L'actualité de la Nature

Bande de tricheurs !

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Mais que fait ce bourdon ? Il se délecte du nectar de la fleur de sauge pour sà»r. Mais il ne passe pas du tout par l’entrée prévue par la fleur !

Connaissez-vous le coup des étamines à  pédales ? Au cours de milliers d’années d’évolution les fleurs des sauges se sont adaptées à  leur pollinisateurs (essentiellement les bourdons, mais l’ensemble des abeilles, guêpes, mouches et papillons sont aussi susceptibles d’intervenir). Les pétales, les étamines, le pistil et la réserve de nectar sont disposés de manière à  ce que le butineur devienne par la même occasion un pollinisateur en récupérant et déposant des grains de pollen au fil de ses visites de fleurs.

Ce bourdon, paresseux mais non moins ingénieux, a trouvé une parade. A la jonction entre les pétales et les sépales le nectar est disponible sans avoir à  se faufiler à  l’intérieur de la fleur. C’est sans doute beaucoup plus facile pour le bourdon, mais la fleur y perd sa reproduction. Et il n’était apparemment pas le seul tricheur …

L’abeille mellifère, Apis mellifera, a trouvé la combine.

L’abeille mellifère sur une fleur de sauge © CACP – Emilie Périé

Le moro-sphinx, Macroglossum stellatarum, ne prend même pas le temps de se poser pour boire le nectar.

Le moro-sphinx butinant une fleur de sauge © CACP – Gilles Carcassès

La guêpe germanique, Vespula germanica, a également repéré l’entrée secrète.

La guêpe germanique sur une fleur de sauge © CACP – Emilie Périé

Vu ! Et le frelon asiatique, Vespa velutina, s’est aussi invité au buffet.

Le frelon asiatique sur une fleur de sauge © CACP – Emilie Périé

Quid de la pérennité des sauges ? Car sans pollinisation, pas de reproduction ! Il est possible que cette variété horticole, choyée par les jardiniers de Giverny, n’ait pas trop à  pâtir de ce manque de pollinisation. Mais la question se pose pour les sauges sauvages. Verra-t-on de nouvelles évolutions de la forme de la fleur pour palier au problème ?

Heureusement il reste encore des bons élèves. Ce bourdon fauve, probablement Bombus pascuorum, s’applique à  butiner par le bon côté.

Un bourdon fauve dans une fleur de sauge © CACP – Emilie Périé

Retrouvez dans nos articles :

Le coup des étamines à  pédales

Les insectes de Giverny

Les oiseaux de Giverny

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Cet arbre est-il un tueur en série ?

Bourdons trouvés morts au pied d’un tilleul argenté © CACP – Gilles Carcassès

Le mystère des bourdons morts

Sur un parking à  Courdimanche, j’ai ramassé au pied d’un tilleul argenté une poignée de bourdons morts, de plusieurs espèces. Je connais le ferme engagement de cette ville à  ne pas utiliser de pesticides, il faut donc chercher ailleurs la cause de ces décès.

Tilleul argenté – Courdimanche © CACP – Gilles Carcassès

J’ai cherché sous des arbres d’autres espèces dans la rue : point de cadavres. Sous le tilleul argenté suivant : même hécatombe ! Le tilleul argenté serait-il toxique pour les bourdons ? Les études rapportées sur internet apportent plus d’interrogations que de certitudes.

Côté certitudes, le fait est bien connu et observé depuis au moins quarante ans. Des bourdons sont trouvés morts en bien plus grande quantité sous les tilleuls argentés (Tilia tomentosa, originaire de Crimée) que sous les tilleuls indigènes (Tilia cordata et Tilia platyphyllos). Les abeilles sont touchées aussi mais dans une bien moindre mesure.

Il semble que le phénomène soit plus souvent observé en période de canicule et de sècheresse. Ces conditions modifieraient-elles la composition du nectar, ou la physiologie des bourdons, ou les deux ?

Le parfum de cette espèce de tilleul est particulièrement entêtant (pour notre nez humain). Peut-être que ces effluves attirent un très grand nombre de bourdons, et que la mortalité que nous observons n’est pas anormale au regard de la quantité de visiteurs ? Une autre hypothèse serait que les bourdons meurent d’épuisement, ne trouvant dans ces fleurs à  l’odeur si attirante que trop peu de nectar, ou un nectar pas assez nourrissant…

Préférons les tilleuls indigènes

Quoi qu’il en soit, souvenons-nous qu’il existe de très belles variétés de nos tilleuls indigènes, aux avantages intéressants pour nos plantations urbaines : encombrement plus ou moins réduit, résistance à  la sècheresse, faible sensibilité aux pucerons… Et que jusqu’à  preuve du contraire, les bourdons ne meurent pas en masse sous leurs ombrages.

Source : Note de synthèse par Pierre Rasmont de l’Université de Mons (Belgique)

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Le nectar par effraction

© Gilles Carcassès
Fleur de Salvia guaranitica : calice perforé © Gilles Carcassès

Le voyez-vous ce petit trou allongé sur le calice noir de cette Salvia guaranitica ? Presque tous les calices des épis de cette plante, observée cet été dans un massif fleuri, présentaient une telle perforation. Quel est donc le coupable ?

© Gilles Carcassès
Xylocope violet (Xylocopa violacea)© Gilles Carcassès

Un xylocope violet, pris la trompe dans le sac ! Assurément, c’est nettement moins fatiguant d’accéder au nectar au fond du tube floral par effraction plutôt que par les voies naturelles en faisant des acrobaties à  l’ouverture de la fleur.

A l’école Du Breuil à  Paris, nous avons observé un bourdon qui a élaboré une technique très proche : il perce la base de la corolle, dans l’échancrure du calice.

Bourdon sur une fleur de Salvia guaranitica © Gilles Carcassès
Bourdon sur une fleur de Salvia guaranitica © Marion Poiret
Corolles de Salvia gauranitica percées par les bourdons © Gilles Carcassès
Corolles de Salvia guaranitica percées par les bourdons © Marion Poiret

Notons au passage que ces rusés insectes ne font pas leur travail de pollinisateur puisque dans leur approche, ils ne se frottent ni aux étamines ni au pistil. Cette tricherie devrait être interdite…