Tout en rouge et blanc, il est arrivé par la voie des airs jusqu’à ma fenêtre, la nuit de Noà«l. Serait-ce le Père Noà«l des insectes ?
C’est un Ophion, de la famille des Ichneumonidae. Les trois billes noires qu’il porte sur sa tête entre ses yeux sont ses ocelles. Elles sont particulièrement développées, car cet insecte est de mœurs nocturnes. Les ocelles sont sensibles aux variations de lumière.
Les ophions sont des parasites des chenilles, de noctuelles paraît-il. Ces hyménoptères de grande taille au vol lent sont observés couramment car ils sont attirés en hiver par la lumière des maisons. Il est recommandé de ne pas les prendre dans la main, car ils peuvent piquer pour se dégager. Leur venin est moins puissant que celui des guêpes, mais tout de même…
Le père Noà«l des insectes aurait-il garé là son renne magique ?
« Auximore, cultivons les auxiliaires » est un projet piloté par la Chambre d’agriculture de Picardie qui rassemble les compétences de prestigieux partenaires : ACTA, Agroof, Arvalis, CETIOM, CETU Innophyt, Chambre d’agriculture de Charente maritime, INRA, Muséum national d’Histoire naturelle, Université de Lorraine.
Le site d’Arena Auximore, fort bien fait, présente une série de fiches à l’usage des agriculteurs pour guider leur choix dans la mise en place de plantations favorables aux auxiliaires. Parmi ces fiches, je vous recommande cette liste de 107 plantes, sauvages ou cultivées, avec l’indication pour chacune d’elles des services rendus dans le contrôle des ravageurs.
Bien que ces recommandations s’adressent aux acteurs du monde agricole, ces connaissances partagées seront aussi très utiles aux jardiniers, qu’ils soient professionnels ou amateurs.
Le nectar facilement accessible du fenouil est apprécié des coccinelles, des syrphes et du coléoptère auxiliaire Ragonycha fulva. Pour toute cette petite faune, laissons fleurir au jardin les carottes, fenouils, cerfeuils, panicauts et autres apiacées.
La floraison tardive du lierre est attractive pour de nombreuses espèces pollinisatrices. Une haie variée et fleurie est le meilleur atout pour la protection biologique du jardin.
Les trèfles, les luzernes, le sainfoin et les fabacées en général nourrissent de nombreuses espèces de papillons et d’hyménoptères pollinisateurs ou parasitoà¯des. Un gazon sans trèfles, c’est une misère pour les auxiliaires.
Que s’est-il donc passé au pied de cet arbre pour que le sol soit aussi noirci ?
Les responsables, ce sont ces pucerons et leur miellat abondant qui est tombé au sol et sur les feuilles des plantes basses. Des moisissures se sont développées sur ce miellat et ont formé ce dépôt noir que l’on nomme fumagine.
Voici l’un de ces pucerons de grande taille (5 mm). L’ornementation caractéristique de leur abdomen confirme l’espèce Tuberolachnus salignus, le puceron géant du saule.
Chaque année à la sortie de l’hiver, le puceron géant du saule disparaît. On le voit à nouveau sur les saules à partir de juillet. Où est-il passé entre temps ? Personne ne le sait. Au printemps prochain, c’est décidé, je vais en suivre un pour le découvrir.
Florilèges prairies est un programme de sciences participatives sur la connaissance botanique des prairies urbaines. Il s’adresse aux gestionnaires d’espaces verts et naturels. Ses co-fondateurs sont Plante et Cité, le Muséum national d’Histoire naturelle, Natureparif, l’Observatoire Départemental de la Biodiversité Urbaine de Seine-Saint-Denis et le Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien.
Comme chaque année, les participants ont été conviés à une réunion de restitution : plus de 60 personnes étaient présentes lors de la journée du 6 décembre 2016 au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris pour s’informer des résultats du protocole.
276 prairies ont été suivies par leurs gestionnaires en 2016 en France. Sur Cergy-Pontoise, cela a concerné le parc François-Mitterrand à Cergy, le verger du parc de Grouchy à Osny et quatre sites à Vauréal.
Le protocole permet de mesurer des indicateurs de la qualité des prairies, parmi lesquels la typicité (pourcentage d’espèces typiques des prairies) et la richesse spécifique (nombre d’espèces du guide d’identification observées dans le cadre du protocole).
L’analyse sur plusieurs années d’un grand nombre de relevés et les retours d’expérience permettent de tirer les enseignements suivants :
Comment favoriser une prairie typique ?
Il faut surtout éviter la fauche précoce, et ne pas faucher plus de deux fois par an. En pratique, il faut s’abstenir de faucher en avril, mai et juin pour permettre la montée à fleurs et la production de graines des espèces prairiales.
Comment favoriser la biodiversité des prairies ?
Les prairies typiques ne présentent pas de végétaux ligneux et leur hauteur est de l’ordre d’un mètre. Une seule fauche par an, en automne, est le meilleur moyen d’assurer le bon déroulement du cycle de vie des habitants des prairies.
Ne pas faucher en avril, mai et juin permet notamment d’épargner les couvées des oiseaux nichant au sol et la reproduction de nombreux insectes.
Le pâturage a un effet positif sur les papillons spécialistes. Mais en cas de surcharge, il peut avoir des effets négatifs sur la biodiversité.
L’exportation des produits de fauche est à privilégier pour les prairies installées sur un sol naturellement pauvre (cas des pelouses à orchidées par exemple) afin de ne pas enrichir ce sol, ce qui favoriserait des espèces plus banales au détriment des espèces patrimoniales.
Instaurer une zone de refuge sans intervention dans chaque prairie et changer son emplacement chaque année facilite la survie de nombreuses espèces.
Encore une qui voulait rentrer chez moi. Les chrysopes, qui ont perdu leur belle teinte verte, cherchent un abri avant l’arrivée des grands froids. Celle-ci était déjà un peu engourdie, j’en ai profité pour lui tirer le portrait.
Au printemps les chrysopes se réveilleront, retrouveront leurs couleurs et reprendront leurs activités de brouteuses de pollen. Les femelles iront pondre au plus près des colonies de pucerons.
Lees œufs de chrysopes sont singuliers : ils sont toujours ainsi déposés au bout d’un filament souple produit par la femelle.
Cliquez sur l’image pour comprendre pourquoi on surnomme la larve du chrysope le lion des pucerons.
Je suis allé aux 8èmes rencontres naturalistes franciliennes prendre des nouvelles de la biodiversité de notre région : l’arrivée du castor dans l’Essonne, la reproduction du circaète (un rapace qui ne se nourrit que de reptiles) à Fontainebleau, la découverte de plantes rares dans les mouillères du Gatinais, bref plein de nouvelles réjouissantes… Grégoire Loà¯s, le directeur de VigieNature, a stupéfié l’auditoire avec une communication sur les strepsiptères, les plus étranges des insectes. Figurez-vous, Alien est un agneau à côté du strepsisptère !
Cet insecte passe l’essentiel de sa vie dans le corps d’une guêpe ! Seule la tête dépasse entre deux segments abdominaux de l’infortunée guêpe parasitée. Les femelles strepsiptères n’ont pas d’yeux, ni de bouche, pas de pattes non plus, pas d’ailes, pas d’antennes. C’est juste un sac mou qui se nourrit de l’hémolymphe de son hôte par perméabilité cutanée.
Le mâle a des pattes, de belles antennes ramifiées et est doté d’une paire d’yeux à lentilles plus proches, paraît-il, de ceux des trilobites que des autres insectes. Il a une paire d’ailes et une paire de balanciers, mais à l’inverse des mouches, ce sont les ailes antérieures qui sont réduites à l’état de balanciers. Il vit à l’état adulte quelques heures, le temps de rencontrer une femelle. Celle-ci n’a pas de sexe et lors de la fécondation par le mâle, les spermatozoà¯des pénètrent dans son corps par des pores. Elle se remplit d’embryons qui se nourrissent de la chair de leur mère. Les jeunes larves, minuscules et munies de pattes, sortent de la dépouille maternelle et sautent sur une autre guêpe de passage.
Les guêpes parasitées – on dit stylopisées en ce cas – vont toujours visiter leur nid mais ne travaillent plus pour leur colonie. Elles finissent même par changer de sexe. La présence des parasites les a rendu zombies. Et, c’est bien connu, les zombies ont tendance à former des groupes compacts, ce qui facilite grandement les rencontres entre adultes strepsiptères mâles et femelles.
Grégoire les a compté : une guêpe poliste sur 12 en France est parasitée par les strepsiptères ! Alors j’ai ressorti mes photos de polistes, et j’en ai trouvé une qui montre une déformation typique de ce parasitisme : un segment abdominal est nettement soulevé. Malheureusement l’angle de prise de vue ne permet d’apercevoir le strepsiptère.
Je vous présente Hypena rostralis, surnommé « le Toupet » (le bien nommé !). Cela fait une semaine qu’il squatte sans vergogne l’escalier de ma cave. Cette espèce fait partie de ces bestioles qui rentrent aux premiers coups de froid dans les maisons, à défaut d’arbres creux, et cherchent un coin tranquille pour passer l’hiver. A la belle saison, il retournera dehors. Ses chenilles vertes mangent les feuilles des orties ; elles peuvent manger toutes celles de mon jardin, si elles veulent. Ce papillon de nuit a deux générations par an, à la fin du printemps et en automne.
Je lui ai tiré le portrait, j’aime beaucoup sa coiffure en écailles.
Les punaises vertes ont aussi leurs couleurs d’automne : elles virent au brun. C’est sans doute qu’ainsi elles sont mieux camouflées quand la végétation qui les abritent n’est plus verdoyante.
Nezara viridula est la plus fréquente des grandes punaises vertes. Cosmopolite d’origine africaine, elle est en progression en France depuis 1990. Voyez-vous, à la base de son scutellum, ces 3 points clairs alignés et les deux points noirs qui les encadrent ? C’est sa signature. Ajoutons à cela que la membrane à l’arrière de son corps est transparente.
Une membrane enfumée : c’est Palomena prasina, une autre punaise verte très commune également, surtout dans les bois. On ne retrouve pas chez cette espèce l’alignement des points clairs et sombres typique de Nezara viridula.
Les larves de ces deux espèces sont plus faciles à différencier : celles de Palomena prasina sont toujours vertes, avec parfois un peu de bleu.
Les larves de Nezara viridula sont au contraire très constratées.
Cette punaise Nezara est surprise en pleine mue : elle est en train de s’extraire de l’enveloppe du dernier stade larvaire (le stade V). Les membranes commencent à se déployer, bientôt elle pourra voler.
Et la situation est alarmante : sur les 135 espèces répertoriées pour l’Ile-de-France, 18 ont disparu et 33 sont menacées. Alors que faire pour préserver les papillons ? Bien gérer les réserves naturelles est indispensable pour sauver les espèces rares en danger, mais cela ne suffit pas. Il faut aussi restaurer les zones dégradées, aménager des corridors écologiques pour les papillons et diffuser largement les bonnes pratiques de gestion.
La plupart des espèces de papillons menacées en Ile-de-France vivent dans les espaces herbeux, les enjeux de conservation sont donc là . Le pâturage bien conduit permet de lutter contre le boisement des prairies et peut être un excellent moyen de maintenir ces espaces ouverts et riches en papillons. La fauche tardive avec des espaces refuges est aussi un procédé favorable. Et bien sà»r, il faut s’abstenir de recourir aux pesticides. N’oublions pas aussi que la gestion différenciée appliquée à la parcelle renforce toujours le potentiel de biodiversité : un coin de nature sauvage dans chacun de nos parcs, de nos squares et de nos jardins (publics et privés), voilà qui serait vraiment utile aux papillons.
Lasiommata maera, l’Ariane, est classé AR (assez rare) en Ile-de-France. Il a été photographié dans le jardin du CAUE 95, au moulin de la Couleuvre à Pontoise. Cette espèce aime les expositions chaudes et les escarpements rocheux.
Pararge aegeria, le Tircis, est classé TC (très commun). Il est facile à observer en lisière de boisement.
Aphantopus hyperanthus, le Tristan, est classé AC (assez commun). C’est une espèce forestière.
Ces trois papillons font partie des 52 espèces de la catégorie LC (préoccupation mineure) qui rassemble les papillons les moins menacés pour notre région.
Le caractère distinctif des membres de la famille des Syrphidae réside dans la présence de la vena spuria (voir l’image ci-dessous), ce pli qui longe la nervure médiane.
En vol, les syrphes ont la capacité de se maintenir sur place grâce à un battement des ailes très rapide. Ils présentent souvent une livrée rayée qui rappelle celle des guêpes, ou des frelons pour les plus grosses espèces. On observe facilement les adultes sur les fleurs.
La famille des Syrphidae est très vaste : on dénombre pas moins de 500 espèces en France. J’ai choisi de vous en montrer dix, communes à Cergy-Pontoise et assez faciles à reconnaître. Elles ont des mœurs très différentes.
Voici tout d’abord quatre espèces dont les larves consomment des pucerons.
Les larves saprophages des trois espèces suivantes ont une vie aquatique. Elles vivent dans les eaux très chargées en matière organique.
Pour d’autres espèces, les larves sont commensales dans des nids de bourdons, ou de guêpes. Elles y consomment des déchets et des cadavres. C’est le cas des volucelles.
Retrouvez quelques-uns de nos articles présentant des syrphes :