Ce crâne de ragondin a été trouvé à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Les incisives orange de ce gros rongeur invasif originaire d’Amérique du Sud sont vraiment impressionnantes. Sur l’animal vivant, on les aperçoit parfois quand il mange des plantes aquatiques ou lorsqu’il prend la pause en souriant pour le photographe, comme ci-dessous.
Prenons connaissance des explications du Professeur Guego de l’Université de Cergy-Pontoise : « Comme chez tous les rongeurs, la face externe (orange) de l’incisive est recouverte d’émail, substance dure, contrairement à la face interne (blanche) formée uniquement d’ivoire ou dentine, substance moins résistante. La croissance continue des incisives des rongeurs (hypsodontie) combinée à une usure différentielle (plus rapide à l’arrière qu’à l’avant) leur permet d’être toujours affutées, ce qui se traduit par une forme caractéristique en ciseau à bois (pour les amateurs de bricolage …). »
C’est le gribouri à deux taches ! Une chrysomèle connue pour manger surtout du millepertuis : Cryptocephalus moraei. Avez-vous vu sa tête à demi cachée dans son thorax : ainsi sont les Cryptocephalus.
Qui craint encore le gribouri ?
On appelait autrefois gribouris ces petits coléoptères à la tête peu visible. L’un d’eux surtout était très redouté, c’était le gribouri de la vigne qui en broutait les bourgeons et les grains encore verts. Il sévissait en Champagne, en Bourgogne, dans le Lyonnais. En Ile-de-France, on le désignait sous le nom de diablotin. Dans mon encyclopédie du 18ème siècle, il est décrit comme étant noir avec des élytres bruns et un peu poilus.
Pour recueillir et détruire ces ravageurs, il fallait secouer les ceps au-dessus d’entonnoirs à insectes, de bon matin, à l’heure où le gribouri dort encore. Des poules spécialement dressées contre le gribouri étaient parfois lâchées dans les vignes ; on utilisait pour les y conduire des poulaillers portatifs ou à roulettes. Et l’on semait aussi des fèves entre les rangs, utilisées comme plantes pièges. Aujourd’hui, cet insecte est devenu rare, et quand on le trouve, c’est le plus souvent dans sa forme entièrement noire. Les scientifiques ont débaptisé Cryptocephalus vitis : on doit dire maintenant Bromius obscurus.
Je n’ai jamais eu le bonheur de croiser le gribouri de la vigne, alors je vous en montre d’autres.
La mare du parc des Larris se porte bien ! Grâce à la gestion écologique et raisonnée de ses abords par les services de la ville de Pontoise, la végétation des berges s’est épaissie, offrant gîte et couvert à la faune sauvage. On voit sur cette photo qu’à l’extrémité de la mare, la station d’aloès d’eau a bien prospéré.
Une autre plante aquatique, que je ne connaissais pas, a attiré mon regard.
Le potamot crépu, aux feuilles coriaces et joliment ondulées, était autrefois commun et serait devenu assez rare en Ile-de-France. Peut-être sa présence est-elle sous-estimée, car la plante se cantonne souvent au fond des parties les plus profondes des mares.
Un peu plus loin, j’ai trouvé cette brillante chrysomèle sur une touffe de menthe. Il s’agit de Chrysolina polita, espèce typique de la végétation des berges. On la rencontre sur les menthes, les eupatoires et les lycopes dont elle consomme les feuilles.
Cercopis intermedia est une espèce plus fréquente dans la moitié sud de la France, mais elle est vue régulièrement dans le Val d’Oise depuis une dizaine d’années. On la reconnaît facilement à ses genoux rouges. Elle stridule pour attirer son partenaire, mais le son est inaudible pour l’oreille humaine.
Les cercopes ont la particularité (la souplesse) de pouvoir s’accoupler en position côte à côte. Sur la Côte d’Azur, on les regarde d’un mauvais œil car ce sont des vecteurs potentiels de Xylella fastidiosa, la bactérie tueuse des oliviers.
L’espèce la plus commune en Ile-de-France est Cercopis vulnerata. Elle est immanquable avec ses larges taches orange (et ses genoux noirs).
Crachats de coucous
Les larves des cercopes vivent bien à l’abri dans des amas d’écume qu’elles créent autour d’elles en injectant de l’air dans leurs déjections. On nomme ces formations « crachats de coucous », alors que les coucous n’y sont pour rien, juré craché !
En soufflant délicatement sur la boule d’écume, j’ai mis au jour la petite larve. Plusieurs genres d’homoptères pratiquent ainsi, les Cercopis, mais aussi les Philaenus et les Aphrophora…
Retrouvez dans nos articles d’autres homoptères étonnants :
Pour briller en société, rien de tel que de savoir différencier au premier coup d’œil les trois espèces de Libellula de la faune française.
Il suffit de savoir quoi observer : ce sont les taches sombres sur les ailes !
Libellula depressa : une tache étendue et bien visible à la base de chaque aile.
La plus difficile c’est la libellule fauve, parce que les taches sombres à l’extrémité des ailes ne sont pas toujours présentes. Mais il faut bien regarder les taches à la base des ailes : elles sont vraiment moins étendues que chez la libellule déprimée (surtout pour l’aile antérieure).
Chez Libellula quadrimaculata les deux sexes sont semblables, pour les espèces Libellula fulva et Libellula depressa, les mâles matures sont teintés de gris ou de bleu.
En observant cette élégante mini-mouche dans un massif fleuri devant la mairie de Montigny-les-Cormeilles, je me suis demandé ce qu’elle faisait là . Tout d’abord, il me faut la déterminer. Un ovipositeur noir au bout de l’abdomen et ces ailes tachées : cela m’oriente vers la famille des Tephritidae. Les pattes orange et la forme des taches des ailes me permettent de penser que c’est Tephritis praecox (une femelle, bien sà»r, à cause de l’ovipositeur).
Je fais une petite visite à l’excellent site anglais « Biological Records Centre » et son Database of Insects and their Foods Plants (DBIF) qui répertorie 47 000 interactions de 9 300 insectes avec 5 700 végétaux ! J’y apprends que Tephritis praecox pond dans les boutons floraux des séneçons et des marguerites.
Les Tephritis sont souvent spécialisés sur un genre de plantes hôtes et c’est un jeu passionnant que de chercher les différentes espèces sur les inflorescences des Astéracées. Chaque espèce de Tephritis a un dessin particulier sur l’aile.
A l’inauguration du parc du peuple de l’herbe, il y avait du vent, des cerfs-volants, des clowns, des jeux pour les enfants, du public, visiblement ravi, des troupes fournies de personnels, et des bénévoles aussi, une Maison des insectes remplie d’une foule compacte. Bon, je passerai un autre jour faire mon selfie avec Pupuce, la mascotte de la Maison…
Une superbe friche à onopordons, au détour d’un chemin, m’a offert le ballet-spectacle de la grande sauterelle verte, du criquet à ailes bleues (une espèce protégée en Ile-de-France) et de ce demi-deuil (Melanargia galathea) femelle, reconnaissable à sa teinte plus jaune que le mâle.
Coriomeris denticulatus est la punaise dentée du mélilot. (Pour bien voir les dents de la bête, cliquez sur l’image pour l’agrandir.) Celle-ci, je l’ai observée sur une repousse de peuplier noir, mais c’est vrai que le parc ne manque pas de mélilots.
Sur la berge de la Seine, j’ai rencontré la mythique punaise bleue, en chasse sur un pied d’épilobe grignoté par des larves de coléoptères. Cette punaise est un excellent auxiliaire de culture : elle consomme beaucoup de chrysomèles, larves et adultes, comme les altises et même les doryphores, paraît-il… Dommage qu’elle ne soit pas plus courante dans les jardins. Elle aime les friches, les landes et les milieux humides.
Ce gamin « Pheuillu », tout en feuilles sèches, semble me dire au revoir du haut de sa balançoire. C’est sà»r, je reviendrai explorer ce superbe coin de nature.
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Pour les rendez-vous aux jardins 2017, nous avions prêté à l’association des jardins familiaux des Hauts de Jouy la très belle exposition « Juste sous nos yeux » sur la biodiversité ordinaire de Cergy-Pontoise.
Les 25 panneaux avaient pris place dans le hangar collectif de l’association.
Un jardin d’essais
Une jardinière m’a gentiment invité à goà»ter ses framboises et visiter son jardin. Comment résister ? Marie-Dominique Delcayre s’est lancée avec passion dans des expériences de permaculture : paillages, cultures sur buttes de branches et de compost, jardins en carrés (ou en ronds), associations de plantes…
De grandes orgues de haricots grimpants étaient en préparation : technique de jardinage ou installation artistique ? Sà»rement les deux, et une façon de se faire doublement plaisir !
Il paraît que la ville de Jouy-le-Moutier a sélectionné son jardin pour être présenté au concours départemental des villes, villages et maisons fleuris, catégorie « jardin potager ». Souhaitons-lui bonne chance !
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Cette chenille de l’Etoilée (Orgyia antiqua) vient de muer, elle se repose à côté de sa mue. Avec ses « moustaches » extravagantes et ses couleurs vives, elle me fait penser au dragon du Nouvel an chinois. Ses quatre grosses brosses dorsales sont caractéristiques de cette espèce. On aurait tort de s’y frotter, car cette espèce est réputée toxique et urticante.
Chez l’Etoilée, les papillons mâles et femelles sont très différents
L’adulte mâle est un papillon de nuit marron avec une petite tache blanche sur l’aile antérieure. On peut le voir en juin et en septembre (deuxième génération). La femelle ressemble à une petite peluche grise et dodue et ses moignons d’ailes ne lui permettent pas de voler.