Le mois dernier nous présentions le roitelet huppé, Regulus regulus, tout petit oiseau à la huppe orange vif. Voici son cousin, le roitelet à triple bandeau, Regulus ignicapilla.
A peine plus grand que le roitelet huppé, le roitelet à triple bandeau est bâti sur le même modèle : une petite boule de plumes très énergique aux teintes brunes, olive, noires et orange. Il affectionne également les boisements de conifères, même si on peut le rencontrer plus fréquemment que son cousin dans les boisements présentant plus de feuillus. Son chant, moins cadencé mais tout aussi aigu peut être délicat à détecter en forêt.
Heureusement, une différence de taille le distingue du roitelet huppé : le fameux troisième bandeau, le sourcil blanc très marqué qui accompagne les bandes orange et noires de la tête.
Le roitelet huppé, Regulus regulus, est un tout petit oiseau. C’est même le plus petit oiseau d’Europe. Il mesure moins de 10 centimètres, même le troglodyte mignon est plus grand.
En plus de cela, il a la bougeotte. Il passe furtivement de branche en branche, un coup la tête en haut, le suivant en bas, puis en vol stationnaire et de nouveau reparti sur l’arbre voisin. Il n’est pas très coopératif avec le photographe essayant de faire une mise au point.
Heureusement, on le reconnait facilement avec sa bande jaune-orange flamboyante bordée de noir. Ici, la teinte jaune uniforme (sans trace de orange) laisse penser qu’il s’agit d’une femelle. Le dos vert, le ventre blanc sale et la barre blanche sur l’aile sont aussi des critères de reconnaissance, mais bien moins visibles que ce trait jaune qui flashe à son passage.
Ce tout petit oiseau est un insectivore, on le voit à son bec fin.
On peut le rencontrer à toute période de l’année en àŽle-de-France. En ce moment il se mêle aux groupes de mésanges dans les espaces boisés. Au printemps, il affectionne particulièrement les conifères. Pendant la période de reproduction on le trouvera donc dans les parcelles denses de sapins et d’épicéas ou dans les parcs et jardins où poussent des résineux.
A l’image de sa taille, son cri et son chant sont très aigus.
Ces derniers jours j’en ai repéré dans les bois entre Cergy et Vauréal au niveau de l’axe majeur. Ils étaient accompagnés de mésanges charbonnières, mésanges bleues, mésanges nonettes et mésanges à longue queue.
Il y a quelques jours, pendant que je profitais de mon heure quotidienne pour observer la vie hivernale de l’île de loisirs, il y avait sur la pyramide (à gauche de l’île astronomique sur l’image) pas moins de 5 hérons cendrés.
Ce grand oiseau, à l’allure tantôt gracieuse et tantôt renfrognée est un animal grégaire. L’hiver, les individus se regroupent en dortoir dans des espaces protégés des prédateurs. Vue l’avancée de la nuit au moment de mon observation je suppose que mes 5 hérons, isolés sur leur pyramide, s’apprêtaient à passer la nuit ensemble et à l’abris. Au printemps, les adultes forment des colonies pour nidifier. Jusqu’à plusieurs dizaines voire centaines de couples se regroupent dans des arbres ou des roselières et y construisent des nids de relativement petite taille comparée à celle de l’oiseau.
Malgré son envergure, le héron fréquente beaucoup les arbres, pour se percher, pour dormir ou pour y construire son nid.
En revanche, lorsqu’il chasse le héron est solitaire et défend farouchement son territoire. Que ce soit à la pêche (il consomme essentiellement des poissons et quelques amphibiens) ou à la chasse (il n’est pas rare de le voir dans les champs attraper de petits mammifères) il ne se laisse pas voler une proie.
Il n’est d’ailleurs pas moins farouche concernant les humains. S’il n’est pas rare de le voir sur les bassins urbains où il se nourrit de poissons rouges il se tient en général à bonne distance. Celui-ci profitait du confinement du printemps pour faire une petite promenade aux bords des bassins du parc de la préfecture.
Quelques critères physiques
Les oiseaux de la famille des Ardéidés, dont fait partie le héron cendré, ont la particularité de tenir leur long cou replié en vol et au repos, il prend une forme de S, caractéristique de la famille.
Ils le déplient quand ils sont à l’affut d’une proie ou pour la harponner. Le héron est pour cela équipé d’un bec long et puissant en forme de poignard.
Côté couleur, le héron fait dans l’élégance sobre : en nuances de gris, de noir et de blanc. Le juvénile a le front gris et peu de distinctions sur le reste du plumage. Les adultes ont le front blanc et deux sourcils noirs qui se rejoignent derrière la tête. Le cou est blanc et très différencié du reste du corps, gris cendre.
De l’importance de la cendre :
Si le qualificatif de cendré (cinerea en latin) correspond bien à la couleur de l’oiseau il rappelle également qu’il n’est pas seul et permet de le distinguer des autres espèces de hérons. En àŽle-de-France on peut rencontrer :
Ponctuellement, un héron pourpré (plutôt méditerranéen) de passage pendant une migration.
Le héron garde-bœufs, un petit héron tout blanc.
Le butor étoilé, le bihoreau gris et le blongios nain, trois petits hérons rares mais présents dans la région.
Le héron crabier, encore plus rare que les précédents.
Et les deux aigrettes, la grande et la garzette que l’on a déjà vu sur le territoire.
Connaissez-vous la pie bavarde ? On attribue souvent à cet oiseau de biens vilains défauts. Elle serait agressive, bruyante et voleuse. Elle est tellement commune qu’on donne même son nom à tous les animaux de couleur noire et blanche (chevaux, vaches, autres oiseaux…). Pourtant, quand on y regarde plus près, la pie est surprenante.
Son nom scientifique est Pica pica, elle fait partie de la famille des corvidés, qu’elle partage en àŽle-de-France avec 4 autres espèces la corneille noire, le corbeau freux, le choucas des tours et le geai des chênes. Comme les autres corvidés, elle fait preuve d’une grande adaptabilité dans son régime alimentaire : essentiellement insectivore, elle peut aussi consommer des baies, tirer profits des déchets des humains, jouer les charognards ou chasser de petits vertébrés (lézards, amphibiens, poussins de passereaux). Elle est également capable de faire des réserves et de cacher de la nourriture pour les jours de pénuries. La pie étant sédentaire (elle ne migre pas à l’hiver) elle défend donc son territoire alimentaire, le plus souvent face aux autres prédateurs (les rapaces). Ainsi, ses tares de d’agressivité et de vol ne sont que des déformations de sa nature même de prédatrice.
Quant à ses couleurs, elles sont bien plus variées que ce qu’on le laisse croire. Sur l’image ci-dessus on peut voir, de la tête à la queue, du noir, du blanc, du bleu, du vert et du violet.
Et quelle allure ! Avec sa queue immense (plus longue que le reste de son corps) et son vol gracieux elle n’a rien à envier aux plus exotiques paradisiers.
Au-delà des aspects physiques et esthétiques la pie a de nombreuses qualités.
C’est un oiseau social. Les couples sont d’une grande fidélité et élèvent à deux les petits de l’année qui restent en famille toute l’année. A l’hiver les pies se rassemblent de manière grégaire pour passer la saison difficile et prendre soin des plus faibles (notamment les jeunes de l’année). Au printemps, la séparation du groupe en vue de la nidification et de la reproduction entraine quelques discussions. Ce qui lui vaut d’ailleurs le nom de bavarde et sa réputation d’oiseau bruyant.
A propos de la nidification, la pie est une bâtisseuse hors paire et véritable ingénieur. Il est fréquent que les couples construisent plusieurs prototypes de nids avant d’en occuper un pour la saison de ponte. Le nid en coupe fait de brindilles et de branches dans les hauteurs des arbres a d’ailleurs inspiré les nids-de-pie des grands voiliers.
Enfin, si les qualités intellectuelles de la pie étaient encore à démontrer, c’est l’un des rares oiseaux pour lequel il a été prouvé la capacité à reconnaître son reflet dans un miroir.
Félicitations, vous êtes nombreux à avoir eu l’œil vif pour repérer le grimpereau des jardins sur le tronc d’un pin !
Vous ne l’aviez pas vu ? Rien d’étonnant, le grimpereau est un maître du camouflage. Son dos moucheté de brun se confond aisément avec l’écorce des arbres contre laquelle il est souvent plaqué. Le grimpereau escalade les troncs à la recherche d’insectes cachés dans les fissures de l’écorce ou dans la mousse. Son long bec recourbé lui permet d’aller chercher profondément dans les failles des vieux arbres. Il parcoure ainsi les troncs en spirale, et a la fâcheuse habitude de s’arrêter du côté où vous n’êtes pas… Difficile de lui tirer le portrait.
A la différence de la sittelle, le grimpereau ne descend pas le long du tronc, il se contente de monter puis de voler vers un autre arbre.
De profil il est plus aisé de repérer son bec long et courbe et son ventre blanc.
Au printemps, lors de la reproduction, on peut entendre le grimpereau émettre un chant très aigu et assez sonore. Il aménage un nid pour 5 à 6 petits dans des anfractuosités d’écorce. On le rencontre dans les jardins, les vergers ou les bois où les vieux arbres et les insectes sont abondants.
La sittelle torchepot, Sitta europaea, est ce bel oiseau bleu et orangé portant un masque noir sur les yeux.
Si on la croise de temps en temps aux mangeoires, elle est plutôt adepte des bois et forêts.
Habile !
En plus de son masque et d’un huit-huit assez caractéristique en sous-bois, on lui connait des traits de caractères révélant une certaine habilité.
La sittelle est capable de parcourir les troncs d’arbre en long et en large, la tête en haut ou la tête en bas sans aucun souci.
De plus, elle n’est pas en reste question outillage ! Si on l’appelle torchepot, c’est parce qu’elle est capable d’adapter l’ouverture d’une cavité dans un arbre à l’aide d’un torchis de boue pour se faire un nid. Et pour manger, lorsqu’elle se nourrit en forêt (de glands, de noisettes et autres fruits à coques), elle bloque le fruit dans l’écorce d’un arbre (un vieux chêne par exemple) tel un étau et le frappe de son bec. Démonstration :
[wpvideo CEkxwgNK]
Si vous croisez des fruits percés bloqués dans les rainures d’une écorce il s’agit sans doute des restes du repas d’une sittelle… Ou d’un pic, ils connaissent aussi la combine !
C’est un repas hivernal. A la belle saison, elle consomme plutôt des insectes.
Discrète
La sittelle n’est pas un très gros oiseau, ni très démonstratif. Pensez à lever les yeux en forêt pour l’apercevoir.
Nous vous proposons ces belles réflexions de l’Agence Régionale de la Biodiversité en àŽle-de-France sur les sciences naturalistes pendant le confinement.
Bravo à Françoise et à Antoine qui ont reconnu la crête du pic vert tapis dans l’herbe !
Mais contrairement au beau mâle que Gilles avait présenté il y a quelques années, notre pic vert n’a pas de moustaches rouges, c’est donc une femelle.
Pour comparer, voici un mâle vu une semaine plus tôt au parc des Larris à Pontoise*. On voit nettement une bande rouge partant du bec.
*Durant l’hiver les pics verts sont solitaires, ils ne se mettent en couple qu’au début du printemps.
Cet oiseau des lisières forestières partage son temps entre les prairies et pelouses dans lesquelles il mange des insectes (fourmis et coléoptères notamment), et les vieux arbres des forêts, haies et vergers. C’est sur ces arbres, le plus souvent morts, qu’il va taper du bec et produire les sons caractéristiques des pics. Ces percussions lui sont utiles à plusieurs égards : il appelle des congénères, il déloge des insectes sous l’écorce, il creuse son nid (jusqu’à 30 cm de profondeur dans le tronc !). Mais, outre ces toc-tocs, le pic vert est un bon chanteur. Son chant mélodieux ressemble un peu à un rire.
Quel est donc cet oiseau qui vient profiter du point d’eau des mésanges ?
C’est un migrateur qui voyage la nuit et fait une petite halte. Le gobemouche noir ne niche en Ile-de-France de manière certaine que dans le massif forestier de Fontainebleau. Mais chaque année au début du mois de septembre ce sont des millions de gobemouches noirs, venus d’Europe du Nord et de l’Est qui font le voyage vers l’Afrique. Un bon nombre d’entre eux traversent alors la France, principalement en longeant la côte atlantique ou en empruntant la vallée du Rhône.
La LPO suit la migration de cet oiseau en agrégeant les observations des ornithologues amateurs. Les statistiques sont consultables sur le site faune-france.org
Peut-être l’avez-vous vu dans votre jardin ces jours-ci ? Sinon, ouvrez l’œil, quelques retardataires vont encore passer !
Cet oiseau qui prend son bain n’est pas une mouette. Son bec rouge à pointe sombre et sa calotte noire sont les éléments distinctifs de la sterne pierregarin. L’oiseau qui est à gauche est un juvénile.
Le jeune, ici, quémande de la nourriture. Une petite colonie de sternes pierregarins s’est établie à l’étang de la Galiotte grâce à l’installation, dans le cadre de l’aménagement du parc du peuple de l’herbe, de radeaux flottants garnis de graviers et de tuiles en U renversées permettant aux poussins de se mettre à l’abri des oiseaux prédateurs en cas d’attaque.
Pour comparer, voici sur le même rivage une mouette rieuse dans son plumage d’été, avec son capuchon couleur chocolat.
Cette mouette ferait bien de se méfier : ces vieux filets de pêche sont des pièges mortels pour les oiseaux lorsqu’ils se prennent les pattes dedans.