Un très bon cru pour cette séance des Rendez-vous du développement durable consacré au jardinage collectif puisque 50 personnes (dont la moitié d’abonnés à Nature en ville à Cergy-Pontoise) étaient venues pour débattre sur ce thème à l’hôtel d’agglomération.
Pour l’occasion, la ville de Cergy avait prêté son exposition « portraits de jardiniers ». Cette œuvre collective réalisée par des enfants de Cergy dans le cadre d’un atelier d’initiation à la photographie avait été inaugurée le samedi 30 mai 2015 à l’issue de l’évènement « Butinage urbain » qui avait permis de visiter de nombreux jardins collectifs.
Un moment fort de la soirée fut l’évocation de la réalisation par les collégiens des Touleuses de l’incroyable kiosque à jardiner baptisé « l’Ouortou », installé depuis quelques jours dans le jardin d’une résidence pour personnes âgées.
Au jardin, un certain nombre d’insectes protègent les cultures des ravageurs et certaines plantes leur sont nécessaires pour leur cycle de vie. Cultiver ces plantes au jardin est donc a priori bénéfique pour la régulation naturelle des ravageurs. Mais quelles sont ces plantes ? Les informations qui suivent sont une compilation non exhaustive à partir de comptes-rendus d’essais scientifiques et de mes observations personnelles. Je prends le risque d’être affreusement simpliste, tant les relations entre les plantes et les insectes sont complexes et variables, en vous proposant un classement en quatre catégories :
Les plantes qui hébergent des proies pour les larves prédatrices ou parasitoà¯des
Toutes les plantes susceptibles d’être fortement attaquées par des pucerons sont potentiellement des foyers de production d’auxiliaires prédateurs ou parasitoà¯des. Certaines espèces de pucerons sont inféodées à des plantes. Ainsi les pucerons spécifiques de l’ortie dioà¯que, du lierre, du bleuet, du compagnon blanc, de l’achillée mille-feuilles, du sureau noir ne risquent pas d’envahir vos autres plantes mais serviront de garde-manger aux auxiliaires.
On constate fréquemment la présence de coccinelles et de pontes de syrphes près des colonies de pucerons sur de très nombreuses plantes : fenouil, tanaisie, bardane, aubépine, laiteron, eupatoire, origan, cardamines, véroniques, chardons… Des momies de pucerons attaqués par des hyménoptères parasitoà¯des sont souvent visibles sur les orties et sur les ronces.
Les punaises prédatrices fréquentent les orties, l’origan, la rose trémière, la potentille arbustive…
Les plantes qui nourrissent les insectes auxiliaires adultes
Généralement, les insectes prédateurs ou parasitoà¯des changent de régime alimentaire au cours de leur vie. Par exemple, de nombreuses espèces de coccinelles, de chrysopes, de syrphes, d’hyménoptères ou de diptères sont floricoles dans leur forme adulte : ils consomment du nectar et/ou du pollen. C’est pourquoi, il est recommandé de cultiver des plantes à fleurs variées à proximité des plantes à protéger.
Les syrphes aiment bien visiter les fleurs des soucis, potentilles arbustives, alysses, zinnias, scaevolas, bidens, luzernes, asters, caenothus, forsythias, vipérines, inules, pruniers, campanules,aegopodium…
Les chrysopes consomment du pollen de chicorée, de tilleul, de campanule, de viperine, de luzerne, de bourrache, de panais…
Les coccinelles butinent parfois les fleurs de fenouil et de pissenlit.
Les mouches tachinaires sont vues sur les asters, les carottes sauvages, les aegopodium…
Toutes sortes d’hyménoptères dont de nombreux auxiliaires, fréquentent les fleurs des panicauts, des inules, des résédas, du panais, du persil…
Les plantes qui servent d’abri hivernal
Le charme, le lierre, le houx offrent des abris hivernaux à de nombreuses espèces, parmi lesquelles les chrysopes.
Geranium macrorrhyzum et Erodium manescavi seraient de bons abris pour les punaises prédatrices.
Les plantes nécessaires à la croissance des larves d’adultes prédateurs
Le chêne est nécessaire à la miride du chêne, punaise prédatrice dont les larves sont phytophages et inféodées à cet arbre.
Samedi 30 mai 2015, une promenade guidée proposée par la ville de Cergy a été l’occasion de découvrir différentes formes de jardinage collectif.
Aux Touleuses, le jardinage intergénérationnel n’est pas un vain mot : le potager pour tous à la Maison de quartier, et l’Ouortou à la résidence de personnes âgées en sont les preuves vivantes.
Plusieurs jardinets des Incroyables Comestibles viennent d’être créés dans le quartier. Pour les récoltes, il faudra encore un peu de patience, et de travail.
Sur la dalle du Ponceau, la végétation luxuriante des jardinières a épaté les visiteurs. Quel changement en trois ans ! Bravo les Dames du Ponceau !
La coccinelle à deux points surveille les gigantesques pieds d’artichaut : gare aux pucerons qui s’y aventureraient !
Une vrai mare pleine de vie et un grand potager bien soigné, voilà qui n’est pas banal dans une école ! Mais ce n’est pas n’importe quelle école : l’école du Ponceau est une éco-école.
Des jardiniers heureux s’y affairent en silence dans un cadre verdoyant. On se croirait si loin de la ville et de son tumulte… L’association des jardins familiaux des coteaux de Cergy qui gère ce bel espace est signataire de la charte du jardinage collectif à Cergy-Pontoise.
Une dernière étape avant la soupe finale : la visite de l’arboretum de Cergy-Pontoise. L’association Ocelles, partenaire de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, a expliqué la vie des abeilles. En s’approchant tout doucement, sans faire de bruit, on peut entendre bourdonner des milliers d’abeilles…
Encore une belle invention du professeur Boudou ! Ce kiosque à légumes intergénérationnel baptisé « l’Ouortou » a été inauguré vendredi 29 mai 2015, en présence de Monsieur le Maire de Cergy, dans le jardin de la résidence pour personnes âgées de l’AREPA, derrière la Maison de quartier des Touleuses. Il a été fabriqué par les collégiens des Touleuses dans leur atelier de menuiserie sous les directives de leur professeur. Les végétaux ont été produits par l’atelier d’horticulture du collège Henri Guillaumet de Jouy-le-Moutier, et les décors ont été réalisés par les CM2 de l’école des Touleuses.
Qu’est-ce donc que cet Ouortou ? C’est une jardinière sur pilotis qui ne prend pas la pluie, sa toiture à géométrie variable assurant le remplissage de la réserve d’eau intégrée. Par un ingénieux système hydraulique, lorsque la citerne est vide, le toit se transforme en impluvium et sa forme en entonnoir recueille l’eau de pluie. Chacun peut venir arroser, planter, bichonner ce petit jardin. On peut même laisser trace de son passage dans le livre d’or qui trône dans la partie bibliothèque de la tourelle centrale. A l’étage inférieur, plusieurs composteurs et casiers de rangement complètent l’équipement. Pour les grandes occasions, on peut lui ajouter ses accessoires : le mélangeur rotatif et les banquettes escamotables !
Le mur végétal de la rue de la préfecture de Cergy est ici illuminé par les reflets du soleil couchant sur la façade de l’hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise. Les bien nommées campanules des murailles et les pompons blancs des luzules lui donnent un aspect fleuri.
Cette falaise verdoyante cache en réalité une structure en cages d’acier et toile synthétique, consommatrice d’eau, d’engrais et d’électricité (pour l’arrosage intégré). Mais il faut reconnaître que l’effet est très réussi et rend la déambulation des piétons dans cette rue en tranchée beaucoup plus plaisante.
Qu’en est-il des bénéfices environnementaux de cet aménagement ?
Dans les centres urbains très denses, murs et toitures végétalisés participent au maillage de la trame verte et aux corridors écologiques ; ils peuvent aussi avoir un effet positif sur le micro climat local, et fixent les poussières.
Par ailleurs, le Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement Méditerranée s’est intéressé à quantifier l’atténuation sonore dans cette rue. Son étude montre des effets positifs : les bruits de la circulation automobile sont légèrement atténués par un effet de diffusion dà» au feuillage pour les hautes fréquences, et les moyennes fréquences sont en partie absorbées par le substrat de plantation.
Le CAUE du Val d’Oise organise le 20 juin 2015 une matinée de formation intitulée A la découverte des insectes de nos jardins, pour vous faire découvrir la richesse entomologique des jardins et vous donner des clés de compréhension sur les interactions de ces insectes entre eux, avec les plantes, et avec les autres habitants du jardin.
Si le temps le permet, le jardin du moulin de la Couleuvre, siège du CAUE95, sera largement mis à contribution pour des observations et l’entrainement à la reconnaissance des différents ordres et des espèces communes les plus faciles à identifier.
Homoptère ? Oui, comme les pucerons, les cigales, les psylles, les aleurodes et les cicadelles… Ami ou ennemi de mon jardin ? Pas si simple. Il suce la sève de mes égopodes mais ne prolifère pas au point de les affaiblir. Mais peut-être peut-il transporter comme les cicadelles quelques virus de plantes en plantes ? En tout cas, j’ai été bien content de le rencontrer et de connaître sa famille (les Cixiidae).
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, le CAUE du Val d’Oise et l’association « Quelle Terre demain? » organisent lundi 1er juin de 18 h à 20 h à l’Hôtel d’agglomération de Cergy-Pontoise dans le cadre des Rendez-vous du Développement durable, une rencontre sur le jardinage collectif. A ne pas manquer ! Le programme de la rencontre du 1er juin 2015
Il faudra sans doute des années pour faire émerger des solutions écologiques satisfaisantes. En attendant, il parait raisonnable d’essayer d’autres plantes pour faire de jolies bordures. Et si nous mutualisions nos essais et nos résultats, pour avancer plus vite et plus sà»rement ? Le service Espaces verts de Conflans va essayer Osmanthus burkwoodii, aux fleurs parfumées. Qui d’autre se lance ?
On peut penser bien sà»r à l’infatigable if, d’un emploi classique pour les grands topiaires.
Je vous propose quelques autres pistes :
– Le lierre, à condition de choisir une variété à port compact et petites feuilles (comme sagittifolia par exemple mais il en existe beaucoup d’autres), et de lui faire garnir un support métallique. Il faudra de la patience, mais ce sera très solide.
– Le romarin (la variété prostratus, plus compacte ?) : attention cependant à la chrysomèle américaine !
– Euonymus fortunei, une plante solide, peut-être un peu trop vue partout…
– Ilex crenata qui ressemble beaucoup au buis, mais sensible aux acariens en été.
Et pour des petites bordures naturelles pleines de charme, pourquoi pas :
– La santoline à feuillage gris, vert ou jaune,
L’alchemille, une vivace généreuse et sage que l’on l’oublie trop souvent.
Le jardinage vous tente ? Ou simplement, les jardins vous intéressent ? La ville de Cergy organise pour vous le samedi 30 mai après-midi une promenade pédestre, pleine de rencontres sympathiques, à la découverte de lieux de jardinage collectif sur son territoire communal.
« Laissez-vous surprendre ! » nous disent les organisateurs. C’est vrai que le programme est riche et alléchant. Il permettra, au fil des visites et des animations proposées, d’apprécier la joyeuse diversité des pratiques du jardinage collectif, de la jardinière en lasagne à la mare scolaire, en passant par les structures historiques de jardins familiaux.
Sur le parcours, la mission Développement durable et biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise vous présentera l’arboretum de Cergy-Pontoise et sa piste des abeilles, avec la participation de l’association locale d’apiculteurs bénévoles Ocelles, partenaire de la Communauté d’agglomération.
Attention, l’effectif est limité : il faut s’inscrire !
Je vous avais montré l’automne dernier la larve de la mineuse du platane trouvée sur un platane d’Orient au Clos Levallois à Vauréal.
J’ai récolté quelques échantillons de ces mines sur un platane de la même espèce (les platanes communs ne semblent pas sensibles à ce ravageur) dans la zone de baignade de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Ils ont séjourné tout l’hiver dans ma véranda à l’intérieur d’une boîte d’élevage (aimablement prêtée par le CAUE du Val d’Oise). Le printemps venu, voici le temps de découvrir les couleurs des papillons adultes :
Mais il y a aussi un invité surprise ! Un micro hyménoptère de la famille des Braconidae, un parasitoà¯de des chenilles de notre Phyllonorycter platani. Rappelons qu’un parasitoà¯de est un parasite qui tue son hôte. Une scène de crime dans ma véranda, on aura tout vu !
Comment trouver le nom de cet assassin ? Dans la base de données internationales des Braconidae, pardi !
Dicky Sick Ki Yu est un chercheur canadien qui a patiemment rassemblé 4,2 millions de données référencées et 343 386 espèces sur son site http://www.taxapad.com/ !
On y apprend que notre Phyllonorycter platani peut être parasité par 37 espèces de micro hyménoptères. Il n’y a plus qu’à les passer en revue pour démasquer le coupable. Colastes flavitarsis a été mis en examen.