
Qu’est-ce que c’est que ce portrait de troll triste ? Rendez-vous lundi pour faire toute la lumière !
Une mouchette blonde aux ailes barrées semble vouloir estimer dans ce face-à -face le danger que représente pour elle cette araignée crabe postée un peu plus bas.
Pas d’ovipositeur au derrière de ce diptère Tephritidae : il s’agit d’un mâle. Terellia tussilaginis est une espèce fréquente sur les bardanes, et parfois sur les cirses. La femelle pond au cœur de l’inflorescence et ses larves consomment les jeunes graines. Les pupes passent l’hiver dans les inflorescences sèches.
Voici une femelle de cette belle espèce observée à Maurecourt. L’ovipositeur est bien visible. Admirez ces beaux yeux verts (cliquez sur l’image pour l’agrandir) !
Terellia tussilaginis est très facile à observer en été. Il suffit de s’approcher doucement des bardanes en fleurs. Parfois on y croise une autre jolie Tephritidae, Tephritis bardanae, strictement inféodée aux bardanes (voir ci-dessous).
Le 5 juillet 2018, nous sommes allés au parc du château de Grouchy à Osny. La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise y gère en fauche tardive une prairie humide dont la biodiversité est évaluée depuis plusieurs années par l’application de deux protocoles de sciences participatives pour gestionnaires d’espaces verts : Florilèges prairies urbaines (plantes) et Propage (papillons de jour).
Lors d’un transect, méthode d’inventaire de Propage, nous avons rencontré ce Flambé, Iphiclides podalirius. Cette espèce protégée en Ile-de-France doit son nom vernaculaire à ses belles lignes noires.
Ses chenilles consomment des feuilles de prunellier ou de cerisier.
Tout comme les plumes des oiseaux, les écailles, qui couvrent ses ailes et forment les motifs caractéristiques de l’espèce, permettent au papillon de trouver son ou sa partenaire pour se reproduire. Elles sont aussi probablement impliquées dans la conduite du vol, ainsi que dans l’émission et sans doute la perception d’odeurs. Elles sont accrochées, telles des tuiles d’un toit, à la membrane transparente qui constitue la structure de l’aile.
Ces écailles ne sont pas plus grosses qu’un grain de pollen. Retrouvées au fond des lacs ou dans les sols anciens elles pourraient permettre, comme le pollen, de raconter l’histoire d’un site et peut être même de dater certaines couches de sédiments.
Abîmer les écailles d’un papillon ne l’empêchera pas de vivre, mais il ne sera pas reconnu par ses congénères et ne pourra pas se reproduire.
Présente dans les régions les plus chaudes de la moitié sud de la France, la cicadelle pruineuse, d’origine américaine, a été signalée en 2014 à Nanterre, en 2016 à Paris au jardin du Luxembourg et en 2017 dans le bois de Boulogne. Je viens de l’observer à Joinville-le-Pont, à deux pas de l’école Du Breuil.
Cette cicadelle est capable de se nourrir de la sève de très nombreux végétaux. Dans le petit bois à la sortie du RER que traversent tous les jours les étudiants de l’école Du Breuil, elle est en grand nombre sur les robiniers, la clématite sauvage et l’ortie dioà¯que. Bonne nouvelle, elle est aussi sur l’ailante, un arbre invasif qui pose par endroits de sérieux problèmes !
Metcalfa pruinosa est un ravageur important des arbres fruitiers. Il les affaiblit considérablement au point de compromettre la production, lorsque ses populations sont très nombreuses. Heureusement, un parasitoà¯de américain introduit dans les régions infestées régule efficacement ces pullulations : Neodryinus typhlocybae pond dans les larves de la cicadelle pruineuse.
La cicadelle pruineuse est en Ile-de-France !
Les œdemères sont des coléoptères de la famille des Oedemeridae qui compte une quarantaine d’espèces et sous-espèces en France. Les adultes sont faciles à observer en été sur toutes sortes de fleurs où ils viennent se nourrir de pollen. Comme les longicornes (Cerambycidae) dont ils sont proches, leurs larves vivent dans le bois mort ou dans des tiges sèches.
Les œdemères sont des insectes d’assez petite taille (un centimètre tout au plus).
Chez plusieurs espèces, les mâles arborent des cuisses volumineuses. C’est sans doute un moyen pour se faire remarquer des femelles…
A ce propos, voici l’histoire d’une aventure amoureuse chez les œdemères nobles. La scène se passe à Vauréal sur une fleur d’églantier :
Attrape-moi si tu peux !
Admirez la performance acrobatique : le mâle nous montre sa face ventrale.
La femelle a eu peur du photographe et s’est cachée au revers d’un pétale, entraînant son partenaire avec elle. J’ai arrêté là ma séance de photographie. C’est vrai, ils ont droit à un peu d’intimité…
Chétifs et décolorés, ils font grise mine les Pieris du patio du Verger, au pied de l’immeuble où je travaille. Les coupables se cachent au revers des feuilles : ce sont des tigres. Certes, de tout petits tigres, mais de terribles ravageurs ! Stephanitis takeyai nous vient du Japon, cet hémiptère de la famille des Tingidae serait arrivé aux Pays-Bas en 1994 et en Grande-Bretagne en 1995. En France, il a d’abord été repéré en 2005 en Vendée puis en Bretagne. Depuis 2014, il sévit aussi en en Ile-de-France. Je l’ai vu sur des Pieris dans des massifs de plantes de terre de bruyère à Créteil, à Cergy, à Rueil-Malmaison.
Les punaises prédatrices et les chrysopes peuvent limiter les populations de cet insecte, mais il est prolifique et capable d’enchaîner plusieurs générations dans l’année.
Ses ailes au motif en dentelle et doublement barrées de noir miroitent au soleil. Elles sont peu fonctionnelles, aussi l’insecte est peu mobile et on retrouvera d’année en année ses générations successives sur les mêmes plantes dont il suce la sève.
Corythucha ciliata est une autre tigre, inféodé au platane. Ce sont ses attaques qui provoquent la décoloration du feuillage de cet arbre en été. Originaire d’Amérique du Nord, le tigre du platane est présent en France depuis 1975.
Mercredi 11 juillet 2018, à l’initiative de Gilles Mayot, maître de conférences à l’IUT de Cergy-Pontoise, deux ruches ont été installées en partenariat avec l’association Ocelles à côté du parking des professeurs. L’enclos en bois de deux mètres de haut qui les protège permet de respecter la réglementation.
L’association Ocelles a choisi l’abeille noire afin de participer à la conservation de cette espèce indigène.
Les deux colonies qui habitaient auparavant à l’intérieur de ruchettes ont gagné des logements plus spacieux.
La présidente de l’association, devant le personnel et les élèves impliqués dans le projet, a donné des explications sur la vie des abeilles.
Lors de la période hivernale, les abeilles se rassemblent dans l’endroit le plus chaud de la ruche. Les mâles, appelés aussi faux-bourdons, sont chassés par les ouvrières. Ils ne servent pas à grand-chose à part à féconder la reine et consommer inutilement le miel indispensable à la survie de la ruche pendant l’hiver, c’est pourquoi ils sont mis à la porte, une fois leur travail de reproduction accompli.
Les abeilles d’hiver et d’été ne sont pas les mêmes. Celles d’hiver pourront vivre trois à quatre mois alors que les ouvrières d’été ne vivent pas plus d’une quarantaine de jours.
Toutes les larves sans exception sont nourries à la gelée royale durant les trois premiers jours de leur existence, seules les futures reines auront droit à ce régime spécial pendant toute leur jeunesse. Un combat mortel aura lieu entre toutes ces princesses, seule la gagnante deviendra reine.
Pour limiter au mieux la concurrence alimentaire entre les abeilles sauvages du secteur et les nouvelles venues domestiques, il serait heureux d’accompagner l’arrivée des ruches par des plantations ou des semis de plantes mellifères. Peut être un nouveau projet tuteuré pour la future promotion d’étudiants à la rentrée de septembre ?
Les plantes attractives pour les abeilles et les insectes pollinisateurs
Les bernaches du Canada semblent bouder cette plante qui forme de jolis massifs aux abords des étangs de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise.
Ses fleurs d’un rose vif, odorantes comme celles des pois de senteur, sont butinées par les abeilles domestiques. La gesse tubéreuse, fabacée vivace aujourd’hui peu commune en Ile-de-France, affectionne les prairies fauchées des bords de route, les talus herbeux, les bords de champs sur sols calcaires et argileux. Elle était autrefois cultivée comme fourrage, mais aussi en tant que légume.
Une étude de 1983 montre le bon potentiel alimentaire de cette plante. Ses tubercules bruns et ridés peuvent atteindre 20 à 30 centimètres de long lorsque la plante est en culture. Ils sont riches en protéines et auraient un goà»t de noisette. On les prépare cuits en purée.
Noix de terre, pois gras, châtaigne de terre ou pistache de Marcou : ses anciens noms vernaculaires témoignent de l’intérêt culinaire que lui portaient nos aà¯eux. Attention cependant, ses graines sont toxiques et ne doivent pas être consommées crues.
Elle fait partie des espèces indigènes recommandées par l’Agence Régionale pour la Biodiversité en Ile-de-France, pour les aménagements d’espaces verts et naturels.
Lors d’une sortie à Vauréal, nous avons découvert un long fil suspendu à une branche de fusain d’Europe. Il était tellement résistant que l’on en a déduit, un peu vite, que ça devait être un fil de pêche.
Etrange, tout de même, un fil de pêche à la lisière d’un bois, sans point d’eau aux alentours… Regardons cela de plus près.
Après quelques recherches, nous découvrons dans le secteur de nombreux cocons suspendus au revers de feuilles de lierre. La mise en élevage de quelques-uns de ces cocons dans un bocal aéré a permis rapidement de déterminer l’insecte : il s’agit de cocons d’Yponomeuta cagnagella, le grand hyponomeute du fusain.
Les chenilles de ce papillon de nuit sont d’excellentes tisseuses. Et le fil que nous avions trouvé était en fait un solide assemblage de soies produites par les chenilles pour descendre de l’arbre en groupe à la recherche d’un lieu propice pour se nymphoser.
A l’automne, la femelle pond sur les rameaux des fusains d’Europe des œufs très petits et recouverts d’une substance collante, imitant l’écorce. Les jeunes chenilles vont hiberner sous un bouclier brunâtre. Au printemps, elles se regroupent sur une branche pour tisser leur toile et commencer à consommer les feuilles.
Après avoir presque entièrement défolié l’arbre, elles tissent leur cocon et finalement se métamorphosent pour perpétuer l’espèce. Bien que ces chenilles fassent disparaitre toutes les feuilles de leur plante hôte et la recouvrent de toiles disgracieuses, l’arbuste survit facilement et se regarnit en été.
Les chenilles d’hyponomeutes ne sont pas dangereuses pour les fusains, elles ne sont pas non plus urticantes ni toxiques pour les humains. Les laisser vivre favorise la biodiversité : les papillons de nuit font le bonheur des chauves-souris ! Traiter chimiquement les chenilles d’hyponomeutes serait donc une bien mauvaise idée, un geste à la fois inutile, coà»teux et néfaste !
Pour éviter les catastrophes esthétiques, les jardiniers avisés éviteront cependant de planter en grandes masses cette espèce. Mais en tant que plante indigène, le fusain utilisé avec parcimonie a toute sa place dans les haies champêtres en mélange.
La carte géographique est ainsi nommée en raison des fins réseaux clairs qui ornent le dessous de ses ailes. C’et l’un des mes papillons préférés !
Les individus de la génération d’été ont le dessus des ailes très sombre avec des marques blanches bien visibles.
La tonalité générale de la première génération, que l’on voit en avril et mai, est beaucoup plus claire.