L'actualité de la Nature

La mouchette de l’onoprodon

Tephritis postica sur un onopordon – potager fruitier du château de la Roche-Guyon © CACP – Gilles Carcassès

Au potager fruitier de La Roche-Guyon, à  côté des artichauts, le jardinier a semé quelques onopordons. Ce très grand chardon aux feuilles laineuses est la plante hôte d’une bien jolie mouche de la famille des Tephritidae : Tephritis postica.

Tephritis postica femelle © CACP – Gilles Carcassès

Pendant que les mâles paradent à  l’extrémité des feuilles, défendant d’invisibles frontières, les femelles, reconnaissables à  l’ovipositeur noir qu’elles ont à  l’extrémité de l’abdomen, explorent la plante à  la recherche des boutons floraux dans lesquels elles vont pondre.

Tephritis postica mâle, au poste d’observation © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis postica mâle, perdu dans un océan de poils laineux © CACP – Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Rhinocéros

Oryctes nasicornis, un beau mâle – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Un collègue m’a rapporté ce gros scarabée qu’il a trouvé dans son jardin de Vauréal. Il s’agit d’un beau mâle d’Oryctes nasicornis, surnommé le Rhinocéros. Sa larve vit dans le bois pourri. Elle affectionne aussi, et de plus en plus, les tas de compost dans les jardins, lorsqu’ils sont riches en feuilles mortes et en déchets de bois (non résineux). Il paraît que l’espèce est assez casanière et s’éloigne peu de son lieu de naissance. Le Rhinocéros peut cependant voler et il est attiré la nuit par la lumière des lampadaires ou des terrasses éclairées.

Le stade larvaire dure trois à  cinq ans. La larve du Rhinocéros est la plus grosse des larves de coléoptères, elle peut atteindre 8 cm ! L’adulte qui mesure 3 à  4 centimètres, vit quelques mois, se nourrissant peu.

Oryctes nasicornis est une espèce commune, et fréquente en Ile-de-France.

Source :

Le Rhinocéros, par André Lequet

L'actualité de la Nature

Mélilots

Les mélilots sont des fabacées bisannuelles de grande taille. Il en existe trois espèces en Ile-de-France, une à  fleurs blanches, le mélilot banc (Melilotus albus), et deux espèces très proches à  fleurs jaunes, le mélilot officinal (Trigonella officinalis) et le mélilot élevé (Trigonella altissima). Elles ont en commun d’être d’excellentes plantes mellifères, c’est pourquoi elles sont souvent présentes dans les mélanges à  semer de prairies fleuries favorables aux pollinisateurs.

Mélilot blanc – parc François-Mitterrand à  Cergy © CACP – Dimitri Vandewiele

Ce pied de mélilot blanc photographié au bord du bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy a une histoire. Lors de la requalification du parc en 2013, des prairies fleuries ont été semées pour favoriser les insectes pollinisateurs. Le mélilot blanc qui faisait partie du mélange de graines utilisé s’est fortement exprimé la deuxième année du semis car c’est une plante bisannuelle. Les années suivantes, il a décliné laissant la place aux plantes vivaces comme les silènes enflés, les trèfles des prés, les vesces cracca et les marguerites. Mais quelques mélilots blancs se ressèment régulièrement et apparaissent chaque année ici ou là  dans les espaces les plus sauvages du parc.

Mélilot jaune – Potager du Roi à  Versailles © CACP – Gilles Carcassès

Au Potager du Roi à  Versailles, ces mélilots jaunes ont été semés sur cette banquette pour favoriser les pollinisateurs.

Les mélilots sont aussi utilisés comme engrais verts sur des cultures de deux ans.

Retrouvez d’autres articles :

Les plantes attractives pour les abeilles et les insectes pollinisateurs

La renaissance du sainfoin

L'actualité de la Nature

Encore vivante !

Aà¯e ! © CACP – Gilles Carcassès

Une surprise au parc de Grouchy

En repérage pour une animation dans les allées du parc du château de Grouchy à  Osny, j’ai trouvé la tête d’un gros coléoptère sur un tas de bois. Un pic, un corvidé ou une chouette aura attaqué ce mâle Dorcus paralellipipedus, (reconnaissable à  ses mandibules courtes mais fortes), ne consommant que l’abdomen et une partie du thorax.

Intéressant, me suis-je dit, pour notre animation, et j’ai ramassé le trophée. Mais je n’avais pas imaginé que la tête de cette « Petite Biche » allait me mordre ! Et si je bougeais, elle serrait plus fort ! Pas vraiment douloureux, mais impressionnant. Alors j’ai attendu, une minute ou deux, qu’elle se fatigue et tombe à  terre. J’ai pris cette photo pour immortaliser l’aventure.

Je me suis demandé combien de temps la tête séparée du corps d’un insecte est encore capable d’effectuer des mouvements. Autrement dit, ai-je loupé le pic à  quelques minutes près ou à  quelques heures ? Et la chouette de la nuit précédente, est-elle aussi plausible ?

Pour répondre à  cette question, un entomologiste du début du siècle dernier a fait des expériences. Selon les espèces, la tête reste active entre 3 heures (pour les taons) et 6 jours (pour les perce-oreilles). Pour les coléoptères, ce serait de l’ordre d’une dizaine d’heures. Et le corps des insectes décapités, gigote-t-il aussi longtemps ? Plus encore que la tête : généralement plusieurs jours, jusqu’à  18 pour certains papillons !

Source :

Résistance à  la mort par décapitation ou immersion, V. Brandicourt (1901), OPIE

Retrouvez notre article :

Ma petite biche

L'actualité de la Nature

Qui mange mes carottes ?

Chenille sur une feuille de carotte © CACP – Gilles Carcassès

Qui mange mes carottes, me demande Anaà¯s, de la Ferme de la Cure, à  Sailly ? S’agit-il de la chenille du Machaon ? Car elle ne ressemble pas à  celle que l’on montre dans les livres ! Voyons cela de plus près…

Chenille de Machaon de 3ème stade (sur 5) © CACP – Gilles Carcassès

C’est bien une chenille de Machaon, mais elles changent d’aspect à  mesure de leur croissance et de leurs mues successives. Les petites chenilles du Machaon naissent très sombres et couvertes d’épines. Plus tard, leurs picots s’atténuent, et la selle blanche au milieu du dos finit par disparaître.

Chenille du Machaon au 4ème stade – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cette chenille se régalait de feuilles de Seseli gummiferum, une apiacée décorative vivace, dans une jardinière de la dalle Grand centre à  Cergy. On peut observer cette chenille aussi sur le fenouil, l’aneth, le persil et aussi la rue (Ruta graveolens).

Papilio machaon, le Machaon © CACP – Gilles Carcassès

Et voici l’adulte, à  ne pas confondre avec le Flambé, une espèce voisine, protégée en Ile-de-France.

Iphiclides polidarius, le Flambé © Gilles Carcassès

Les chenilles du Flambé consomment les Prunus, notamment Prunus mahaleb, le cerisier de Sainte-Lucie.

Source :

Le machaon, par André Lequet

Retrouvez un autre article :

Le Flambé

L'actualité de la Nature

Couleuvre ou vipère ?

Trois espèces de serpents sont présents dans le Val d’Oise :

  • la couleuvre helvétique (Natrix helvetica)
  • la coronelle lisse (Coronella austriaca)
  • la vipère péliade (Vipera berus)

Ces serpents sont craintifs et en cas de rencontre leur réflexe sera la fuite. Cependant la vipère péliade peut infliger une morsure dangereuse si elle se sent menacée.

La couleuvre helvétique ou à  collier se reconnaît à  son collier blanc en arrière de la tête. Elle fréquente les zones humides et les milieux aquatiques où elle chasse les amphibiens, les petits mammifères et les petits poissons.

Couleuvre à  collier – parc du château de Menucourt © CACP – Marion Poiret
Coronelle lisse © Stanislas Wroza

La coronelle lisse apprécie les milieux chauds comme les éboulis, les murs de pierres , les anciennes voies ferrées. Elle consomme majoritairement des reptiles dont des vipéreaux et des lézards. Ses traits caractéristiques sont les écailles dorsales lisses et une bande sombre qui part de la narine et se poursuit sur le flanc.

Le grand public connaît la vipère aspic au museau retroussé, spécialiste des milieux chauds et ensoleillés, mais cette espèce méridionale ne dépasse pas le sud de l’Ile-de-France. Dans le Val d’Oise, c’est la vipère péliade que l’on peut rencontrer. On la trouvera dans les landes humides et les tourbières. Elle y chasse les petits mammifères tandis que les lézards vivipares constituent la base alimentaire des vipéreaux.

Vipère péliade Wroza Stanislas
Vipère péliade © Stanislas Wroza

Et ce serpent là  ?

Anguis fragilis – Vauréal © CACP – Gilles Carcassès

Ce n’en n’est pas un, l’orvet est un lézard sans pattes ! On le reconnait à  ses écailles très fines et lisses. Comme les autres lézards il peut perdre sa queue.

Sources :

Pour visualiser toutes les différences entre les vipères et les couleuvres : Ceci n’est pas une vipère, par La Salamandre

Un site spécialisé sur les reptiles : http://coronella.free.fr/

L'actualité de la Nature

L’hémérobe des haies

Micromus angulatus – Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Un auxiliaire de jardin injustement méconnu

J’ai trouvé cet charmant insecte dans ma cuisine, arrivé dans l’évier avec la salade du voisin. Je l’ai gentiment déposé sur la table de jardin et il a bien voulu que je le prenne en photo. Il s’agit d’un névroptère, d’une famille voisine de celle des chrysopes, les Hemerobiidae.

Je vous présente Micromus angulatus, l’hémérobe des haies, un auxiliaire de jardin moins connu que les coccinelles, mais tout aussi efficace. Les adultes et les larves se nourrissent de petites proies vivantes, parmi lesquelles beaucoup de pucerons. Cette espèce est utilisée en lutte intégrée en maraichage pour la protection des cultures de fraises, choux, poireaux…

J’avais déjà  observé un Micromus dans mon jardin, mais d’une autre espèce : Micromus variegatus, qui a la face sombre et les ailes plus contrastées. Lui aussi est un prédateur de pucerons et d’autres petits insectes.

Micromus variegatus – Poissy  © Gilles Carcassès

J’espère qu’ils feront bon ménage !

Sources :

Micromus angulatus, par Encyclop’Aphid

Micromus angulatus et variegatus des croqueuses de… pucerons, par le blog Le jardin de Lucie

Les hémérobes, par Bruno Didier

Protéger son jardin grâce aux haies et massifs champêtres

L'actualité des jardins

Apprendre par l’échange et l’expérience : le jardin école de Vauréal

Plantation collective au jardin pédagogique – atelier du 12 mai 2018  © CACP – Marion Poiret
  • Jardiner en préservant la biodiversité
  • Echanger et apprendre dans un lieu collectif
  • Fréquenter et entretenir un espace public

Voici les défis relevés par un petit groupe d’habitants dans le jardin pédagogique de Vauréal.

Ce jardin est le fruit de la collaboration entre la commune de Vauréal et la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise : un lieu d’apprentissage, d’échange et de partage créé en 2018, dans le cadre du PCAET  partenarial (Plan Climat Air Energie Territorial) dont une des actions vise à  favoriser les pratiques de jardinage respectueuses de la biodiversité.

Le terrain a été mis à  disposition par la commune. Le jardin, situé dans un quartier pavillonnaire, se compose de plusieurs espaces préalablement aménagés par les services techniques de la ville : un potager clôturé, une haie de démonstration, une jardinière de plantes aromatiques. Sur une dizaine d’ateliers d’avril à  octobre 2018, l’association B.A.BA, mandatée par la CACP, diffuse les bonnes pratiques du jardinage écologique et expérimente sur place avec les habitants.

Installation au jardin des plants de courge, préalablement semés puis entretenus chez les habitants  – 12 mai 2018 © CACP – Marion Poiret
Vue du jardin école, le lundi 11 juin 2018 © CACP – Marion Poiret
La milpa, technique agricole traditionnelle de cultures associées, pratiquée par les Amérindiens © CACP – Marion Poiret
Le hérisson a son propre accès © CACP – Marion Poiret
Le long de la clôture, place aux petits fruits. Ici des groseilles à  maquereaux © CACP – Marion Poiret

Le jardin a bel allure et les participants sont ravis. A l’évidence, c’est une belle réussite : un grand merci aux équipes municipales de Vauréal pour leur implication !

Dans le jardin des Taillis voisin, le gazon est conduit depuis ce printemps en prairie à  vocation pédagogique. Des animations spécifiques sur la découverte de la faune et de la flore du jardin école et de la prairie auront lieu en juillet et en septembre avec la cellule biodiversité de l’agglomération et l’OPIE

Et voici un petit aperçu de la prairie et de ses premiers habitants :

La prairie du jardin des taillis © CACP – Gilles Carcassès
Deux orchidées sont présentes, dont Ophrys apifera, l’ophrys abeille © CACP – Marion Poiret
L’azuré commun ou azuré de la bugrane (Polyommatus icarus), sur une inflorescence de plantain lancéolé © CACP – Marion Poiret

Ce petit papillon, très commun, fréquente les milieux ouverts (prairies, jardins, talus, bords de route…). les chenilles se nourrissent de trèfle, de luzerne, de lotier corniculé et de diverses autres plantes de la famille des fabacées.

La coccinelle à  7 points (Coccinella septempunctata) viendra peut être visiter le potager © CACP – Marion Poiret

Retrouver d’autres articles :

Le choix de la prairie

Les auxiliaires du jardin, comment les favoriser

Découvrons les auxiliaires

Les plantes favorables aux insectes auxiliaires

Devenir un jardinier éco responsable

Le retour de l’ophrys abeille

L'actualité de la Nature

Le hanneton argenté

Un nouveau venu au bord du bassin du parc François-Mitterrand à  Cergy ? Je n’avais encore jamais observé cette espèce qui serait pourtant assez commune en Ile-de-France.

Hoplia philanthus, nommée hoplie floricole ou hanneton argenté, est un coléoptère de la famille des Scarabaeidae. Il est parfois considéré comme un ravageur des gazons, car sa larve, semblable à  celle du hanneton des jardins, consomme les racines des graminées. Son cycle de développement s’étend sur deux années. Il semble affectionner les sols sableux.

Hoplia philanthus posé en haut d’une armoise © CACP – Gilles Carcassès

Le hanneton argenté doit son nom aux très petites écailles brillantes qui ornent son corps.

Hoplia philanthus – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les adultes consomment les feuilles des bouleaux et des charmes, mais ne sont pas réputés faire de gros dégâts. Leurs griffes recourbées, d’une longueur étonnante, leur servent à  s’agripper aux rameaux et aux feuilles. Ils peuvent ainsi prendre tranquillement leur repas sans se faire décrocher par le vent !

L'actualité de la Nature

Fausse guêpe !

J’ai failli me faire avoir !

Sphiximorpha subsessilis – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Dans le parc du château de Marcouville, Sophie, de la Ferme pédagogique de Pontoise m’a montré un vénérable marronnier en fin de vie. Il ne subsiste qu’un gros tronc creux car, victime peut-être de la foudre et de coups de vent, il a perdu toutes ses branches charpentières. L’eau de pluie s’accumule dans le tronc et suinte abondamment au niveau de fissures de l’écorce. Le manège d’une guêpe qui fait des va-et-vient près d’un suintement m’intrigue.

Sphiximorpha subsellis © CACP – Gilles Carcassès

Surprise, ce n’est pas une guêpe mais un diptère ! Et c’est bigrement bien imité : les rayures noires et jaunes de l’abdomen, la longueur des antennes, le bout des pattes jaunes, les taches sur le thorax, et même l’allure plissée des ailes un peu fumées ! Mais ses gros yeux la trahissent. Il s’agit d’un syrphe, et même d’une espèce rare, inféodée à  ce type de milieu constitué par les suintements des vieux arbres blessés. C’est là  en effet que vivent ses larves qui, paraît-il, se nourrissent des bactéries qui s’y développent.

Un syrphe rare

L’espèce, en déclin certain en France, et classée menacée au niveau européen, a déjà  été observée dans le Val d’Oise lors d’un inventaire des syrphes des marais de Montgeroult et de Boissy-l’Aillerie réalisé en 2006 à  l’initiative du Parc naturel régional du Vexin français. Les auteurs indiquent que sur les 68 espèces de syrphes recensés, Sphiximorpha subsellis est « sans conteste l’espèce la plus emblématique rencontrée sur le site d’étude ».

Sources :

Inventaire des syrphes des marais de Montgeroult et marais de Boissy-l’Aillerie, article dans le courrier scientifique n°5 de décembre 2011 du PNR du Vexin français.

Syrphes portraits de pollinisateurs 2017, par l’Association des entomologistes de Picardie