L'actualité de la Nature

Le puceron jaune de l’asclépiade

Ces insectes jaunes en rangs serrés le long des nervures d’une feuille d’asclépiade sont des pucerons. Il s’agit d’Aphis nerii, le puceron du laurier rose, appelé aussi puceron jaune de l’asclépiade.

Aphis nerii sur une feuille d'asclépiade - Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Aphis nerii sous une feuille d’asclépiade – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

Ce puceron n’est pas sensible aux cardénolides toxiques de la plante. Au contraire, il s’en sert pour dissuader ses prédateurs : le liquide de défense excrété par ses cornicules est empoisonné ! La couleur jaune vif du puceron est sans doute un signal : attention, danger !

Une goutte d'un liquide orange sort d'une cornicule d'Aphis nerii © Gilles Carcassès
Une goutte d’un liquide toxique sort d’une cornicule d’un Aphis nerii © Gilles Carcassès

Aphis nerii peut coloniser aussi d’autres Apocinaceae toxiques, comme Gomphocarpus physocarpus, un arbuste africain qui porte des fruits creux amusants en formes de balles poilues.

Gomphocarpus physocarpus © Gilles Carcassès
Gomphocarpus physocarpus est parfois utilisé pour la décoration des massifs © Gilles Carcassès

Ce puceron est présent également sur Cinanchum acutum, la scammonée de Montpellier, une plante rare méditerranéenne.

Aphis nerii sur Cinanchum acutum © Gilles Carcassès
Aphis nerii sur Cynanchum acutum – posture de défense collective © Gilles Carcassès

Sur cette plante, j’ai observé cette singulière démonstration de défense collective. A l’approche d’un danger, tous les pucerons prennent appui sur leurs pattes avant, dressent leur abdomen et effectuent des ruades avec leurs pattes postérieures. Ce comportement étonnant est sans doute destiné à  gêner l’approche d’un hyménoptère parasitoà¯de.

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L’asclépiade, une belle qui sait se défendre

© Gilles Carcassès
Asclepias syriaca – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

J’ai l’impression qu’elle grandit chaque année un peu plus, cette tache d’asclépiade au bord de la route près de l’Université, à  Neuville-sur-Oise. Cette plante vivace drageonnante à  la végétation généreuse est une échappée de jardin qui s’est naturalisée là . Elle est en passe de devenir envahissante. En Amérique du Nord, c’est elle qui nourrit les chenilles des monarques, ces célèbres papillons qui migrent par millions et passent l’hiver au Mexique.

© Gilles Carcassès
Fruits d’Asclepias syriaca © Gilles Carcassès

La forme recourbée de ses fruits lui vaut son surnom d’herbe aux perruches et ses graines plumeuses celui d’herbe à  la ouate.

L’asclépiade commune laisse échapper lorsqu’on la blesse un abondant latex blanc qui dissuade les lapins et les chevreuils de la consommer. Pour compléter sa protection contre les brouteurs de tout genre, sa sève contient aussi des cardénolides. Ces substances toxiques à  effet cardiaque sont employées en Afrique pour la fabrication de flèches empoisonnées : elles sont extraites d’espèces proches, appartenant à  la même famille (les Apocynaceae).

Ses fleurs, en revanche, sont plus accueillantes : très parfumées, elles attirent bon nombre de pollinisateurs, notamment les bourdons.

A Cergy-Pontoise, j’ai repéré deux stations de cette plante : celle-ci à  Neuville-sur-Oise qui est repérée dans la Flore d’Ile-de-France, et une autre près du bassin Blanche-de-Castille à  Saint-Ouen l’Aumône. Dans les deux cas, elles ont très certainement pour origine un ancien dépôt sauvage de déchets de jardins.

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L’asclépiade commune en fleurs © Gilles Carcassès

Mais je vois des formes au revers de certaines feuilles… En m’approchant, je découvre des colonies d’insectes jaunes vifs.

Quelle est donc cette espèce capable, à  l’instar de la chenille du monarque, de résister à  l’arsenal chimique de l’asclépiade ? Je vous donne un indice : elle se régale aussi du laurier rose, une autre Apocinaceae toxique.