L'actualité de la Nature

L’orobanche pourprée, plante rare et protégée

Phelipanche purpurea, l’orobanche pourprée – en limite de Jouy-le-Moutier et Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Cette modeste plante aux fleurs violettes est une plante rare, protégée en Ile-de-France et bénéficiant d’un plan régional d’actions.

Dans le Val d’Oise, on ne connaissait sa présence que sur une seule commune : La Roche-Guyon. Il faut désormais y ajouter Jouy-le-Moutier, pour cette station constituée d’un unique individu. Comme toutes les orobanches, c’est une plante parasite. Celle-ci croît aux dépens de l’achillée millefeuille.

L’orobanche pourprée est typique des prairies de fauche à  orchys pyramidal, elle craint surtout l’embroussaillement et les fauches trop précoces pendant sa période de floraison.

Je l’ai trouvée au bord d’un chemin faisant la limite de communes entre Jouy-le-Moutier et Vauréal. Aussi, je préviens nos deux collègues en charge de l’entretien des espaces naturels de ces communes pour qu’ils ajustent leur mode de gestion, ainsi que le Conservatoire botanique national du Bassin Parisien pour compléter leur inventaire sur cette espèce.

Retrouvez notre article :

L’orobanche du lierre

L'actualité de la Nature

L’andrène des campanules

Une abeille butine la campanule raiponce (Campanula rapunculus) – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

En juin, la campanule raiponce monte ses hauts épis de fleurs mauves dans les prairies et sur les talus des bords de route. J’en ai vu quelques pieds au bord d’un chemin derrière la grande mosquée de Vauréal.

Plusieurs espèces d’abeilles sauvages sont spécialisées dans la collecte du pollen de cette plante. J’attends que cette visiteuse sorte de la corolle pour essayer de l’identifier.

Une andrène © CACP – Gilles Carcassès

Ma patience est récompensée, la petite abeille s’extrait de la fleur. Le fémur et le tibia de la patte postérieure sont garnis de longs poils servant au transport du pollen destiné à  l’élevage des larves. La couleur du pollen ne trompe pas, c’est une butineuse assidue des campanules. Je remarque le dessus de son thorax brun foncé et d’un aspect feutré. Deux espèces peuvent correspondre à  ces caractéristiques : Andrena curvungulla et Andrena pandellei. Ces deux abeilles solitaires qui creusent des terriers sont dépendantes des campanules.

Andrena sp. – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Pour distinguer ces deux espèces, il me faut apprécier la forme du dernier article du tarse de la patte postérieure. Est-il presque droit ou nettement incurvé ?

Je le vois presque droit, alors je décide qu’il pourrait bien s’agir de l’espèce Andrena pandellei. Dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN), ne sont citées en France que quelques observations dans la région de Nantes et de Tours.

En grossissant l’image pour voir le critère du tarse, je remarque les solides éperons à  l’extrémité des tibias. Celle-ci, j’hésiterais à  la prendre dans la main…

Source :

Catalogue et clé des sous-genres et espèces du genre Andrena de Belgique et du nord de la France, par Sébastien Patiny & Michaà«l Terzo

Retrouvez les portraits d’autres andrènes :

L’amie du groseillier

L’andrène de la bryone

 

L'actualité de la Nature

Petite mésange est devenue grande

Il y a deux mois, nous vous présentions des mésanges à  longue queue en pleine construction de leur nid. Depuis, la situation familiale a bien évolué.

Bébé et parent mésange à  longue queue – Cergy © CACP – Emilie Périé

Après avoir passé deux à  trois semaines à  bâtir le nid, le couple de mésange à  longue queue y a installé une demi-douzaine d’œufs. La femelle les y a couvés pendant deux nouvelles semaines jusqu’à  leur éclosion. Puis, les deux parents ont nourri les petits pendant encore environ trois semaines avant que les jeunes ne prennent leur envol. Et nous voilà , deux mois plus tard, lors d’un de nos comptages annuels d’oiseaux, faces à  ces adorables petites boules de plumes tout juste sorties du nid.

Bébé mésange à  longue queue – Cergy @ CACP – Emilie Périé

Les mésanges à  longue queue sont des oiseaux plutôt sociaux. Plusieurs familles se regroupent en général en bandes pour défendre un territoire et protéger les petits. Ce jour là , plus d’une dizaine de mésanges s’activaient dans les arbres du verger du Centaure à  Cergy.

Le caractère social se retrouve chez les jeunes. Ils restent en général proches de leurs parents. Il a également été observé que les premiers nés aident leurs parents à  nourrir les couvées suivantes. Sans doute que dans quelques semaines, ce joli petit oisillon ira chasser des insectes pour nourrir ses frères et sœurs.

Source :

Le portrait de la mésange à  longue queue, par Oiseaux.Net

Retrouvez un autre article sur des oisillons :

Oh ! des bébés !

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Bugles

Au bord de l’étang du parc du château de Grouchy, les jardiniers chargés de la tonte ont épargné une large tache de cette plante tapissante à  fleurs bleues.

Ajuga reptans, la bugle rampante – Parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Ils ont eu raison parce que les fleurs des bugles sont bien jolies et qu’elles sont visitées par les bombyles et les bourdons, équipés d’une longue trompe pour aller puiser le nectar au fond des corolles.

Il existe en fait deux espèces de bugles à  fleurs bleues, visibles toutes les deux en Ile-de-France : cette bugle rampante, très commune, qui se plaît dans les sols humides et les situations ombragées, et la bugle de Genève, plus rare, qui affectionne au contraire les sols secs, sableux et ensoleillés.

Ajuga genevensis, la bugle de Genève – Saint-Martin-la-Garenne (78) © CACP – Gilles Carcassès

Les inflorescences de la bugle de Genève sont généralement plus compactes, et la plante est plus poilue. Les fleurs sont d’un bleu plus lumineux.

Un beau tapis de bugles de Genève sur une pelouse sèche © CACP – Gilles Carcassès

Ne pas confondre avec la brunelle, une autre Lamiaceae !

Prunella vulgaris, la brunelle commune – Osny © CACP – Gilles Carcassès

Les fleurs de la brunelle (Prunella vulgaris), contrairement à  celles des bugles, sont dotées d’une lèvre supérieure en forme de casque. La plante fréquente les lisières forestières, mais on la croise aussi dans les pelouses et les friches urbaines.

Brunelle ou prunelle ?

Prunella en latin se dit brunelle en français, avouez qu’il y a de quoi y perdre ses consonnes ! Et pourquoi pas prunelle ? Sans doute pour ne pas confondre avec le fruit du prunellier (Prunus spinosa). Et pourquoi pas Brunella ? L’INPN l’indique comme un synonyme de Prunella. C’est aussi un prénom, la version féminine de Bruno.

Des bugles horticoles

On trouve en pépinières plusieurs variétés du bugle rampant, utiles pour tapisser un coin à  l’ombre. En voici deux assez faciles à  trouver :

Ajuga reptans ‘Burgundy Glow’ © CACP – Gilles Carcassès
Ajuga reptans ‘Rosea’, dans mon jardin de Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Retrouvez des portraits d’autres Lamiaceae :

L’épiaire des bois

Le lamier jaune

Le lamier amplexicaule

 

 

L'actualité de la Nature

Une grande punaise verte sur l’ortie dioà¯que

L’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise est un bon terrain de chasse pour observer les insectes qui fréquentent les massifs d’ortie. J’y ai découvert cette belle punaise très allongée que je ne connaissais pas :

Mermitelocerus schmidtii sur une feuille d’ortie dioà¯que – Ile de loisirs de Cergy-Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Mermitelocerus schmidtii est une punaise de la famille des Miridae. On la rencontre sur l’ortie dioà¯que, sur les frênes, les noisetiers, les érables, les aubépines… Son régime alimentaire est varié : elle suce la sève de ces plantes mais ne dédaigne pas les pucerons, les chenilles et les psylles qu’elle trouve sur son chemin.

Mermitelocerus schmidtii – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

On peut voir sur cette photo de profil son rostre piqueur rangé en position de repos. Observons au passage que cette espèce est assez fortement poilue, ce qui n’est pas très fréquent chez les punaises. J’aime beaucoup ses genoux couleur caramel.

Retrouvez une autre punaise Miridae :

La miride du chêne

L'actualité de la Nature

La mouche des picrides

Sur une feuille de picride – bois de Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Tephritidae – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

En repérage sur la butte à  Juju pour préparer une visite scolaire, je remarque ce couple de petites mouches sur une feuille de Picris hieracioides, la picride fausse épervière. Il s’agit de diptères Tephritidae, aux ailes joliment ornées. La femelle ira probablement pondre dans les boutons floraux de cette plante et ses larves consommeront les graines en formation.

Tephritis sp. © CACP – Gilles Carcassès

En comparant les photos de la galerie de Diptera.info, l’espèce Tephritis separata me paraît la plus ressemblante. Sur d’autres sources, il est indiquée qu’elle fréquente les picrides. Elle me paraît donc très probable. Je l’ajoute à  ma collection !

Retrouvez notre article :

Tephritidae, mes mouches préférées

D’autres portraits de Tephritidae :

La mouche des bardanes

La mouche des onopordons

La mouche des laiterons

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La parade des Malachius

Malachius bipustulatus – Ile de loisirs de Cergy-Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Un couple de Malachius bipustulatus se livre à  un étrange tête-à -tête. Un autre mâle regarde la scène.

Parade nuptiale de Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Contrairement aux apparences ce n’est pas une lutte, mais une parade nuptiale. Le mâle, plus petit, est en haut. Il applique les premiers articles de ses antennes sur le front de sa partenaire. Une substance sécrétée par la base de ses antennes est censée mettre la femelle en bonne disposition pour l’accouplement.

Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Chez cette espèce, le mâle se reconnaît aux excroissances jaunes qui ornent les premiers articles antennaires.

Couple de Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Le couple interrompt de temps en temps les frottements de têtes pour échanger des baisers.

Malachius bipustulatus © CACP – Gilles Carcassès

Ah oui, ça fait de l’effet !

Source :

Thèse de doctorat de Dieter Matthes (1962) : Excitatoren und Paarungsverhalten mitteleuropäischer Malachiiden

Retrouvez une autre spécificité étonnante des Malachius :

Les airbags de Malachius

L'actualité de la Nature

La naissance d’une libellule

La Fête de la Nature 2019 a été riche en découvertes. Nous avons eu la chance d’assister à  la naissance de libellules ! Reportage.

Vendredi 24 mai, 21 h, les participants à  la sortie découverte des chauves-souris attendent patiemment la tombée de la nuit sur la parc du château de Menucourt. Audrey, l’animatrice de la soirée, propose d’entamer un tour du parc pour en découvrir ses trésors. Le suspens n’a pas tenu bien longtemps, dès l’approche du premier bassin des participants les ont repérées : des libellules sont en train de muer. Et elles sont presque une dizaine sur ce tout petit bassin, et ne sont pas toutes au même stade d’éclosion. Une aubaine pour réaliser un reportage !

S’extraire de son carcan

Odonate en cours de mue – Parc du château de Menucourt @ CACP – Emilie Périé

Les odonates (libellules et demoiselles) sont des insectes que l’ont dits « hétérométaboles » et « hémimétaboles ». Pour faire simple, ce sont des insectes qui se métamorphosent plusieurs fois et dont les larves et les adultes n’ont pas le même milieu de vie. Les larves sont aquatiques et carnivores. Elles se nourrissent et se développent sous l’eau, puis émergent, s’installent sur une feuille ou une tige à  proximité et se nymphosent. Elles muent. Le spécimen que nous avons observé a terminé sa mue et est en train de s’extraire de son ancienne peau pour devenir un véritable adulte. Il finira sa vie en milieu terrestre et aérien.

Une dernière toilette avant de partir

Libellule juste après la mue – Parc du château de Menucourt © CACP – Emilie Périé

Une fois sortie, l’adulte n’est pas tout à  fait prêt à  quitter son poste. Il passera encore quelques heures fixé à  sa tige pour laisser ses ailes sécher au vent. Enfin, il pourra les utiliser pour s’envoler.

Bien que cet adulte soit encore immature (ses couleurs, notamment, vont évoluer), son allure générale me permet d’avancer quelques hypothèses quant à  son identité. Les yeux rapprochés et la disposition des ailes m’informent sur un point important : il s’agit d’une libellule et non une demoiselle. Sa grande taille et ses couleurs me laisse penser à  l’anax empereur (Anax imperator) …

Prouver la présence, par l’absence

Exuvie d’anax empereur – Parc du château de Menucourt © CACP – Emilie Périé

Ici, la libellule s’est déjà  envolée en abandonnant sur place son ancienne peau. Cette peau, ou exuvie, et une clé de détermination récemment acquise me permettent de confirmer mon hypothèse : un Anax imperator est passé par ici !

Sources

Exuvies des Odonates de France, Guillaume Doucet

Et retrouvez aussi :

La sortie de l’empereur

La naissance d’une autre libellule

Les libellules pour les nuls

Agenda, L'actualité de la Nature

Retour sur l’ECOFEST 2019

Sortie nature Ecofest 2019 – bois de Cergy @ CACP – Emilie Périé

Dimanche 2 juin 2019, nous animions une sortie nature dans le cadre du festival Eco Fest.  Les participants ont été invités à  une petite boucle dans le bois de Cergy ponctuée d’arrêts qui ont permis de présenter quelques aspects de la biodiversité locale. En voici un aperçu :

Deux orchidées du territoire

Himanthoglossum hircinum, l’orchis bouc – bois de Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cet orchis bouc est ainsi nommé en raison de l’étonnant parfum de ses fleurs au labelle spiralé.

Anacamptis pyramidalis, l’orchis pyramidal – bois de Cergy © CACP – Gilles Carcassès

C’est la forme de son inflorescence qui vaut son nom commun à  l’orchis pyramidal.

La petite faune des orties

Le grand puceron de l’ortie © CACP – Gilles Carcassès

Sous les feuilles des orties dioà¯ques, nous avons rencontré des pucerons et aussi des larves de syrphes et de coccinelles asiatiques.

Attention toxique !

Arum maculatum © CACP – Gilles Carcassès

Les arums sont des plantes dangereuses. Les intoxications sont essentiellement dues à  leurs baies rouges en grappes serrées qui peuvent être tentantes pour les enfants.

Une oreille de Judas

Auricularia auricula-judae, l’oreille de Judas © CACP – Gilles Carcassès

L’oreille de Judas est un drôle de champignon que l’on trouve souvent sur le bois mort des sureaux noirs.

Des chenilles défoliatrices

Toiles d’hyponomeutes – bois de Cergy © François Lelièvre

Non, ce ne sont pas des toiles d’araignées ni celles de chenilles processionnaires : c’est là  l’œuvre des hyponomeutes du fusain. Les dégâts sont impressionnants mais les chenilles responsables sont totalement inoffensives.

Bien sà»r, impossible de terminer la balade sans faire l’escalade (par la face nord !) de la butte à  Juju pour découvrir le fameux panorama sur la plaine maraîchère.

Le panorama de la butte à  Juju – bois de Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Retrouvez d’autres articles en rapport avec les sujets abordés pendant la visite :

Les orchidées sauvages de Cergy-Pontoise et du Vexin français

Le petit monde des orties

L'actualité de la Nature

Pourquoi les saules font-ils tant de bourre ?

Saule blanc – Port Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Au bord de l’Oise, les fruits des grands saules blancs commencent à  murir et libèrent leurs paquets de ouate.

Fructification du saule blanc © CACP – Gilles Carcassès

Les fines graines de cet arbre seront ainsi emportées au loin au moindre souffle de vent.

Chardonneret – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cette manne intéresse beaucoup ce chardonneret. Il a trouvé là  le matériau parfait pour rendre son nid bien douillet.

Chardonneret © CACP – Gilles Carcassès

Il faut s’en mettre plein le bec pour rentabiliser le voyage !

Retrouvez nos articles sur le chardonneret :

Les princes de la friche

Deux beaux oiseaux