En touchant l’arbuste je fais décoller de nombreux papillons. Ce sont les adultes de la deuxième génération de l’année, la première émergeant en avril-mai.
Un papillon tout neuf mais mal en point
Celui-ci, pas très vif, se pose à hauteur de mes yeux et se laisse approcher de tout près. J’en profite pour le photographier sous tous les angles.
En fait, il est mal en point et son abdomen présente un trou sur le côté. Que s’est-il passé ? Un accident ? Une maladie ? Serait-ce le trou de sortie d’un parasite ? Si oui, ce serait plutôt une bonne nouvelle… pour les buis.
Les scrofulaires croissent au bord des étangs et sur les rives des ruisseaux. Il en existe deux espèces en Ile-de-France, celle-ci aux tiges quadrangulaires nettement ailées est la scrofulaire à oreillettes.
Parfois, on fait de belles rencontres sur cette plante, comme cette chenille de Cucullia scrophulariae.
Sur les scrofulaires, on rencontre aussi parfois le brèche (Cucullia verbasci) qui lui ressemble beaucoup. Pour différencier ces deux chenilles, il faut observer la forme des taches. Et la brèche a de petites stries noires verticales sur chaque segment. Elle est plus fréquente sur les molènes (Verbascum sp.)
« D’aussi belles chenilles donnent sans doute de magnifiques papillons ? », me demanderez-vous. Pas du tout, les cucullies sont de petits papillons de nuit gris assez insignifiants.
Si les gais rossignols et les merles moqueurs ne les mangent pas avant, ces chenilles noires sur les orties feront de bien jolis papillons.
Mais il se trouve que plusieurs espèces de papillons pondent sur l’ortie et engendrent des chenilles à dominante noire. Voici comment reconnaître trois espèces communes en observant ces chenilles.
Ce gracieux papillon volait d’arbre en arbre dans le parc de Grouchy à Osny, laissant entrevoir ses ailes postérieures rouges. En zoomant très fort, j’ai pris cette photo qui m’a permis de le déterminer. L’écaille marbrée est une espèce protégée en Ile-de-France. Elle affectionne les boisements plutôt humides et sa chenille consomme des orties, des rumex, des ronces, des consoudes, divers arbustes. Elle n’a qu’une génération par an.
Une chenille de bombyx disparate, repue de feuilles de chênes, s’est nymphosée sur une ardoise en une ravissante chrysalide noire à touffes de poils bruns. A peine éclos, le papillon femelle a commencé à émettre des phéromones pour attirer les mâles de son espèce. Fécondée sur place, elle a pondu plusieurs centaines d’œufs dans un feutrage constitué des poils de son abdomen. Epuisée, elle va mourir, son devoir de reproduction accompli. Comme les autres espèces de la famille des Lymantriidae, ces papillons ne se nourrissent pas. Au total, ce papillon de nuit aura vécu quelques heures et parcouru à pattes dix centimètres depuis son émergence. Bien la peine d’avoir des ailes !
Il est descendu de la cime des arbres, a longé d’un vol rapide une allée ombragée du parc de Grouchy et s’est brièvement posé à terre pour chercher à boire. Clic-clac : deux photos réflexes, et le voilà reparti tout en haut d’un frêne.
Un bleu incroyable
Son reflet bleu métallisé est aussi spectaculaire que fugace. Il faut juste la bonne incidence pour l’apercevoir. Dés qu’il se tourne un peu ou relève les ailes, la magie disparaît. Ce reflet bleu violet est le fait d’irisations dues au microrelief des écailles qui recouvrent ses ailes. Les femelles ne présentent pas ces irisations.
On voit que ce papillon a sorti sa trompe jaune et s’intéresse à une tache d’humidité pas plus grosse qu’une tête d’épingle, peut-être une gouttelette d’urine d’un insecte, qu’il aura repéré à l’odeur. Il n’est pas rare qu’il se pose sur la peau humaine pour en pomper la sueur.
Sur les peupliers « sauvages »
La chenille du Petit mars changeant consomme des feuilles de peupliers mais on la trouve aussi sur les saules. L’adulte se nourrit du miellat des pucerons dans les arbres. L’espèce est un bonne indicatrice de la richesse de biodiversité des boisements humides ; elle s’adapte mal aux peupleraies modernes à l’ambiance trop sèche.
A l’inauguration du parc du peuple de l’herbe, il y avait du vent, des cerfs-volants, des clowns, des jeux pour les enfants, du public, visiblement ravi, des troupes fournies de personnels, et des bénévoles aussi, une Maison des insectes remplie d’une foule compacte. Bon, je passerai un autre jour faire mon selfie avec Pupuce, la mascotte de la Maison…
Une superbe friche à onopordons, au détour d’un chemin, m’a offert le ballet-spectacle de la grande sauterelle verte, du criquet à ailes bleues (une espèce protégée en Ile-de-France) et de ce demi-deuil (Melanargia galathea) femelle, reconnaissable à sa teinte plus jaune que le mâle.
Coriomeris denticulatus est la punaise dentée du mélilot. (Pour bien voir les dents de la bête, cliquez sur l’image pour l’agrandir.) Celle-ci, je l’ai observée sur une repousse de peuplier noir, mais c’est vrai que le parc ne manque pas de mélilots.
Sur la berge de la Seine, j’ai rencontré la mythique punaise bleue, en chasse sur un pied d’épilobe grignoté par des larves de coléoptères. Cette punaise est un excellent auxiliaire de culture : elle consomme beaucoup de chrysomèles, larves et adultes, comme les altises et même les doryphores, paraît-il… Dommage qu’elle ne soit pas plus courante dans les jardins. Elle aime les friches, les landes et les milieux humides.
Ce gamin « Pheuillu », tout en feuilles sèches, semble me dire au revoir du haut de sa balançoire. C’est sà»r, je reviendrai explorer ce superbe coin de nature.
Retrouvez nos articles sur le parc du peuple de l’herbe :
Cette chenille de l’Etoilée (Orgyia antiqua) vient de muer, elle se repose à côté de sa mue. Avec ses « moustaches » extravagantes et ses couleurs vives, elle me fait penser au dragon du Nouvel an chinois. Ses quatre grosses brosses dorsales sont caractéristiques de cette espèce. On aurait tort de s’y frotter, car cette espèce est réputée toxique et urticante.
Chez l’Etoilée, les papillons mâles et femelles sont très différents
L’adulte mâle est un papillon de nuit marron avec une petite tache blanche sur l’aile antérieure. On peut le voir en juin et en septembre (deuxième génération). La femelle ressemble à une petite peluche grise et dodue et ses moignons d’ailes ne lui permettent pas de voler.
Quand il s’envole, il montre le rouge vif de ses ailes postérieures. Encore un truc pour décontenancer les prédateurs. Pour les avertir aussi, car ce papillon est toxique !
Aimable, il a pris la pose sur un tronc. Tyria jacobaeae est une écaille, de la famille des Erebidae. Il ne faut pas confondre cette espèce avec les zygènes, qui arborent aussi cette gamme de coloris. Ils appartiennent à une famille différente, les Zygaenidae.
Nous avons cherché les chenilles de la Goutte de sang, qui vivent sur le séneçon de Jacob. C’est uniquement sur celui qui pousse sur le trottoir que nous en avons trouvé.
Les chenilles les plus jeunes étaient dans la partie basse de la plante et consommaient les feuilles, les plus âgées se régalaient des boutons floraux. Comme le papillon, la chenille de Tyria jacobaeae est toxique. Ses rayures noires et jaunes sont aussi un avertissement pour les oiseaux.
Très voraces, ces chenilles sont utilisées comme moyen de biocontrôle au Canada, pour lutter contre le séneçon jacobée qui est là -bas une plante invasive.
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a décidé de procéder à un inventaire de la faune et de la flore du parc du château de Menucourt. Cet Espace Naturel Sensible, lieu de promenade prisé des habitants de l’agglomération, est en effet une réserve de biodiversité et constitue un maillon essentiel de la trame verte et bleue du territoire.
Voici quelques habitants du parc, photographiés lors nos investigations.
Cette larve aquatique aux pattes rameuses ciliées est celle d’un Acilius, coléoptère proche des dytiques. La larve et l’adulte chassent de nombreux petits animaux de la mare.
Retrouvez d’autres articles sur la faune du parc du château de Menucourt :