Une petite fourmi court en tous sens sur mon bras, sur ma main et sur mes doigts. Mais, petite fourmi, tu as de bien grandes antennes ! Montre moi un peu ton museau !
Ah ! C’est bien ce que je pensais, tu n’es pas une fourmi ! Les fourmis n’ont pas un tel rostre. Tu es une larve de punaise : Himacerus mirmicoides, je t’ai reconnue !
A quoi cela peut-il bien servir à une larve de punaise de ressembler à une fourmi ? Peut-être à échapper à des prédateurs qui n’apprécient pas le goà»t des fourmis, ou alors à approcher des proies qui ne se méfient pas d’un insecte à l’apparence de fourmi…
Un auxiliaire pour le jardinier
Les nabides-fourmis sont des auxiliaires de jardin efficaces, ils consomment toutes sortes de petits insectes ainsi que leurs œufs.
L’espèce est commune, y compris dans Paris, mais son déguisement fonctionne bien : elle passe souvent inaperçue.
Les Chrysididae forment une grande famille : 3000 espèces dans le Monde, plusieurs centaines en Europe, et si l’on en croit l’INPN, seulement 4 en Ile-de-France. Je soupçonne une sous-estimation qui pourrait être la conséquence de la grande méconnaissance de ces insectes. La détermination des espèces de cette famille est en effet très difficile d’après photo, car elle repose sur des détails très fins, visibles seulement avec l’insecte en main et une loupe à fort grossissement.
Aussi, je me suis fait une raison, chez les Chrysididae, j’en resterai à la famille. Cela ne m’empêche pas de m’émerveiller devant l’incroyable beauté de ces petites guêpes et de partager avec vous le plaisir de les contempler :
Celle-ci présente des épines au derrière. Elle est peut-être du genre Chrysis.
En voici une autre avec un thorax bicolore.
Bicolore aussi, mais pas les mêmes couleurs.
Les Chrysididae sont des guêpes-coucous : elles pondent dans les nids d’autres hyménoptères. Leur larve dévore la larve du locataire légitime et aussi ses provisions ! Pour observer les Chrysididae, il faut les chercher près des nids de leurs victimes potentielles : dans les joints en terre des vieux murs, par exemple. Sur les talus et les sols sableux, on repèrera les terriers des abeilles solitaires, et sur les troncs il faut surveiller les trous de sortie des galeries de coléoptères xylophages réutilisées par de petites espèces d’hyménoptères. Bien sà»r, les hôtels à insectes sont aussi de très bons endroits pour traquer les guêpes coucous !
Parfois, les guêpes coucous se font attaquer lors de leurs manœuvres d’approche des terriers. La face inférieure concave de leur abdomen leur permet alors de se rouler en boule et de se protéger ainsi des ardeurs des assaillants.
Certaines espèces échappent à ce risque d’incidents violents par un habile stratagème, digne du cheval de Troie ! Elles pondent sur les proies que leur hôte capturera pour approvisionner ses larves. C’est ainsi que l’espèce Omalus aeneus a été vu en ponte sur des pucerons. Or Omalus aeneus est la guêpe coucou d’hyménoptères du genre Pemphredon qui entassent des pucerons dans leur nid (creusé dans une tige à moelle) pour nourrir leurs larves. L’oeuf de la guêpe coucou est introduit dans le nid par l’hyménoptère victime lui-même avec ses provisions. Machiavélique, non ?
Un nouveau venu au bord du bassin du parc François-Mitterrand à Cergy ? Je n’avais encore jamais observé cette espèce qui serait pourtant assez commune en Ile-de-France.
Hoplia philanthus, nommée hoplie floricole ou hanneton argenté, est un coléoptère de la famille des Scarabaeidae. Il est parfois considéré comme un ravageur des gazons, car sa larve, semblable à celle du hanneton des jardins, consomme les racines des graminées. Son cycle de développement s’étend sur deux années. Il semble affectionner les sols sableux.
Le hanneton argenté doit son nom aux très petites écailles brillantes qui ornent son corps.
Les adultes consomment les feuilles des bouleaux et des charmes, mais ne sont pas réputés faire de gros dégâts. Leurs griffes recourbées, d’une longueur étonnante, leur servent à s’agripper aux rameaux et aux feuilles. Ils peuvent ainsi prendre tranquillement leur repas sans se faire décrocher par le vent !
J’ai trouvé ce coléoptère aux fortes mandibules en bien mauvaise posture, incapable d’escalader les parois verticales d’un caniveau en béton. Le pauvre se débattait pour éviter la noyade. Sur son thorax s’étaient réfugiés quatre acariens.
Certaines espèces d’acariens pratiquent régulièrement le covoiturage avec des coléoptères. Ils s’accrochent souvent sur les poils entre les pattes comme le montre la photo ci-dessus d’un Copris lunaris. En cas de bain forcé du coléoptère, il n’y a pas d’autres solutions que d’escalader la face dorsale ou de partir à la nage !
N’écoutant que mon courage, en dépit des grosses mandibules pointues, j’ai sauvé le coléoptère. Au passage dans ma main, j’ai pu l’observer. Les tibias des pattes antérieures en forme de pelle indiquent une vie fouisseuse. Il s’agit d’un représentant très commun de la famille des Histeridae : Hister quadrimaculatus. Il affectionne les bouses de vaches et les crottins qu’il explore à la recherche de ses proies, les larves d’autres insectes. Dans sa progression, il prend appui sur les tibias aplatis de ses autres pattes, dont les épines orientées vers l’arrière font office de système anti-retour.
Les petits passagers n’ont pas demandé leur reste : ils sont partis en courant ! J’ai déposé tout le monde dans l’herbe, assez loin du maudit caniveau.
La rue de l’écureuil, au trois quarts en passage sous dalle, encaissée entre de hauts murs, n’est pas la voie la plus verte de Cergy-Pontoise. Pourtant des plantes y prospèrent. Ces jeunes Polygonaceae ont germé dans une fissure du trottoir. Plus loin, c’est une touffe de pariétaire de Judée qui garnit la base d’un poteau à l’entrée d’une rampe de parking souterrain.
Un pied de gaillet gratteron accompagne des euphorbes des jardins et une lampsane commune au pied d’un mur. Mais quelles sont donc ces fines feuilles bleutées qui se cachent tout à droite ?
C’est une graine du grand cèdre de la résidence voisine qui a trouvé là suffisamment d’humus accumulé pour germer !
Et celle-ci ? Une coquelourde des jardins ! J’en avais planté quelques pieds dans les jardinières de la dalle il y a sept ans. Là -haut ces plantes n’ont pas duré. Mais une graine voyageuse a fait souche sur ce trottoir décidemment bien accueillant. Je l’aime bien, cette rue de l’écureuil.
Avec le programme Sauvages de ma rue, vous aussi, vous pouvez inventorier les plantes des trottoirs : avec le site dédié et le petit livre illustré en couleurs, c’est un vrai jeu d’enfants !
Quel est donc ce coléoptère enfoui dans une inflorescence de pissenlit ?
J’entreprends une exfiltration pour mieux lui tirer le portrait.
Des antennes en lamelles ?
Ce serait donc un membre de la famille des Scarabaeidae (un scarabée, pour simplifier) ? Je l’ai trouvé tout à la fin de la galerie de sa grande famille : c’est Valgus hemipterus, appelé aussi cétoine punaise.
Les larves de cet insecte assez proche des cétoines dorées se développent dans le bois à la base des troncs morts debout. Il est facile à reconnaître avec sa petite taille et ses élytres noirs ornés d’écailles claires. Ceux-ci sont aussi nettement plus courts que l’abdomen. C’est pour ce dernier caractère qu’il est nommé « hemipterus » (demi-aile), d’où son nom vernaculaire de cétoine punaise, les punaises étant de l’ordre des hémiptères.
Mâle ou femelle ?
La femelle possède une longue tarière, ce qui est peu commun pour un coléoptère. A l’aide de cet appendice, elle introduit ses œufs dans le bois mort.
Avec son derrière rebondi et sans tarière, mon Valgus est clairement un mâle. Les coléoptéristes l’affirment, il est difficile d’observer la femelle, en tout cas sur les fleurs, où l’on ne voit pratiquement que des mâles. Ceux-ci ne seraient pas plus nombreux que les femelles. Simplement, ces dames sont plus discrètes et s’éloigneraient peu des lieux de ponte.
La patience de mon insecte a atteint rapidement ses limites et il m’a faussé compagnie en s’envolant brusquement. Par delà les ronces, il a filé vers un bosquet de vieux frênes.
Ce papillon gris bleu voletait au-dessus d’une sente à Cergy. Je l’ai vu se poser au loin sur le chemin. Une approche prudente m’a renseigné sur ce qui l’intéressait : une crotte d’oiseau ! Il doit y avoir plein de bons sels minéraux à lécher là -dessus ! On voit qu’il aspire goulà»ment avec sa longue trompe.
Celastrina argiolus, l’azuré des nerpruns, est le « petit bleu » des lisières des zones boisées. Sa chenille consomme les feuilles de nombreuses espèces d’arbustes : la bourdaine, les nerpruns, le lierre, le houx, l’ajonc, les groseilliers…
Je l’ai même surprise au mois d’aoà»t en train de manger une framboise de mon jardin.
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Cette plante annuelle qui pousse dans la fissure d’une dalle ne mesure que quelques centimètres de haut. Elle est très commune, mais discrète et on passe facilement à côté d’elle tous les jours sans la voir. Spécialiste des falaises rocheuses et des pelouses sableuses très maigres, elle fréquente aussi les trottoirs des villes. Saxifraga tridactylites est appelée aussi perce-pierre en raison de sa capacité à se développer dans la moindre fissure. Ses feuilles de la base prennent souvent de belles teintes rouges.
La plante est couverte de poils glanduleux et des graines volantes du secteur sont venues se coller à elle. Cet été, elle sera morte. En se décomposant, elle fournira un peu d’humus où germera peut-être une de ces graines captives…
Ne sont-elles pas charmantes, ces feuilles charnues en forme de petites pattes d’oiseaux ?
Retrouvez d’autres articles sur les fleurettes blanches du printemps :
On pouvait récupérer le catalogue de l’exposition et l’édition spéciale « Canard sauvage » ! Demain, « La saga du sanglochon » paraîtra dans ce blog avec l’illustration en couleurs de José Keravis, le président de l’association Dallas, initiatrice de l’événement.
Venez place des Arts, l’exposition vaut le coup d’œil ! Et n’oubliez pas d’encourager au passage, avec respect et bienveillance, les butineuses à l’ouvrage et le couple de cygnes du parc François Mitterrand.
Vous les avez forcément arrachées en jardinant, ces petites euphorbes annuelles au tiges gorgées d’un latex blanc. Deux espèces se partagent nos jardins, parfois en mélange. Elles sont très communes toutes les deux partout en France. Voici la plus grande des deux :
Euphorbia helioscopia, l’euphorbe réveil-matin
On reconnaît cette espèce à ses feuilles presque rondes et dentées. L’ombelle compte cinq rayons principaux, mais celle photographiée ci-dessus n’en a que quatre. La botanique n’est pas toujours une science exacte…
L’autre espèce a les feuilles plus allongées et l’ombelle compte trois rayons principaux :
Euphorbia peplus, l’euphorbe des jardins
Ce sont toutes deux des plantes nectarifères qui intéressent les petits diptères. Ce sont aussi des plantes très toxiques. En Australie, Euphorbia peplus est cultivée pour récolter le latex dont sont extraites des molécules aux propriétés anticancéreuses.
Le latex des euphorbes peut provoquer des irritations de la peau et il faut se garder de tout contact avec les yeux. Mettez des gants pour jardiner (et pensez à retirez vos gants pour vous frotter les yeux) !