Cette punaise a réussi à pénétrer chez moi. Ses intentions sont claires : dormir au chaud tout l’hiver et attendre le printemps pour retourner au jardin. Cette fois-ci ce n’est pas la célèbre punaise américaine des pins, bien connue pour se comporter de la sorte. Il s’agit d’une espèce devenue très commune dans nos jardins, Nezara viridula, l’une des punaises vertes.
Vous ne la trouvez pas vraiment verte, n’est-ce pas ? C’est qu’en hiver, cette punaise change de couleur, de verte elle passe à brune. Et ce museau bicolore et ces épaules claires ? C’est une variation individuelle. Pour ces individus présentant ce pattern particulier, on parle de la forme torquata. Et les trois points clairs alignés en travers du dos ? C’est à ce détail que l’on reconnaît l’espèce.
Je l’ai délicatement remise dehors, elle n’a qu’à aller sonner chez les poules.
En cueillant quelques pleurotes sur le tronc d’un vieux hêtre, je ne résiste pas à l’envie de soulever un petit bout d’écorce sur une partie de bois pourri pour voir qui se cache dessous.
Le logement est très humide, mais cela n’a pas l’air de déranger. Je vous présente mes trouvailles, engourdies par le froid. De gauche à droite : une araignée du genre Philodromus, la sublime coccinelle rose Oenopia conglobata et la coccinelle asiatique Harmonia axyridis. La différence de taille entre ces deux espèces de coccinelles est ici flagrante.
La coccinelle rose s’est réveillée et part à la recherche d’un nouveau logement plus tranquille.
Les punaises nébuleuses, communes en forêt, profitent aussi de ces écorces décollées pour passer l’hiver en amas compacts.
Dans quelques jours ou quelques semaines, le tronc qui les héberge sera chargé sur un camion pour une destination inconnue, peut-être à l’autre bout du Monde. Beaucoup d’espèces changent ainsi de région ou de continent au gré des transports de marchandises. Ainsi naissent les espèces invasives…
Ce mâle de phalène brumeuse, en ce soir de décembre est venu me rendre visite à la fenêtre du salon. Les écailles de ses ailes brillent sous la lumière de mon flash et font écho aux décors de Noà«l.
On la voit partout en ce début d’hiver ! Cette espèce invasive cherche à se mettre au chaud et rentre souvent dans les maisons.
Cette punaise américaine des pins vient de se poser sur le seuil de la porte-fenêtre de mon salon. D’où vient-elle ? Les premiers pins, dans un espace vert du quartier, sont à plus de 100 mètres de là . Serait-ce la réputation d’une bonne maison qui l’aurait attirée jusque chez moi ?
L’espèce est inoffensive, mais je ne lui ai pas ouvert, je l’ai laissée discuter avec mes poules qui sont arrivées, intéressées par ma découverte. Après tout, il y a de la place au poulailler pour hiverner…
Retrouvez une autre espèce de punaise qui rentre dans les habitations :
Il y en a du monde qui me regarde sur cette jeune coulemelle ! Mais quel est donc cet insecte dodu ?
C’est un représentant des Issidae, une famille proche des cigales, et sans doute l’espèce la plus commune : Issus coleoptratus. Je rencontre d’ordinaire cette « cigale bossue » sur les troncs des arbres en forêt ou dans les parcs boisés. C’est la première fois que je la vois sur un champignon. Sur cette photo, on aperçoit entre les pattes antérieures de cet homptère, le rostre avec lequel il pompe la sève des végétaux.
Pour comparer, voici de vraies cigales :
La cigale de l’orne est présente dans tout le sud de la France.
Lyristes plebeius est une plus grande espèce, cantonnée dans la région méditerranéenne. On peut rencontrer 24 espèces de cigales en France.
Admirez la finesse du rostre de ces cigales, pourtant capable de percer les écorces des troncs d’arbres !
Retrouvez notre article sur une cigale francilienne :
Quand j’étais gamin, au jardin du grand-père, j’étais réquisitionné pour la chasse aux doryphores. Le ramassage manuel était assez efficace mais il fallait y revenir souvent. De nos jours, on ne vois plus guère de doryphores, sauf dans certains jardins bio comme le Potager du roi à Versailles.
Cette chrysomèle d’origine mexicaine, inféodée aux plantes de la famille des Solanaceae, a été découverte en France en 1922 dans la région de Bordeaux pas très loin d’un important centre de transit de pommes de terre. Elle est probablement arrivée avec des livraisons pour l’armée américaine pendant la première guerre mondiale. A partir de là , l’insecte a envahi toute la France, puis l’Europe. En 1934, le front de sa progression passait par l’Ile-de-France.
Les adultes, mais surtout les larves, consomment les feuilles des pommes de terre et peuvent les défolier complètement, entraînant alors une perte importante de récolte.
Parfois les doryphores peuvent attaquer le feuillage des aubergines et même celui des tomates. Il faut en tenir compte dans la rotation des cultures au potager ! Il convient aussi de ne pas laisser de morelles noires dans le potager après les pommes de terre car les doryphores peuvent aussi vivre sur cette Solanaceae adventice très commune dans les jardins.
A Cergy-Pontoise, 2018 aura été une bonne année pour les observations d’insectes rares ou remarquables ! Voici le résumé de nos découvertes :
Premières observations pour l’Ile-de-France
Aproceros leucopodaest un hyménoptère symphyte invasif d’origine asiatique. Il nous arrive de Belgique. Nous avons observé ce nouveau ravageur de l’orme au bord de l’Oise à Vauréal en juin 2018.
Rhopalomyia tanaceticolaest une cécidomyie dont les larves se développent dans des galles sur les fleurs de tanaisie. Nous avons noté la présence de cet insecte dans le potager de la Ferme d’Ecancourt à Jouy-le-Moutier en juillet 2018.
En fait cette rareté n’en est pas vraiment une, il s’agit plutôt d’une espèce qui n’intéresse pas grand monde. Elle n’a aucun impact économique connu, et comme toutes les espèces qui n’ont pas fait l’objet d’études, elle ne peut pas servir pas d’indicateurs de la qualité des milieux. Alors à quoi bon l’observer ? Il faut reconnaître aussi que pour illustrer des atlas ou des études de biodiversité, les jolis oiseaux, libellules et papillons sont bien plus vendeurs que les moucherons !
J’avais conservé certaines de ces galles dans un bocal et quelques semaines plus tard des adultes en sont sortis. Ils n’ont pas réussi à se dégager complètement de leur pupe. Peut-être que l’atmosphère de mon élevage était trop sèche… On voit sur cette photo que ce minuscule insecte est bien un diptère, on distingue l’un des balanciers (cliquez sur l’image pour l’agrandir).
Premières données pour le Val d’Oise
Saperda perforataest un longicorne dont les larves consomment le bois mort des peupliers. Nous l’avons observé au parc de Grouchy à Osny en mai 2018.
Stephanitis takeyaiest un ravageur asiatique invasif qui s’attaque aux Pieris. C’est un organisme suivi par la Fredon Ile-de-France. Nous l’avons découvert dans le patio de nos bureaux à Cergy.
Il faut ajouter à ce tableau de chasse un syrphe rare qui ressemble à s’y méprendre à certaines espèces de guêpes :
Sphiximorpha subsesilis pond dans les suintements des vieux arbres pourris, dans les zones humides. Nous avons eu la chance de tomber dessus. Ce diptère a été observé dans le parc du château de Marcouville à Pontoise en mai 2018.
Retrouvez plus d’informations sur ces espèces dans nos reportages :
C’était au début du mois de juillet 2018 et il faisait bien chaud.
Ces guêpes polistes agitaient vivement leurs ailes pour ventiler le nid de leur petite colonie logée à l’intérieur de cette rampe d’escalier extérieur.
Inquiétée par mon approche, celle-ci a cessé de ventiler. J’en ai profité pour photographier ce bel insecte aux ailes couleur caramel.
La vue de profil aide à déterminer l’espèce car il faut, pour cet exercice, apprécier la couleur des mandibules et des joues de l’animal.
Mais était-ce une bonne idée que d’établir leur nid juste à l’endroit où des centaines de passants tous les jours posent leur main ? J’ai observé le manège de ces insectes quelques jours, jusqu’à la fin brutale et prématurée de leur aventure : quelqu’un est venu pulvériser un insecticide.
En visite au parc des Noirs marais à Osny, j’ai repéré ce joli syrphe qui tente de se réchauffer au soleil de novembre sur une feuille de houblon. Cette plante est à son aise dans les sols riches du parc des Noirs marais à Osny et s’y développe en plusieurs endroits. Ici, c’est un pied femelle reconnaissable à ses infrutescences semblables à des cônes.
Sous l’effet du froid matinal et de la pluie, les bractées commencent à tomber. Leur base est garnie de grains de lupuline, cette substance résineuse très aromatique qui confère au houblon ses propriétés appréciées en brasserie : un goà»t amer, des arômes particuliers et la capacité de faire mousser et de conserver la bière.
On rencontre le houblon aussi sur les berges de l’Oise, où il escalade vaillamment les saules et les jeunes aulnes. Les tiges de cette liane sont annuelles, mais elles repoussent chaque année à partir de son rhizome.
Cette variété dorée du houblon, Humulus lupulus ‘Aureus’ est une liane très décorative.
On utilise aussi parfois dans les jardins le houblon du Japon (Humulus japonicus), à croissance très rapide et moins rustique. Cette espèce a été introduite en France en 1880 au Jardin des plantes de Paris. Son pollen est allergisant et elle se comporte comme une plante invasive en région méditerranéenne. Les pépiniéristes en proposent une variété au feuillage marbré de blanc.
Quant aux variétés sélectionnées pour la brasserie, on les cultive désormais hors de l’Alsace, berceau historique de cette culture. En Ile-de-France, des houblonnières voient le jour à Bonnelles dans la parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, ainsi qu’en Seine-et-Marne. Et les projets parisiens se multiplient pour alimenter les nombreuses brasseries artisanales locales…
Libellula fulva est l’une de nos trois espèces de Libellula. On la reconnaît aux taches noires peu étendues à la base de ses ailes, comme il est expliqué dans notre article : Reconnaître les libellules. C’est aussi la seule du genre à avoir les yeux gris-bleu.
Libellula fulva vs Orthetrum cancellatum
Sur cette photo prise en juillet 2018 au bord de l’étang du parc du château de Grouchy à Osny, on peut comparer le mâle de Libellula fulva au premier plan et celui d’Orthetrum cancellatum à l’arrière-plan. Ces deux odonates à l’abdomen gris-bleu sont faciles à différencier si l’on observe la couleur des yeux.
Orthetrum cancellatum a les yeux verts. Comme tous les Orthetrum, il n’a pas de taches sombres à la base des ailes.
D’autres anisoptères aux yeux bleus
On veillera cependant à ne pas confondre Libellula fulva avec Orthetrum coerulescens qui a aussi les yeux bleus.
Orthetrum coerulescens est présent dans les jardins de l’école Du Breuil à Paris, mais pas sur Cergy-Pontoise. Il lui faut des ruisselets ensoleillés.
Au parc du château de Grouchy, on peut aussi croiser les yeux bleus de l’aeschne bleue, mais impossible de confondre avec les Libellula et les Orthetrum !