Ces pucerons sont immobiles, gonflés comme des baudruches, et certains présentent une ouverture ronde au sommet de leur abdomen. On dirait de drôles de récipients ventrus, équipés d’un couvercle maintenu par une charnière.
C’est là l’œuvre de micro guêpes parasitoà¯des de la sous-famille des Aphidiinae. Il en existe 120 espèces en France, toutes inféodées à diverses espèces de pucerons. Les adultes se nourrissent du miellat des pucerons (ses excréments sucrés). Après l’accouplement, la femelle pond un œuf à l’intérieur du puceron avec son ovipositeur et la larve fera tout son cycle de développement à l’intérieur de son hôte. L’adulte sortira au bout de 15 jours en opérant une découpe circulaire.
Leur fécondité, la brièveté de leur cycle de vie et le grand nombre de générations potentielles par an en font des auxiliaires redoutablement efficaces. Chaque femelle peut pondre jusqu’à 300 œufs ! Certaines espèces sont disponibles dans le commerce pour la lutte biologique en serre.
Ces insectes sont très sensibles aux insecticides. Il faut évidemment s’en abstenir au jardin pour bénéficier de leurs services.
Il roule des cigares, mais ce n’est pas pour les fumer !
Le cigarier du noisetier réalise une profonde découpe dans une feuille puis il roule la partie pendante jusqu’à former un cylindre bien serré qui servira d’abri et de nourriture à sa larve.
En formation sur les insectes au CAUE du Val d’Oise le 20 juin 2015, nous avons trouvé un de ces cigares sur un noisetier, et un autre juste à côté sur un aulne à feuilles en cœur.
Au jardin de l’Ecole de Botanique du Jardin des Plantes de Paris, on fait toujours de belles rencontres.
Au bord de l’allée centrale, trône un beau pied palissé de bryone femelle en pleine floraison, dà»ment étiqueté Bryonia dioica. Voilà une plante qui mérite une petite inspection. Comme je l’espérais, Andrena floreaest bien au rendez-vous. Cette élégante abeille sauvage est spécialisée dans la collecte du pollen de la bryone.
Mais un autre insecte s’affaire autour des fleurs et des jeunes fruits. C’est une petite mouche aux ailes bigarrées et aux yeux verts.
Je soupçonne fort ce diptère d’appartenir à la famille des Tephritidae. Un petit tour chez Dipera.info m’apprendra qu’une espèce de cette famille est justement inféodée à la bryone : Goniglossum wiedemanni, qui pond dans les fruits de cette plante.
Ce Goniglossum est proche d’autres espèces qui gâtent les fruits, les tristement célèbres « mouche de la cerise » et « mouche de l’olive ». On ne reprochera rien au Goniglossum, car les baies de la bryone sont toxiques. On les lui laisse.
« Tsip-stap tsip-tsap … », c’est le chant du pouillot véloce, répété inlassablement, que l’on entend dès le printemps dans les bois clairs, les parcs et les jardins. Les anglais le nomment chiffchaff, les allemands zilpzalp, et en japonais, on dit « chifuchafu ». Nous n’avons pas tous les mêmes oreilles…
Avec un bec comme ça, c’est sà»r, il n’est pas équipé pour casser les noyaux. Ce petit oiseau passe ses journées à picorer de petites proies dans les branchages. Il n’est pas farouche, mais son caractère très remuant le rend difficile à observer. Celui que j’ai photographié avait décidé de venir faire un brin de toilette sur une tige sèche de berce commune. Son poids lui permet ce genre de fantaisie : 8 grammes à peine ! N’oubliez pas Mesdames, pour rester poids plume, le secret du pouillot : un régime exclusif à base de pucerons et d’araignées et beaucoup, beaucoup d’exercice !
Malachius bipustulatus est commun sur les fleurs en été. Il consomme du pollen et du nectar, et aussi des psylles et des pucerons. Sa larve est prédatrice des insectes xylophages dans le bois mort.
Ce Malachius, vu au jardin du CAUE à Pontoise, a réagi à la proximité de mon objectif. Il a fait face à l’intrus et a gonflé des poches rouges sur les côtés de son thorax et de son abdomen. Elles dégagent une odeur d’éther. Leur forme, leur couleur et leur odeur sont censées décourager les prédateurs. D’autres espèces de coléoptères utilisent pour leur défense de telles vésicules exsertiles, c’est aussi le cas de certaines chenilles, comme celle du machaon.
Quand j’étais gamin, je voyais souvent en été des vers luisants briller dans le noir. Je n’en vois plus. Est-ce parce que je circule moins à pied la nuit ? Est-ce ma vue qui baisse ? Ou bien sont-ils réellement devenus rares ?
Et vous qui vivez ou passez à Cergy-Pontoise, avez-vous repéré ces étonnantes bestioles ? J’attends avec impatience vos commentaires !
Le ver luisant, qui ressemble effectivement à un ver, est la femelle d’un coléoptère nommé lampyre. Son corps est sombre, mou, aplati, sans ailes ni élytres.
Le signal lumineux qu’elle émet à l’extrémité de son abdomen lui sert à attirer les mâles. Avec leurs gros yeux et leurs ailes puissantes, ils ont tôt fait d’arriver pour la copulation.
La femelle pond des oeufs faiblement lumineux dans les herbes, qui donneront naissance à des larves dévoreuses d’escargots. Leur technique de chasse est rodée : approche de l’escargot, anesthésie de la proie, injection de sucs digestifs, aspiration par les mandibules acérées et creuses, abandon de la coquille vide, escargot suivant.
La luminescence est aussi un message de dissuasion adressé aux prédateurs potentiels : les lampyres ont très mauvais goà»t !
Un jardin où se côtoie une telle diversité de plantes ne manque pas d’offrir de belles occasions d’observer des insectes. Ainsi, à la croisée d’un sentier engazonné, de belles chenilles se régalaient des feuilles d’un pied de linaire pourpre. Il s’agit de Calophasia lunula, une noctuelle spécialisée dans les linaires.
La linaire vulgaire, aux fleurs jaunes, est une plante commune en Europe. En Amérique du Nord, c’est une plante invasive. Afin de réguler la prolifération de cette adventice encombrante, Calophasia lunula a été introduite dans les années 1960 au Canada. C’est un agent de biocontrôle efficace en raison de la voracité de ses chenilles : la défoliation des linaires diminue considérablement leur production de graines et donc leur capacité de dissémination.
L’illumination de la ville permet d’en faire ressortir son histoire et son caractère. Mais attention à ne pas en abuser ! Une utilisation déraisonnée de l’éclairage nocturne peut être néfaste sur de nombreux aspects et notamment sur la biodiversité.
Prenons l’exemple du papillon de nuit. Attiré par la lumière, il vole autour du lampadaire jusqu’à épuisement quand il ne se brà»le pas les ailes.
Le cas des oiseaux migrateurs est tout aussi édifiant : ces oiseaux se repèrent durant leur migration grâce aux étoiles, et l’éclairage des grandes villes affecte leur sens de l’orientation, rendant leur voyage beaucoup plus périlleux.
De nombreuses espèces de chauve-souris sont très sensibles à la lumière et sont incapables de franchir des zones éclairées de façon continue.
Un éclairage mal conçu peut engendrer une forte pollution lumineuse. Celle-ci peut être évitée en respectant les principes du développement durable.
Le juste éclairage est celui qui ne va pas au-delà de ce qui est nécessaire et qui ne perturbe pas la biodiversité. C’est l’un des principes vertueux du Schéma Directeur d’Aménagement Lumière approuvé par la conseil communautaire de l’agglomération de Cergy-Pontoise en juin 2013.
Ce document indique notamment que l’éclairage au sol des arbres est une pratique qui n’est pas respectueuse de la faune et de la flore et qu’il convient de l’éviter.
Les libellules étaient le sujet d’étude d’une quinzaine d’animateurs nature franciliens, réunis à l’invitation de Natureparif le 28 mai 2015 à l’Ile de Loisirs de Cergy-Pontoise.
Chez les odonates, on distingue très facilement deux sous-ordres :
Les demoiselles ou zygoptères ont l’apparence de fines allumettes volantes. Leurs ailes sont jointes sur le dos au repos. Leurs yeux ne se touchent pas.
Les libellules vraies ou anisoptères regroupent les grandes « libellules » au vol puissant. Plus larges et trapues que les premières, leurs ailes antérieures et postérieures ne sont pas identiques. Lorsqu’elles sont posées (ce qui est rare pour celles qui chassent en vol), leurs ailes sont positionnées à l’horizontale ou vers l’avant.
L’observation des libellules peut avoir lieu pendant une grande partie de l’année (entre avril et octobre) à proximité des points d’eau où elles se reproduisent (mares, étangs, ruisseaux, marais…) Mais certaines périodes et certains endroits sont plus propices que d’autres. Pour préparer votre sortie exploratoire, préférez :
Une météo ensoleillée et un vent faible,
La présence d’une végétation rivulaire et aquatique dense,
Un matin, période favorable aux émergences. L’émergence est la dernière mue pendant laquelle l’individu passe du milieu aquatique au milieu terrestre.
Quelques connaissances sur leur biologie et leurs comportements sont également nécessaires pour une exploration réussie (période d’accouplement, exigences particulières) : certaines espèces sont inféodées à certains types de milieux alors que d’autres sont ubiquistes ; elles sont toutes dépendantes de l’eau dans leur stade larvaires.
L’émergence peut durer deux à quatre heures. A la fin de celle-ci, les téguments sont encore mous, parfois translucides. Les jeunes individus prennent un premier bain de soleil pour sécher leurs ailes mais s’écartent ensuite assez vite des points d’eau où ils ont vu le jour pour se mettre à l’abri du vent, des prédateurs et des rivaux potentiels en attendant leur maturité sexuelle. Pendant ce cours laps de temps (de quelques jours à quelques semaines), l’exosquelette se rigidifie et leurs couleurs définitives se révèlent. Ils reviendront ensuite au bord de l’eau pour s’accoupler. Les prairies, fourrés ou lisières forestières à proximité des points d’eau peuvent donc faire l’objet de nombreuses observations.
Attention, les espèces protégées ne peuvent être capturées sans autorisation spécifique et les individus immatures sont extrêmement fragiles. La pratique de la macrophotographie apparait dans bien des cas suffisante pour la détermination de l’espèce.
Au sein de la colossale communauté des insectes, l’ordre des Odonates est une bien petite entité : 102 espèces en France pour près de 8000 espèces d’hyménoptères et 9600 espèces de coléoptères.
Voici quelques portraits tirés d’une exploration à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, le 28 mai 2015, lors d’une formation organisée par Natureparif :
Comme son nom l’indique, les tibias de cette demoiselle sont fortement élargis. Deux bandes claires se dessinent également sur les côtés de son thorax.
Les principaux critères d’identification des odonates, souvent visibles à l’œil nu, sont accessibles aux débutants (la couleur et les motifs de l’abdomen et du thorax, la couleur et l’écartement des yeux…). Avec seulement 59 espèces recensées en Ile-de-France, la détermination c’est donc du gâteau pour les novices ?
Pas si sà»r, c’est compter sans le dimorphisme sexuel et la variabilité chromatique au sein d’une même espèce, notamment selon l’âge de l’individu. Ainsi, si les mâles adultes sont assez facilement identifiables, l’affaire se complique dès que l’on croise une femelle ou un individu immature.
Le dimorphisme sexuel s’exprime principalement par la couleur qui est, en général, plus vive chez les mâles. Cependant, chez certaines espèces, la couleur de la femelle peut être identique à celle du mâle. Ces femelles dites andromorphes sont fréquentes chez les caloptéryx et dans la famille des coenagrions (notamment chez Ichnura elegans).
Chez les femelles d’Ischnura elegans, il existe aussi des variations importantes de coloration au niveau du thorax.
L’espèce se distingue par la position et la taille de la barre bleue-nuit qui opacifie ses ailes arrondies. Cette tache concerne la partie centrale de l’aile sans aller jusqu’aux extrémités qui restent translucides. Les femelles sont vert bronze avec des ailes verdâtres et légèrement fumées.
Les femelles de caloptéryx peuvent s’immerger totalement dans l’eau pour aller pondre. Les caloptéryx sont des demoiselles typiques des bords d’eau courante.
Le dessin du deuxième segment abdominal représente une coupe posée sur un socle (ou un champignon) chez le mâle. Chez les deux sexes, la suture du milieu des flancs du thorax est dépourvue de noir.
Celui-ci n’est pas une demoiselle, c’est un représentant des anisoptères. Ce jeune Orthetrum reticulatum mâle vient d’émerger. Les ptérostigmas noirs sont caractéristiques de l’espèce mais il n’a pas encore l’abdomen bleu de l’adulte (l’abdomen restera jaune et noir chez les femelles). L’absence de tâches noires à la base de l’aile permet de le distinguer de la libellule fauve (Libellula fulva).
Chez les anisoptères (les grosses libellules), les yeux sont particulièrement développés et se rejoignent plus ou moins. La nature de leur jonction est leur premier critère d’identification. Chez les Gomphidae, les yeux sont largement séparés l’un de l’autre. A l’inverse, chez les Aeshnidae ils sont jointifs.