L'actualité de la Nature

Faut-il piéger le frelon asiatique ?

Vespa velutina, le frelon asiatique © Gilles Carcassès

On voit circuler sur internet des recettes de pièges prétendus sélectifs pour capturer des reines de frelons asiatiques au printemps, voire des appels à  généraliser ce type de pratique. Or, des études scientifiques ont clairement démontré l’inefficacité de ces piégeages sur la dynamique des populations de frelons asiatiques, et les spécialistes des insectes insistent sur les impacts négatifs de ces pièges sur les insectes pollinisateurs. C’est pourquoi l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) appelle à  l’arrêt de ces piégeages de printemps :

L’article de l’Opie « Frelon asiatique : le piégeage tue trop de pollinisateurs »

Rappelons les recommandations des scientifiques :

  • S’abstenir de piéger les femelles fondatrices
  • Détruire les colonies le plus tôt possible jusqu’à  mi-novembre,
  • Protéger les ruches par des muselières (cages grillagées devant la planche d’envol),
  • Piéger uniquement aux abords des ruches, à  partir de juin, et seulement en cas de prédation par les frelons asiatiques.

Retrouvez notre article sur les deux espèces de frelons.

La position du Museum national d’Histoire naturelle (article du 22 mars  2017) sur le piégeage du frelon asiatique

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Chenilles en processions

Procession de chenilles © CACP – Gilles Carcassès

Mon collègue du conseil départemental du Val d’Oise m’a signalé la présence de ces chenilles. Vérification faite, ce sont bien des chenilles processionnaires du pin, au dernier stade. En file indienne, elles descendent le long des troncs des pins et explorent le sol à  la recherche d’un endroit propice pour s’enterrer et se nymphoser. Ce sont des retardataires, car les processions ont lieu plutôt en février et mars. Les papillons émergeront en été pour donner naissance à  une nouvelle génération.

Chenilles de la processionnaire du pin © CACP – Gilles Carcassès

Ces chenilles sont urticantes et il ne faut pas s’en approcher et encore moins les manipuler. Ce ne sont pas leurs longues soies brunes ou blanches qui sont urticantes, mais de minuscules aiguillons barbelés mesurant moins de 1 mm de long qui tapissent des replis de peau sur le dos de la chenille, que l’on nomme miroirs. Ceux-ci, de couleurs sombres et assez luisants sont visibles sur ma photo entre les touffes de poils bruns. Il y aurait au moins 120 000 de ces aiguilllons urticants par miroir, soit plus d’un million par chenille. Les chenilles les expulsent quand elle se sentent agressées, par l’ouverture des miroirs. Ces aiguillons sont tellement légers qu’ils peuvent rester en suspension dans l’air. Le venin dont ils sont enduits provoque des irritations et des démangeaisons, et même dans certains cas de graves réactions allergiques.

Avec l’arrivée des belles journées, si vous êtes tentés par une sieste en plein air ou un déjeuner sur l’herbe, évitez donc le voisinage immédiat des pins. Tant que vous y êtes, évitez donc aussi celui des chênes, car la chenille processionnaire du chêne, tout aussi urticante, est également présente à  Cergy-Pontoise.

Tout savoir sur la mécanique des miroirs urticants (un article du blog de Jean-Yves Cordier)

Retrouvez notre article sur l’avancée de la chenille processionnaire du pin et celui sur les moyens de lutte biologique contre ce ravageur.

L'actualité de la Nature

Suivons les vulcains

Vulcain au parc de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Natureparif porte à  notre connaissance un programme de suivi international de la migration des vulcains. Pour participer, il suffit de s’inscrire sur l’un des portails régionaux du réseau VisioNature (pour l’Ile-de-France : http://www.faune-iledefrance.org/) et d’y consigner vos observations.

Toutes les informations sur ce programme de sciences participatives sont ici : insectmigration. On peut aussi utiliser des applications mobiles à  télécharger dans ce site.

Retrouvez notre article sur le vulcain, cet incroyable migrateur.

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La punaise de l’aubépine

La photo mystère de mars 2017 n’était pas une tortue ninja, ni une langue au chat. Rien à  voir non plus avec Hulk. Merci à  tous ceux qui ont joué et bravo à  Siegried qui, le premier, a su identifier la bête !

Acanthosoma haemorrhoidale – Courdimanche © CACP – Gilles Carcassès

Ici photographiée sur le revers d’une feuille de cotonéaster, cette grande punaise verte et rouge a une préférence pour les fruits des aubépines, mais on peut la trouver sur d’autres arbres ou arbustes. C’est l’une des punaises les plus communes dans les haies. Les adultes passent l’hiver dans les feuilles mortes. Comme beaucoup d’autres punaises, elle sécrète un liquide malodorant si on l’importune.

Agenda

Notre exposition sur les papillons

Voici notre dernière production : 14 panneaux A3 sur les papillons de jour que l’on peut facilement observer à  Cergy-Pontoise. Douze espèces sont illustrées, parmi celles-ci, la belle-dame, le vulcain, le moro-sphinx, l’aurore, la carte géographique,  le brun du pélargonium, le paon du jour, qui ont chacune déjà  fait l’objet d’un article dans notre blog.

Pour tous renseignements et pour réserver cette exposition, écrivez-nous à  biodiversite@cacp.fr

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Le petit silphe noir, tueur d’escargots

Phosphuga atrata, le petit sylphe noir- Boisemont © CACP - Gilles Carcassès
Phosphuga atrata, le petit silphe noir – Boisemont © CACP – Gilles Carcassès

Si j’étais un escargot, je ferais demi-tour ! Ce petit silphe noir a une tête étroite qui lui permet d’explorer les coquilles d’escargots. Il mord sa proie, lui injecte un suc digestif toxique et le mange. On ne le voit pas souvent car il est discret le jour, se cachant sous des écorces ou dans le bois mort. Il fréquente les forêts, les bosquets et les jardins. Ce coléoptère commun dans de nombreux milieux est peu étudié par les entomologistes car il ne peut servir de bio-indicateur. Du coup, on sait assez peu de chose de sa biologie.

Silpha carinata, le silphe commun © CACP - Gilles Carcassès
Silpha carinata, le silphe commun – forêt de Saint-Germain-en-Laye © CACP – Gilles Carcassès

Voici une espèce proche, un peu plus grande, également de la famille des Silphidae. On rencontre Silpha carinata en forêt près des limaces écrasées et sous les cadavres de petits animaux. Sa larve se nourrit de charognes.

Pour différencier aisément ces deux espèces très ressemblantes, il faut bien observer la forme des quatre derniers articles des antennes.

© CACP - Gilles Carcassès
Comparez les antennes : à  gauche Phosphuga atrata, à  droite Silpha carinata © CACP – Gilles Carcassès
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J’ai un problème de noisettes

Noisettes trouées © CACP - Gilles Carcassès
Noisettes trouées © CACP – Gilles Carcassès

Le responsable de ces dégâts est le balanin, un petit charançon dont la larve me confisque la récolte dévolue à  la confection de mes gâteaux aux noisettes.

Curculio nucum, le balanin des noisettes © CACP - Gilles Carcassès
Curculio nucum, le balanin des noisettes (sur un tout petit sédum) © CACP – Gilles Carcassès

A l’aide de son rostre allongé, le balanin femelle perce l’involucre des noisettes vertes puis y introduit un oeuf. La larve, lorsqu’elle a consommé tout l’intérieur de la noisette, fore la coquille et se laisse tomber au sol pour se nymphoser sous la litière où elle restera plusieurs années. L’adulte émerge au printemps, se nourrit de divers végétaux et grimpe dans les noisetiers quand les noisettes sont formées. Le balanin peut compromettre 80 % de la production d’un verger de noisetiers.

Heureusement, j’ai trouvé une parade biologique.

Reine de la nuit, experte en balanins © CACP - Gilles Carcassès
Reine de la nuit, experte en balanins © CACP – Gilles Carcassès

En grattant sous les noisetiers à  la recherche des larves et des adultes, mes deux poules ont régulé la population du ravageur. Quelques noisettes sont encore véreuses, mais beaucoup moins qu’avant.

Ma récolte 2016 de noisettes © CACP - Gilles Carcassès
Ma récolte 2016 de noisettes  ! © CACP – Gilles Carcassès

Cette année, on va pouvoir faire des gâteaux aux noisettes.

Le projet « biocontrôle du balanin de la noisette », par l’INRA (2016)

Le BSV Noisette (aoà»t 2016)

© CACP - Gilles Carcassès
Affichage au poulailler © CACP – Gilles Carcassès

La clé du succès : la formation des poules.

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La processionnaire du chêne

Nid de chenilles processionnaires du chêne - Jouy-le-Moutier © CACP - Gilles Carcassès
Nid de chenilles processionnaires du chêne (Thaumatopoea processionea) – Jouy-le-Moutier © CACP – Gilles Carcassès

Sous cette branche charpentière d’un chêne rouge d’Amérique, les chenilles processionnaires ont construit en été un solide nid de soie en forme de poche appliquée sur l’écorce. Elles se sont nymphosées à  l’intérieur, les papillons ont émergé en aoà»t et les femelles ont pondu sur les rameaux. Leurs œufs n’écloront qu’au printemps au moment du débourrement de l’arbre, et les chenilles se nourriront des feuilles.

Ces nids qui contiennent encore les chrysalides vides peuvent rester fixés plusieurs années. Comme ils contiennent beaucoup de poils urticants des chenilles, il ne faut surtout pas les manipuler sans équipement de protection. Cette persistance du pouvoir urticant fait que ces chenilles restent dangereuses après leur mort parfois durant plusieurs années, c’est pourquoi les élagueurs peuvent être exposés en toute saison.

Dans les secteurs fréquentés par du public, en cas de fortes infestations, il peut être utile de traiter au printemps les très jeunes chenilles avant leur stade urticant. Il faut pour cela surveiller la végétation des chênes, car il convient d’intervenir dès que les jeunes feuilles sont suffisamment déployées pour recueillir le produit de traitement que les chenilles vont consommer. Le produit à  utiliser est une toxine du bacille de Thuringe, c’est un produit de biocontrôle autorisé en espaces verts.

Les pièges d’interception sur le tronc, utilisés pour les chenilles processionnaires du pin, sont inopérants pour la processionnaire du chêne car cette espèce ne descend pas au sol.

En ce qui concerne la lutte par confusion sexuelle ou par capture des papillons mâles, l’INRA, associé à  l’ONF, a commencé en 2016 des tests de molécules de phéromones (1). Il faudra attendre encore quelques années avant de disposer de ces produits.

Comme pour les chenilles processionnaires du pin, l’installation de nichoirs à  mésanges peut aider à  réguler les populations de ce ravageur.

La chenille processionnaire du chêne se nourrit des feuilles des chênes de différentes espèces. Parfois, elle s’en prend aussi aux charmes et aux bouleaux.

(1) Des phéromones testées en forêt contre la processionnaire du chêne, par Forestopic (2016)

 

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La sortie de l’empereur

J’ai observé cette exuvie dans les collections pédagogiques de la Maison de la nature de Vauréal. Il s’agit de la dépouille d’une nymphe de grande libellule, abandonnée après sa sortie de l’eau. Elle a été trouvée fixée à  une tige d’herbe au bord d’un bassin du Domaine national de Marly-le-Roi.

Exuvie d'un Anax imperator © Gilles Carcassès
Exuvie © Gilles Carcassès

L’adulte s’est extrait en déchirant le dos de l’enveloppe de la nymphe, désormais vide.

Le masque de l'Anax imperator © Gilles Carcassès
Le masque de l’exuvie © Gilles Carcassès

Placée sur le dos, cette exuvie montre sous sa tête le masque articulé qui sert à  la larve aquatique pour capturer ses proies. Il manque deux pattes à  l’exuvie, elles sont peut-être restées accrochées dans l’herbe sur le lieu de la découverte. Sur cette photo, on voit très bien les ébauches des quatre ailes, en arrière des pattes.

Les critères de détermination pour l'exuvie d'Anax imperator © Gilles Carcassès
Les critères de détermination pour l’exuvie d’Anax imperator © Gilles Carcassès

Armé du guide de détermination, je mesure, compare, calcule… J’arrive facilement à  la famille des Aeschnidae, caractérisée par le grand masque plat.

Le genre Anax est confirmé par la forme de la bordure arrière des yeux.

Pour aller à  l’espèce, il faut observer les proportions du masque, et la taille de « l’expansion de l’épiprocte »(heureusement qu’il y a des illustrations dans le guide !).

Le rapport de la longueur sur la largeur maximale du masque est de l’ordre de 1,5 et la longueur de l’expansion de l’épiprocte est égale à  la moitié de la longueur des cerques qui l’entourent. Ouf! On y est, il s’agit d’un mâle d’Anax imperator. Chouette, encore une enquête résolue.

Anax imperator, ici une femelle en ponte © Gilles Carcassès
Anax imperator, ici en ponte dans la végétation d’une mare © Gilles Carcassès

Le petit agrion bleu derrière cet Anax imperator donne l’échelle : c’est l’une des plus grandes libellules d’Europe. On la rencontre couramment sur nos bassins et étangs de Cergy-Pontoise, notamment au parc François-Mitterrand à  Cergy.

Un sympetrum adulte émerge de la nymphe sortie de l'eau © Gilles Carcasses
Un Sympetrum sp. adulte en train d’émerger de la nymphe sortie de l’eau, au parc François-Mitterrand à  Cergy © Gilles Carcassès

Retrouvez notre article sur la découverte à  l’île de loisirs de Cergy-Pontoise d’une exuvie d’Aeshna mixta, une autre espèce de grande libellule (voir notamment le schéma de fonctionnement du masque)

Pourquoi l’étude des exuvies est indispensable pour caractériser la reproduction des espèces d’odonates, par Cettia Ile-de-France

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Le Flambé

Vous rappelez-vous les papillons qui se chauffent au soleil de l’été ? Les jours rallongent maintenant, courage, ce sera bientôt là  !

Iphiclides polidarius, le Flambé © Gilles Carcassès
Iphiclides podalirius, le Flambé © Gilles Carcassès

Le Flambé est un papillon assez commun en Ile-de-France mais son habitat dispersé lui vaut son statut de « quasi menacé » sur la liste rouge régionale des papillons de jours. Il fréquente les landes, les friches buissonnantes, les haies et les lisières forestières car sa plante hôte préférée est Prunus mahaleb, une sorte de prunellier qui pousse dans ces milieux.

En Val d’Oise, c’est dans la Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine (La Roche-Guyon) que l’on aura le plus de chance de le rencontrer, en mai, puis en aoà»t pour la deuxième génération. Au jardin, on observe ce papillon sur les fleurs des buddleias qui semblent l’attirer particulièrement, et sur la lavande.

La fiche du Flambé dans l’Atlas des papillons de jour et des zygènes d’IdF