L'actualité de la Nature

La mort au sommet

Scène macabre pour les criquets dans cette prairie de l’Essonne.

Criquet mort au sommet d’un séneçon © CACP – Emilie Périé

En travaux pratiques lors d’une formation de botanique, je parcours la prairie pour en inventorier les plantes avec le reste du groupe. Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir au sommet de ce séneçon de Jacobée (Jacobaea vulgaris) un criquet mort, dans une posture des plus incongrues. D’autant plus surprenant que son cas n’est pas isolé. Dans toute la prairie des centaines de criquets ornent le sommet des plantes !

Qui est le coupable ?

Heureusement, le suspens ne dure pas longtemps. Les formateurs ont déjà  observé ce phénomène dans la même prairie les années passées et ont pu creuser la question. Le coupable est un champignon : Entomophaga grylli. Comme son nom l’indique (entomo = insecte, phaga = manger, grylli = de la famille du grillon) ce champignon est un mangeur d’insecte qui se spécialise dans la consommation de criquets.

Son mode de chasse est très particulier. Lorsqu’un criquet est infecté par une spore, le champignon prend le contrôle de l’insecte. Le criquet monte, difficilement, au sommet d’une plante où il meurt, mangé par le champignon qui se développe à  ses dépens. Il devient alors une véritable réserve de spores de champignon. Sur son promontoire, bien exposé au vent, le pauvre criquet est alors un très bon diffuseur de spores et infecte toute la prairie.

Criquet zombie en cours d’escalade d’une graminée © CACP – Emilie Périé

Retrouvez d’autres histoires de zombies dans nos articles :

Tape à  l’œil

Coccinelle sur canapé

Les strepsiptères

Source :

La mort au sommet, par Zoom Nature

L'actualité de la Nature

Le cirse des champs : évolution et reproduction

Connaissez-vous le cirse des champs ?

Le cirse des champs, Cirsium arvense © CACP – Gilles Carcassès

Cette plante aux jolis pompons roses et aux longues épines appartient à  la famille des chardons. Comme son nom l’indique, le cirse des champs se plaît dans et aux abords des parcelles cultivées, mais pas seulement. Espèce dite ubiquiste et très adaptée à  notre climat, elle s’exprime dans tous les espaces ouverts où on lui en laisse la possibilité : friches, prairies, jardins, chemins, …

Et sa particularité ?

Le cirse des champs est une plante dioà¯que : les fleurs mâles (qui produisent le pollen) et les fleurs femelles (qui reçoivent le pollen et forment les fruits) sont portées par des pieds différents. Elles sont d’ailleurs assez dissemblables : les fleurs femelles sont plus petites, plus claires et de forme allongée ; les fleurs mâles sont d’un rose plus vif et d’un port plus étalé. Il est donc relativement facile de les différencier.

Fleurs de cirse, femelle à  gauche, mâle à  droite © CACP – Emilie Périé

En cas de doute, et avec un peu de patience, une technique infaillible est d’attendre la formation des fruits. Si les fleurs forment des touffes d’aigrettes blanches, la plante est femelle.

Pied femelle de cirse des champs – Cergy © CACP – Emilie Périé

Vers une séparation des genres ?

Outre la reproduction sexuée (par le pollen), le cirse des champs est également capable de se multiplier par son système racinaire. Les rhizomes (tiges souterraines) croissent sous terre et donnent naissance à  de nouveaux pieds quelques centimètres plus loin. On observe alors une répartition en petites colonies de plantes uniquement femelles ou uniquement mâles qui n’ont presque plus besoin de se rencontrer pour assurer la survie de l’espèce.  On a déjà  remarqué que les aigrettes servant à  transporter les fruits dans le vent sont de moins en moins solides puisque devenues inutiles… Qui sait ce que l’évolution leur réserve ?

Retrouvez le portrait du cirse des champs :

Le cirse des champs

Sources :

La fiche du cirse des champs, par Tela Botanica

Le cirse des champs, par Florif

La Flore d’àŽle de France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot

L'actualité de la Nature

Promenade dans les aubergines

Platynaspis luteorubra, la coccinelle fulgurante – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Cherchant un peu de fraicheur par ces temps de canicule, je suis allé traquer les petites bêtes dans les serres tunnels de l’association ACR à  Vauréal. Sur les aubergines cultivées sans pesticides, j’ai observé quantité d’insectes très variés dont cette minuscule coccinelle poilue : Platynaspis luteorubra. La larve de cette espèce peu commune consomme des pucerons, elle est signalée pour sa capacité à  vivre sans être inquiétée dans les fourmilières de certaines espèces de fourmis qui élèvent des pucerons dans le sol.

Voici quelques autres observations faites dans ce rang d’aubergines :

Propylea quatuordecimpunctata, la coccinelle à  damier – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

La coccinelle à  damier est un auxiliaire très efficace pour réguler les colonies de pucerons au jardin.

Villa hottentotta, le bombyle hottentot – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Villa Hottentotta est un diptère parasite des noctuelles.

Isondotia mexicana – Vauréal © CACP – Alexandra Marques

Isodontia mexicana capture des sauterelles vertes pour nourrir ses larves.

Catoptria pinella, le crambus des pinèdes – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Catoptria pinella est un Crambidae forestier dont les chenilles consomment des graminées. Il s’était un peu égaré à  l’entrée de la serre.

Super les légumes bio, pour observer les insectes !

On y retournera, peut-être quand il fera moins chaud…

Sources :

Platynaspis luteorubra, par Enclycop’Aphid

Vies et mœurs de quelques diptères Bombyliidae, par cana-u.tv

Catoptria pinella, par Lepinet

Retrouvez nos articles :

Du sable dans la poche

Les coccinelles jaunes à  points noirs

L'actualité de la Nature

La punaise cuirasse

Coptosoma scutellatum, la punaise cuirasse, sur une feuille de luzerne – côte des Carneaux à  Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Ce petit insecte globuleux n’est pas une coccinelle noire, mais une punaise. Son aspect lui vaut son appellation vernaculaire de punaise cuirasse.

La punaise cuirasse sur une fleur de gesse © CACP – Gilles Carcassès

Cette punaise se nourrit de la sève de Fabaceae comme les gesses, les coronilles, le lotier corniculé, le sainfoin, les vesces, les bugranes…

Coptosoma scutellatum – Genainville (95) © CACP – Gilles Carcassès

Cette espèce est typique des zones thermophiles, comme les pelouses calcaires. Je l’ai observée à  Genainville lors des inventaires éclairs organisés par l’Agence régionale de biodiversité d’Ile-de-France. Elle est assez grégaire et facile à  repérer.

Découvrez dans ces articles la grande diversité des punaises :

La fausse fourmi

L’abeille d’eau

Squatteur de salle de bains

La belle américaine

La miride du chêne

Le tigre du Pieris

Qui a peur des gendarmes ?

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La mégachile des jardins

 

Megachile willughbiella femelle – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Ceci n’est pas une abeille domestique, elle n’a pas de corbeille sur ses pattes postérieures pour transporter le pollen (comme on le voit dans cet article), mais elle est équipée, pour cette collecte, de brosses sous son abdomen. Il s’agit ici d’une espèce du genre Megachile, et avec cette pilosité et ces couleurs, les experts me disent que j’ai photographié une femelle Megachile willughbiella.

Megachile willughbiella mâle – Paris © CACP – Gilles Carcassès

Un peu plus tard sur la même plante se pose le mâle de cette espèce. Ses pattes antérieures portent une épaisse frange de longs poils blancs, attribut de séduction auquel les femelles sont sensibles, paraît-il.

Megachile willughbiella est l’une des espèces les plus communes du genre en Ile-de-France. Elle butine les fleurs de nombreuses Fabaceae et Lamiaceae, notamment les épiaires comme sur les photos ci-dessus. On la rencontre souvent dans les jardins.

Cette abeille est une découpeuse de feuilles. Les pastilles arrondies que les mégachiles prélèvent sur le limbe des rosiers ou d’autres plantes servent à  confectionner les cellules dans lesquelles vont se développer ses larves. Celles-ci se nourrissent d’un mélange de pollen et de nectar approvisionné par la femelle.

Sources :

Megachile willughbiella par sparealites.be

Clé illustrée des Megachilidae de Belgique, par Alain Pauly

L'actualité de la Nature

Le secret des beaux féviers

Gleditisia ‘Sunburst’ – gare routière de Cergy-préfecture © CACP – Gilles Carcassès

Les féviers sont de grands arbres d’origine américaine, ils sont appréciés pour leur robustesse en milieu urbain. La variété ‘Sunburst’ présente au début du printemps un feuillage jaune très lumineux qui vire au vert clair dans le courant de l’été.

Feuilles de févier déformées – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Peu de ravageurs s’en prennent à  cette espèce, mais une petite mouche spécifique (une cécidomyie) déforme parfois les jeunes feuilles à  l’extrémité des rameaux.

Galles de Dasineura gleditchiae – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Chacune de ces folioles transformées en pochette creuse contient une petite larve. Ordinairement, ces galles, en nombre limité, ne nuisent pas à  la santé de l’arbre mais elles peuvent en gâcher l’esthétique. J’ai souvent remarqué que les arbres sévèrement élagués souffrent au printemps suivant d’attaques importantes de ce diptère. Amis des beaux arbres, rangez les tronçonneuses !

Retrouvez dans ces articles d’autres galles de cécidomyies :

Les galles de cécidomyies

Les fleurs de mes hémérocalles avortent !

La galle poilue du hêtre

La galle des fleurs de tanaisie

L'actualité de la Nature

La coccinelle des friches

Hippodamia variegata – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

La coccinelle des friches ressemble à  la coccinelle à  sept points mais elle est de forme plus allongée et ses points sont groupés vers l’arrière de ses élytres.

Hippodamia variegata – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

J’aime beaucoup le dessin en noir et blanc qui évoque une tête de panda ou de ouistiti sur son thorax (encore une paréilodie !).

Cette coccinelle apprécie les plantes hautes dans les endroits chauds. Plusieurs générations se succèdent dans l’année. Elle consomme beaucoup de pucerons, mais aussi des cochenilles, du pollen, du nectar et du miellat.

C’est une auxiliaire très active au potager et au verger.

Sources :

Hippodamia variegata, par Encyclop’Aphid

La coccinelle des friches, par l’Atlas de biodiversité de Vauréal

L'actualité de la Nature

Vive le trèfle porte-fraise !

Strawberry fields forever ?

Champs de « fraises » à  Vauréal © CACP – Emilie Périé

Des champs de fraises à  Vauréal ? N’en déplaisent aux Beatles, il ne s’agit ici que du trèfle porte-fraise, Trifolium fragiferum.

Portrait d’un trèfle qui ramène sa fraise

Trifolium fragiferum, le trèfle porte-fraise – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Ce trèfle indigène qui rampe et s’enracine au niveau de ses stolons aériens forme de jolis tapis dans les pelouses sèches. Certains pépiniéristes le proposent en godets comme couvre-sol de pied d’arbres, ou comme base pour créer une pelouse naturelle en situation difficile. La plante supporte très bien le piétinement et les sols tassés. Autre avantage, ses fleurs roses très nombreuses sont mellifères !

Trifolium fragiferum, en fruits et en fleurs – Vauréal © CACP – Emilie Périé.

Quand ses fleurs sont passées, ses inflorescences ressemblent à  de petites fraises rondes, pâlottes et duveteuses.

Le trèfle des prés lui ressemble, mais il est plus haut et surtout ses têtes florales sont accompagnées de petites feuilles, alors que celles du porte-fraise ne le sont pas.

Trifolium pratense, le trèfle des prés – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Retrouvez d’autres plantes indigènes tapissantes :

Les bugles

La piloselle

Le lamier blanc

Agenda, L'actualité de la Nature

Retour sur la rencontre technique 2019 à  Clairefontaine et Bonnelles

Cette année encore, la rencontre technique des Parcs Naturels du Vexin français et de l’Oise-Pays de France, co-organisée avec la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a été l’occasion de réaliser de belles observations de biodiversité. Petite originalité, cette fois-ci nous nous sommes associés au Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse pour visiter deux sites d’exception sur leur territoire : la prairie des Essarts à  Clairefontaine-en-Yvelines et la Réserve Naturelle Régionale des à‰tangs de Bonnelles.

Retraçons en quelques clichés nos découvertes de la journée

Clairefontaine-en-Yvelines

Dans la prairie humide des Essarts à  Clairefontaine © CACP – Gilles Carcassès

A Clairefontaine, la prairie des Essarts est une ancienne peupleraie récemment ré-ouverte en milieu humide : un endroit particulièrement intéressant pour la biodiversité !

Chenille du paon de jour – Clairefontaine © CACP – Gilles Carcassès
On y fait de drôles de rencontres

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Et de belles découvertes !

Timaspis lampsanae – Clairefontaine-en-Yvelines © CACP – Gilles Carcassès

Cette galle de la lampsane commune n’a pas été vue en àŽle-de-France depuis la création des bases de données naturalistes contemporaines. Son nom n’était même pas référencé dans la liste des espèces connues ! Heureusement, le manque est maintenant comblé.

Bonnelles

A Bonnelles les actions en faveur de la biodiversité ne manquent pas :

Les étangs sont classés Réserve Naturelle Régionale, pour le plus grand bonheur des libellules, des foulques et des canards.

Etangs de Bonnelles © CACP – Gilles Carcassès

Les eaux usées sont traitées localement et écologiquement, grâce à  des bassins plantés en roseaux et à  l’issue du processus les boues sont valorisées en compost. Lors de la présentation par M. le maire, un héron est venu saluer la démarche !

Traitement écologique des boues d’épuration – Bonnelles © CACP – Gilles Carcassès

Grâce à  l’ensemble de ses démarches, la ville de Bonnelles a été élue Capitale Régionale de la Biodiversité 2018 pour l’àŽle-de-France. Tout effort mérite récompense !

Groseilles des bois – Bonnelles © CACP – Gilles Carcassès

Retrouvez plus d’informations dans notre reportage :

Retrouvez les reportages des rencontres précédentes :

L'actualité de la Nature

Le petit monde des bryones

Bryonia dioica, la bryone © CACP – Gilles Carcassès

La bryone est une plante grimpante vivace dioà¯que. Elle s’invite souvent dans les haies. L’hiver, elle disparaît complètement mais repousse vigoureusement chaque printemps depuis son énorme racine charnue.

Cette plante héberge une petite faune spécifique très intéressante :

Couple de Goniglossum wiedemanni – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Sur les pieds femelles, on rencontre parfois un diptère Tephritidae du nom de Goniglossum wiedemanni. Cette petite mouche très bigarrée ne pond que dans les fruits de la bryone.

Fruits de la bryone – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les pieds mâles sont très souvent visités par de petites abeilles solitaires. Andrena florea vient y collecter le pollen indispensable à  ses larves.

Andrena florea le matin au réveil – Jardin de la Maison du docteur Gachet à  Auvers-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Et les feuilles des pieds mâles et femelles sont broutées par Henosepilachna argus, une coccinelle poilue et végétarienne.

Couple de coccinelles de la bryone, Henosepilachna argus © CACP – Gilles Carcassès

Les larves de ces coléoptères, hérissées de piquants, sont encore plus voraces que les adultes.

Larve de la coccinelle de la bryone – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

Bryone : une racine hors normes, par Zoom Nature

Bryone dioà¯que, la sorcière, par Sauvages du Poitou

Retrouvez nos articles sur ces insectes :

La mouche des fruits de la bryone

Du nectar de bryone sinon rien

Coléoptères, fins stratèges

L’inventeur du barbelé