’allure cette petit bête avec sa grosse tête et ses yeux globuleux. Je la trouve plutôt mignonne. Mais qui peut-elle bien être ?
Comme je l’ai rencontrée au cours des inventaires des pollinisateurs des cimetières pendant l’observation d’un liseron à Courdimanche, je poste son portrait sur la plateforme SPIPOLL. La communauté m’informe aussitôt : c’est une punaise de la famille des Lygaeidae, Geocoris megacephalus. On rencontre plus fréquemment son cousin, Geocoris erytrhocephalus, à tête beaucoup plus petite et rouge vif.
Notre spécimen semble donc être une rareté. Et après vérification, il n’est mentionné que deux fois dans la base de données régionale ! Pourtant, quelques jours plus tard je recroise un individu sur le cimetière de Maurecourt. D’après les quelques descriptions de l’espèce, cette punaise est plutôt méditerranéenne et apprécie les espaces chauds, secs et sableux. Peut-être est-elle en train de remonter vers le nord au fil des changements climatiques. Et sans doute que les cimetières, des espaces secs et rocailleux, lui sont favorables.
Le séneçon du cap, de son nom latin Senecio inaequidens, est une plante de la famille des Astéracées originaire d’Afrique du Sud. Elle a été introduite en Europe au 19ème siècle par le biais d’importations de laines de mouton qui contenaient des graines.
Ecologie
Le séneçon du cap se développe sur des terrains vagues et sur le bord des routes. Sa taille varie entre 20 et 80 cm et peut parfois atteindre les 1.50 m de haut. Elle fleurit en formant de nombreux capitules radiés jaunes de mars à décembre.
Ces fleurs donnent ensuite des fruits en akènes plumeux blancs. Ses futures graines sont transportées par anémochorie (par le vent), hydrochorie (par l’eau) et par zoochorie (par les animaux). Leur germination se fait rapidement et sur toute l’année, avec un plus fort succès durant le printemps.
A ne pas confondre avec le séneçon jacobée
On la différencie du séneçon jacobée par ses feuilles. Celles-ci sont entières et à bords parallèles, contrairement à Senecio jacobaea qui présente des feuilles profondément découpées.
A vos observations !
Cette espèce figure parmi la liste à observer dans notre Atlas de la Biodiversité. N’hésitez pas à venir y saisir vos observations !
Quand on parle de pollinisateurs, on pense souvent aux abeilles et aux papillons. On oublie alors un groupe important : les mouches ! En France, près d’un tiers des pollinisateurs sont des diptères (mouches et moustiques). Lors de nos inventaires estivaux nous avons l’occasion d’en croiser de toutes les couleurs et de toutes les tailles. En voici quelques unes, assez sages pour s’être fait tirer le portrait.
Des chloropides
Parmi les toutes petites mouches, qu’on appelle en général des moucherons, certaines ont des couleurs particulières. A y regarder de près celle-ci est jaune, à motifs bruns et avec des yeux verts. Etonnant non ? (Mieux vaut regarder de très près, elle ne fait qu’un ou deux millimètres !) Cette mouche du genre Meromyza appartient à la famille des Chloropidae (environ une vingtaine d’espèces).
Des mouches à reflets métalliques
Dans la famille des Calliphoridae, qui regroupe plusieurs espèces ayant des reflets métalliques, nous avions rencontré au printemps Calliphora vicina, la mouche bleue. C’est maintenant sa comparse, la mouche verte, Lucilia sericata. Elles sont toutes les deux assez fréquentes dans les maisons. Elles n’y sont que rarement appréciées, pourtant le détail des couleurs est saisissant : masque blanc, yeux rouges et armure verte.
Des mouches à damier
Celle-ci arbore des motifs blancs et noirs ressemblant à un damier. Ces mouches, du genre Sarcophaga sont assez fréquentes. On les appelle également mouches à viande. Elles aiment pondre sur la viande (ou les cadavres d’animaux de manière plus générale), leurs asticots s’en nourrissent et agissent comme équarisseurs du milieu naturel. Bien que pas très glamour, elles ont un look intéressant.
Calliphoridae toujours
Stomorhina lunata est également une Calliphoridae. Si elle n’a pas de reflets métalliques distinctifs on la reconnait aisément à ses yeux : ils sont rayés !
Des Stratiomyidae
Cette jolie mouche appartient à la grande famille des Stratiomyidae (plus de cinquante espèces). Son allure élancée, ses yeux verts et son thorax métallique peuvent indiquer qu’elle est du genre Sargus. Mais il serait difficile d’aller plus loin dans l’identification sur photo.
Des syrphes évidemment
La famille la plus représentée dans nos inventaires de pollinisateurs est sans doute celle des syrphes. C’est une famille assez conséquente et dont les individus, qui ressemblent souvent à des guêpes ou des abeilles, sont assez photogéniques. Ici, c’est un syrphe avec de gros fémurs que l’on rencontre souvent lors des inventaires SPIPOLL : Syritta pipiens, la syritte piaulante.
Et des Bombylidae
Ces grosses mouches velues qui ressemblent un peu à de minuscules nounours sont des Bombylidae. C’est également une grande famille (avec plus de soixante espèces en France). Ici, c’est Villa hottentotta qui se délecte d’une fleur de lierre.
Retrouvez notre galerie de printemps dans cet article :
Ce tout petit criquet blanc aux larges épaules nous attendait sur la plage de l’étang des Galets, à la limite de la végétation herbacée.
Nous le plaçons en quarantaine (de secondes) dans une boîte loupe, le temps de le photographier plus commodément. Ce n’est pas l’abdomen qui est très long, c’est une expansion du pronotum, le dessus du thorax, qui couvre les ailes. C’est une particularité du genre Tetrix dont on compte 6 espèces en Ile-de-France.
Nous avons capturé une femelle. Au bout de son abdomen, son ovipositeur denté comme un couteau-scie lui sert à pondre dans les berges caillouteuses.
On voit sur ces photos que le dessus de la tête (le vertex) avance un peu au-devant des yeux, que le thorax est peu bombé et que l’arête inférieure des fémurs médians ne semble pas ondulée. Il s’agit donc probablement de l’espèce Tetrix subulata, une espèce rare inféodée aux milieux humides. Si ce n’est lui, c’est son frère Tetrix ceperoi, le criquet des vasières.
C’est au cœur du Vieux Pontoise, au numéro 9 de la rue de la Harengerie, que m’attend ma correspondante, une des membres de l’association qui fait vivre ce jardin peu commun.
Avec l’accord de la ville, propriétaire des lieux, les jardiniers amateurs ont investi les ruines de l’ancien presbytère dont il ne subsiste que quelques pans de mur. On lit encore la trace de l’un des bâtiments démolis sur le pignon aveugle de l’immeuble voisin.
Le défi a été rude : pas d’eau sur le terrain et pas non plus de sol, uniquement des gravats !
Et pourtant cet endroit inhospitalier est devenu au bout de quelques années une oasis de verdure productive et pleine de charme.
A coups de pioche, les plus gros moellons sont extraits et réemployés à mesure des aménagements pour réaliser des murets ou des escaliers.
Pour l’essentiel, les parcelles jardinées sont des bacs ou des buttes de culture intégrant de grosses quantités de compost. La végétation sauvage présente sur le site (clématite, buddleias, orties) est régulièrement taillée et coupée menu pour pailler le pied des fleurs et des légumes.
C’est un jardin dans lequel sont bichonnées avec amour toutes les plantes : les sauvageonnes, les mellifères, les aromatiques, les engrais verts, les vivaces et bulbes de collection, les légumes généreux… La biodiversité y trouve son compte, on peut même y croiser la belle Ariane, Lasiommata maera.
Les bacs de compostage collectifs ont été fournis par la Communauté d’agglomération, ils fonctionnent à plein régime !
Voici un joli papillon que nous n’avions pas encore vu : le petit sylvain. Son habitat naturel est le boisement ou la forêt humide, rien d’étonnant à ce que nous l’ayons aperçu dans le sous-bois aux bords de la mare de l’Hautil.
De plutôt grande envergure (4 à 5 cm) le petit sylvain arbore des couleurs sobres, brun et blanc, sur la face supérieure de ses ailes et tire sur le orange vif sur la face inférieure.
La pollinisation est un processus par lequel le pollen (grains émis par les étamines de la fleur) est transféré vers le stigmate (partie réceptive du pollen), permettant ainsi la fécondation de la fleur et donc la reproduction de la plante. Il existe différents vecteurs de pollinisation, qui peuvent être biotiques (insectes, oiseaux, chauves-souris…) ou abiotiques (eau, vent…).
Bien que la plupart des cultures agricoles mondiales soient anémophiles (pollinisation par le vent), comme les céréales, 30% d’entre elles dépendent tout de même des pollinisateurs. C’est le cas, par exemple, de nombreux fruits et légumes. Cela signifie qu’en l’absence de cette pollinisation, assurée par tout un tas d’insectes et plus globalement par des animaux, la culture de fruits et légumes devient compliquée voire impossible.
Aujourd’hui, sous l’effet d’un grand nombre de facteurs (fragmentation des habitats, utilisation de produits chimiques, altération phénologique…), l’activité des pollinisateurs est limitée. Cette forte perturbation vis-à -vis des pollinisateurs nous contraint d’aménager des zones « refuges » pour favoriser leur présence.
Depuis 2010, le SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs), protocole de sciences participatives du Muséum national d’Histoire Naturelle, permet d’étudier les réseaux de pollinisation (interactions entre les plantes et les insectes et entre les insectes). Ouvert à tous, il est un bon moyen pour se rendre compte de l’incroyable diversité des insectes pollinisateurs, parmi lesquels les abeilles domestiques et les papillons restent minoritaires.
Préserver les espaces naturels
Pour protéger ce processus naturel qui est aujourd’hui menacé, il est indispensable de laisser aux insectes des espaces de vie sur lesquels ils puissent accomplir leur cycle biologique. Faciliter le déplacement des insectes est également primordial, en reformant les trames vertes et en amoindrissant les fragmentations écologiques.