L'actualité de la Nature

Le cordulégastre annelé

Une grande libellule noire et jaune

Cordulegaster boltonii – Jouy-le-Moutier © Marie-Dominique Delcayre

Une jardinière des jardins des Hauts de Jouy m’a fait parvenir cette photo prise avec son téléphone portable.

Je n’ai encore jamais observé cet odonate à  Cergy-Pontoise. Cordulegaster boltonii affectionne les ruisselets d’eau claire en forêt. C’est une espèce protégée en Ile-de-France.

Ici, c’est une femelle car les ailes postérieures sont arrondies.

Cordulegaster boltonii © CACP – Gilles Carcassès

Celui-ci est un mâle car le bord postérieur des ailes postérieures forme un angle droit près de l’abdomen.

Les beaux yeux verts de Cordulegaster boltonii © CACP – Gilles Carcassès

Chez ces grandes libellules, les yeux sont composés de plusieurs dizaines de milliers d’ommatidies.

Retrouvez nos articles :

Un jardin innovant à  Jouy-le-Moutier (le lieu de cette observation)

Comment observer les libellules

Sources :

Cordulegaster boltonii par Cettia Ile-de-France (Atlas des libellules)

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Cet arbre est-il un tueur en série ?

Bourdons trouvés morts au pied d’un tilleul argenté © CACP – Gilles Carcassès

Le mystère des bourdons morts

Sur un parking à  Courdimanche, j’ai ramassé au pied d’un tilleul argenté une poignée de bourdons morts, de plusieurs espèces. Je connais le ferme engagement de cette ville à  ne pas utiliser de pesticides, il faut donc chercher ailleurs la cause de ces décès.

Tilleul argenté – Courdimanche © CACP – Gilles Carcassès

J’ai cherché sous des arbres d’autres espèces dans la rue : point de cadavres. Sous le tilleul argenté suivant : même hécatombe ! Le tilleul argenté serait-il toxique pour les bourdons ? Les études rapportées sur internet apportent plus d’interrogations que de certitudes.

Côté certitudes, le fait est bien connu et observé depuis au moins quarante ans. Des bourdons sont trouvés morts en bien plus grande quantité sous les tilleuls argentés (Tilia tomentosa, originaire de Crimée) que sous les tilleuls indigènes (Tilia cordata et Tilia platyphyllos). Les abeilles sont touchées aussi mais dans une bien moindre mesure.

Il semble que le phénomène soit plus souvent observé en période de canicule et de sècheresse. Ces conditions modifieraient-elles la composition du nectar, ou la physiologie des bourdons, ou les deux ?

Le parfum de cette espèce de tilleul est particulièrement entêtant (pour notre nez humain). Peut-être que ces effluves attirent un très grand nombre de bourdons, et que la mortalité que nous observons n’est pas anormale au regard de la quantité de visiteurs ? Une autre hypothèse serait que les bourdons meurent d’épuisement, ne trouvant dans ces fleurs à  l’odeur si attirante que trop peu de nectar, ou un nectar pas assez nourrissant…

Préférons les tilleuls indigènes

Quoi qu’il en soit, souvenons-nous qu’il existe de très belles variétés de nos tilleuls indigènes, aux avantages intéressants pour nos plantations urbaines : encombrement plus ou moins réduit, résistance à  la sècheresse, faible sensibilité aux pucerons… Et que jusqu’à  preuve du contraire, les bourdons ne meurent pas en masse sous leurs ombrages.

Source : Note de synthèse par Pierre Rasmont de l’Université de Mons (Belgique)

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Le Petit mars changeant

Brève rencontre au parc de Grouchy

Apatura ilia, le Petit mars changeant © CACP – Gilles Carcassès

Il est descendu de la cime des arbres, a longé d’un vol rapide une allée ombragée du parc de Grouchy et s’est brièvement posé à  terre pour chercher à  boire. Clic-clac : deux photos réflexes, et le voilà  reparti tout en haut d’un frêne.

Un bleu incroyable

Son reflet bleu métallisé est aussi spectaculaire que fugace. Il faut juste la bonne incidence pour l’apercevoir. Dés qu’il se tourne un peu ou relève les ailes, la magie disparaît. Ce reflet bleu violet est le fait d’irisations dues au microrelief des écailles qui recouvrent ses ailes. Les femelles ne présentent pas ces irisations.

Le Petit mars changeant – Osny © CACP – Gilles Carcassès

On voit que ce papillon a sorti sa trompe jaune et s’intéresse à  une tache d’humidité pas plus grosse qu’une tête d’épingle, peut-être une gouttelette d’urine d’un insecte, qu’il aura repéré à  l’odeur. Il n’est pas rare qu’il se pose sur la peau humaine pour en pomper la sueur.

Sur les peupliers « sauvages »

La chenille du Petit mars changeant consomme des feuilles de peupliers mais on la trouve aussi sur les saules. L’adulte se nourrit du miellat des pucerons dans les arbres. L’espèce est un bonne indicatrice de la richesse de biodiversité des boisements humides ; elle s’adapte mal aux peupleraies modernes à  l’ambiance trop sèche.

Un autre papillon indigène aux ailes fortement irisées

L'actualité de la Nature

Les dents du ragondin

crâne de ragondin © CACP – Gilles Carcassès

Ce crâne de ragondin a été trouvé à  l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise. Les incisives orange de ce gros rongeur invasif originaire d’Amérique du Sud sont vraiment impressionnantes. Sur l’animal vivant, on les aperçoit parfois quand il mange des plantes aquatiques ou lorsqu’il prend la pause en souriant pour le photographe, comme ci-dessous.

Ragondin à  l’heure de la toilette, au bord de la Viosne à  Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Prenons connaissance des explications du Professeur Guego de l’Université de Cergy-Pontoise : « Comme chez tous les rongeurs, la face externe (orange) de l’incisive est recouverte d’émail, substance dure, contrairement à  la face interne (blanche) formée uniquement d’ivoire ou dentine, substance moins résistante. La croissance continue des incisives des rongeurs (hypsodontie) combinée à  une usure différentielle (plus rapide à  l’arrière qu’à  l’avant) leur permet d’être toujours affutées, ce qui se traduit par une forme caractéristique en ciseau à  bois (pour les amateurs de bricolage …). »

Bravo à  tous ceux qui ont résolu l’énigme !

Retrouvez nos articles sur le ragondin :

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Le gribouri à  deux taches

Qui grignote ainsi les jeunes feuilles du trèfle des champs, sous les grands pylônes de la plaine des Linandes ?

Cryptocephalus moraei – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

C’est le gribouri à  deux taches ! Une chrysomèle connue pour manger surtout du millepertuis : Cryptocephalus moraei. Avez-vous vu sa tête à  demi cachée dans son thorax : ainsi sont les Cryptocephalus.

Qui craint encore le gribouri ?

On appelait autrefois gribouris ces petits coléoptères à  la tête peu visible. L’un d’eux surtout était très redouté, c’était le gribouri de la vigne qui en broutait les bourgeons et les grains encore verts. Il sévissait en Champagne, en Bourgogne, dans le Lyonnais. En Ile-de-France, on le désignait sous le nom de diablotin. Dans mon encyclopédie du 18ème siècle, il est décrit comme étant noir avec des élytres bruns et un peu poilus.

Pour recueillir et détruire ces ravageurs, il fallait secouer les ceps au-dessus d’entonnoirs à  insectes, de bon matin, à  l’heure où le gribouri dort encore. Des poules spécialement dressées contre le gribouri étaient parfois lâchées dans les vignes ; on utilisait pour les y conduire des poulaillers portatifs ou à  roulettes. Et l’on semait aussi des fèves entre les rangs, utilisées comme plantes pièges. Aujourd’hui, cet insecte est devenu rare, et quand on le trouve, c’est le plus souvent dans sa forme entièrement noire. Les scientifiques ont débaptisé Cryptocephalus vitis : on doit dire maintenant Bromius obscurus.

Je n’ai jamais eu le bonheur de croiser le gribouri de la vigne, alors je vous en montre d’autres.

Le gribouri du peuplier :

Cryptocephalus rufipes  – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Le gribouri de la marguerite :

Cryptocephalus vitttatus sur une fleur de souci – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Un gribouri doré :

Un Chryptocephalus doré qui a grignoté un pétale de rudbeckia annuel © CACP – Gilles Carcassès

Sources :

1844, les dégâts du gribouri de la vigne en Dordogne

L’entonnoir à  gribouris

Des poules dans la vigne

Retrouvez nos articles :

Comment  j’ai dressé mes poules à  chasser le balanin des noisettes

Un poulailler à  roulettes

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

A la mare du parc des Larris

Mare du parc des Larris à  Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

La mare du parc des Larris se porte bien ! Grâce à  la gestion écologique et raisonnée de ses abords par les services de la ville de Pontoise, la végétation des berges s’est épaissie, offrant gîte et couvert à  la faune sauvage. On voit sur cette photo qu’à  l’extrémité de la mare, la station d’aloès d’eau a bien prospéré.

Une autre plante aquatique, que je ne connaissais pas, a attiré mon regard.

Potamogeton crispus (le potamot crépu) © CACP – Gilles Carcassès

Le potamot crépu, aux feuilles coriaces et joliment ondulées, était autrefois commun et serait devenu assez rare en Ile-de-France. Peut-être sa présence est-elle sous-estimée, car la plante se cantonne souvent au fond des parties les plus profondes des mares.

Chrysolina polita – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

La chrysomèle polie

Un peu plus loin, j’ai trouvé cette brillante chrysomèle sur une touffe de menthe. Il s’agit de Chrysolina polita, espèce typique de la végétation des berges. On la rencontre sur les menthes, les eupatoires et les lycopes dont elle consomme les feuilles.

La fine pilosité de l’extrémité des pattes de Chrysolina polita a été étudiée pour comprendre sa capacité étonnante à  grimper sur des surfaces lisses.

Retrouvez nos articles :

Différentes espèces de Chrysolina

Le martin-pêcheur de la mare des Larris

L'actualité de la Nature

Le cercope à  genoux rouges

Les cercopes sont des homoptères sauteurs qui vivent aux dépens des plantes, herbacées ou ligneuses, en suçant leur sève.

Cercopis intermedia  sur un gaillet gratteron © CACP – Gilles Carcassès

Voyez-vous ses genoux rouges ?

Cercopis intermedia est une espèce plus fréquente dans la moitié sud de la France, mais elle est vue régulièrement dans le Val d’Oise depuis une dizaine d’années. On la reconnaît facilement à  ses genoux rouges. Elle stridule pour attirer son partenaire, mais le son est inaudible pour l’oreille humaine.

Couple de Cercopis intermedia  – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

Les cercopes ont la particularité (la souplesse) de pouvoir s’accoupler en position côte à  côte. Sur la Côte d’Azur, on les regarde d’un mauvais œil car ce sont des vecteurs potentiels de Xylella fastidiosa, la bactérie tueuse des oliviers.

Cercopis vulnerata © CACP – Gilles Carcassès

L’espèce la plus commune en Ile-de-France est Cercopis vulnerata. Elle est immanquable avec ses larges taches orange (et ses genoux noirs).

Crachats de coucous

Les larves des cercopes vivent bien à  l’abri dans des amas d’écume qu’elles créent autour d’elles en injectant de l’air dans leurs déjections. On nomme ces formations « crachats de coucous », alors que les coucous n’y sont pour rien, juré craché !

Larve dans un amas spumeux sur une branche de frêne © CACP – Gilles Carcassès

En soufflant délicatement sur la boule d’écume, j’ai mis au jour la petite larve. Plusieurs genres d’homoptères pratiquent ainsi, les Cercopis, mais aussi les Philaenus et les Aphrophora

Retrouvez dans nos articles d’autres homoptères étonnants :

Le grand diable et le demi-diable

La saison du bison

Le mini monstre du tilleul

Un Popeye chez les homoptères

L'actualité de la Nature

Reconnaître les libellules

Pour briller en société, rien de tel que de savoir différencier au premier coup d’œil les trois espèces de Libellula de la faune française.
Il suffit de savoir quoi observer : ce sont les taches sombres sur les ailes !

Démonstration :

Libellula quadrimaculata, la libellule à  quatre taches (mâle) – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Libellula quadrimaculata : immanquable, la tache sombre aux nodus (au milieu, à  l’avant de chaque aile).

Libellula fulva, la libellule fauve (femelle) © CACP – Gilles Carcassès

Libellula fulva : extrémité des ailes (plus ou moins) assombrie et une tache peu étendue à  la base de chaque aile.

Libellula depressa, la libellule déprimée (femelle) – parc du château de Menucourt © Gilles Carcassès

Libellula depressa : une tache étendue et bien visible à  la base de chaque aile.

La plus difficile c’est la libellule fauve, parce que les taches sombres à  l’extrémité des ailes ne sont pas toujours présentes. Mais il faut bien regarder les taches à  la base des ailes : elles sont vraiment moins étendues que chez la libellule déprimée (surtout pour l’aile antérieure).

Chez Libellula quadrimaculata les deux sexes sont semblables, pour les espèces Libellula fulva et Libellula depressa, les mâles matures sont teintés de gris ou de bleu.

Application :

Quelle est l’espèce de cette Libellula mâle ?

Libellula mâle © Gilles Carcassès

Vous avez vu, c’est facile : Libellula depressa

Et celui-ci ?

Encore une Libellula mâle – étang du parc de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Enfantin : petites taches = Libellula fulva.

Et celui-là  ?

© CACP – Gilles Carcassès

Aucune tache : ce n’est pas une Libellula, celui-ci est un Orthetrum. C’était un piège.

Retrouvez nos articles :

Les libellules pour les nuls

La libellule déprimée

Libellules

L'actualité de la Nature

Qui mange quoi ?

Tephritis praecox © CACP – Gilles Carcassès

En observant cette élégante mini-mouche dans un massif fleuri devant la mairie de Montigny-les-Cormeilles, je me suis demandé ce qu’elle faisait là . Tout d’abord, il me faut la déterminer. Un ovipositeur noir au bout de l’abdomen et ces ailes tachées : cela m’oriente vers la famille des Tephritidae. Les pattes orange et la forme des taches des ailes me permettent de penser que c’est Tephritis praecox (une femelle, bien sà»r, à  cause de l’ovipositeur).

Je fais une petite visite à  l’excellent site anglais « Biological Records Centre » et son Database of Insects and their Foods Plants  (DBIF) qui répertorie 47 000 interactions de 9 300 insectes avec 5 700 végétaux ! J’y apprends que Tephritis praecox pond dans les boutons floraux des séneçons et des marguerites.

Les Tephritis sont souvent spécialisés sur un genre de plantes hôtes et c’est un jeu passionnant que de chercher les différentes espèces sur les inflorescences des Astéracées. Chaque espèce de Tephritis a un dessin particulier sur l’aile.

Tephritis conura n’est signalé que sur les Cirsium – Osny © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis bardanae ne pond que dans les fleurs des bardanes – Neuville-sur-Oise © Gilles Carcassès
Tephritis formosa est fréquent sur les laiterons (Sonchus) – Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Tephritis hyoscyami est inféodé aux Carduus © Gilles Carcassès
Tephritis postica n’est pas dans le DBIF mais je sais qu’on la voit sur les onopordons © CACP – Gilles Carcassès

Il en manque encore beaucoup à  ma collection : la faune française compte 38 espèces de Tephritis !

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L’inauguration du parc du peuple de l’herbe

Jour de fête au parc du peuple de l’herbe – Carrières-sous-Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Une fête très réussie…

A l’inauguration du parc du peuple de l’herbe, il y avait du vent, des cerfs-volants, des clowns, des jeux pour les enfants, du public, visiblement ravi, des troupes fournies de personnels, et des bénévoles aussi, une Maison des insectes remplie d’une foule compacte.  Bon, je passerai un autre jour faire mon selfie avec Pupuce, la mascotte de la Maison…

Au bord du chemin © CACP – Gilles Carcassès

Dans le parc, de curieux personnages immobiles, les « Pheuillus » de Le Phun, attendaient les visiteurs.

et de bien belles observations !

Demi-deuil © CACP – Gilles Carcassès

Une superbe friche à  onopordons, au détour d’un chemin, m’a offert le ballet-spectacle de la grande sauterelle verte, du criquet à  ailes bleues (une espèce protégée en Ile-de-France) et de ce demi-deuil (Melanargia galathea) femelle, reconnaissable à  sa teinte plus jaune que le mâle.

Coriomeris denticulatus © CACP – Gilles Carcassès

Coriomeris denticulatus est la punaise dentée du mélilot. (Pour bien voir les dents de la bête, cliquez sur l’image pour l’agrandir.) Celle-ci, je l’ai observée sur une repousse de peuplier noir, mais c’est vrai que le parc ne manque pas de mélilots.

Zicrona caerulea qui se nettoie les pattes © CACP – Gilles Carcassès

Sur la berge de la Seine, j’ai rencontré la mythique punaise bleue, en chasse sur un pied d’épilobe grignoté par des larves de coléoptères. Cette punaise est un excellent auxiliaire de culture : elle consomme beaucoup de chrysomèles, larves et adultes, comme les altises et même les doryphores, paraît-il… Dommage qu’elle ne soit pas plus courante dans les jardins. Elle aime les friches, les landes et les milieux humides.

Ponte de Zicrona caerulea © CACP – Gilles Carcassès

Je crois avoir trouvé sa ponte, rarement observée.

Dans le bois de saules © CACP – Gilles Carcassès

Ce gamin « Pheuillu », tout en feuilles sèches, semble me dire au revoir du haut de sa balançoire. C’est sà»r, je reviendrai explorer ce superbe coin de nature.

Retrouvez nos articles sur le parc du peuple de l’herbe :

Gratte la puce

La jussie rampante

Le peuple de l’herbe

Galega, le sainfoin d’Espagne