L'actualité de la Nature

Les ptérophores, de bien étranges papillons !

Emmelina monodactyla © CACP – Gilles Carcassès

Cette silhouette en T est typique des Pterophoridae, une famille de papillons de nuit qui compte 144 espèces en France (et je n’en connais que quatre !).

Comme tous les lépidoptères, ils ont bien deux paires d’ailes, mais elles sont étroites et généralement superposées. Ci-dessus, l’une des espèces les plus fréquentes dans cette famille, le ptérophore commun (Emmelina monodactyla) dont la chenille consomme les fleurs et les jeunes feuilles de liserons.

Pterophorus pentadactyla, le ptérophore blanc © CACP- Gilles Carcassès

Le ptérophore blanc, aux ailes nettement lobées et plumeuses est aussi un hôte des liserons. On trouve cette espèce dans les mêmes endroits que la précédente, les jardins et les bords des champs.

Gillmeria ochrodactyla – Eragny-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Cette autre espèce se nourrit sur la tanaisie. Elle fréquente les friches.

Amblyptilia sp. – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Quant aux Amblyptilia , leurs chenilles consomment de nombreuses espèces de plantes basses dont les liserons, les géraniums, les menthes et aussi l’épiaire des bois. Pour cela, on peut rencontrer cette espèce dans les bois humides, comme ici dans le parc du château de Grouchy. Elle est commune en raison de son caractère polyphage.

De très nombreuses autres espèces dans cette famille sont spécialisées sur un genre ou même une espèce de plante. Il existe des Pterophoridae inféodées plus ou moins strictement aux tussilages, aux seneçons, aux knauties, aux laitues vireuses, aux germandrées, aux origans, aux gentianes, aux marrubes, aux inules, aux pâquerettes, aux eupatoires… Et beaucoup d’espèces n’ont pas de plantes hôtes connues. Il reste tant à  découvrir sur la biologie de ces étranges papillons !

Découvrez dans ces articles les étonnantes chenilles de quelques Pterophoridae :

Méfiez-vous des faux bruns !

Une chenille bien fatiguée

Sources :

Pterophoridae, par Papillons de Poitou-Charentes

Pterophoridae, par British Lepidoptera

L'actualité de la Nature

Les zigzags des agriles

Tronc mort – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Les pics s’en sont donnés à  cœur joie sur ce tronc d’arbre mort renversé par un coup de vent. Ils ont fait sauter toute l’écorce à  la recherche de larves d’insectes, mettant au jour ces galeries étonnamment sinueuses.

Galeries de larves d’agriles – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Ces méandres sont la signature typique des agriles, coléoptères Buprestidae, dont il existe une bonne trentaine d’espèces en France métropolitaine, la plupart en zone méditerranéenne.

Les adultes de cette famille ont une silhouette allongée, des antennes courtes et sont souvent de couleur métallique. On peut les observer quand ils se nourrissent sur les fleurs dans les lisières. Voici deux espèces d’Anthaxia, un genre voisin des Agrilus :

Anthaxia nitidula – Jeufosse (78) © CACP – Gilles Carcassès
Anthaxia ignipennis (Aveyron) © CACP – Gilles Carcassès

Une autre espèce de Buprestidae est célèbre pour ravager les haies de thuyas, c’est le bupreste du genévrier (Lamprodila festiva). L’adulte, très joli, est d’un vert métallique taché de bleu nuit.

Mais la vedette médiatique de cette famille est incontestablement l’agrile asiatique du frêne (Agrilus planipennis) qui fait de gros dégâts en Amérique du Nord. En 2018, cette espèce n’était pas encore en France.

Retrouvez d’autres articles sur les habitants du bois mort :

Entomoglyphe

Extra plats

Ma petite biche

Escargot poilu !

Rhinocéros

Sources :

Les agriles, par Ephytia (INRA)

Coléoptères Buprestidae, sur le site du GRETIA

La fiche technique Thuya – Bupreste, par Jardiner Autrement

L'actualité de la Nature

Squatteur de salle de bains

Nezara viridula forme torquata © CACP – Gilles Carcassès

Cette punaise a réussi à  pénétrer chez moi. Ses intentions sont claires : dormir au chaud tout l’hiver et attendre le printemps pour retourner au jardin. Cette fois-ci ce n’est pas la célèbre punaise américaine des pins, bien connue pour se comporter de la sorte. Il s’agit d’une espèce devenue très commune dans nos jardins, Nezara viridula, l’une des punaises vertes.

Nezara © CACP – Gilles Carcassès

Vous ne la trouvez pas vraiment verte, n’est-ce pas ?  C’est qu’en hiver, cette punaise change de couleur, de verte elle passe à  brune. Et ce museau bicolore et ces épaules claires ? C’est une variation individuelle. Pour ces individus présentant ce pattern particulier, on parle de la forme torquata. Et les trois points clairs alignés en travers du dos ? C’est à  ce détail que l’on reconnaît l’espèce.

Je l’ai délicatement remise dehors, elle n’a qu’à  aller sonner chez les poules.

L'actualité de la Nature

Du monde sous les écorces

Cachés sous une écorce © CACP – Gilles Carcassès

En cueillant quelques pleurotes sur le tronc d’un vieux hêtre, je ne résiste pas à  l’envie de soulever un petit bout d’écorce sur une partie de bois pourri pour voir qui se cache dessous.

Le logement est très humide, mais cela n’a pas l’air de déranger. Je vous présente mes trouvailles, engourdies par le froid. De gauche à  droite : une araignée du genre Philodromus, la sublime coccinelle rose Oenopia conglobata et la coccinelle asiatique Harmonia axyridis. La différence de taille entre ces deux espèces de coccinelles est ici flagrante.

Oenopia conglobata, la coccinelle rose – © CACP – Gilles Carcassès

La coccinelle rose s’est réveillée et part à  la recherche d’un nouveau logement plus tranquille.

Rhaphigaster nebulosa © CACP – Gilles Carcassès

Les punaises nébuleuses, communes en forêt, profitent aussi de ces écorces décollées pour passer l’hiver en amas compacts.

Dans quelques jours ou quelques semaines, le tronc qui les héberge sera chargé sur un camion pour une destination inconnue, peut-être à  l’autre bout du Monde. Beaucoup d’espèces changent ainsi de région ou de continent au gré des transports de marchandises. Ainsi naissent les espèces invasives…

Retrouvez nos articles :

J’ai vu une coccinelle rose !

Punaise nébuleuse, punaise diabolique : ne les confondez plus !

La coccinelle asiatique

Les champignons du commerce international du bois

Agenda, L'actualité de la Nature

Joyeux Noà«l 2018 !

La phalène brumeuse © CACP – Gilles Carcassès
Operophtera brumata © CACP – Gilles Carcassès

D’or et de lumière !

Ce mâle de phalène brumeuse, en ce soir de décembre est venu me rendre visite à  la fenêtre du salon. Les écailles de ses ailes brillent sous la lumière de mon flash et font écho aux décors de Noà«l.

Je vous souhaite à  tous de très bonnes fêtes !

L'actualité de la Nature

Leptoglossus

On la voit partout en ce début d’hiver ! Cette espèce invasive cherche à  se mettre au chaud et rentre souvent dans les maisons.

Leptoglossus occidentalis © CACP – Gilles Carcassès

Cette punaise américaine des pins vient de se poser sur le seuil de la porte-fenêtre de mon salon. D’où vient-elle ? Les premiers pins, dans un espace vert du quartier, sont à  plus de 100 mètres de là . Serait-ce la réputation d’une bonne maison qui l’aurait attirée jusque chez moi ?

L’espèce est inoffensive, mais je ne lui ai pas ouvert, je l’ai laissée discuter avec mes poules qui sont arrivées, intéressées par ma découverte. Après tout, il y a de la place au poulailler pour hiverner…

Retrouvez une autre espèce de punaise qui rentre dans les habitations :

La punaise diabolique

L'actualité de la Nature

Curieuse rencontre sur une coulemelle

Lepiota procera © CACP – Gilles Carcassès

Il y en a du monde qui me regarde sur cette jeune coulemelle ! Mais quel est donc cet insecte dodu ?

Issus coleoptratus © CACP – Gilles Carcassès

C’est un représentant des Issidae, une famille proche des cigales, et sans doute l’espèce la plus commune : Issus coleoptratus. Je rencontre d’ordinaire cette « cigale bossue » sur les troncs des arbres en forêt ou dans les parcs boisés. C’est la première fois que je la vois sur un champignon. Sur cette photo, on aperçoit entre les pattes antérieures de cet homptère, le rostre avec lequel il pompe la sève des végétaux.

Pour comparer, voici de vraies cigales :

Cicada orni, le cigale de l’orne – Saint-Rémy-de-Provence © CACP – Gilles Carcassès

La cigale de l’orne est présente dans tout le sud de la France.

Lyristes plebejus, la grande cigale commune – Saint-Rémy-de-Provence © CACP – Gilles Carcassès

Lyristes plebeius est une plus grande espèce, cantonnée dans la région méditerranéenne. On peut rencontrer 24 espèces de cigales en France.

Admirez la finesse du rostre de ces cigales, pourtant capable de percer les écorces des troncs d’arbres !

Retrouvez notre article sur une cigale francilienne :

Naissance d’une cigale

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le doryphore

Leptinotarsa decemlineata, le doryphore, dans un carré de pommes de terre au Potager du roi à  Versailles © CACP – Gilles Carcassès

Quand j’étais gamin, au jardin du grand-père, j’étais réquisitionné pour la chasse aux doryphores. Le ramassage manuel était assez efficace mais il fallait y revenir souvent. De nos jours, on ne vois plus guère de doryphores, sauf dans certains jardins bio comme le Potager du roi à  Versailles.

Doryphore adulte © CACP – Gilles Carcassès

Cette chrysomèle d’origine mexicaine, inféodée aux plantes de la famille des Solanaceae, a été découverte en France en 1922 dans la région de Bordeaux pas très loin d’un important centre de transit de pommes de terre. Elle est probablement arrivée avec des livraisons pour l’armée américaine pendant la première guerre mondiale. A partir de là , l’insecte a envahi toute la France, puis l’Europe. En 1934, le front de sa progression passait par l’Ile-de-France.

Les adultes, mais surtout les larves, consomment les feuilles des pommes de terre et peuvent les défolier complètement, entraînant alors une perte importante de récolte.

Larve de doryphore © CACP – Gilles Carcassès

Parfois les doryphores peuvent attaquer le feuillage des aubergines et même celui des tomates. Il faut en tenir compte dans la rotation des cultures au potager ! Il convient aussi de ne pas laisser de morelles noires dans le potager après les pommes de terre car les doryphores peuvent aussi vivre sur cette Solanaceae adventice très commune dans les jardins.

Solanum nigrum, la morelle noire © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

Le doryphore, par André Lequet

Pomme de terre et doryphore, par Jardiner Autrement

Etude géographique sur le doryphore en France et principalement dans la région lyonnaise, par Georges Castellan (1943)

L'actualité de la Nature

2018 : les petits nouveaux

A Cergy-Pontoise, 2018 aura été une bonne année pour les observations d’insectes rares ou remarquables ! Voici le résumé de nos découvertes :

Premières observations pour l’Ile-de-France

Larve d’Aproceros leucopoda © CACP – Gilles Carcassès

Aproceros leucopoda est un hyménoptère symphyte invasif d’origine asiatique. Il nous arrive de Belgique. Nous avons observé ce nouveau ravageur de l’orme au bord de l’Oise à  Vauréal en juin 2018.

Une galle de Rhopalomyia tanaceticola  sur une fleur de tanaisie © CACP – Gilles Carcassès

Rhopalomyia tanaceticola est une cécidomyie dont les larves se développent dans des galles sur les fleurs de tanaisie. Nous avons noté la présence de cet insecte dans le potager de la Ferme d’Ecancourt à  Jouy-le-Moutier en juillet 2018.

En fait cette rareté n’en est pas vraiment une, il s’agit plutôt d’une espèce qui n’intéresse pas grand monde. Elle n’a aucun impact économique connu, et comme toutes les espèces qui n’ont pas fait l’objet d’études, elle ne peut pas servir pas d’indicateurs de la qualité des milieux. Alors à  quoi bon l’observer ? Il faut reconnaître aussi que pour illustrer des atlas ou des études de biodiversité, les jolis oiseaux, libellules et papillons sont bien plus vendeurs que les moucherons !

Rhopalomya tanaceticola adulte au creux de ma main © CACP – Gilles Carcasses

J’avais conservé certaines de ces galles dans un bocal et quelques semaines plus tard des adultes en sont sortis. Ils n’ont pas réussi à  se dégager complètement de leur pupe. Peut-être que l’atmosphère de mon élevage était trop sèche… On voit sur cette photo que ce minuscule insecte est bien un diptère, on distingue l’un des balanciers (cliquez sur l’image pour l’agrandir).

Premières données pour le Val d’Oise

Saperda perforata, la saperde perforée © CACP – Gilles Carcassès

Saperda perforata est un longicorne dont les larves consomment le bois mort des peupliers. Nous l’avons observé au parc de Grouchy à  Osny en mai 2018.

Stephanitis takeyai , le tigre de l’andromède © CACP – Gilles Carcassès

Stephanitis takeyai est un ravageur asiatique invasif qui s’attaque aux Pieris. C’est un organisme suivi par la Fredon Ile-de-France. Nous l’avons découvert dans le patio de nos bureaux à  Cergy.

Il faut ajouter à  ce tableau de chasse un syrphe rare qui ressemble à  s’y méprendre à  certaines espèces de guêpes :

Sphiximorpha subsellis © CACP – Gilles Carcassès

Sphiximorpha subsesilis pond dans les suintements des vieux arbres pourris, dans les zones humides. Nous avons eu la chance de tomber dessus. Ce diptère a été observé dans le parc du château de Marcouville à  Pontoise en mai 2018.

Retrouvez plus d’informations sur ces espèces dans nos reportages :

La tenthrède zigzag de l’orme

La galle des fleurs de tanaisie

La saperde perforée

Le tigre du Pieris

Fausse guêpe

L'actualité de la Nature

Mauvaise idée

C’était au début du mois de juillet 2018 et il faisait bien chaud.

Trois guêpes polistes – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Ces guêpes polistes agitaient vivement leurs ailes pour ventiler le nid de leur petite colonie logée à  l’intérieur de cette rampe d’escalier extérieur.

Polistes dominula – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Inquiétée par mon approche, celle-ci a cessé de ventiler. J’en ai profité pour photographier ce bel insecte aux ailes couleur caramel.

Guêpe poliste – Polistes dominula © CACP – Gilles Carcassès

La vue de profil aide à  déterminer l’espèce car il faut, pour cet exercice, apprécier la couleur des mandibules et des joues de l’animal.

La scène du drame – Cergy Grand centre © CACP – Gilles Carcassès

Mais était-ce une bonne idée que d’établir leur nid juste à  l’endroit où des centaines de passants tous les jours posent leur main ? J’ai observé le manège de ces insectes quelques jours, jusqu’à  la fin brutale et prématurée de leur aventure : quelqu’un est venu pulvériser un insecticide.

Retrouvez nos articles :

Tailles de guêpes

Fausse guêpe !

Les strepsiptères