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L’herbe à  la ouate, une invasive qui a de l’avenir ?

Asclepias syriaca – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

L’asclépiade de Syrie qui croît en colonie dense au bord de la route dans le secteur de la gare de Neuville-sur-Oise est une plante invasive américaine interdite à  la vente en France depuis l’arrêté du 14 février 2018. Ses rhizomes puissants lui confèrent en effet une forte capacité d’envahissement.

J’ai lu que l’on peut tirer de cette plante une ouate de bonne qualité. Il faut pour cela cueillir avant maturité les volumineux fruits en forme de perruche et les laisser sécher. Puis l’on sépare la ouate (les aigrettes plumeuses) des graines.

Graines de l’asclépiade © CACP – Gilles Carcassès

J’ai fait comme indiqué et voici ce que j’ai découvert en ouvrant le fruit desséché : une soixantaine de graines plates bien rangées, chacune surmontée de leur parachute aux fibres blanches et très douces.

Au 18ème et 19ème siècle, on faisait de cette « soie d’Amérique », une fois cardée et filée, du velours, des flanelles, des molletons, des satins, des bonnets et même des bas. On l’emploie toujours dans des vêtements pour l’alpinisme. Cette matière est plus chaude que le duvet à  poids égal et ne se mouille pas.

On a utilisé les fibres d’asclépiade pour le rembourrage de gilets de sauvetage, car elles sont très légères et hydrofuges. Elles sont aussi employées comme absorbant d’hydrocarbures. Et plusieurs équipes de recherche dans le monde, dont une à  l’Université de Cergy-Pontoise, travaillent sur les extraordinaires qualités de ce matériau biosourcé dans des domaines variés : vêtements techniques de protection contre le feu, isolants thermiques et acoustiques, nouveaux matériaux composites… Plusieurs centaines d’hectares sont déjà  en culture au Canada.

Sources :

Les fruits et les graines de l’herbe à  la ouate, par Zoom-nature

Apocyn, par le site Cenelle.fr

Le site canadien de la ccopérative Monark au service des producteurs d’asclépiade

Retrouvez nos articles sur l’asclépiade :

L’asclépiade, une belle qui sait se défendre

Le puceron jaune de l’asclépiade

L'actualité de la Nature

L’asclépiade, une belle qui sait se défendre

© Gilles Carcassès
Asclepias syriaca – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès

J’ai l’impression qu’elle grandit chaque année un peu plus, cette tache d’asclépiade au bord de la route près de l’Université, à  Neuville-sur-Oise. Cette plante vivace drageonnante à  la végétation généreuse est une échappée de jardin qui s’est naturalisée là . Elle est en passe de devenir envahissante. En Amérique du Nord, c’est elle qui nourrit les chenilles des monarques, ces célèbres papillons qui migrent par millions et passent l’hiver au Mexique.

© Gilles Carcassès
Fruits d’Asclepias syriaca © Gilles Carcassès

La forme recourbée de ses fruits lui vaut son surnom d’herbe aux perruches et ses graines plumeuses celui d’herbe à  la ouate.

L’asclépiade commune laisse échapper lorsqu’on la blesse un abondant latex blanc qui dissuade les lapins et les chevreuils de la consommer. Pour compléter sa protection contre les brouteurs de tout genre, sa sève contient aussi des cardénolides. Ces substances toxiques à  effet cardiaque sont employées en Afrique pour la fabrication de flèches empoisonnées : elles sont extraites d’espèces proches, appartenant à  la même famille (les Apocynaceae).

Ses fleurs, en revanche, sont plus accueillantes : très parfumées, elles attirent bon nombre de pollinisateurs, notamment les bourdons.

A Cergy-Pontoise, j’ai repéré deux stations de cette plante : celle-ci à  Neuville-sur-Oise qui est repérée dans la Flore d’Ile-de-France, et une autre près du bassin Blanche-de-Castille à  Saint-Ouen l’Aumône. Dans les deux cas, elles ont très certainement pour origine un ancien dépôt sauvage de déchets de jardins.

© Gilles Carcassès
L’asclépiade commune en fleurs © Gilles Carcassès

Mais je vois des formes au revers de certaines feuilles… En m’approchant, je découvre des colonies d’insectes jaunes vifs.

Quelle est donc cette espèce capable, à  l’instar de la chenille du monarque, de résister à  l’arsenal chimique de l’asclépiade ? Je vous donne un indice : elle se régale aussi du laurier rose, une autre Apocinaceae toxique.