Si j’étais un escargot, je ferais demi-tour ! Ce petit silphe noir a une tête étroite qui lui permet d’explorer les coquilles d’escargots. Il mord sa proie, lui injecte un suc digestif toxique et le mange. On ne le voit pas souvent car il est discret le jour, se cachant sous des écorces ou dans le bois mort. Il fréquente les forêts, les bosquets et les jardins. Ce coléoptère commun dans de nombreux milieux est peu étudié par les entomologistes car il ne peut servir de bio-indicateur. Du coup, on sait assez peu de chose de sa biologie.
Voici une espèce proche, un peu plus grande, également de la famille des Silphidae. On rencontre Silpha carinata en forêt près des limaces écrasées et sous les cadavres de petits animaux. Sa larve se nourrit de charognes.
Pour différencier aisément ces deux espèces très ressemblantes, il faut bien observer la forme des quatre derniers articles des antennes.
Le parc François-Mitterrand, depuis les travaux de rénovation écologique, est devenu un haut lieu de la biodiversité ordinaire. Cela n’a pas échappé à quelques étudiants au sens artistique développé.
Très bruyantes et bien visibles, une cinquantaine de mouettes rieuses ont établi leur quartier d’hiver dans le parc, comme l’an dernier. Elles sont venues d’Europe du Nord et de l’Est, attirées par la douceur du climat. Je guette depuis début décembre le retour de nos habituées de Pologne, de Belgique et de Tchéquie.
Cliquez sur l’image pour lire le numéro de la bague posée par le Muséum de Prague : ES 15.728 est bien là ! Cette native de Vojkovice était déjà venue en janvier 2015.
D’autres habitants du parc sont plus discrets en cette saison.
Sur le tronc de ce cèdre, chaque fissure est mise à profit. Les gendarmes se pressent les uns contre les autres dans ces abris en attendant le retour des beaux jours. Mais regardez bien, ne dirait-on pas qu’une autre espèce, avec un point blanc tout rond sur la membrane noire, occupe aussi les lieux ?
Effectivement, quelques Melanocoryphus albomaculatus ont rejoint les troupes de gendarmes. Ces punaises consomment les fruits des Astéracées, notamment ceux des séneçons. Les gendarmes, quant à eux, se nourrissent des fruits des tilleuls et aussi des mauves. Ici, point de tilleuls à proximité, mais une très belle prairie riche en mauves et en séneçons.
Une coccinelle asiatique, retardataire, inspecte les fissures du tronc et cherche un logement encore vacant pour se mettre à l’abri du froid. Tu t’y prends bien tard, petite coccinelle…
« Auximore, cultivons les auxiliaires » est un projet piloté par la Chambre d’agriculture de Picardie qui rassemble les compétences de prestigieux partenaires : ACTA, Agroof, Arvalis, CETIOM, CETU Innophyt, Chambre d’agriculture de Charente maritime, INRA, Muséum national d’Histoire naturelle, Université de Lorraine.
Le site d’Arena Auximore, fort bien fait, présente une série de fiches à l’usage des agriculteurs pour guider leur choix dans la mise en place de plantations favorables aux auxiliaires. Parmi ces fiches, je vous recommande cette liste de 107 plantes, sauvages ou cultivées, avec l’indication pour chacune d’elles des services rendus dans le contrôle des ravageurs.
Bien que ces recommandations s’adressent aux acteurs du monde agricole, ces connaissances partagées seront aussi très utiles aux jardiniers, qu’ils soient professionnels ou amateurs.
Le nectar facilement accessible du fenouil est apprécié des coccinelles, des syrphes et du coléoptère auxiliaire Ragonycha fulva. Pour toute cette petite faune, laissons fleurir au jardin les carottes, fenouils, cerfeuils, panicauts et autres apiacées.
La floraison tardive du lierre est attractive pour de nombreuses espèces pollinisatrices. Une haie variée et fleurie est le meilleur atout pour la protection biologique du jardin.
Les trèfles, les luzernes, le sainfoin et les fabacées en général nourrissent de nombreuses espèces de papillons et d’hyménoptères pollinisateurs ou parasitoà¯des. Un gazon sans trèfles, c’est une misère pour les auxiliaires.
Avec sa belle couronne de points blancs, je l’appelle la reine des coccinelles. Elle vit dans les hauteurs des arbres, c’est pourquoi elle plus rarement observée que d’autres coccinelles. Cette espèce est timide et se laisse volontiers tomber si elle est inquiétée. Comme je me suis déjà fait avoir, j’e l’ai approchée avec beaucoup de douceur pour la photographier.
Il n’existe qu’une seule espèce du genre Vibidia en Europe. Voici donc Vibidia duodecimguttata, la petite coccinelle orange à douze points.
Cette espèce n’est pas une carnassière, les pucerons n’ont rien à craindre d’elle. Elle broute les moisissures qui poussent sur les feuilles des arbres, notamment l’oà¯dium.
J’ai encore agacé un insecte avec ma manie de photographier tout ce qui bouge. Ce staphylin odorant cherche à m’intimider : ses mandibules écartées sont prêtes à me mordre si je l’attrape, et l’extrémité de son abdomen relevé déploie ses glandes odorantes blanches. Cet insecte nécrophage aux mœurs nocturnes ne sent pas la rose… On dit qu’il ne mange pas que des cadavres : quantité de petits insectes, des vers et des mollusques seraient aussi à son menu.
Je ne peux vous montrer une deuxième photo, car il n’a pas demandé son reste. Et ce grand chasseur court vite ! Il s’est glissé dans un trou sous la litière et n’est pas reparu.
Rhagonycha signifie « aux ongles fendus ». Il faudrait regarder de bien près ! Pour reconnaître cette espèce, les critères sont les suivants : longues antennes noires, thorax roux uni et brillant, élytres brun-roux aux extrémités noires, pattes rousses aux tarses noirs.
Le téléphore fauve est l’un des coléoptères les plus courants sur les ombelles en été. Ces coléoptères se nourrissent de pollen mais aussi de pucerons et d’autres petits insectes qui visitent les fleurs. Leurs larves carnivores vivent au sol et consomment des insectes et des escargots.
Jardiniers, si les téléphores fauves ont pris d’assaut les fleurs de carotte ou de berce commune dans votre jardin, réjouissez-vous : les auxiliaires sont là !
Dans le jardin du Verger à Cergy, les Rhopalapion longirostres’accouplent sur les boutons des fleurs des roses trémières. La femelle reconnaissable à son rostre très allongé va ensuite forer le bouton et insérer ses œufs au niveau des graines.
Ce petit coléoptère est en pleine expansion. Arrivé en Ardèche en 1982, cet insecte invasif a voyagé très rapidement dans les poches des jardiniers amateurs qui ramassent imprudemment des graines au hasard de leurs promenades, sans se douter qu’elles sont parfois occupées par la larve d’un ravageur. C’est sans doute le même genre de collecte touristique qui explique l’expansion rapide de la bruche du févier (les cosses géantes de cet arbre sont si décoratives !).
J’ai remarqué que tous ces couples sont assidument visités par des fourmis. Aucune agressivité de leur part : elles inspectent, elles papouillent… Et sans doute aussi, elles absorbent quelques liquides nutritifs, peut-être la sève de la plante qui s’écoule par les trous de ponte.
Les fourmis ont un comportement de mutualisme bien connu avec les pucerons : elles les protègent de leurs prédateurs et en échange se nourrissent de leur miellat. Dans le cas présent, le bénéfice pour ces petits charançons n’est pas évident. Peut-être un service de toilettage ?
Un inventaire de biodiversité se fait en plusieurs passages pour compléter les observations avec l’arrivée de nouveaux habitants. Quoi de neuf par rapport à notre visite du 22 juin 2016 ?
Avec les chaleurs de l’été, de nouvelles espèces de papillons sont apparues : le paon de jour, le vulcain, l’azuré des nerpruns.
Les ombelles des carottes sauvages sont bien épanouies et nous trouvons quantité d’insectes floricoles : Cteniopus sulphureus, Rhagonycha fulva, Trichius fasciatus, Arge cyanocrocea, Myathropa florea, Graphomya maculata…
Les larves de Arge cyanocrocea ont pour plante hôte la ronce, qui ne manque pas dans le secteur.
Les larves de la trichie fasciée se nourrissent de bois pourri. Au second plan, on aperçoit Cteniopus sulphureus, fréquent sur les fleurs de carottes. Ses larves consomment des matières végétales en décomposition.
Les larves de Myathropa florea affectionnent les eaux stagnantes. Le dessin sur son thorax lui vaut son surnom de « mouche tête de mort » ou encore « mouche Batman ».
La floraison des berces communes attire aussi de nombreux diptères.
La larve de Graphomya maculata se nourrit d’autres insectes dans l’humus des sols humides. C’est un insecte typique des bords de mares.
En repartant, nous croisons ce drôle de papillon dans une friche où pousse la tanaisie, plante hôte de la chenille de cette espèce : Gillmeria ochrodactyla.
Le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum) est présent sur notre territoire dans les vallées de la Viosne et du ru de Liesse, ainsi qu’au bord de l’Oise, dans les endroits marécageux. C’est un chardon assez élevé, aux grandes fleurs pâles et aux feuilles larges.
Voici trois bestioles surprenantes et peu courantes que l’on peut observer sur cette plante. Ces photographies ont été prises au parc de Grouchy à Osny.
Ce très joli diptère est Tephritis conura, il est inféodé à cette plante. La femelle pond dans ses boutons floraux.
Cixius cunicularius est un homoptère de la famille des Cixiidae. Il affectionne les bords de rivière, tout comme le cirse maraîcher. On le trouve sur la végétation basse.
Cet insecte déguisé en tortue verte n’est pas une punaise, mais bien un coléoptère de la famille des Chrysomelidae (vaste famille !). L’avant, c’est du côté des antennes. Ses larves consomment les feuilles de divers chardons, dont le cirse maraîcher.
22 juin 2016 : profitant d’un après-midi sans pluie, nous nous rendons à Eragny pour recenser la faune des abords du bassin de la sente des prés, qui va bientôt faire l’objet de travaux importants.
Les oiseaux sont nombreux dans les grands saules, frênes et peupliers qui dominent le bassin : nous notons le chant du pic vert, du pouillot véloce, du troglodyte, du merle, du rouge-gorge, de la grive musicienne, de la fauvette à tête noire… Près de l’eau, nous remarquons les allées et venues d’une bergeronnette des ruisseaux qui capture des moucherons.
Pour ce qui est des insectes, sans surprise, nous croisons plusieurs espèces qui accompagnent ordinairement les plantes typiques des friches nitrophiles (orties, rumex, cirses communs). C’est ainsi que nous identifions deux espèces de diptères de la famille des Tephritidae : Urophora stylata et Tephritis hyoscyami, toutes deux inféodées aux chardons.
D’autres insectes sont caractéristiques des lisières des zones boisées, comme les deux papillons observés : le Tyrcis et la Piéride du navet (dont la chenille consomme les alliaires).
Lagria hirta est un coléoptère de la famille des Tenebrionidae. Il est souvent trouvé près des arbres car sa larve se nourrit des substances végétales de la litière, on peut également l’observer dans les zones humides. Apparemment celui-ci l’a échappée belle car la déformation des élytres suggère qu’un oiseau voulait en faire son repas et lui a donné un coup de bec.
Voici un autre coléoptère, lié cette fois à la présence de bois mort : sa larve est prédatrice d’insectes xylophages. Ce thorax rouge indique qu’il s’agit d’une femelle de Tillus elongatus (le mâle de cette espèce est entièrement noir).
La liste complète des espèces que nous avons recensées autour de ce bassin est ici : Eragny 22 juin 2016