Tous les ans autour du 15 janvier a lieu le comptage WetLands à l’échelle mondiale : le comptage des oiseaux d’eau sur les zones aquatiques et humides les plus importantes. Comme tous les ans nous sommes allés inventorier les étangs de l’île de loisirs avec les bénévoles LPO. Et honnêtement, on n’a pas eu chaud !
En plus d’une météo peu clémente avec les naturalistes et avec les photographes, la pêche a été maigre. Est-ce le froid et la grisaille qui ont tenu les oiseaux à distance ? Est-ce un désintérêt croissant pour les étangs de l’île de loisirs, ou un déclin généralisé des populations d’oiseaux d’eau ? Sans doute un savant mélange de tout cela. Toujours est-il que l’on a peu de rencontres à vous conter.
Un jeune héron faisait la sieste abrité sous son aile.
Côté anatidés seuls les cygnes tuberculés étaient bien présents (plus d’une dizaine d’individus), les canards colverts étaient à peine quatre ou cinq, et même les bernaches du Canada avaient déserté les lieux.
Enfin, même le dortoir à grand cormoran affiche une baisse d’effectif avec seulement 120 individus contre 180 l’an dernier…
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Cette année, pour le comptage du Wetlands (comptage annuel des oiseaux d’eau de l’île de loisirs) le soleil était au rendez-vous. Les équipes de la LPO-idf et de la CACP ont parcouru les différents plan d’eau à l’aide de jumelles, de longues-vues et d’appareils photos à téléobjectifs. Et malgré des étangs désespérément vides (les effectifs sont en net déclin ces dernières années), quelques bonnes surprises ont égayé la journée.
Les habitués
Les canards colverts, foulques macroules, gallinules poules d’eau ou cygnes tuberculés, bien que peu nombreux sont toujours présents sur les étangs.
Et ils on bien voulu se prêter à l’essayage du nouvel objectif comme modèles.
Les voyageurs
Les mouettes rieuses sont toujours nombreuses sur l’eau ou sur les câbles des attractions nautiques. Aussi nous jouons à notre jeu préféré : chercher les bagues ! On en trouve deux, une jaune et une bleue. Les mouettes sont loin, installées sur le téléski c’est impossible de lire les codes sur les photos. Heureusement la longue-vue a un zoom plus puissant. Ce sont deux polonaises, mais pas les mêmes que celles vues dans le parc François Mitterrand !
Le gros objectif du Wetland sur l’île de loisirs de Cergy est le comptage du dortoir des grands cormorans à la fin de la journée. A la tombée de la nuit ils se regroupent sur l’île en face de la zone de baignade. Si les années précédentes les chiffres étaient décevants, cette année les effectifs ont retrouvé leurs valeurs habituelles. Pas moins de 154 individus dénombrés ce soir-là !
La bonne surprise
Un seul fuligule morillon, deux canards chipeaux, trois grèbes huppés, quatre hérons cendrés, mais… Trois grèbes jougris ! C’est une espèce très rare en àŽle-de-France. L’an dernier un seul individu a été signalé dans la base de donnée régionale, en Seine-et-Marne et à l’échelle nationale lors du comptage 2021 seuls 13 individus ont été notés. Depuis 10 jours les ornithologues et photographes défilent à l’île de loisirs pour voir ces superbes oiseaux.
Et toujours, pour nous tenir compagnie, l’ami rougegorge.
Le WetLands est le premier protocole de l’année. C’est un comptage à l’échelle internationale qui consiste à compter les oiseaux hivernants des milieux humides. A la mi-janvier, la plupart des migrateurs venus du nord pour passer l’hiver sur les plans d’eau franciliens et échapper au froid et à la neige sont arrivés. Le 15 janvier dernier, avec les coordinateurs de la LPO, nous avons donc participé au comptage de l’un des sites majeurs de la Région : l’île de loisirs de Cergy-Pontoise.
C’est un maigre bilan que celui de notre premier comptage de l’année. Les populations d’oiseaux d’eau sont en nette baisse.
Ce sont quelques 90 cormorans qui sont venus se poser pour passer la nuit sur leur dortoir habituel au milieu de l’île de loisirs.
Un seul fuligule morillon passait sur un bassin en compagnie de canards colverts. A titre indicatif, il arrivait plusieurs centaines de fuligules à cette même période 20 ans plus tôt.
Les colverts, qui ont totalisé une petite soixantaine d’individus, étaient également accompagnés de deux canards mandarins.
Les foulques macroules ont difficilement atteint les 20 individus et moins de 10 poules d’eau ont été contactées.
Nous avons également croisé 5 hérons cendrés et presque autant de cygnes tuberculés.
Malgré la déception due à ces très faibles effectifs, nous avons tout de même eu la chance d’observer le ballet de quelques milliers de mouettes rieuses s’envolant de l’eau pour rejoindre un dortoir, probablement plus au sud sur la Seine, de quoi égayer la journée. Non non, il ne neigeait pas encore !
Et toujours, pour nous tenir compagnie, l’ami rougegorge.
Il y a quelques jours, pendant que je profitais de mon heure quotidienne pour observer la vie hivernale de l’île de loisirs, il y avait sur la pyramide (à gauche de l’île astronomique sur l’image) pas moins de 5 hérons cendrés.
Ce grand oiseau, à l’allure tantôt gracieuse et tantôt renfrognée est un animal grégaire. L’hiver, les individus se regroupent en dortoir dans des espaces protégés des prédateurs. Vue l’avancée de la nuit au moment de mon observation je suppose que mes 5 hérons, isolés sur leur pyramide, s’apprêtaient à passer la nuit ensemble et à l’abris. Au printemps, les adultes forment des colonies pour nidifier. Jusqu’à plusieurs dizaines voire centaines de couples se regroupent dans des arbres ou des roselières et y construisent des nids de relativement petite taille comparée à celle de l’oiseau.
Malgré son envergure, le héron fréquente beaucoup les arbres, pour se percher, pour dormir ou pour y construire son nid.
En revanche, lorsqu’il chasse le héron est solitaire et défend farouchement son territoire. Que ce soit à la pêche (il consomme essentiellement des poissons et quelques amphibiens) ou à la chasse (il n’est pas rare de le voir dans les champs attraper de petits mammifères) il ne se laisse pas voler une proie.
Il n’est d’ailleurs pas moins farouche concernant les humains. S’il n’est pas rare de le voir sur les bassins urbains où il se nourrit de poissons rouges il se tient en général à bonne distance. Celui-ci profitait du confinement du printemps pour faire une petite promenade aux bords des bassins du parc de la préfecture.
Quelques critères physiques
Les oiseaux de la famille des Ardéidés, dont fait partie le héron cendré, ont la particularité de tenir leur long cou replié en vol et au repos, il prend une forme de S, caractéristique de la famille.
Ils le déplient quand ils sont à l’affut d’une proie ou pour la harponner. Le héron est pour cela équipé d’un bec long et puissant en forme de poignard.
Côté couleur, le héron fait dans l’élégance sobre : en nuances de gris, de noir et de blanc. Le juvénile a le front gris et peu de distinctions sur le reste du plumage. Les adultes ont le front blanc et deux sourcils noirs qui se rejoignent derrière la tête. Le cou est blanc et très différencié du reste du corps, gris cendre.
De l’importance de la cendre :
Si le qualificatif de cendré (cinerea en latin) correspond bien à la couleur de l’oiseau il rappelle également qu’il n’est pas seul et permet de le distinguer des autres espèces de hérons. En àŽle-de-France on peut rencontrer :
Ponctuellement, un héron pourpré (plutôt méditerranéen) de passage pendant une migration.
Le héron garde-bœufs, un petit héron tout blanc.
Le butor étoilé, le bihoreau gris et le blongios nain, trois petits hérons rares mais présents dans la région.
Le héron crabier, encore plus rare que les précédents.
Et les deux aigrettes, la grande et la garzette que l’on a déjà vu sur le territoire.