L’ile de loisirs de Cergy-Pontoise propose une découverte des papillons de nuit le jeudi 15 octobre 2015 : renseignements et inscriptions
Cette animation s’inscrit dans l’initiative nationale « le Jour de la nuit », opération de sensibilisation à la biodiversité nocturne et à la lutte contre la pollution lumineuse qui reçoit le soutien du ministère de l’Ecologie et réunit 23 partenaires.
Les femelles de cette espèce incrustent leurs œufs sous l’écorce de branchettes surplombant l’eau, créant ces lignes de cicatrices boursouflées. On croirait qu’il n’y a plus de place, elles en trouvent encore ! Pendant que les femelles s’activent, les mâles, accrochés en tandem au cou de leur compagne, se reposent… Au printemps, les petites larves se laisseront tomber pour entamer leur vie aquatique, comme tous les autres odonates.
Marion me fait signe, un martin-pêcheur vient de se poser dans mon dos ! A quelques mètres seulement, dans la végétation de la berge.
Je tente de saisir cet instant magique, au prix de périlleuses contorsions. Sans les réflexes de ma collègue, je crois que j’aurais pris un bain forcé…
Voilà une guêpe qui a la taille de guêpe ! Toute noire avec une pilosité blanche et les ailes fumées, elle est facile à reconnaître. On l’aperçoit souvent sur les panicauts, qu’elle affectionne particulièrement, et aussi sur les asters, la verge d’or, la menthe, les mélilots, le lierre, les sedums…
C’est une grande chasseuse de sauterelles qu’elle capture pour nourrir ses larves. Elle fréquente volontiers les hôtels à insectes et trahit sa présence par l’habitude qu’elle a d’obturer avec des brins d’herbes sèches l’orifice de la cavité dans laquelle elle a établi son nid.
Cette belle mexicaine est arrivée dans le Sud de la France vers 1960. Elle a profité de la canicule de 2003 pour s’étendre et est maintenant présente un peu partout en France sauf peut-être dans l’extrême Nord.
Facile à observer, ce diptère commun se pose sur toutes sortes de fleurs nectarifères. Il est ici sur un aster au bord du grand bassin de l’Ile de loisirs à Cergy-Pontoise.
Le motif sur son thorax lui vaut son surnom de « syrphe tête de mort », ou pour certains « mouche batman ». Ses yeux écartés nous indiquent qu’il s’agit d’une femelle.
Ca y est, elle sont arrivées dans mon jardin. Les pyrales du buis ont tissé leurs cocons sur les branches, cachés dans des feuilles collées avec des fils de soie. J’ouvre quelques loges pour vérifier leur présence. Et je tombe sur une chenille bizarrement décorée de deux perles blanches près de la tête.
Cela ressemble bien à des œufs de mouches tachinaires, connues pour parasiter les chenilles. Je referme doucement le couvercle de la loge en m’excusant du dérangement, et je place le tout dans un bocal fermé avec un morceau de voile, pour que tout ce petit monde puisse respirer. Il n’y a plus attendre et espérer des naissances.
Une tachinaire, ça ressemble à ça : une grosse mouche avec des poils raides sur le dos. La famille des Tachinidae compte environ 600 espèces en Europe.
Elle pondra ensuite ses œufs gluants dans cette poche spéciale située au bout de son abdomen afin de les enrober de sable fin. Ainsi lestés, elle pourra les lancer avec précision au fond des cavités où se trouvent les proies de sa future progéniture.
Ce diptère Bombyliidae vu dans une forêt de pins en Gironde est peut-être bien Villa brunnea, un des parasites les plus efficaces des chenilles processionnaires du pin. Elle expédie ses œufs dans toutes les anfractuosités du sol qu’elle trouve, à charge pour ses larves de trouver les nymphes de ce papillon enfouies dans le sol. L’insecte compense la difficulté de réaliser cette rencontre avec le grand nombre d’œufs pondus : plusieurs milliers, nous disent les chercheurs qui les ont comptés.
Cette autre Villa se tenait près d’un talus sablonneux à Puiseux-Pontoise. Les Villa que l’on rencontre en Ile-de-France parasitent plutôt des noctuelles. Mais peut-être que l’espèce inféodée aux chenilles processionnaires a suivi la progression vers le Nord de ses hôtes ?
Les micro lépidoptères ont souvent de jolis motifs sur leurs ailes. J’ai trouvé celui-ci dans mon jardin sur une feuille de noisetier et il a piqué ma curiosité.
Je le cherche en galeries dans les forums d’entomologie. J’ai déjà rencontré ce regard étonné et je le verrais bien dans la famille des Tortricidae.
Effectivement, c’est un Tortricidé. Il s’agit d’ Olethreutes arcuella, et j’apprends que c’est un sympathique brouteur de feuilles mortes. Plus exactement ce sont ses chenilles qui consomment des feuilles sèches ou fanées. (L’adulte, on ne sait pas ce qu’il mange, s’il mange quelque chose.) J’ai lu qu’il est possible de réussir l’élevage des chenilles de cette espèce avec de tout petits morceaux de feuilles mortes de bouleaux.
La famille des Tortricidae comprend beaucoup d’espèces nuisibles aux cultures, causant d’importants préjudices : la tordeuse de la vigne, le ver de la grappe, la tordeuse du pêcher, le carpocapse du prunier, celui du pommier et du poirier…
Ce petit tas de déjections noires est la signature du carpocapse : cette pomme est véreuse. La chenille, qui apprécie beaucoup les pépins, sortira de la pomme et ira se nymphoser dans la terre ou dans une crevasse d’écorce.
Les graminées, les menthes, les mauves, les rumex : se sont les nourritures préférées des chenilles de ces quatre papillons. Saurez-vous donner à chacun sa pitance ?
J’ai rencontré ce petit coléoptère dans un potager alsacien. A mon approche, il est parti se cacher derrière une feuille d’asperge. Quel sens inné du camouflage !…
J’ai attendu qu’il se remette en route pour lui tirer le portrait. Il s’agit du criocère à douze points, inféodé aux asperges. Il est semble-t-il assez commun, mais je ne l’avais jamais encore rencontré. Cet insecte n’occasionne que peu de dégâts aux plantations d’asperges, car si l’adulte grignote un peu les tiges et les feuilles, sa larve se contente des baies de cette plante. Ce n’est pas le cas d’une espèce voisine, dont les élytres sont orange et noires à points blancs, Crioceris asparagi, ou criocère de l’asperge, dont les larves dévorent l’épiderme des tiges des asperges, ce qui affaiblit beaucoup les pieds.
En visite au jardin botanique de Bordeaux, j’ai fait une étrange découverte : des coquilles d’œufs, suspendues près des branches d’un pommier, dans un filet à oignons.
Une fantaisie de jardinier sans doute… Je me renseigne sur internet et je découvre que ces fameuses coquilles auraient de mystérieux pouvoirs. Contre la piéride du chou, le ver du poireau, la cloque du pêcher, les maladies des tomates, les fourmis, elles sont mises à toutes les sauces. Mais de référence scientifique sur le sujet, aucune !
Ou plutôt si, j’en ai trouvé une…
Jean-Henri Fabre, dans ses Souvenirs entomologiques, évoque en quelques pages savoureuses l’emploi des coquilles d’œufs pour protéger les cultures. Voici ce passage :
« Au temps de Pline, le grand naturaliste latin, on dressait un pal au milieu du carré de choux à protéger, et sur ce pal on disposait un crâne de cheval blanchi au soleil ; un crâne de jument convenait mieux encore. Pareil épouvantail était censé tenir au large la dévorante engeance.
Ma confiance est très médiocre en ce préservatif ; si je le mentionne, c’est qu’il me rappelle une pratique usitée de notre temps, du moins dans mon voisinage. Rien n’est vivace comme l’absurde. La tradition a conservé, en le simplifiant, l’antique appareil protecteur dont parle Pline. Au crâne de cheval on a substitué la coquille d’un œuf dont on coiffe une baguette dressée parmi les choux. C’est d’installation plus facile ; c’est aussi d’efficacité équivalente, c’est-à -dire que cela n’aboutit absolument à rien.
Avec un peu de crédulité tout s’explique, même l’insensé. Si j’interroge les paysans, nos voisins, ils me disent : l’effet de la coquille d’oeuf est des plus simples ; attirés par l’éclatante blancheur de l’objet, les papillons viennent y pondre. Grillés par le soleil et manquant de nourriture sur cet ingrat appui, les petites chenilles périssent, et c’est autant de moins.
J’insiste, je demande si jamais ils ont vu des plaques d’œufs ou des amas de jeunes chenilles sur ces blanches coques.
— Jamais, répondent-ils unanimement.
— Et alors ?
— Cela se faisait ainsi autrefois, et nous continuons de le faire sans autre information.
Je m’en tiens à cette réponse, persuadé que le souvenir du crâne de cheval en usage autrefois est indéracinable comme le sont les absurdités rurales implantées par les siècles. »