L'actualité de la Nature

Un grillon provençal

Une découverte étonnante !

Dans un magasin de fruits et légumes de Vauréal, un client a trouvé un drôle d’insecte « gros et tout noir, avec de grandes antennes ». La Maison de la nature de Vauréal qui l’a recueilli m’a alerté et j’ai pu l’observer dans son terrarium de fortune. Il s’était régalé de flocons d’avoine et s’abreuvait dans un bouchon en plastique.

Gryllus bimaculatus, le grillon provençal (ici une femelle) © CACP – Gilles Carcassès

Je m’attendais à  un cafard, mais ce n’est pas ça du tout !

Il s’agit d’un grillon et même d’une espèce qui ne vit pas chez nous : le grillon provençal, qui est strictement méditerranéen. On le distingue aisément du grillon champêtre, que l’on peut rencontrer un peu partout en France, à  ses ailes aussi longues que le corps et à  la forme de son pronotum (le dos du thorax) qui n’est pas rétréci vers l’arrière. De plus, il n’a pas de rouge sur les pattes.

Jeune grillon champêtre (Gryllus campestris) trouvé noyé dans une piscine en été © CACP – Gilles Carcassès

Mais que faisait donc notre grillon provençal à  Vauréal dans un rayon courgettes ?

Le grillon provençal ne creuse pas de terrier contrairement au grillon champêtre. Le jour, il se cache au sol sous une touffe d’herbe, des feuilles mortes, des pierres ou du bois tombé.

Peut-être que ce grillon était caché dans un cageot de légumes dans un champ en Provence, et qu’il en est sorti arrivé au magasin ? Une autre explication serait l’évasion d’un élevage. Les grillons provençaux sont en effet élevés par les amateurs de mygales et de serpents de compagnie, comme nourriture vivante. Il est préférable que ce soit un grillon qui s’échappe, d’ailleurs…

En fin d’été, les mâles stridulent tard dans la nuit pour attirer les femelles, en frottant leurs ailes. Les femelles fécondées par plusieurs mâles pondent dans le sol à  l’aide de leur long ovipositeur et ce sont les œufs, chez cette espèce, qui passent l’hiver. Un pot rempli de terre humide a été proposé à  cette femelle. Peut-être y pondra-t-elle quelques œufs avant de mourir ? Michka (c’est ainsi qu’elle a été nommée) va vivre une retraite heureuse dans une école maternelle de Conflans-Sainte-Honorine.

Merci à  l’OPIE pour ses bons conseils en matière d’élevage de grillons !

Retrouvez une autre histoire de clandestin :

Les clandestins de la gare

L'actualité de la Nature

Grappe d’œufs de chrysope

Bravo à  Patrick, Denis et Catherine d’avoir les premiers proposé une ponte de chrysope pour cette photo mystère de décembre 2017. J’espérais le passage d’un doctorant du Muséum qui ferait justement une thèse sur les œufs de chrysope pour aller à  l’espèce, mais non… Alors, on restera un peu dans le vague.

Ponte de chrysope – Ile de loisirs de Cergy-Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont bien des œufs d’insectes qui sont ainsi groupés en bouquet sous cette feuille de Prunus mahaleb. Les spécialistes qui fréquentent les forums y voient la signature de chrysopes du genre Dichochrysa. Chez la plupart des espèces de chrysopes, les œufs sont pondus non pas en grappe mais isolément, parfois en file indienne, chacun au bout d’un filament.

Ponte de chrysope en file indienne © CACP – Gilles Carcassès

Cette ombelle de fenouil infestée de pucerons a été choisie comme site de ponte par une chrysope femelle. Dès leur naissance, ses larves trouveront rapidement de quoi se nourrir !

Chrysope indéterminée – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Il existerait en France 51 espèces de chrysopes, dont 21 en Ile-de-France, assez difficiles à  déterminer sans examen à  la loupe, à  quelques exceptions près.

Retrouvez notre article :

Une chrysope en hiver

Source :

https://www.researchgate.net/publication/268210749_Cartographie_des_Chrysopes_en_France_Neuroptera_Chrysopidae

L'actualité de la Nature

Révélations sur les chauves-souris d’Ile-de-France !

Hélas, les chauves-souris ne font pas mieux que les papillons de jour : un tiers des espèces de chiroptères en Ile-de-France sont menacées !

L’excellente liste rouge régionale des chauves-souris d’Ile-de-France que vient de publier Natureparif nous délivre des informations surprenantes sur les 22 espèces de mammifères volants que l’on peut rencontrer dans notre région.

Des animaux utiles et méconnus

Ces malaimées ont droit à  notre reconnaissance : certaines espèces sont capables de consommer jusqu’à  10 moustiques par minute, d’autres capturent des papillons dont les chenilles sont urticantes comme la processionnaire du pin. Toutes sont à  considérer comme des auxiliaires pour les cultures, par les prélèvements qu’elles font dans les populations d’insectes volants ravageurs.

Et leurs mœurs sont étonnantes : saviez-vous que le murin à  oreilles échancrées cueille les araignées postées sur leur toile, et que le grand murin chasse les carabes au sol, au besoin en leur courant après à  quatre pattes ?

Comment faire pour protéger les chauves-souris ?

En protégeant les arbres

Les trois quarts des espèces franciliennes utilisent des arbres creux ! Fissures, vieux trous de pics, cavités naturelles, écorces décollées sont mises à  profit pour les mises bas, les gîtes hivernaux ou servent de lieux de repos transitoires. Certaines espèces comme les noctules sont même strictement arboricoles. Il est donc important de préserver ces vieux arbres à  cavités, et de ne les abattre,  après examen des cavités et recherche de colonies, qu’en cas d’absolue nécessité et en dehors de la période qui va de novembre à  avril. Il faut aussi éviter de supprimer les éléments de paysage qui servent de repères par écholocation aux chauves-souris dans leurs déplacements, comme les grands arbres isolés, les rangées d’arbres et les grandes haies.

En évitant les dérangements dans les greniers, les caves et les souterrains

Certaines espèces élèvent leurs petits dans des combles ou des greniers. Il est très important d’interdire aux chats l’accès à  ces endroits.

Les caves et souterrains sont aussi utilisés en période hivernale. Toute pollution ou dérangement intempestif peut avoir de graves conséquences pour la survie de la colonie. Mais l’obturation des entrées de carrières avec des grilles peut aussi décourager les chauves-souris. Il est préférable d’interdire les accès par une clôture dégagée de l’entrée du souterrain.

En limitant l’éclairage

On voit souvent les pipistrelles communes chasser la nuit autour des lampadaires. Elles profitent comme d’autres prédateurs nocturnes de la présence d’insectes attirés par la lumière. Mais certaines chauves-souris plus rares, comme le murin de Daubenton, ont une aversion marquée pour les zones éclairées. L’instauration d’une trame noire facilitant leur circulation entre leurs terrains de chasse et leurs gîtes serait très bénéfique. L’éclairage extérieur des édifices devrait prendre en compte l’existence de colonies de chauves-souris afin de ne pas éclairer les façades correspondant à  leurs accès. Quant à  l’éclairage public, des études ont montré que l’arrêt entre minuit et 5 heures du matin a un effet bénéfique pour les oreillards. Pour aider les rhinolophes, il faudrait pratiquer l’extinction dès 23 heures.

Heureusement, SOS chauves-souris est là  pour vous aider !

En cas de difficultés avec des chauves-souris, ayez le réflexe « SOS chauves-souris ». Sur ce site, vous trouverez des informations utiles et les coordonnées de spécialistes qui peuvent vous conseiller.

Retrouvez nos articles :

L’éclairage nocturne et ses conséquences sur la biodiversité

La liste rouge des libellules

Chenilles processionnaires du pin, c’est maintenant qu’il faut agir

La liste rouge des oiseaux nicheurs

Le déclin des papillons de jour

L'actualité de la Nature

Petite coccinelle à  14 points

Coccinula quatuordecimpustulata, vue cet été dans le Lot © CACP – Gilles Carcassès

Cette toute petite coccinelle, je ne l’ai vue qu’une fois, et comme elle est brillamment colorée et facile à  repérer, j’en déduis qu’elle n’est pas archi commune. Je sais peu de choses d’elle : que mon individu est un mâle, car la femelle a une barre noire en long sur la face. Je l’ai trouvée sur une fleur de carotte sauvage au bord d’une petit route de campagne. On rencontrerait cette espèce surtout dans les zones sèches et herbeuses. Il paraît que ses larves consomment des pucerons, comme de nombreuses autres espèces de coccinelles.

L’espèce a été repérée dans les Yvelines et dans l’Oise mais pas dans le Val d’Oise. Encore un effort, Mesdames et Messieurs les coccinellistes !

Retrouvez d’autres articles sur les coccinelles :

Les coccinelles à  points blancs

J’ai vu une coccinelle rose !

La reine des coccinelles

Connaissez-vous la coccinelle à  damier ?

La coccinelle asiatique

 

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Signalez les espèces exotiques envahissantes

Dans le cadre de la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes, le Centre National de la Recherche Scientifique, le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Agence Française pour la Biodiversité ont créé un site participatif dédié à  la connaissance des espèces exotiques envahissantes. Vous y trouverez un formulaire de saisie en ligne pour vos observations, et des informations pédagogiques sur ce vaste sujet. J’ai testé, c’est facile et très bien fait.

Voici quelques-uns de nos articles sur des espèces invasives.

Cliquez sur les photos pour lire les articles :

Perruche à  collier – Paris © CACP – Gilles Carcassès
Brun du pélargonium – Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Pyrale du buis © CACP – Gilles Carcassès
Frelon asiatique © CACP – Gilles Carcassès
Punaise américaine des pins © CACP – Gilles Carcassès
Jussie © CACP – Gilles Carcassès
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Le déclin des papillons de jour

Une étude hollandaise à  grande échelle sur la diversité et l’abondance des papillons de jour depuis 1990 permet de dessiner des tendances et d’émettre des hypothèses quant aux causes des changements constatés.

Pararge aegeria, le Tyrcis – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Tout d’abord, si de nombreuses espèces sont en net déclin, toutes ne le sont pas. Ainsi, le Tyrcis tire son épingle du jeu et ses effectifs progressent nettement. Une autre étude montre que l’espèce serait capable de s’adapter à  la raréfaction des haies qu’il affectionne et à  la fragmentation de son habitat, en améliorant ses performances de vol.

Gonepteryx rhamni, le Citron © CACP – Gilles Carcassès

La raréfaction de la plante-hôte de la chenille est très certainement une explication pour le déclin de certaines espèces autrefois communes. C’est le cas du Citron, papillon inféodé à  deux arbustes indigènes qui poussent dans les haies, la bourdaine et le nerprun.

Aglais urticae, La Petite tortue – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Pour la chute des effectifs de la Petite tortue, il s’agit d’autre chose, car les orties qui nourrissent ses chenilles prolifèrent au bord des champs et dans les friches, en raison des fertilisations azotés, de l’épandage des lisiers, des dépôts de déchets verts, de la non-exportation des coupes… C’est plutôt dans la qualité et l’abondance des nectars, source de nourriture des papillons, que se trouve l’explication. Là  encore, les pratiques agricoles sont pointées du doigt : fertilisation des prairies, désherbage et labour des bords de champs amenuisent la diversité florale et font se raréfier les fleurs des meilleures espèces nectarifères.

Source :

https://www.zoom-nature.fr/fleurs-et-papillons-unis-dans-un-meme-declin/

 

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La bruche de l’arbre de Judée

Bruchidius siliquastri © CACP – Gilles Carcassès

Débandade !

Ce pied de tanaisie recouvert d’oà¯dium était le terrain de jeux de petits coléoptères gris. J’ai pu faire cette photo. En voulant m’approcher, ils se sont tous laisser tomber. Avec cet abdomen rouge qui dépasse largement des élytres, je ne vois qu’une espèce qui leur ressemble : Bruchidius siliquastri, la bruche de l’arbre de Judée. Cet insecte n’a été décrit qu’en 2007, mais il paraît largement répandu. La nourriture de sa larve est la graine de l’arbre de Judée.

Gousse de Cercis siliquastrum © CACP – Gilles Carcassès

Trous de sortie

Sur cette gousse d’arbre de Judée, on distingue deux trous bien ronds. Ils trahissent la sortie de deux bruches qui se sont développées chacune dans une graine. J’ai vu celle-ci à  Marly-le-Roi, et on m’a signalé la présence de cet insecte au parc de l’Amitié à  Rueil-Malmaison. J’ai inspecté les gousses de l’arbre de Judée qui décore mon jardin. Pas une n’est trouée… Encore un coup de mes poules, sans doute !

L’arbre de Judée

Cercis siliquastrum, l’arbre de Judée © CACP – Gilles Carcassès

D’origine méditerranéenne, l’arbre de Judée est souvent utilisé dans les jardins pour sa spectaculaire floraison printanière qui apparaît avant les feuilles.

L'actualité de la Nature

La galle poilue du hêtre

A Asnières-sur-Oise, une amie m’a fait découvrir ce superbe hêtre remarquable.

Fagus sylvatica © CACP – Gilles Carcassès

C’est bizarre, par ici les hêtres ont de galles poilues sur les feuilles ! Je n’avais encore jamais vu ça.

Galle poilue sur une feuille de hêtre © CACP – Gilles Carcassès

C’est l’oeuvre d’un diptère Cecidomyiidae du nom de Hartigiola annulipes. Les adultes, sortes de moucherons, émergent en mai et pondent à  la face inférieure des feuilles près de la nervure principale. C’est la petite larve qui va induire par ses morsures la croissance progressive de la galle. Rapidement, elle s’installe à  l’intérieur de la cavité et en consomme les parois. L’automne venu, la galle se détache de la feuille et tombe au sol. La larve hiverne à  l’intérieur de la galle dans la litière et la nymphose se produit au printemps.

Galle d’Hartigiola annulipes © CACP – Gilles Carcasses

Sur cette feuille, on voit une galle et les cicatrices laissée par deux autres galles qui sont déjà  tombées à  terre.

J’ai récolté quelques feuilles présentant des galles pour tenter un élevage. Rendez-vous au printemps prochain pour le portrait du moucheron (ou peut-être d’un parasitoà¯de ?)…

Retrouvez notre article :

Les galles de cécidomyies

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La chrysomèle de Banks

Chrysolina bankii © CACP – Gilles Carcassès

Immanquable, cette chrysomèle sur sa fleur de zinnia ! Les élytres brillants et fortement ponctués sont noirs avec des reflets cuivrés. La tête, les palpes, les antennes, les pattes et le dessous du corps sont d’un beau rouge Bordeaux.

Chrysolina bankii, vue de profil © CACP – Gilles Carcassès

Pas de doute, c’est la chrysomèle de Banks. On rencontre Chrysolina bankii sur les menthes et d’autres Lamiaceae comme le marrube. J’ai photographiée cette espèce méridionale en Aveyron. Elle est également présente dans tout l’ouest de la France, et aurait même été vue dans le Val d’Oise, selon l’INPN. Ouvrons l’œil !

Chrysolina polita – Pontoise © CACP – Gilles Carcassès

Attention à  ne pas la confondre avec Chrysolina polita, la chrysomèle polie, qui fréquente aussi les menthes !

Retrouvez d’autres articles sur les chrysomèles :

Elles mangent les lavandes

Bonbon à  la menthe

Le gribouri à  deux taches

Casside

Petits bijoux cachés dans les herbes