Cherchant un peu de fraicheur par ces temps de canicule, je suis allé traquer les petites bêtes dans les serres tunnels de l’association ACR à Vauréal. Sur les aubergines cultivées sans pesticides, j’ai observé quantité d’insectes très variés dont cette minuscule coccinelle poilue : Platynaspis luteorubra. La larve de cette espèce peu commune consomme des pucerons, elle est signalée pour sa capacité à vivre sans être inquiétée dans les fourmilières de certaines espèces de fourmis qui élèvent des pucerons dans le sol.
Voici quelques autres observations faites dans ce rang d’aubergines :
Cette espèce est typique des zones thermophiles, comme les pelouses calcaires. Je l’ai observée à Genainville lors des inventaires éclairs organisés par l’Agence régionale de biodiversité d’Ile-de-France. Elle est assez grégaire et facile à repérer.
Découvrez dans ces articles la grande diversité des punaises :
Ceci n’est pas une abeille domestique, elle n’a pas de corbeille sur ses pattes postérieures pour transporter le pollen (comme on le voit dans cet article), mais elle est équipée, pour cette collecte, de brosses sous son abdomen. Il s’agit ici d’une espèce du genre Megachile, et avec cette pilosité et ces couleurs, les experts me disent que j’ai photographié une femelle Megachile willughbiella.
Un peu plus tard sur la même plante se pose le mâle de cette espèce. Ses pattes antérieures portent une épaisse frange de longs poils blancs, attribut de séduction auquel les femelles sont sensibles, paraît-il.
Megachile willughbiella est l’une des espèces les plus communes du genre en Ile-de-France. Elle butine les fleurs de nombreuses Fabaceae et Lamiaceae, notamment les épiaires comme sur les photos ci-dessus. On la rencontre souvent dans les jardins.
Cette abeille est une découpeuse de feuilles. Les pastilles arrondies que les mégachiles prélèvent sur le limbe des rosiers ou d’autres plantes servent à confectionner les cellules dans lesquelles vont se développer ses larves. Celles-ci se nourrissent d’un mélange de pollen et de nectar approvisionné par la femelle.
Les féviers sont de grands arbres d’origine américaine, ils sont appréciés pour leur robustesse en milieu urbain. La variété ‘Sunburst’ présente au début du printemps un feuillage jaune très lumineux qui vire au vert clair dans le courant de l’été.
Peu de ravageurs s’en prennent à cette espèce, mais une petite mouche spécifique (une cécidomyie) déforme parfois les jeunes feuilles à l’extrémité des rameaux.
Chacune de ces folioles transformées en pochette creuse contient une petite larve. Ordinairement, ces galles, en nombre limité, ne nuisent pas à la santé de l’arbre mais elles peuvent en gâcher l’esthétique. J’ai souvent remarqué que les arbres sévèrement élagués souffrent au printemps suivant d’attaques importantes de ce diptère. Amis des beaux arbres, rangez les tronçonneuses !
Retrouvez dans ces articles d’autres galles de cécidomyies :
La coccinelle des friches ressemble à la coccinelle à sept points mais elle est de forme plus allongée et ses points sont groupés vers l’arrière de ses élytres.
J’aime beaucoup le dessin en noir et blanc qui évoque une tête de panda ou de ouistiti sur son thorax (encore une paréilodie !).
Cette coccinelle apprécie les plantes hautes dans les endroits chauds. Plusieurs générations se succèdent dans l’année. Elle consomme beaucoup de pucerons, mais aussi des cochenilles, du pollen, du nectar et du miellat.
C’est une auxiliaire très active au potager et au verger.
Ce trèfle indigène qui rampe et s’enracine au niveau de ses stolons aériens forme de jolis tapis dans les pelouses sèches. Certains pépiniéristes le proposent en godets comme couvre-sol de pied d’arbres, ou comme base pour créer une pelouse naturelle en situation difficile. La plante supporte très bien le piétinement et les sols tassés. Autre avantage, ses fleurs roses très nombreuses sont mellifères !
Quand ses fleurs sont passées, ses inflorescences ressemblent à de petites fraises rondes, pâlottes et duveteuses.
Le trèfle des prés lui ressemble, mais il est plus haut et surtout ses têtes florales sont accompagnées de petites feuilles, alors que celles du porte-fraise ne le sont pas.
Cette année encore, la rencontre technique des Parcs Naturels du Vexin français et de l’Oise-Pays de France, co-organisée avec la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a été l’occasion de réaliser de belles observations de biodiversité. Petite originalité, cette fois-ci nous nous sommes associés au Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse pour visiter deux sites d’exception sur leur territoire : la prairie des Essarts à Clairefontaine-en-Yvelines et la Réserve Naturelle Régionale des à‰tangs de Bonnelles.
Retraçons en quelques clichés nos découvertes de la journée
A Clairefontaine, la prairie des Essarts est une ancienne peupleraie récemment ré-ouverte en milieu humide : un endroit particulièrement intéressant pour la biodiversité !
Cette galle de la lampsane commune n’a pas été vue en àŽle-de-France depuis la création des bases de données naturalistes contemporaines. Son nom n’était même pas référencé dans la liste des espèces connues ! Heureusement, le manque est maintenant comblé.
Bonnelles
A Bonnelles les actions en faveur de la biodiversité ne manquent pas :
Les étangs sont classés Réserve Naturelle Régionale, pour le plus grand bonheur des libellules, des foulques et des canards.
Les eaux usées sont traitées localement et écologiquement, grâce à des bassins plantés en roseaux et à l’issue du processus les boues sont valorisées en compost. Lors de la présentation par M. le maire, un héron est venu saluer la démarche !
La bryone est une plante grimpante vivace dioà¯que. Elle s’invite souvent dans les haies. L’hiver, elle disparaît complètement mais repousse vigoureusement chaque printemps depuis son énorme racine charnue.
Cette plante héberge une petite faune spécifique très intéressante :
Sur les pieds femelles, on rencontre parfois un diptère Tephritidae du nom de Goniglossum wiedemanni. Cette petite mouche très bigarrée ne pond que dans les fruits de la bryone.
J’ai observé cette belle punaise verte sur un Allium christophii au jardin du Belvédère à Vauréal. Très commune sur les plantes herbacées et sur les arbres, Palomena prasina, la punaise verte des bois, passe facilement inaperçue sur le feuillage.
Au verger, elle peut provoquer quelques dégâts sur les fruits : les poires piquées deviennent pierreuses, les pommes et les noisettes présentent des déformations. Cette punaise prend une teinte brune en fin de saison avant d’hiverner.
Pour la différencier de l’autre punaise verte de nos jardins, Nezara viridula, qui est un ravageur redouté pour ses piqures sur les poivrons, tomates, aubergines et concombres cultivés sous serres, je vous renvoie à mon article Palomena et Nezara.
Les orthoptères, c’est facile : les sauterelles (ou ensifères) ont de très longues antennes, et les criquets (ou caelifères) des antennes courtes. C’est quand on vent aller plus loin que cela se complique ! Heureusement l’OPIE et l’ARB Ile-de-France arrivent à la rescousse : le tout nouvel atlas des orthoptères qu’ils nous ont concocté est désormais en ligne sur Cettia dans la rubrique « Observatoire de la biodiversité ».
L’atlas des sauterelles, criquets et grillons d’Ile-de-France inclut aussi par commodité la mante religieuse et le phasme gaulois bien qu’ils ne soient pas des orthoptères. Cet atlas illustré permet de passer en revue les 70 espèces de cet ordre présentes en Ile-de-France. Pour chacune, sont indiquées les périodes d’observations, la carte de répartition, les préférences d’habitat. J’ai modestement participé à cet atlas avec l’unique enregistrement francilien du grillon provençal : le pauvre s’était caché dans un cageot de légumes au bord d’un champ dans sa Provence natale et s’est retrouvé dans un magasin de primeurs à Vauréal !
Voici le conocéphale bigarré, un ensifère commun des zones humides, de la famille des Tettigoniidae. Ici c’est une femelle, reconnaissable à son long ovipositeur.
Le conocéphale gracieux est une espèce protégée en Ile-de-France, elle semble en expansion. Nous l’avons trouvé à Osny et aussi au parc du château de Menucourt.
Aux antennes courtes, on reconnaît le sous-ordre des caelifères. L’oedipode turquoise, spécialiste des zones très chaudes sablonneuses ou rocailleuses est aussi une espèce protégée en Ile-de-France. Cela ne l’empêche pas d’être assez fréquente sur les sols artificiels dénudés (gravats, ballasts, remblais…). Cette espèce de la famille des Acrididae se fond admirablement dans son environnement. On la repère quand elle s’envole et qu’elle déploie ses ailes bleues. Nous l’avons rencontrée à Cergy, à Courdimanche aux Grands jardins, et dans la cour du lycée de l’Hautil à Jouy-le-Moutier !