Avez-vous remarqué ces enroulements au bord des feuilles des robiniers ? Cette année, on en voit un peu partout, à condition de les chercher, car les attaques restent discrètes. Le responsable est un moucheron, plus exactement une cécidomyie. Sa ponte provoque cette forme de galle qui protègera les asticots durant leur croissance. A l’intérieur de chaque galle on trouve deux ou trois larves d’un joli jaune. Les mésanges ont vite appris qu’elles étaient comestibles : on voit ici ou là les coups de becs qui ont percé les galles.
Obolodiplosis robiniae – c’est le nom de cette cécidomyie – est inféodée aux robiniers. Ce nouveau ravageur nous arrive d’Amérique, le continent d’origine de ces arbres introduits au 17ème siècle en Europe par les explorateurs, qui avaient remarqué la solidité de son bois, apte à faire de bons piquets, et la valeur nutritive de son feuillage pour le bétail.
Le premier signalement en France de cette cécidomyie remonte à 2007, suite à son introduction fortuite en Italie en 2003.
Cette cécidomyie est souvent parasitée par un minuscule hyménoptère du genre Platygaster, qui assure une régulation efficace du ravageur. Cette micro guêpe parasitoà¯de exclusif de ce diptère pond dans les larves de la cécidomyie. Les larves de Platygaster qui se développent rapidement ne laisseront de leur hôte que la peau. On a cherché ce Platygaster en Amérique : il semble bien qu’il n’y soit pas. Il s’agirait donc d’une espèce européenne qui se serait spécialisée à l’arrivée d’Obolodiplosis. Une création d’espèce nouvelle en quelques années seulement ? La nature a de ces mystères !
Un inventaire de biodiversité ne se fait pas en un jour. Des passages espacés dans le temps sont nécessaires pour repérer des espèces discrètes ou simplement d’apparition plus tardive.
A la demande de Cergy-Pontoise aménagement, les naturalistes du bureau d’études Théma Environnement étaient venus début juillet pour commencer leur analyse de la biodiversité du quartier Grand centre à Cergy. Ils sont revenus ces jours-ci avec du matériel pour compléter leurs listes. La cellule Biodiversité était bien sà»r au rendez-vous !
Voici quelques portraits d’insectes découverts dans le quartier à cette occasion :
A la tombée de la nuit, nos naturalistes ont sorti leur matériel pour l’écoute des chauves-souris. De nombreux contacts ont été établis : les analyses des enregistrements sont en cours…
Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?
Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.
Quelles sont les conclusions de cette étude ?
La diversité des plantes à fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.
L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à elles, conviennent bien aux hyménoptères.
Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :
– pour les papillons de jour :
origan
knautie des champs
centaurée
– pour les abeilles domestiques :
origan
centaurée
panicaut des champs
L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.
L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.
L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à la place de prairies naturelles déjà installées.
Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.
nom latin
nom commun
couleur
Hauteur (cm)
floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus
chicorée sauvage
bleu
120
juin – octobre
– Galium verum
gaillet jaune
jaune
45
juin – septembre
– Lotus corniculatus
lotier corniculé
jaune
20
mai – aoà»t
– Malva moschata
mauve musquée
rose
50
juillet – septembre
– Malva sylvestris
mauve sylvestre
pourpre
60
mai – septembre
– Origanum vulgare
origan
rose
70
juillet-septembre
– Salvia pratensis
sauge des prés
bleu
45
mai – aoà»t
– Sanguisorba minor
pimprenelle
rouge – vert
40
juin – juillet
– Silene latifolia alba
silene enflé
blanc
30
mai – septembre
– Silene dioica
compagnon rouge
rose vif
55
avril – juillet
– Trifolium pratense
trèfle violet
violet
20
mai – octobre
– Trifolium repens
trèfle blanc nain
blanc
20
mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota
carotte sauvage
blanc
50
juin – septembre
– Dipsacus fullonum
cardère sauvage
pourpre
115
juillet – aoà»t
– Echium vulgare
vipérine
bleu
55
mai – aoà»t
– Medicago lupulina
minette
jaune
20
mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas
coquelicot
rouge
50
mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla
fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra
fétuque rouge traçante
– Festuca ovina
fétuque ovine
La règle de composition du mélange est la suivante :
graminées : 2 à 3 espèces, 40 à 50 % du mélange (en poids de graines)
Un soir d’été, sur une plage herbeuse de la base de loisirs de Cergy-Pontoise, un gros insecte au vol lourd nous survole et se pose sans délicatesse sur une zone sableuse. Une approche feutrée nous permet de découvrir l’animal en question : c’est la grande sauterelle verte, Tettigonia viridissima. Son abdomen est prolongé par un long appendice semblable à un sabre, c’est son ovipositeur, l’organe qui permettra à cette femelle de déposer, un à un, une centaine d’œufs à quelques centimètres de profondeur dans la terre.
La sauterelle verte affectionne les hautes herbes où elle trouve de quoi se nourrir : des insectes de toutes sortes, grands ou petits, adultes ou larves. Sa présence à la base de loisirs a sans doute à voir avec les nouvelles méthodes de gestion des prairies adoptées par l’équipe technique, le fauchage tardif de nombreuses zones refuges favorisant quantité d’espèces de papillons, de criquets, d’abeilles sauvages…
Saviez-vous que la sauterelle verte est le principal prédateur des larves de doryphores ? Protégeons-là en lui laissant quelques parcelles de hautes herbes dans nos jardins !
Les élytres brillants de la chrysomèle américaine forment un miroir déformant et coloré. Elle n’a d’américaine que le nom, car cette chrysomèle est européenne.
On l’appelle aussi chrysomèle du romarin parce qu’elle consomme des feuilles de lavande, de romarin aussi, ainsi que d’autres plantes aromatiques méditerranéennes.
Il paraît que ce régime alimentaire donne à l’insecte un goà»t fort prononcé qui rebute beaucoup de prédateurs potentiels. Aussi, il n’est pas rare de voir des proliférations de cette chrysomèle occasionnant d’importantes défoliations des lavandes et des romarins dans nos jardins. C’est pourquoi plus d’un jardinier a déjà croisé cette jolie bestiole, parfois un peu trop gourmande.
Le dessin très particulier de ses ailes permet l’identification à coup sà»r de cette toute petite mouche peu commune. Ici, elle est perchée sur une mà»re.
Les larves d’Anomoia purmunda se développent dans les baies d’aubépine, de cotonéaster, de berbéris. L’ovipositeur au bout de l’abdomen de cette mouche indique qu’il s’agit d’une femelle. Les mâles seraient attirés par les effluves de solvant des peintures fraîches, que peut-être ils confondent avec les molécules de phéromones des femelles.
Est-ce un effet de la végétalisation des pieds d’arbres et de l’esprit de nature qui gagne ? Les employés chargés de l’enlèvement des tags ont, semble-t-il, accordé un sursis à ce spécimen de Picturalis parietina luteola.
Ce criquet est difficile à distinguer des rochers ou de la végétation sèche qu’il affectionne. Mais si on le dérange, un éclair bleu le trahit : l’intérieur de ses ailes est joliment teinté de bleu turquoise. Il consomme principalement des graminées et vit dans les endroits chauds et secs. C’est l’une des six espèces d’orthoptères protégées en Ile-de-France.
Un hyménoptère à la taille fine, c’est une guêpe ? Pas si simple, car plusieurs dizaines d’espèces, avec ou sans rayures, fréquentent nos jardins. En voici quelques représentants, vus ces jours-ci à Cergy. Le terrain des observations : ma touffe favorite de chardons des champs au Verger, en fleurs en ce moment.
Chez les Vespidae :
Chez les Sphecidae :
Chez les Crabronidae :
Chez les Halictidae :
Sphecodes albilabris suit certaines espèces d’abeilles solitaires, rentre dans leur terrier, mange leurs œufs et pond les siens à la place. Ainsi, ses larves se nourriront des réserves de pollen laborieusement accumulées par l’adulte de l’espèce parasitée.
Ce comportement singulier est nommé cleptoparasitisme. Chez les oiseaux, le coucou est un cleptoparasite bien connu. Il existe aussi de nombreuses espèces d’hyménoptères cleptoparasites dont ce Sphecodes, et même des mouches coucous.
Si ce jeu qui consiste à photographier tout ce qui se pose sur une même fleur vous amuse, rendez-vous chez Spipoll
Le Sympetrum striolatum est une libellule facile à reconnaître grâce au dessin contrasté et caractéristique des côtés de son thorax. C’est une espèce commune capable de grands déplacements ; elle a colonisé dès sa mise en eau le nouveau bassin du parc. On peut facilement observer en ce moment les accouplements des adultes.