C’est toujours un plaisir de les voir virevolter le long des cours d’eau, elles se pavanent de leurs belles couleurs et batifolent dans les airs avec parfois un bel amoureux…
Nous avons l’occasion de les photographier et de les observer lors de nos visites annuelles de quelques points d’eau au sein de l’agglomération. Sur place nous utilisons un protocole nommé STELI : Suivi Temporel des Libellules. Steli est un projet de suivi des populations d’Odonates en France, co-piloté par le MNHN et d’autres partenaires. On l’utilise principalement pour suivre l’évolution des populations de libellules sur des sites renaturés, et cette année aucune déception !
Photos réalisées entre juin et juillet 2024
Quelques articles sur les libellules de votre agglomération :
Les sympetrum sont des libellules aux couleurs rouge vif, en tout cas en ce qui concerne les mâles. Les femelles sont plutôt brunes ou jaunes. On compte 7 espèces de sympetrum en Île-de-France, dont 3 ont été croisées sur le territoire de Cergy-Pontoise. En voici les portraits.
Le sympetrum sanguin mâle arbore une couleur rouge particulièrement éclatante. Ses pattes sont entièrement noires.
C’est le plus commun des Sympetrum dans notre secteur. On peut le rencontrer au-dessus de plans d’eau assez variés : mare, étang, ruisseau et rivière peu rapide.
La femelle a également les pattes entièrement noires, toutefois ses couleurs tirent plus sur le jaune. Les mâles immatures sont eux d’un jaune brillant.
Moins fréquent (et même assez rare) le sympetrum de Fonscolombe est aussi éclatant que le sanguin. En revanche quelques points permettent de les différencier : il présente des stries pâles sur les pattes, la nervation de ses ailes est rouge et la base de ses yeux est bleue. Là également les jeunes mâles et les femelles sont jaunes.
Cette espèce se reproduit essentiellement dans les eaux peu profondes et stagnantes. La plupart des individus que nous avons rencontrés étaient à proximité des bassins du parc François Mitterrand à Cergy.
Enfin, la troisième espèce rencontrée sur le territoire est le sympetrum fascié. C’est une espèce assez commune qui se reproduit dans les eaux stagnantes à faiblement courante. Le mâle a des couleurs moins éclatantes que les deux précédents. On le reconnait aux stries jaunes qui marquent ses pattes noires et aux bandes blanches à brunes sur son thorax. Là encore, la femelle est jaune.
Si nous rencontrons les 4 espèces nous ne manquerons pas de vous partager leurs portraits.
La libellule globe-trotter est une espèce essentiellement tropicale que l’on ne retrouve pas à Cergy-Pontoise. Vous pouvez retrouver son portrait sur le site de l’INPN.
Mademoiselle la libellule n’a pas suivi de formation de mannequinat et n’est pas au fait des principes de base quant à l’exposition du sujet à la lumière. Toutefois on distingue les critères qui permettent de reconnaître ici une femelle de cordulie bronzée : elle a des taches orangées à la base des ailes, le corps de couleur métallique brun et vert, et des taches blanches sur la face ventrale de l’abdomen.
Cette espèce se rencontre (comme la plupart des libellules) plutôt autour des plans d’eau. Les mâles patrouillent sans cesse les berges des mares et des étangs. Gilles l’avait croisée au bord des étangs de l’île de loisirs et elle a déjà été repérée autour de l’étang de Grouchy. Les adultes peuvent s’éloigner de plusieurs kilomètres de leur lieu de naissance pour trouver un nouveau lieu de reproduction.
Quant à savoir pourquoi celle-ci s’est retrouvée dans mon appartement, c’est une très bonne question. Peut-être était-elle venue me saluer ? L’espèce est considérée comme quasiment menacée en àŽle-de-France, je lui ai donc plutôt conseillé de rejoindre des espaces plus naturels et pourvus en plans d’eau où elle pourra pondre une nouvelle génération de libellules bronzées.
Sources :
Le guide des libellules de France, éditions Delachaux
L’orthetrum réticulé est une libellule commune en àŽle-de-France, on la rencontre sur de nombreux plans d’eau. Le mâle y défend les berges comme étant son territoire.
Outre ce comportement on reconnait le mâle à ces beaux yeux verts et à son corps bleu à la pointe noire. En fait, l’abdomen est jaune mais recouvert d’une pruinosité (aspect poudreux) bleu qui s’intensifie avec l’âge de la libellule. Ici on voit encore quelques taches jaunes sur les bords de l’abdomen, notre individu est assez jeune.
La femelle est elle bien jaune au yeux marrons dans les premiers moments de sa vie. Elle fonce par la suite, devant brune voire bleue avec des yeux d’un vert aussi profond que ceux des mâles.
Les adultes vivent une quinzaine de jours. Ils se nourrissent d’insectes volants qu’ils capturent généralement au-dessus de l’eau (d’autres libellules peuvent très bien faire l’affaire!). Les larves, aquatiques, peuvent vivre de 1 à 3 ans.
A la différence d’autres espèces de libellules ou de demoiselles capables de s’accoupler tout en volant, Orthetrum cancellatum est le plus souvent posé au sol ou sur une tige. Ne les dérangeons pas plus …
Les Platycnemis sont des demoiselles reconnaissables à leurs tibias élargis aux pattes médianes et postérieures (cliquez sur la photo pour l’agrandir). A Cergy-Pontoise, on rencontre couramment l’espèce Platycnemis pennipes au bord du chemin de halage sur les rives de l’Oise, et à l’Ile de loisirs. Elle chasse les petits insectes attirés par les ombelles des berces, des panais ou des sureaux yèbles.
Les tibias sont un peu plus élargis chez les mâles. Il semble qu’ils participent à la communication. Lors de la parade nuptiale, ils seraient agités par le mâle pour séduire la femelle. Leur présentation serait aussi un signal de dissuasion lorsqu’un autre mâle s’approche d’un couple formé.
Il y a une vingtaine d’années on trouvait dans le sud de l’Ile-de-France une autre espèce plutôt méridionale, Platycnemis acutipennis, notamment dans les marais de Larchant. Elle semble éteinte dans la région.
La troisième espèce de la faune française dans ce genre, Platycnemis latipes, fréquente les berges des rivières dans la moitié sud de la France.
Mais comment différencier toutes ces espèces ? Pour vous, la Société Nationale de Protection de la Nature a mis en ligne un guide de reconnaissance des odonates. Ses fiches illustrées permettent d’éviter les confusions entre espèces en mettant en lumière les caractères distinctifs faciles à repérer. Leur langage simple les rend accessibles à tout public intéressé par ces insectes.
Bonne chasse (photographique) aux libellules, c’est la pleine saison !
Nature en ville à Cergy-Pontoise vient de publier dans 13commeune, le webzine de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, un article sur les libellules et demoiselles. Laissez-vous charmer par les plus belles d’entre elles qui vous sont présentées dans le carrousel d’images à la fin de l’article.
La forme générale et la taille de l’exuvie (dépouille larvaire abandonnée après chaque mue), la forme du masque, le nombre et la longueur des épines par rapport aux segments de l’abdomen, les détails de la pyramide anale (extrémité abdominale) font partie des critères importants de détermination des exuvies d’odonates qui permettront d’identifier successivement la famille, le genre, puis l’espèce. Le zoom sur l’image ci-dessus montre que l’épine latérale du segment 9 de l’abdomen est de longueur supérieure à 3/4 de la longueur du segment 10.
Après avoir observé, clé de détermination en main, la forme générale, les proportions du masque, la pyramide anale et les épines de l’abdomen notre enquête s’achève et nous identifions l’espèce : il s’agit d’Aeshna mixta.
Chez les odonates, larve et adulte vivent dans des milieux différents : la larve se développe sous l’eau en plusieurs mues successives. Cette vie aquatique est longue comparativement au temps vécu par l’adulte dans le milieu aérien.
Au terme de sa croissance, la larve sort du milieu aquatique et s’agrippe solidement sur un support (tiges et feuilles de la végétation riveraine des plans d’eau ou des rivières, rochers). L’insecte s’extrait alors de son exuvie. Cette métamorphose de la larve aquatique vers l’état adulte s’appelle l’émergence.
L’étude de ces exuvies est un complément indispensable à l’observation des adultes en odonatologie. En effet, seule la présence des exuvies (ou des larves) prouve que l’espèce est autochtone et bien présente sur un site donné et permet ainsi d’améliorer la connaissance des cortèges d’espèces et des densités de populations. Un adulte de passage peut très bien être observé mais ne pas se reproduire sur les lieux. Par ailleurs, les exuvies sont le moyen le plus facile d’attester de la présence d’espèces très discrètes à l’état adulte.
Le Sympetrum striolatum est une libellule facile à reconnaître grâce au dessin contrasté et caractéristique des côtés de son thorax. C’est une espèce commune capable de grands déplacements ; elle a colonisé dès sa mise en eau le nouveau bassin du parc. On peut facilement observer en ce moment les accouplements des adultes.
La hausse du mercure fait progresser certaines espèces d’odonates vers le Nord !
Un indice à Cergy-Pontoise, sur les bassins du parc François-Mitterand : Sympetrum fonscolombii, une espèce méridoniale migratrice jusqu’alors rare au centre et au nord de l’Europe, vient d’y être observée. Son apparition récente en Ile-de-France est bel et bien confirmée. Ci-dessous un beau mâle. Outre sa couleur sanguine, un certain nombre de critères permettent son identification :
La femelle du Sympetrum fonscolombii est jaune. Chez les odonates, mâles et femelles n’arborent généralement pas les mêmes couleurs. Celles-ci varient aussi en fonction de l’âge et de la saison.