Au potager fruitier de La Roche-Guyon, à côté des artichauts, le jardinier a semé quelques onopordons. Ce très grand chardon aux feuilles laineuses est la plante hôte d’une bien jolie mouche de la famille des Tephritidae : Tephritis postica.
Pendant que les mâles paradent à l’extrémité des feuilles, défendant d’invisibles frontières, les femelles, reconnaissables à l’ovipositeur noir qu’elles ont à l’extrémité de l’abdomen, explorent la plante à la recherche des boutons floraux dans lesquels elles vont pondre.
Un collègue m’a rapporté ce gros scarabée qu’il a trouvé dans son jardin de Vauréal. Il s’agit d’un beau mâle d’Oryctes nasicornis, surnommé le Rhinocéros. Sa larve vit dans le bois pourri. Elle affectionne aussi, et de plus en plus, les tas de compost dans les jardins, lorsqu’ils sont riches en feuilles mortes et en déchets de bois (non résineux). Il paraît que l’espèce est assez casanière et s’éloigne peu de son lieu de naissance. Le Rhinocéros peut cependant voler et il est attiré la nuit par la lumière des lampadaires ou des terrasses éclairées.
Le stade larvaire dure trois à cinq ans. La larve du Rhinocéros est la plus grosse des larves de coléoptères, elle peut atteindre 8 cm ! L’adulte qui mesure 3 à 4 centimètres, vit quelques mois, se nourrissant peu.
Oryctes nasicornis est une espèce commune, et fréquente en Ile-de-France.
Qui mange mes carottes, me demande Anaà¯s, de la Ferme de la Cure, à Sailly ? S’agit-il de la chenille du Machaon ? Car elle ne ressemble pas à celle que l’on montre dans les livres ! Voyons cela de plus près…
C’est bien une chenille de Machaon, mais elles changent d’aspect à mesure de leur croissance et de leurs mues successives. Les petites chenilles du Machaon naissent très sombres et couvertes d’épines. Plus tard, leurs picots s’atténuent, et la selle blanche au milieu du dos finit par disparaître.
Cette chenille se régalait de feuilles de Seseli gummiferum, une apiacée décorative vivace, dans une jardinière de la dalle Grand centre à Cergy. On peut observer cette chenille aussi sur le fenouil, l’aneth, le persil et aussi la rue (Ruta graveolens).
J’ai trouvé cet charmant insecte dans ma cuisine, arrivé dans l’évier avec la salade du voisin. Je l’ai gentiment déposé sur la table de jardin et il a bien voulu que je le prenne en photo. Il s’agit d’un névroptère, d’une famille voisine de celle des chrysopes, les Hemerobiidae.
Je vous présente Micromus angulatus, l’hémérobe des haies, un auxiliaire de jardin moins connu que les coccinelles, mais tout aussi efficace. Les adultes et les larves se nourrissent de petites proies vivantes, parmi lesquelles beaucoup de pucerons. Cette espèce est utilisée en lutte intégrée en maraichage pour la protection des cultures de fraises, choux, poireaux…
J’avais déjà observé un Micromus dans mon jardin, mais d’une autre espèce : Micromus variegatus, qui a la face sombre et les ailes plus contrastées. Lui aussi est un prédateur de pucerons et d’autres petits insectes.
Un nouveau venu au bord du bassin du parc François-Mitterrand à Cergy ? Je n’avais encore jamais observé cette espèce qui serait pourtant assez commune en Ile-de-France.
Hoplia philanthus, nommée hoplie floricole ou hanneton argenté, est un coléoptère de la famille des Scarabaeidae. Il est parfois considéré comme un ravageur des gazons, car sa larve, semblable à celle du hanneton des jardins, consomme les racines des graminées. Son cycle de développement s’étend sur deux années. Il semble affectionner les sols sableux.
Les adultes consomment les feuilles des bouleaux et des charmes, mais ne sont pas réputés faire de gros dégâts. Leurs griffes recourbées, d’une longueur étonnante, leur servent à s’agripper aux rameaux et aux feuilles. Ils peuvent ainsi prendre tranquillement leur repas sans se faire décrocher par le vent !
Dans le parc du château de Marcouville, Sophie, de la Ferme pédagogique de Pontoise m’a montré un vénérable marronnier en fin de vie. Il ne subsiste qu’un gros tronc creux car, victime peut-être de la foudre et de coups de vent, il a perdu toutes ses branches charpentières. L’eau de pluie s’accumule dans le tronc et suinte abondamment au niveau de fissures de l’écorce. Le manège d’une guêpe qui fait des va-et-vient près d’un suintement m’intrigue.
Surprise, ce n’est pas une guêpe mais un diptère ! Et c’est bigrement bien imité : les rayures noires et jaunes de l’abdomen, la longueur des antennes, le bout des pattes jaunes, les taches sur le thorax, et même l’allure plissée des ailes un peu fumées ! Mais ses gros yeux la trahissent. Il s’agit d’un syrphe, et même d’une espèce rare, inféodée à ce type de milieu constitué par les suintements des vieux arbres blessés. C’est là en effet que vivent ses larves qui, paraît-il, se nourrissent des bactéries qui s’y développent.
Un syrphe rare
L’espèce, en déclin certain en France, et classée menacée au niveau européen, a déjà été observée dans le Val d’Oise lors d’un inventaire des syrphes des marais de Montgeroult et de Boissy-l’Aillerie réalisé en 2006 à l’initiative du Parc naturel régional du Vexin français. Les auteurs indiquent que sur les 68 espèces de syrphes recensés, Sphiximorpha subsellis est « sans conteste l’espèce la plus emblématique rencontrée sur le site d’étude ».
J’avais observé ce joli Stratiomyidae dans mon jardin. Remarquez la forme particulière des antennes. Ses larves, qui consomment de la matière organique en décomposition, habitaient peut-être dans mon composteur.
Vu de près, ce Stratiomydae montre deux grosses épines noires sur le scutellum, juste en arrière de la partie rouge. A quoi lui servent-elles ? Je n’ai pas trouvé de réponse, il faut dire que les experts en Stratiomyidae, ça ne court pas les rues… Ce que l’on croit savoir de cette espèce, nommée Clitellaria eppiphium, se résume à peu de choses : l’espèce serait rare et sa larve vivrait dans les colonies de fourmis qui habitent le bois mort. Et justement, du bois mort plein de fourmis ce n’est pas ce qui manque au parc du château de Grouchy !
C’est l’une des formes d’Adaliadecempunctata, la coccinelle à dix points, une chasseuse de pucerons, comme beaucoup d’autres espèces dans la famille des Coccinellidae. Elle est présente en Val d’Oise, mais est peu signalée. Avis aux amateurs : il faut la chercher dans les haies champêtres et sur les chênes.
On peut rencontrer dans les arbres une autre coccinelle à dix points, mais il sera difficile de les confondre !
Le long d’une sente ensoleillée à Poissy pousse en abondance le millepertuis perforé (Hypericum perforatum). « Perforé de mille trous » nous dit son appellation vernaculaire. Mais sont-ce vraiment des trous, tous ces points clairs sur les feuilles? Non, ce sont des vésicules huileuses qui laissent un peu passer la lumière.
Cette chrysomèle noire à taches orange est très classique sur le millepertuis, il s’agit de Cryptocephalus moraei. Elle est commune mais discrète : farouche, elle se cache rapidement sous les feuilles ou derrière la tige dès qu’un individu louche approche !
Une autre chrysomèle tout aussi timide se cache sur cette plante : Chrysolina hyperici. Elle est nettement moins commune que la précédente.
Cette espèce a été introduite en Amérique du Nord pour lutter contre la prolifération dans les pâtures de notre millepertuis considéré là -bas comme une plante invasive, toxique pour le bétail.
Cette fausse chenille en revanche était facile à voir. Elle était trop occupée à manger sa feuille de millepertuis pour s’inquiéter de la présence d’un photographe. Avec une telle ligne centrale de points noirs tout le long du dos, pas de doute, c’est Tenthredo zona, une espèce peu observée, à la répartition bien mal connue. Cette année, je l’ai vue aussi près du chalet nature de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise.
Ce coléoptère poilu et vivement coloré est le clairon des ruches. L’adulte est essentiellement herbivore. Ici, il se régale des étamines d’une fleur de ronce. Sa larve est prédatrice des larves d’abeilles dans les ruches.
En Ile-de-France, on peut le confondre avec une espèce voisine : Trichodes apiarius (le clairon des abeilles), de mœurs semblables. La différence morphologique est subtile : chez le clairon des abeilles, l’extrémité des élytres est noire, alors qu’elle est rouge chez le clairon des ruches.