Même caché derrière sa feuille de lampsane on pouvait distinguer la tache rouge sur les genoux de ce joli insecte, tout à fait aux couleurs d’Halloween ; bien qu’on l’ait observé au mois de mai durant la Fête de la Nature.
Le cercope à genoux rouges n’est pas l’espèce la plus courante de la région, pourtant on la retrouve de plus en plus régulièrement dans le Val d’Oise. Les nouvelles températures dans les environs doivent lui siéent.
Sur le mail Mendès-France à Vauréal, une rose trémière accompagne élégamment le tronc d’un des nombreux arbres de collection qui agrémentent cette belle promenade piétonne. Profitant du soleil du matin, une grosse cicadelle se prélasse sur un pédoncule floral.
A sa silhouette trappue, je reconnais un membre de la famille des Issidae. Mais cela n’est pas Issus coleoptratus, alias la cigale bossue, le seul Issidae répertorié pour l’Ile-de-France dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN).
La bordure claire et relevée de ses élytres me paraissent typiques du genre Agalmatium. L’espèce probable est Agalmatium flavescens, l’isside jaune, déjà observé dans le sud de la France. Je saisis mon observation dans Cettia Ile-de-France, dans l’espoir qu’un expert en Issidae passera par là pour valider ma trouvaille !
Agalmatium flavescens est largement réparti dans de nombreuses contrées méditerranéennes. Il se nourrit de la sève de la luzerne, du figuier, de l’olivier, de l’amandier, et aussi des pins, peupliers et tamaris. Cet isside jaune est peut-être arrivé là il y a quelques années avec les livraisons des arbres du mail, en provenance de pépinières méditerranéennes, ou alors l’espèce est indigène en Ile-de-France et était jusqu’alors passée inaperçue ?
Il y en a du monde qui me regarde sur cette jeune coulemelle ! Mais quel est donc cet insecte dodu ?
C’est un représentant des Issidae, une famille proche des cigales, et sans doute l’espèce la plus commune : Issus coleoptratus. Je rencontre d’ordinaire cette « cigale bossue » sur les troncs des arbres en forêt ou dans les parcs boisés. C’est la première fois que je la vois sur un champignon. Sur cette photo, on aperçoit entre les pattes antérieures de cet homptère, le rostre avec lequel il pompe la sève des végétaux.
Pour comparer, voici de vraies cigales :
La cigale de l’orne est présente dans tout le sud de la France.
Lyristes plebeius est une plus grande espèce, cantonnée dans la région méditerranéenne. On peut rencontrer 24 espèces de cigales en France.
Admirez la finesse du rostre de ces cigales, pourtant capable de percer les écorces des troncs d’arbres !
Retrouvez notre article sur une cigale francilienne :
Présente dans les régions les plus chaudes de la moitié sud de la France, la cicadelle pruineuse, d’origine américaine, a été signalée en 2014 à Nanterre, en 2016 à Paris au jardin du Luxembourg et en 2017 dans le bois de Boulogne. Je viens de l’observer à Joinville-le-Pont, à deux pas de l’école Du Breuil.
Cette cicadelle est capable de se nourrir de la sève de très nombreux végétaux. Dans le petit bois à la sortie du RER que traversent tous les jours les étudiants de l’école Du Breuil, elle est en grand nombre sur les robiniers, la clématite sauvage et l’ortie dioà¯que. Bonne nouvelle, elle est aussi sur l’ailante, un arbre invasif qui pose par endroits de sérieux problèmes !
Metcalfa pruinosa est un ravageur important des arbres fruitiers. Il les affaiblit considérablement au point de compromettre la production, lorsque ses populations sont très nombreuses. Heureusement, un parasitoà¯de américain introduit dans les régions infestées régule efficacement ces pullulations : Neodryinus typhlocybae pond dans les larves de la cicadelle pruineuse.
Retrouvez notre article sur l’arrivée de la cicadelle pruineuse au jardin du Luxembourg :
Cette tête de féroce diablotin à lunettes est le motif caractéristique du scutellum d’une cicadelle du genre Acericerus (ainsi sont les Acericerus, je vous assure).
J’a trouvé celle-ci sous l’écorce d’un platane du parc François-Mitterrand à Cergy. Un excellent endroit pour passer l’hiver à labri des intempéries. Mais Acericerus ne consomme pas la sève du platane, ce sont les érables qui sont à son goà»t. Il y avait bien un érable sycomore à proximité. Je n’ai pas pu la prendre en photo de plus près car elle a disparu dans un saut vertigineux quand j’ai voulu l’approcher.
On trouve en France trois espèces d’Acericerus, assez difficiles à distinguer, toutes sur les érables.
Un grand merci à François pour m’avoir indiqué que ce type d’illusion qui nous fait voir le dessin d’une figure est une paréidolie. Très content d’avoir appris un nouveau mot !
Retrouvez d’autres paréidolies dans ces articles :
La lumière le soir n’attire pas que les papillons de nuit. La preuve, ces autres espèces sont venues sur la terrasse éclairée :
Le membracide bison (Stictocephala bisonia) est un homoptère américain naturalisé en France depuis le 19 ème siècle.
Le fourmilion longicorne (Distoleon tetragrammicus) est un névroptère souvent attiré la nuit par les lumières. Le plus commun en Ile-de-France, Euroleon nostrasa les antennes plus courtes.
Il est arrivé en bourdonnant, a rebondi sur mon épaule avant de se cogner lourdement au mur. Ce maladroit est un Copris lunaire (Copris lunaris) qui creuse sous les bouses de vaches, pour y enfouir de la matière et y déposer ses œufs. Il est très utile pour la décomposition des excréments.
D’une pierre deux coups : entre les pattes du scarabée, des passagers clandestins ! Ces acariens désireux de changer de bouse s’accrochent au scarabée, comme des citadins prendraient le bus. C’est juste un moyen de transport.
En récoltant mes noisettes pourpres, j’ai observé que les involucres très enveloppants de ces fruits offraient de bons abris à plein de petites bêtes. J’ai entrepris de les photographier. Mon rendement de cueilleur de noisettes en a gravement pâti.
Voici l’impressionnant mais très inoffensif « perce-oreilles ». J’en ai vu très peu cette année.
Ectobius vinzi, une petite blatte de jardin qui devient très commune et rentre parfois dans les maisons, sans faire aucun dégât (il suffit de la remettre dehors). Cet immature est facile à reconnaître avec sa barre blanche transversale.
Une araignée crabe arboricole de la famille des Philodromidae.
Tiens ! Un Oulema, coléoptère ravageur des céréales qui grignote aussi les graminées sauvages.
Un look incroyable celui-ci avec ses antennes en bâton et ses pattes antérieures très élargies ! Asiraca clavicornis est un homoptère Delphacidae.
Au jeu des noisettes-surprises, on trouve une bien intéressante biodiversité ! J’y retournerai sà»rement et vous posterai mes autres découvertes…
Les cercopes sont des homoptères sauteurs qui vivent aux dépens des plantes, herbacées ou ligneuses, en suçant leur sève.
Voyez-vous ses genoux rouges ?
Cercopis intermedia est une espèce plus fréquente dans la moitié sud de la France, mais elle est vue régulièrement dans le Val d’Oise depuis une dizaine d’années. On la reconnaît facilement à ses genoux rouges. Elle stridule pour attirer son partenaire, mais le son est inaudible pour l’oreille humaine.
Les cercopes ont la particularité (la souplesse) de pouvoir s’accoupler en position côte à côte. Sur la Côte d’Azur, on les regarde d’un mauvais œil car ce sont des vecteurs potentiels de Xylella fastidiosa, la bactérie tueuse des oliviers.
L’espèce la plus commune en Ile-de-France est Cercopis vulnerata. Elle est immanquable avec ses larges taches orange (et ses genoux noirs).
Crachats de coucous
Les larves des cercopes vivent bien à l’abri dans des amas d’écume qu’elles créent autour d’elles en injectant de l’air dans leurs déjections. On nomme ces formations « crachats de coucous », alors que les coucous n’y sont pour rien, juré craché !
En soufflant délicatement sur la boule d’écume, j’ai mis au jour la petite larve. Plusieurs genres d’homoptères pratiquent ainsi, les Cercopis, mais aussi les Philaenus et les Aphrophora…
Retrouvez dans nos articles d’autres homoptères étonnants :
Les inventaires éclairs organisés par Natureparif sont le grand rendez-vous de terrain des naturalistes franciliens. Pour le pique-nique du dimanche 14 mai 2017, les participants avaient investi une vaste prairie sèche à Jeufosse avec un joli point de vue sur la vallée de la Seine.
Une larve inconnue
A mi-sandwich, je remarque un attroupement. Quelqu’un a trouvé dans l’herbe une drôle de larve.
Les experts se consultent : ce serait une larve de cigale, du genre Cicadetta et du groupe d’espèces montana. Après une séance photos digne du festival de Cannes, il est décidé de la remettre dans l’herbe.
Rapidement, la larve entreprend l’escalade d’une tige sèche. Normal pour une larve de cigale : après deux ans passés sous terre à ronger des racines, le moment est venu de se nymphoser.
L’ascension semble terminée. A une vingtaine de centimètres du sol, la larve s’immobilise et se transforme en nymphe. Comme il ne se passe plus rien, je retourne à mon sandwich.
L’émergence de la cigale !
Je reviens après ma banane, et quelques bavardages. La cuticule du dos de la nymphe s’est déchirée, l’adulte s’en est extrait et prend une posture acrobatique. Les ébauches d’ailes de notre cigale ne sont pas encore déployées. Entre ses pattes avant, on aperçoit le rostre avec lequel elle aspirera la sève des arbres pour se nourrir.
Je repasse dans l’après-midi pour voir l’évolution de cette émouvante métamorphose. Cela commence à ressembler à une cigale ! Elle a encore besoin de quelques heures sans doute pour sécher, ainsi accrochée à son exuvie, durcir ses ailes puis prendre son envol. Je l’abandonne à regret, pour rejoindre un groupe motivé qui part fouiller dans des bouses de vache à la recherche de fabuleux coléoptères coprophages…
Quelle Cicadetta ?
Il existe six espèces de Cicadetta en France. En l’occurrence, nous avons peut-être affaire à Cicadetta cantilatrix, la cigale fredonnante. Cette espèce a été découverte en 2007 lors de prospections entomologiques dans la Réserve Naturelle Nationale des coteaux de la Seine, pas très loin de Jeufosse. On ne peut la distinguer des autres espèces de Cicadetta que par l’analyse du chant du mâle, faible et très aigu (un truc pour attirer les femelles). Autrement dit, il faudra revenir sur les lieux de la découverte, avec de bonnes oreilles, pour espérer l’identifier.
Cette bestiole étrange de 5 mm trottait sur le tronc d’un arbre, derrière le centre des impôts à Cergy. Sa silhouette trapue est caractéristique d’un Issus, de la toute petite famille (en France) des Issidae, parmi les homoptères. Sans doute l’espèce la plus commune de ce genre : Issus coleoptratus.
Ils ne volent pas mais ils courent vite
Les Issus ne volent pas, ils courent… Effectivement, j’ai du faire plusieurs fois le tour de ce platane pour arriver à photographier cet insecte qui avait la bougeotte. Les Issus se nourrissent de la sève de diverses espèces d’arbres et d’arbustes à l’aide de leur rostre, comme le font les cigales. Stridulent-ils ? Rien n’est moins sà»r. En tout cas rien d’audible pour l’oreille humaine, sinon on le saurait. Car l’insecte, s’il est discret, est somme toute assez largement répandu.