Les responsables, ce sont ces pucerons et leur miellat abondant qui est tombé au sol et sur les feuilles des plantes basses. Des moisissures se sont développées sur ce miellat et ont formé ce dépôt noir que l’on nomme fumagine.
Voici l’un de ces pucerons de grande taille (5 mm). L’ornementation caractéristique de leur abdomen confirme l’espèce Tuberolachnus salignus, le puceron géant du saule.
Chaque année à la sortie de l’hiver, le puceron géant du saule disparaît. On le voit à nouveau sur les saules à partir de juillet. Où est-il passé entre temps ? Personne ne le sait. Au printemps prochain, c’est décidé, je vais en suivre un pour le découvrir.
Cette élégante petite araignée (3 mm !) présente sur son abdomen un dessin qui rappelle la silhouette d’un sapin de Noà«l. Je l’ai trouvé dans la végétation d’un bord de champ à Ham, hameau de Cergy. Cette petite espèce capture les mouches imprudentes, souvent bien plus grosses qu’elle, qui se posent sur les feuilles où elle a tendu ses fils de soie collante.
Le site de l’Aren’ice est l’un des quarante points d’écoute d’oiseaux où nous nous rendons chaque année en avril et en mai, dans le cadre de nos relevés du Suivi Temporel des Oiseaux Communs. Nous avions choisi cette belle friche armée de ronces et d’aubépines parce qu’elle était bien représentative de ce secteur. Nous y trouvions des espèces peu communes typiques de ce type de milieu : la fauvette grisette, l’hypolaà¯s polyglotte, la linotte mélodieuse, le tarier pâtre.
Les travaux de construction de l’Aren’ice ont quelque peu perturbé le secteur, mais les grands espaces paysagers d’esprit très naturel qui accompagnent l’équipement laissent présager une évolution favorable pour l’avifaune. Un petit tour sur place nous a permis d’apprécier la situation.
Grosse surprise : un couple de tariers pâtres n’est pas parti en migration comme tous ceux de son espèce ! Ils ne sont chaque hiver, dans toute l’Ile-de-France, que quelques dizaines d’individus à faire ce pari très risqué. Espérons pour ces deux oiseaux que l’hiver ne sera pas trop rigoureux.
Certains bassins d’infiltration sont en eau : une aubaine pour les espèces insectivores de passage ! Nous y avons vu la bergeronnette grise, la bergeronnette des ruisseaux et même un pipit spioncelle, un hivernant rare pour l’Ile-de-France.
Dans les zones de friches adjacentes, les ronces et les saules accueillaient de nombreux passereaux, notamment des pinsons des arbres, des accenteurs mouchets et cet étonnant bruant des roseaux.
Au pied des grands pylônes électriques, la végétation naturelle présente avant travaux a été conservée intacte. Ces endroits providentiels sont autant de zones de refuges et de recolonisation de l’espace pour toute la petite faune sauvage.
Merci aux fidèles lectrices et lecteurs qui ont tenté leur chance. Ces mystérieuses bestioles ne sont pas des mues de coccinelles, ni des graines, ni des cloportes poilus, ni des poux de loups (quelle imagination !)…
Le polyxène à pinceau est un mille-pattes ! Il possède même deux paires de pattes par segment, ce qui le place dans la classe des diplopodes.
Evidemment, il faut y regarder de près car la bête adulte ne dépasse pas 4 mm. Cette petite famille était dans son habitat préféré : sous une écorce de platane. Les polyxènes mangent des détritus organiques, sans doute aussi des algues et des champignons microscopiques.
Mais que font-ils avec leur pinceau en l’air ? Cherchent-ils à m’impressionner ? En fait, ces pinceaux sont des armes redoutables ! Lorsque les polyxènes se sentent menacés par une fourmi ou une araignée, ils frottent la face de leur agresseur avec leur pinceau, dont les longs poils détachables sont armés de barbes et de crochets minuscules. Le prédateur incommodé cherche à se défaire de ces poils qui s’accrochent à ses soies et ne fait que s’emmêler plus encore, laissant à ses proies leur chance dans la fuite.
Encore une qui voulait rentrer chez moi. Les chrysopes, qui ont perdu leur belle teinte verte, cherchent un abri avant l’arrivée des grands froids. Celle-ci était déjà un peu engourdie, j’en ai profité pour lui tirer le portrait.
Au printemps les chrysopes se réveilleront, retrouveront leurs couleurs et reprendront leurs activités de brouteuses de pollen. Les femelles iront pondre au plus près des colonies de pucerons.
A votre avis, combien existe-t-il d’espèces de plantes en France (métropole et Outre-mer) ? Le nouveau référentiel taxonomique national (TAXREF version 10.0) qui vient d’être mis en ligne sur le site de l’INPN nous renseigne : il dénombre 27 738 espèces de plantes vasculaires.
En 2016, la biodiversité française compte officiellement 182 498 espèces de champignons et de représentants de la faune et de la flore, terrestres et marins.
L’Outre-mer contribue pour presque la moitié à ce résultat, alors qu’on estime que 20 à 30% seulement des espèces y ont été identifiées. Pour ce qui concerne la métropole, les scientifiques estiment que 80 à 90 % de sa biodiversité est recensée, soit aujourd’hui 101 167 espèces.
La biodiversité mondiale serait de l’ordre de 2 000 000 d’espèces.
Elle fait les cent pas en hochant la queue devant le parc à bateaux de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. De temps en temps, elle s’arrête et picore un peu dans les laisses sur la plage. Ce bel oiseau au bec fin a une longue queue, le dos gris et les sous-caudales jaunes. C’est une bergeronnette, et ses pattes roses nous renseignent sur l’espèce : il s’agit de la bergeronnette des ruisseaux.
Cette espèce fait partie des oiseaux qui nichent à Cergy-Pontoise. On la voit tout l’été au bord de la Viosne, dans le Jardin des Lavandières à Pontoise. Elle capture des insectes qui sont liés à la présence d’eau vive, comme des agrions.
En septembre, elle part en migration vers les régions côtières et reviendra en avril. Celles que l’on croise de septembre à avril au bord de nos bassins sont des migratrices qui font une halte, ou des hivernantes d’Europe du Nord. En France, cette espèce est en léger déclin depuis une dizaine d’années.
Depuis que je suis tout petit, je déteste l’endive.
Et manifestement, je ne suis pas le seul : le regretté Pierre Desproges lui a même consacré une page d’anthologie dans son « Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis ». En voici un extrait :
n.f. Sorte de chicorée domestique que l’on élève à l’ombre pour la forcer à blanchir. La caractéristique de l’endive est sa fadeur : l’endive est fade jusqu’à l’exubérance.
Sa forme, qu’on peut qualifier de n’importe quoi, genre machin, est fade.
Sa couleur, tirant sur rien, avec des reflets indescriptibles à force d’inexistence, est fade.
Son odeur, rappelant à l’amnésique qu’il a tout oublié, est fade.
Son goà»t, enfin, puisque, dit-on, de nombreux pénitents mystiques préfèrent en manger plutôt que de crapahuter sur les genoux jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle, atteint dans la fadeur gastronomique des sommets que le rock mondial frôle à peine dans la pauvreté créatrice.
Je ne savais pas pourquoi cette aversion pour l’endive. Maintenant, je sais : je viens de découvrir que l’endive est une plante dangereuse, classée dans la catégorie des plantes photosensibilisantes ! De quoi s’agit-il ? Certaines plantes, que l’on nomme photosensibilisantes, peuvent entrainer des réactions cutanées semblables à des brà»lures par l’effet conjugué du contact de leur sève et de l’exposition au soleil. L’une des plus dangereuses est la berce du Caucase, capable de provoquer de graves lésions sur la peau.
Sur cette question épineuse des plantes dangereuses, qui se pose en permanence à tout créateur de jardins, je recommande deux ressources accessibles sur internet et qui me paraissent très sérieuses :
Je suis allé aux 8èmes rencontres naturalistes franciliennes prendre des nouvelles de la biodiversité de notre région : l’arrivée du castor dans l’Essonne, la reproduction du circaète (un rapace qui ne se nourrit que de reptiles) à Fontainebleau, la découverte de plantes rares dans les mouillères du Gatinais, bref plein de nouvelles réjouissantes… Grégoire Loà¯s, le directeur de VigieNature, a stupéfié l’auditoire avec une communication sur les strepsiptères, les plus étranges des insectes. Figurez-vous, Alien est un agneau à côté du strepsisptère !
Cet insecte passe l’essentiel de sa vie dans le corps d’une guêpe ! Seule la tête dépasse entre deux segments abdominaux de l’infortunée guêpe parasitée. Les femelles strepsiptères n’ont pas d’yeux, ni de bouche, pas de pattes non plus, pas d’ailes, pas d’antennes. C’est juste un sac mou qui se nourrit de l’hémolymphe de son hôte par perméabilité cutanée.
Le mâle a des pattes, de belles antennes ramifiées et est doté d’une paire d’yeux à lentilles plus proches, paraît-il, de ceux des trilobites que des autres insectes. Il a une paire d’ailes et une paire de balanciers, mais à l’inverse des mouches, ce sont les ailes antérieures qui sont réduites à l’état de balanciers. Il vit à l’état adulte quelques heures, le temps de rencontrer une femelle. Celle-ci n’a pas de sexe et lors de la fécondation par le mâle, les spermatozoà¯des pénètrent dans son corps par des pores. Elle se remplit d’embryons qui se nourrissent de la chair de leur mère. Les jeunes larves, minuscules et munies de pattes, sortent de la dépouille maternelle et sautent sur une autre guêpe de passage.
Les guêpes parasitées – on dit stylopisées en ce cas – vont toujours visiter leur nid mais ne travaillent plus pour leur colonie. Elles finissent même par changer de sexe. La présence des parasites les a rendu zombies. Et, c’est bien connu, les zombies ont tendance à former des groupes compacts, ce qui facilite grandement les rencontres entre adultes strepsiptères mâles et femelles.
Grégoire les a compté : une guêpe poliste sur 12 en France est parasitée par les strepsiptères ! Alors j’ai ressorti mes photos de polistes, et j’en ai trouvé une qui montre une déformation typique de ce parasitisme : un segment abdominal est nettement soulevé. Malheureusement l’angle de prise de vue ne permet d’apercevoir le strepsiptère.
Je vous présente Hypena rostralis, surnommé « le Toupet » (le bien nommé !). Cela fait une semaine qu’il squatte sans vergogne l’escalier de ma cave. Cette espèce fait partie de ces bestioles qui rentrent aux premiers coups de froid dans les maisons, à défaut d’arbres creux, et cherchent un coin tranquille pour passer l’hiver. A la belle saison, il retournera dehors. Ses chenilles vertes mangent les feuilles des orties ; elles peuvent manger toutes celles de mon jardin, si elles veulent. Ce papillon de nuit a deux générations par an, à la fin du printemps et en automne.