A Pontoise, la Ville a fait le choix de ne plus tondre les espaces qui ne nécessitaient pas un usage quotidien (chemins, aires de jeu ou de pique-nique). Au milieu des herbes folles et des fleurs sauvages fleurissent des panneaux d’explication « Moins d’herbe coupée = nature préservée ». Et en effet, la végétation s’épanouit joyeusement dans ces prairies. Les insectes ne devraient pas tarder à en profiter : il y a de quoi manger pour tout le monde et de quoi s’abriter. La Ville a également installé des hôtels à insectes, ces petits chalets composés de matériaux très variés permettent à diverses espèces de trouver refuge lors des intempéries ou pour nidifier.
Renoncules, consoudes, coquelicots, vesces et mauves, dans les prairies de fauches toutes les couleurs sont à l’honneur !
Et la Ville vous invite à en profiter à travers plusieurs cadres disposés dans la commune. A la manière des impressionnistes, traversez l’année en couleur en prenant des photos de l’évolution du paysage au cours des saisons !
C’est au cœur du Vieux Pontoise, au numéro 9 de la rue de la Harengerie, que m’attend ma correspondante, une des membres de l’association qui fait vivre ce jardin peu commun.
Avec l’accord de la ville, propriétaire des lieux, les jardiniers amateurs ont investi les ruines de l’ancien presbytère dont il ne subsiste que quelques pans de mur. On lit encore la trace de l’un des bâtiments démolis sur le pignon aveugle de l’immeuble voisin.
Le défi a été rude : pas d’eau sur le terrain et pas non plus de sol, uniquement des gravats !
Et pourtant cet endroit inhospitalier est devenu au bout de quelques années une oasis de verdure productive et pleine de charme.
A coups de pioche, les plus gros moellons sont extraits et réemployés à mesure des aménagements pour réaliser des murets ou des escaliers.
Pour l’essentiel, les parcelles jardinées sont des bacs ou des buttes de culture intégrant de grosses quantités de compost. La végétation sauvage présente sur le site (clématite, buddleias, orties) est régulièrement taillée et coupée menu pour pailler le pied des fleurs et des légumes.
C’est un jardin dans lequel sont bichonnées avec amour toutes les plantes : les sauvageonnes, les mellifères, les aromatiques, les engrais verts, les vivaces et bulbes de collection, les légumes généreux… La biodiversité y trouve son compte, on peut même y croiser la belle Ariane, Lasiommata maera.
Les bacs de compostage collectifs ont été fournis par la Communauté d’agglomération, ils fonctionnent à plein régime !
Un ami botaniste m’a signalé la présence d’une plante rare à Pontoise. Intéressé, j’accours ! A l’adresse indiquée, je suis aimablement accueilli par la gestionnaire d’un parc privé, elle me montre fièrement un endroit dans sa prairie. Voyons cela : des brunelles, des pâquerettes, des véroniques, un peu de plantain, du lierre terrestre… Ah oui, il y a aussi une plante que je ne connais pas ! Pas vraiment spectaculaire, il faut avoir l’œil dessus !
Ophioglossum vulgatum est une toute petite fougère à feuille entière qui affectionne les prairies inondées une partie de l’année. Cette espèce est en fort déclin en Ile-de-France, en raison de la disparition des prairies humides. Il resterait à peine une dizaine de stations de cette plante dans le Val d’Oise.
De la base de cette feuille naîtra une fronde fertile allongée, étroite et pointue, c’est cet organe qui vaut à la plante son nom vernaculaire de langue-de-serpent. La plante était autrefois employée pour soigner les maux de gorge.
Mon hôtesse m’explique que la gestion du parc en question est justement en pleine mutation. Certaines parties qui étaient tondues sont depuis ce printemps gérées de façon différenciée, par fauche avec exportation, laissant toutes leurs chances aux gracieuses marguerites et aux orchidées sauvages !
Cette fougère supporte mal la concurrence des autres plantes, aussi pour la favoriser il faudrait retirer les semis naturels d’érables et faucher régulièrement cet endroit, à bonne hauteur bien entendu pour épargner ses frondes.
Retrouvez dans ce article une autre fougère rare :
Bien que nous soyons sagement confinés dans nos maisons et appartements, le vivant continue bel et bien à animer nos espaces verts. Chaque jour, je me suis adonné à un rituel matinal : observer et tendre l’oreille depuis ma fenêtre.
Malgré la période de confinement et l’arrêt de nos activités sur le terrain et des animations, nous continuons de publier les nouvelles de la nature en ville trois fois par semaine. N’oubliez pas que nous sommes aussi sur Instagram et sur Facebook !
Voici une panorpe mâle, reconnaissable à son abdomen relevé et terminé par un volumineux organe copulateur. Il est facile de comprendre pourquoi on surnomme ces insectes des mouches-scorpions. Bien sà»r, ça ne pique pas.
Sur cet individu, les ailes sont fortement tachées et la tache basale (la plus proche de l’attache de l’aile) est bien marquée : il s’agit de l’espèce Panorpa vulgaris.
Cette autre espèce a les ailes bien moins tachées que Panorpa vulgaris. La disposition des taches alaires m’orientent vers l’espèce Panorpa germanica, la plus commune des espèces de panorpes en France. A l’extrémité pointue de son abdomen, on voit que c’est une femelle.
La tête des panorpes a une forme allongée singulière, les mandibules et les palpes sont au bout de ce « bec ».
Les panorpes se nourrissent d’insectes morts ou blessés, ils n’hésitent pas à consommer les proies des araignées emballées dans leurs fils de soie. A l’occasion aussi ils profitent du nectar des fleurs et du miellat. Leurs larves carnassières vivent dans le sol.
On rencontre les mouches-scorpions dans les haies, les sous-bois, les jardins, les zones humides. Je les vois souvent sur les orties et les ronces, et au jardin dans les groseilliers.
Une toute petite famille
Le genre Panorpa ne compte que 7 espèces visibles en France. La détermination se fait par l’examen des taches et de la nervation des ailes, la forme du 6ème segment de l’abdomen du mâle, les organes sexuels. Elle est parfois rendue délicate par la variation des dessins alaires au sein d’une même espèce.
J’ai fait une petite visite amicale à la ferme pédagogique de Pontoise, gérée par l’association Les Z’herbes folles, pour admirer la vedette du moment : Paillette, velle jersiaise (1), née à la ferme le 31 décembre 2019. Elle a les beaux yeux de sa race. Curieuse de découvrir le Monde, elle galope et fait des sauts de cabri, sans toutefois trop s’éloigner de sa mère aux mamelles généreuses.
Celui-ci n’a pas de nom de baptême car c’est un animal sauvage, ce qui ne l’empêche pas d’avoir aussi une bonne bouille ! Je l’ai surpris en plein repas au fond du parc du château de Marcouville.
Venez les voir !
La ferme est ouverte au public les week-ends et les jours fériés de 13h30 à 17h30 (horaires d’hiver). Vous pouvez suivre l’actualité de la ferme sur la page facebook de l’association.
(1) velle jersiaise = veau femelle d’une race de petit gabarit originaire de l’île de Jersey. Ce sont des vaches jersiaises qui broutent les pâtures royales du parc du château de Windsor en Angleterre.
Présente partout en France, la punaise des baies est l’une des plus communes des membres de la grande famille des Pentatomidae. Elle se nourrit des graines et des fruits d’au moins une cinquantaine d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. On la reconnaît à ses antennes bicolores, à l’avant de sa tête nettement échancré, et aux soies dressées qui couvrent le dessus de sa tête et de son thorax.
Les couleurs des adultes de cette espèce sont variables, allant du brun violacé au rose pâle.
Ce spécimen couleur chair a été trouvé par des enfants de l’école des Larris de Pontoise lors d’une sortie à la découverte des insectes que nous leur avons organisée à la demande de leurs maitresses. En cliquant sur l’image ci-dessus, vous pourrez l’agrandir et voir les poils de la tête et du pronotum.
Retrouvez d’autres portraits de punaises dans nos articles :
Cette élégante araignée habite nos prairies durant l’été. Son cycle de vie est annuel. Les œufs éclosent au printemps, les araignées grandissent, muent, puis se reproduisent durant l’été. Les œufs passent l’hiver alors que les adultes meurent au cours de l’automne. Cette rescapée trouvée fin septembre n’en avait plus pour très longtemps. Elle a cependant fortement impressionnée les élèves de l’école des Larris lors de leur chasse aux insectes*. Pourtant, selon mes sources, elle consomme essentiellement des criquets et sauterelles, et assez peu d’enfants.
*NB : les araignées ne sont pas des insectes, mais des arachnides. Cela faisait partie des connaissances transmises aux élèves lors de l’animation.
Outre ses 4 taches blanches, cette araignée a une grande variabilité de couleurs, allant du jaune, vert clair au brun en passant par le rouge et le orange. Par exemple, cette araignée tissant sa toile dans les pulicaires dysentériques de Courdimanche est aussi Araneus quadratus.
De grosses fleurs jaunes, une plante bien dressée et des feuilles douces comme des caresses, pas de doute nous avons affaire à un molène (plantes du genre Verbascum) !
Tâche à nous maintenant de l’identifier parmi les 8 espèces présentes en àŽle-de-France. Les critères de différenciation sont assez simples, bien que peu ordinaires. Nous commençons par observer la couleur des poils des étamines ! Ici ils sont blancs. Le stigmate a une forme de massue et les feuilles sont très décurrentes : il s’agit bien de Verbascum densiflorum, le molène à fleurs denses, espèce rare en àŽle-de-France. Et nous en avons vu deux stations : une à Osny et une à Pontoise. Sur cette dernière d’ailleurs les individus avaient un port ramifié peu fréquent chez cette espèce. Que de trouvailles !
La plupart des molènes ont cette particularité d’avoir des feuilles extrêmement poilues qui les rend très douces au toucher. L’aspect cotonneux est même visible à l’œil. Cela leur donne un charme tout particulier.
A la recherche d’insectes qui seraient cachés sous des pierres, nous avons fait la rencontre de ce triton. Les spécialistes insistent sur la difficulté de l’identifier à cette période de l’année mais il semblerait que nous soyons en présence d’une femelle de triton ponctué en phase terrestre. Son acolyte, le triton palmé, lui ressemble fortement. Les critères de différenciation sont ténus. Je fais confiance aux herpétologues chevronnés m’ayant confirmé son nom !
Rare et protégé
Le triton ponctué, Lissotriton vulgaris, est assez rare dans la région. Il est de plus, comme tous les amphibiens de France, protégé par arrêté ministériel. C’est une bonne nouvelle que de le croiser sur notre territoire !
Comme la plupart de ses congénères, le triton ponctué alterne entre deux phases : vie aquatique et vie terrestre. Au printemps, il entame sa vie aquatique. Les adultes arborent des couleurs beaucoup plus marquées (et ponctuées de taches noires, d’où son nom) et les mâles développent une crête importante. C’est la période de reproduction, il faut se montrer sous son meilleur jour ! Les larves grandissent ensuite dans l’eau et se nourrissent, comme leurs parents, d’insectes, de crustacés et de mollusques. A l’automne, elles se métamorphosent et deviennent de jeunes adultes.
A l’hiver, les tritons adultes et juvéniles s’installent en phase terrestre, généralement sous des rochers ou des troncs pour hiverner. Leurs couleurs deviennent plus ternes (il est presque impossible des les différencier du triton palmé), les mâles perdent leurs crêtes et les activités ralentissent. Au printemps prochain, ils ressortiront, en habits de fête, pour démarrer une nouvelle saison. Ce cycle peut se répéter de nombreuses fois : les tritons vivent jusqu’à 20 ans !
NB : nous avons trouvé ces tritons fortuitement. Nous avons bien évidement pris garde à ne pas les toucher et à remettre leur abris en place pour leur permettre de passer l’hiver en sécurité.