L'actualité de la Nature

Le mystère du puceron géant

L'allée des saules au parc François- Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès
L’allée des saules au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Que s’est-il donc passé au pied de cet arbre pour que le sol soit aussi noirci ?

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Colonie de Tuberolachnus salignus sur un saule – Cergy © Gilles Carcassès

Les responsables, ce sont ces pucerons et leur miellat abondant qui est tombé au sol et sur les feuilles des plantes basses. Des moisissures se sont développées sur ce miellat et ont formé ce dépôt noir que l’on nomme fumagine.

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Tuberolachnus salignus en promenade sur des lichens – Cergy © Gilles Carcassès

Voici l’un de ces pucerons de grande taille (5 mm). L’ornementation caractéristique de leur abdomen confirme l’espèce Tuberolachnus salignus, le puceron géant du saule.

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L’étonnant tubercule dorsal du puceron géant du saule qui rappelle un aileron de requin © Gilles Carcassès

Chaque année à  la sortie de l’hiver, le puceron géant du saule disparaît. On le voit à  nouveau sur les saules à  partir de juillet. Où est-il passé entre temps ? Personne ne le sait. Au printemps prochain, c’est décidé, je vais en suivre un pour le découvrir.

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Le puceron jaune de l’asclépiade

Ces insectes jaunes en rangs serrés le long des nervures d’une feuille d’asclépiade sont des pucerons. Il s’agit d’Aphis nerii, le puceron du laurier rose, appelé aussi puceron jaune de l’asclépiade.

Aphis nerii sur une feuille d'asclépiade - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Aphis nerii sous une feuille d’asclépiade – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Ce puceron n’est pas sensible aux cardénolides toxiques de la plante. Au contraire, il s’en sert pour dissuader ses prédateurs : le liquide de défense excrété par ses cornicules est empoisonné ! La couleur jaune vif du puceron est sans doute un signal : attention, danger !

Une goutte d'un liquide orange sort d'une cornicule d'Aphis nerii © Gilles Carcassès
Une goutte d’un liquide toxique sort d’une cornicule d’un Aphis nerii © Gilles Carcassès

Aphis nerii peut coloniser aussi d’autres Apocinaceae toxiques, comme Gomphocarpus physocarpus, un arbuste africain qui porte des fruits creux amusants en formes de balles poilues.

Gomphocarpus physocarpus © Gilles Carcassès
Gomphocarpus physocarpus est parfois utilisé pour la décoration des massifs © Gilles Carcassès

Ce puceron est présent également sur Cinanchum acutum, la scammonée de Montpellier, une plante rare méditerranéenne.

Aphis nerii sur Cinanchum acutum © Gilles Carcassès
Aphis nerii sur Cynanchum acutum – posture de défense collective © Gilles Carcassès

Sur cette plante, j’ai observé cette singulière démonstration de défense collective. A l’approche d’un danger, tous les pucerons prennent appui sur leurs pattes avant, dressent leur abdomen et effectuent des ruades avec leurs pattes postérieures. Ce comportement étonnant est sans doute destiné à  gêner l’approche d’un hyménoptère parasitoà¯de.

L'actualité de la Nature

C’est la saison du bison !

Dans le jardin de la ferme d’Ecancourt, j’ai croisé un tout petit bison.

La silhouette étrange du membracide bison © Gilles Carcassès
La silhouette étrange du membracide bison © Gilles Carcassès

Stictocephala bisonia, le membracide bison, est originaire d’Amérique du Nord. Il est arrivé en France au 19 ème siècle et prospère dans les zones humides. C’est en aoà»t et septembre qu’on peut le rencontrer en marchant dans les hautes herbes. Dérangé, il s’envole et fonce tout droit sur quelques mètres. Il suffit pour l’approcher de repérer sur quelle feuille il s’est posé.

Comme beaucoup d’homoptères suceurs de sève, il produit du miellat. Ses plantes de prédilections sont le saule, l’orme, le frêne, l’aubépine… Au verger, il peut aussi s’attaquer aux pommiers.

© Gilles Carcassès
Stictocephala bisonia © Gilles Carcassès

La femelle insère ses œufs dans l’écorce des branches. Les larves n’éclosent qu’au printemps suivant et se nourrissent de plantes herbacées.

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Centrotus cornutus © Gilles Carcassès

Le demi-diable (Centrotus cornutus) est l’une des trois espèces de Membracidae indigènes en France. Je l’ai déjà  rencontré à  Cergy.

L'actualité des jardins

La cicadelle pruineuse est en Ile-de-France !

Metcalfa pruinosa, la cicadelle pruineuse © Gilles Carcassès
Metcalfa pruinosa, la cicadelle pruineuse © Gilles Carcassès

Cet homoptère américain  invasif est arrivé à  Marseille en 1985. Depuis, il s’est répandu dans tout le sud de la France. C’est un ravageur de la vigne et des espèces fruitières, mais il peut s’attaquer à  beaucoup d’espèces d’arbres et d’arbustes. Il sécrète un miellat si abondant que des apiculteurs commercialisent du miel de metcalfa !

Dans les régions infestées, l’introduction d’un micro-hyménoptère parasitoà¯de américain Neodryinus typhlocybae  en 1996 a permis d’engager une lutte biologique par acclimatation qui semble efficace.

Cet insecte vient d’être signalé pour la première fois en Ile-de-France par le Jardin du Luxembourg, sur des troènes.

Surveillez vos troènes !…

Source : Actualités Phyto – la lette d’information phytosanitaire, n°80 de la DRIAAF Ile-de-France, aoà»t 2016

 

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A quoi servent les cornicules ?

Tout le monde un jour, se pose cette question : à  quoi servent les cornicules des pucerons ?

Attention, il ne faut pas confondre pas les cornicules et la cauda ! Les cornicules sont ces deux tubes implantés de chaque côté de la partie arrière de l’abdomen ; la cauda est un organe situé tout à  fait à  l’extrémité de l’abdomen, dont la fonction est d’orienter le flux du miellat. Ci-dessous, Uroleucon cirsii (reconnaissable à  ses longues antennes et ses genoux sombres) possède deux cornicules noires assez grandes et une petite cauda claire.

Uroleucon cirsi - Cergy © Gilles Carcassès
Uroleucon cirsii vu à  Cergy sur un chardon des champs © CACP – Gilles Carcassès

Certes, la taille et la forme des cornicules sont des critères importants pour la détermination des espèces de pucerons, mais la Nature n’a pas du les inventer juste pour satisfaire notre insatiable besoin de classer les choses et les êtres.

 Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor © Gilles Carcassès
Macrosiphoniella absinthii a des cornicules courtes et une cauda en forme de queue de castor – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

La vérité est étonnante : les cornicules sont des tubes de colle à  prise rapide !

Lorsqu’un puceron est inquiété par la proximité d’un danger, il émet par ses cornicules une gouttelette d’un triglycéride à  séchage rapide capable d’engluer les mandibules d’un prédateur. Le liquide émis contient aussi une phéromone d’alarme qui prévient les pucerons voisins.

Une goutte d'un liquide orange sort d'une cornicule d'Aphis nerii © Gilles Carcassès
Une goutte d’un liquide orange sort d’une cornicule d’un Aphis nerii inquiété par un photographe © CACP – Gilles Carcassès

Source :

Tout savoir sur la vie des pucerons – INRA

Retrouvez nos articles :

Le mystère du puceron géant

Le puceron jaune de l’asclépiade

L’étrange caverne des pucerons soldats

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Le mini monstre du tilleul

nymphe d'homoptère sous une feuille de tilleul -Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
nymphe d’homoptère sous une feuille de tilleul – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

J’a trouvé cette drôle de chose accrochée sous une feuille de tilleul. Ca n’était pas vivant, juste une enveloppe vide. En fait, il s’agit d’une exuvie, la dépouille d’une nymphe d’où s’est extrait un insecte adulte par une fine déchirure sur le dos du thorax.

On voit sur les côtés du thorax les ébauches des ailes. Les yeux très écartés et la forme des pattes me font penser à  une cicadelle. Ces insectes sucent la sève des plantes herbacées et d’un certain nombre d’arbres. Certaines espèces causent des dégâts aux cultures parce qu’elles transmettent des virus de plantes.

Un petit tour sur les forums internet me permet de recueillir des avis et de cerner la sous-famille chez les cicadelles : Macropsinae. Tous les membres de cette sous-famille sont inféodés à  des espèces ou des genres de plantes. Certaines consomment les orties, les ronces, le noisetier ou l’églantier. D’autres, assez nombreuses, sont spécifiques des diverses espèces de saules, de bouleaux, de peupliers. Mais une seule espèce est citée pour le tilleul : Pediopsis tiliae ! Il y a donc une forte chance que je sois en présence d’une nymphe de cette espèce, apparemment très peu observée. Une photographie d’une nymphe très ressemblante sur un site spécialisé nord-américain vient me renforcer dans ma conviction.

Il me reste pour confirmer l’espèce à  inspecter les frondaisons de cet arbre de 25 m de haut et à  trouver l’adulte…

L'actualité de la Nature

La cigale bossue, inventeur de la roue dentée

Joà«l Tribhout, photographe et lecteur du blog, m’a envoyé ces photos prises dans son jardin à  Herblay.

Larve d'Issidae © Joà«l Tribhout
Larve d’Issidae © Joà«l Tribhout

Voici l’occasion de découvrir une famille d’homoptères discrets : les Issidae. Cette larve, reconnaissable à  ses ébauches alaires a un curieux pinceau de cire au derrière : peut-être un stabilisateur pour le saut ? Car ces bestioles excellent au saut, les muscles de leurs pattes postérieures produisant des bonds qui les propulsent jusqu’à  un mètre. Pour une meilleure efficacité du saut, les mouvements de leurs hanches sont synchronisés par un étonnant dispositif mécanique en forme de roues dentées (voir le film !). Ces dents qui s’emboitent parfaitement mesurent seulement 20 microns ! Bizarrement, cette particularité anatomique n’est pas conservée chez l’adulte après la mue nymphale.

Issidae © Joà«l Tribhout
Issidae adulte  – Ne verrait-on pas sur ses ailes comme le dessin d’un visage grimaçant ? © Joà«l Tribhout

Il s’agit sans doute de l’espèce Issus coleoptratus. L’adulte est de la couleur des écorces et vraiment tout petit : 5 à  7 mm, ce qui explique qu’il passe souvent inaperçu. Il suce la sève de nombreux arbres et arbustes : le chêne, le hêtre, le bouleau, le houx, le lilas, le seringat… Il apprécierait beaucoup le lierre. Malgré ses ailes, il ne vole pas et se déplace en marchant et en sautant.

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Le jour où le diable est venu toquer à  ma fenêtre

Quel est cet étrange insecte qui est venu toquer à  ma fenêtre un soir de finale de football ?

C’est un homoptère peu fréquent, surnommé « le grand diable ». Ses cornes sur le thorax et sa tête large et plate lui donnent une allure peu engageante.

Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès
Ledra aurita (le grand diable) © Gilles Carcassès

La plus grande de nos cicadelles (de l’ordre de 15 mm) est rare et protégée en Ile-de-France. Lorsqu’elle se plaque sur l’écorce d’un arbre, elle est presque invisible. Sa biologie est mal connue, on sait qu’elle fréquente les chênes, mais peut-être aussi d’autres végétaux.

Ledra aurita - Poissy © Gilles Carcassès
Ledra aurita – Poissy © Gilles Carcassès

Je remarque sur la face interne de ses tibias postérieurs comme une scie finement dentée, peut-être que c’est avec ça qu’elle stridule ? Elle vient parfois, en juillet, à  la lumière : surveillez vos fenêtres la nuit tombée !

Centrotus cornutus - Cergy © Gilles Carcassès
Centrotus cornutus, le « demi-diable » – Axe majeur à  Cergy © Gilles Carcassès

Le demi-diable est nettement plus petit. Il possède non pas deux mais trois cornes sur son thorax : deux latérales et une troisième tournée vers l’arrière, longue et ondulée. C’est aussi un homoptère, un représentant de la famille des Membracidae. J’ai observé celui-ci sur les branches basses d’un orme près de l’Axe majeur à  Cergy.

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Sur le cirse maraîcher

Floraison de Cirsium oleraceum - Saint-Ouen l'Aumône © Gilles Carcassès
Floraison de Cirsium oleraceum – Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

Le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum) est présent sur notre territoire dans les vallées de la Viosne et du ru de Liesse, ainsi qu’au bord de l’Oise, dans les endroits marécageux. C’est un chardon assez élevé, aux grandes fleurs pâles et aux feuilles larges.

Voici trois bestioles surprenantes et peu courantes que l’on peut observer sur cette plante. Ces photographies ont été prises au parc de Grouchy à  Osny.

Tephritis conura - Osny © Gilles Carcassès
couple de Tephritis conura – Osny © Gilles Carcassès

Ce très joli diptère est Tephritis conura, il est inféodé à  cette plante. La femelle pond dans ses boutons floraux.

Cixius cunicularius - Osny © Gilles Carcassès
Cixius cunicularius – Osny © Gilles Carcassès

Cixius cunicularius est un homoptère de la famille des Cixiidae. Il affectionne les bords de rivière, tout comme le cirse maraîcher. On le trouve sur la végétation basse.

Cassida rubiginosa - Osny © Gilles Carcassès
Cassida rubiginosa – Osny © Gilles Carcassès

Cet insecte déguisé en tortue verte n’est pas une punaise, mais bien un coléoptère de la famille des Chrysomelidae (vaste famille !). L’avant, c’est du côté des antennes. Ses larves consomment les feuilles de divers chardons, dont le cirse maraîcher.

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Un Popeye chez les homoptères

Asiraca clavicornis © Gilles Carcassès
Asiraca clavicornis est assez commun dans les jardins © Gilles Carcassès

Cet étrange insecte homoptère, trouvé sur un liseron dans mon jardin, n’est ni une cicadelle, ni un puceron, ni un psylle. Il appartient à  la famille des Delphacidae, caractérisée par un gros éperon à  l’extrémité du tibia postérieur.

Ses pattes antérieures sont développées et très élargies, ce qui donne l’impression qu’il marche avec des béquilles. Et pour compléter le tableau, ses antennes sont hors norme, avec un premier article particulièrement imposant.

A quoi lui sert tout cet attirail ? Je n’ai pas trouvé le spécialiste pour me l’expliquer. En fait, peut-être que personne ne sait ; il y a tant encore à  découvrir dans le monde des insectes.