En mai et juin, la panthère rôde dans les clairières !
A ses antennes, on reconnaît un hétérocère, autrement dit un papillon de nuit. Mais cette espèce est active en plein jour et on la voit butiner toutes sortes de fleurs des plantes basses dans les bois clairs. Elle est classée dans la famille des Geometridae, comme la phalène anguleuse ou le géomètre à barreaux.
Vu de près, le « pelage » de la panthère a l’air très doux !
La panthère est univoltine (il n’y a qu’une génération par an), les papillons volent en mai et juin. Puis en été, on pourra observer ses chenilles arpenteuses vert clair sur les feuilles des Lamiaceae : germandrées, lamiers, bugles, menthes, sauges, bugranes… La chrysalide passera l’hiver cachée au sol dans l’attente des chaudes journées du printemps pour donner naissance à la nouvelle génération.
Ce beau papillon aux ailes diaphanes est le Gazé. Ses nervures bien marquées de noir le distinguent aisément des autres piérides plus communes.
Sur la liste des espèces protégées en Ile-de-France, il était présent dans le Val d’Oise jusqu’en 2007, mais il semble bien que ses populations se soient éteintes et qu’il ait disparu au niveau régional. Reviendra-t-il dans notre département ? Ce papillon vole en juin, en attendant on peut chercher ses chenilles sur l’aubépine, sa plante-hôte.
Arrivées au terme de leur cinquième et dernier stade de croissance en mai, ces chenilles ont complètement dévoré le feuillage d’une aubépine. Elles s’attaquent maintenant aux tiges des rameaux de l’année.
La ponte effectuée par le papillon courant juin donnera de petites chenilles tout juste capables d’entamer l’épiderme des feuilles. Elles passeront l’hiver au deuxième stade larvaire dans un modeste cocon collectif.
Ce papillon gris bleu voletait au-dessus d’une sente à Cergy. Je l’ai vu se poser au loin sur le chemin. Une approche prudente m’a renseigné sur ce qui l’intéressait : une crotte d’oiseau ! Il doit y avoir plein de bons sels minéraux à lécher là -dessus ! On voit qu’il aspire goulà»ment avec sa longue trompe.
Celastrina argiolus, l’azuré des nerpruns, est le « petit bleu » des lisières des zones boisées. Sa chenille consomme les feuilles de nombreuses espèces d’arbustes : la bourdaine, les nerpruns, le lierre, le houx, l’ajonc, les groseilliers…
Mieux que ça, un superbe cocon de 2 cm de long. Je vais le mettre en élevage dans un bocal et attendre que le papillon émerge. à‡a me rappelle vaguement un cocon de ver à soie, l’exotique bombyx du mà»rier… Je regarde du côté des papillons indigènes communément nommés « bombyx ». Il y en a beaucoup, on les trouve chez les Lymantriidae (maintenant rassemblées dans la famille des Erebidae) et surtout chez les Lasiocampidae. Dans cette famille, Lasiocampa quercus, le bombyx du chêne est très commun par ici. La taille et la forme du cocon correspondent assez bien pour cette espèce.
J’ai déjà trouvé une chenille de bombyx du chêne dans le secteur, c’était dans les bois de Vauréal.
La chenille du bombyx du chêne n’est pas difficile quant à sa nourriture, elle consomme les feuilles de nombreux arbres et arbustes. On la voit sur les ronces, les bruyères, les prunelliers, les aubépines, les troènes, les saules, les aulnes, les myrtilliers, les genêts, les bouleaux… Sur les chênes ? Oui, aussi, ça arrive.
Le papillon mâle, aux larges antennes pectinées, arbore une livrée contrastée vanille chocolat caramel ; la femelle, tout caramel et fines antennes, n’est pas mal non plus.
Qui va émerger dans mon bocal : un mâle ou une femelle ? Suspense !…
Retrouvez le portrait d’un autre beau bombyx de nos bois :
L’éclairage, néfaste pour les pollinisateurs nocturnes
Une équipe d’écologues s’est récemment intéressée à l’effet de l’éclairage nocturne sur la pollinisation des plantes. Leur étude a montré une chute de 13% de la production de graines chez des cirses maraîchers (Cirsium oleraceum) éclairés la nuit par des candélabres, alors qu’ils sont aussi visités par des insectes pollinisateurs diurnes (comme le bourdon dans la photo ci-dessus). Ils en tirent la conclusion que l’éclairage a un effet négatif sur l’activité des insectes pollinisateurs nocturnes, et sur la biodiversité en général. On le savait déjà pour certaines espèces de chauves-souris.
Qui sont les pollinisateurs nocturnes ?
Les pollinisateurs nocturnes sont des papillons de nuit, des punaises, certaines mouches…
Ce sont surtout des fleurs blanches qui sont pollinisées la nuit. L’émission de leur parfum en début de nuit renforce leur attractivité, c’est aussi le moment où leur pollen est le plus accessible. Ainsi les Platanthera, belles orchidées blanches de nos sous-bois, sont visitées par le sphinx de l’épilobe et sans doute d’autres papillons de nuit.
On nomme pyrales des papillons de nuit, plutôt de taille assez petite, des familles Crambidae et Pyralidae. Les différences entre ces deux familles me paraissent bien subtiles et compliquées, affaire de spécialistes… Je crois comprendre que les Crambidae ont souvent de grands palpes portés vers l’avant et les Pyralidae un « museau » plus court, mais ça ne marche pas à tous les coups. Donc quand je trouve un papillon qui a une allure de pyrale, je cherche dans les deux familles (et ailleurs si je fais chou blanc !…). Les pyrales sont souvent nuisibles aux cultures, on les désigne alors selon l’espèce ravagée : la pyrale du maà¯s, la pyrale du haricot, la pyrale du buis, la pyrale du tournesol…
Pyrausta aurata, la pyrale de la menthe, est un joli papillon de nuit qui vole le jour. Il s’intéresse aux menthes, aux origans ou aux nepetas que consomment ses chenilles.
Et histoire de compliquer encore un peu plus les choses, la « pyrale de la vigne » dont le papillon mange les grappes n’est ni un Crambidae ni un Pyralidae, mais un Tortricidae !
C’est en fermant les volets que j’ai trouvé, sur la vitre de la fenêtre du salon, ce papillon de nuit aux reflets argentés. Pour un papillon de nuit, la posture n’est pas commune ! La phalène brumeuse est l’une des rares espèces à assembler ainsi les ailes au repos, comme le font communément les papillons de jour.
Des milliers d’écailles brillantes ornent ses ailes. Ce mâle a déjà un peu vécu, car il commence à lui manquer des écailles. Sa femelle, dépourvue d’ailes fonctionnelles, ne lui ressemble pas du tout. Elle se tient sur les troncs des arbres où elle attire les mâles par l’émission de phéromones. Les œufs qu’elle pond sur les rameaux résistent au gel et écloront en avril.
Quand il étale ces ailes, le mâle est d’un gris terne assez uniforme, plus ou moins brun selon les individus.
Au printemps, les chenilles arpenteuses de cette espèce consomment les feuilles d’arbres ou d’arbustes à leur convenance. Et elles ne sont pas difficiles : entrent à leur menu les arbres fruitiers, les groseilliers et framboisiers, les chênes, charmes, ormes, frênes, hêtres, érables, châtaigniers… Pour la nymphose qui se passe sous terre, elles se laissent descendre au bout d’un long fil de soie jusqu’au sol. Ce sont elles qui vous gâchent le plaisir de la promenade printanière en forêt lorsqu’elles sont nombreuses. Cette espèce très polyphage est aussi très commune, on la trouve partout où poussent des arbres. Peut-être est-elle aussi dans votre jardin ? Comme le mâle est attiré par la lumière, il suffit pour le savoir d’observer les nuits de décembre les murs éclairés par les lampadaires.
Retrouvez d’autres portraits de papillons de nuit :
Ce sont les noms vernaculaires des femelles de deux espèces de papillons assez proches morphologiquement appartenant à la famille des Nymphalidae : Lasiommata maera (l’Ariane) et Lasiommata megera (la Mégère). Les mâles portent des noms différents des femelles : le Satyre et le Némusien. Je vous laisse le soin de les apparier…
La Mégère se distingue de l’Ariane par la présence d’une bande fauve orangée, positionnée au dessus des ocelles sur la face supérieure des ailes postérieures. Sur les ailes postérieures de l’Ariane, seules les ocelles sont entourées d’un halo coloré.
Une étude hollandaise à grande échelle sur la diversité et l’abondance des papillons de jour depuis 1990 permet de dessiner des tendances et d’émettre des hypothèses quant aux causes des changements constatés.
Tout d’abord, si de nombreuses espèces sont en net déclin, toutes ne le sont pas. Ainsi, le Tyrcis tire son épingle du jeu et ses effectifs progressent nettement. Une autre étude montre que l’espèce serait capable de s’adapter à la raréfaction des haies qu’il affectionne et à la fragmentation de son habitat, en améliorant ses performances de vol.
La raréfaction de la plante-hôte de la chenille est très certainement une explication pour le déclin de certaines espèces autrefois communes. C’est le cas du Citron, papillon inféodé à deux arbustes indigènes qui poussent dans les haies, la bourdaine et le nerprun.
Pour la chute des effectifs de la Petite tortue, il s’agit d’autre chose, car les orties qui nourrissent ses chenilles prolifèrent au bord des champs et dans les friches, en raison des fertilisations azotés, de l’épandage des lisiers, des dépôts de déchets verts, de la non-exportation des coupes… C’est plutôt dans la qualité et l’abondance des nectars, source de nourriture des papillons, que se trouve l’explication. Là encore, les pratiques agricoles sont pointées du doigt : fertilisation des prairies, désherbage et labour des bords de champs amenuisent la diversité florale et font se raréfier les fleurs des meilleures espèces nectarifères.
J’ai profité d’une dernière belle journée de novembre pour voir si les plates-bandes fleuries du potager fruitier du château de La Roche-Guyon étaient encore visitées par des insectes. Je croyais rencontrer des bourdons sur les fleurs des grands tithonias, mais à ma grande surprise, c’est un papillon qui s’est présenté ! Celui-ci est brun avec de longs poils bleus sur le dessus du corps et des ailes ; deux ocelles noirs encadrent une fine queue sur chaque aile postérieure. C’est l’azuré porte-queue. Je ne l’avais encore jamais vu ! Sa chenille consomme de nombreuses espèces de fabacées : pois, luzernes, ajoncs, baguenaudier…
Au revers, il est brun marbré de beige avec une barre claire bien marquée sur l’aile postérieure. Quelques écailles vertes illuminent ses ocelles.
Un grand migrateur
Ce papillon est commun dans le sud de la France, on le trouve dans les cultures, les friches, les prairies, les jardins. Malgré sa petite taille, c’est un bon migrateur et il ne passe pas l’hiver dans notre région. Cette espèce a été vue l’été dernier à Montreuil ; peut-être fréquente-t-elle aussi Cergy-Pontoise ? Il faudra patienter jusqu’à l’été prochain pour prospecter car les observations se font généralement entre aoà»t et octobre…