Pour souhaiter un bon départ en congés de fin d’année à ceux qui partent et offrir quelques couleurs estivales à ceux qui restent, voici les plus beaux papillons rencontrés cette année sur le territoire.
Avec le froid qui s’installe il est temps de ressortir les pulls en laine, les bonnets à pompons et les photos des pompons du cirse laineux !
Car lui est un peu à contre-courant, c’est en été, au moment de la floraison qu’il sort ses pelotes de laine. En ce moment on peut trouver au mieux des rosettes de feuilles au ras du sol ou des graines bien cachées sous terre.
Ces grosses boules laineuses qui ressemblent au choix à une barbe-à -papa ou à une pelote de toiles d’araignées flanquée d’aiguilles sont les capitules de la plante. De la famille des Astéracées, le cirse laineux forme des fleurs très nombreuses rassemblées en capitules qui sont entourés par des bractées (les pointes rouges qui ressemblent à des aiguilles). Les jeunes fleurs sont protégées par l’assemblage de soies qui limite la prédation par les chenilles ou les charançons. A l’éclosion des fleurs le capitule s’ouvre et transforme le pompon blanc en pompon rose. On voit ci-dessous l’émergence des premières fleurs sur un jeune capitule.
Côté protection, le cirse laineux ne s’arrête pas là . Les cirses font partie de ce qu’on appelle communément les chardons : les plantes à épines et à fleurs violettes. On le voit sur ces images, les feuilles du cirse laineux sont terminées par de fortes épines.
Pourtant cela n’empêche pas de très nombreux animaux d’en profiter : les butineurs, le insectes phytophages, les ruminants et même les humains ! Il parait que les capitules de cirses étaient consommés comme ceux de l’artichaut.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Il y a quelques jours, pendant que je profitais de mon heure quotidienne pour observer la vie hivernale de l’île de loisirs, il y avait sur la pyramide (à gauche de l’île astronomique sur l’image) pas moins de 5 hérons cendrés.
Ce grand oiseau, à l’allure tantôt gracieuse et tantôt renfrognée est un animal grégaire. L’hiver, les individus se regroupent en dortoir dans des espaces protégés des prédateurs. Vue l’avancée de la nuit au moment de mon observation je suppose que mes 5 hérons, isolés sur leur pyramide, s’apprêtaient à passer la nuit ensemble et à l’abris. Au printemps, les adultes forment des colonies pour nidifier. Jusqu’à plusieurs dizaines voire centaines de couples se regroupent dans des arbres ou des roselières et y construisent des nids de relativement petite taille comparée à celle de l’oiseau.
Malgré son envergure, le héron fréquente beaucoup les arbres, pour se percher, pour dormir ou pour y construire son nid.
En revanche, lorsqu’il chasse le héron est solitaire et défend farouchement son territoire. Que ce soit à la pêche (il consomme essentiellement des poissons et quelques amphibiens) ou à la chasse (il n’est pas rare de le voir dans les champs attraper de petits mammifères) il ne se laisse pas voler une proie.
Il n’est d’ailleurs pas moins farouche concernant les humains. S’il n’est pas rare de le voir sur les bassins urbains où il se nourrit de poissons rouges il se tient en général à bonne distance. Celui-ci profitait du confinement du printemps pour faire une petite promenade aux bords des bassins du parc de la préfecture.
Les oiseaux de la famille des Ardéidés, dont fait partie le héron cendré, ont la particularité de tenir leur long cou replié en vol et au repos, il prend une forme de S, caractéristique de la famille.
Ils le déplient quand ils sont à l’affut d’une proie ou pour la harponner. Le héron est pour cela équipé d’un bec long et puissant en forme de poignard.
Côté couleur, le héron fait dans l’élégance sobre : en nuances de gris, de noir et de blanc. Le juvénile a le front gris et peu de distinctions sur le reste du plumage. Les adultes ont le front blanc et deux sourcils noirs qui se rejoignent derrière la tête. Le cou est blanc et très différencié du reste du corps, gris cendre.
Si le qualificatif de cendré (cinerea en latin) correspond bien à la couleur de l’oiseau il rappelle également qu’il n’est pas seul et permet de le distinguer des autres espèces de hérons. En àŽle-de-France on peut rencontrer :
Ponctuellement, un héron pourpré (plutôt méditerranéen) de passage pendant une migration.
Le héron garde-bœufs, un petit héron tout blanc.
Le butor étoilé, le bihoreau gris et le blongios nain, trois petits hérons rares mais présents dans la région.
Le héron crabier, encore plus rare que les précédents.
Et les deux aigrettes, la grande et la garzette que l’on a déjà vu sur le territoire.
Ce grand brun (il fait presque 5 centimètres d’envergure!) est le myrtil, Maniola jurtina. Cet individu, butinant des fleurs d’origan, est un mâle. On le reconnait aux teintes foncées du dessus de ses ailes ; la femelle a des marques orange plus claires autour des ocelles (les points noirs sur les ailes antérieures) et n’a pas les bandes foncées proches du corps qu’a le mâle.
On peut aussi les différencier grâce au dessous des ailes. Sur la lavande c’est une femelle, on le voit à la bande blanche très marquée sur l’aile postérieure qu’on distingue moins bien chez le mâle.
Le myrtil est une espèce très commune qu’on rencontre tout l’été dans les milieux herbacés partout en France. La chenille (toute poilue!) se nourrit de diverses graminées et l’adulte butine sur des fleurs variées. Ici trois exemples de plantes que l’on rencontre dans les prairies, les champs ou les jardins : l’origan, la lavande et le cirse des champs.
Vue sur une achillée millefeuille dans le parc du Hazay à Cergy cet été, cette mouche est une Gymnosoma. S’il n’y a pas de doute quant à son genre, il est revanche impossible de différencier les 13 espèces européennes sur photo. Mais, n’ayant aucune volonté de la disséquer je m’en tiendrai à Gymnosoma sp.
En revanche, la pruine (sorte de poudre) dorée que l’on voit sur sa face et son scutellum (dos) nous indique qu’il s’agit d’un mâle.
Etymologiquement, « gymnosoma » signifie « au corps nu ». Cela fait référence au fait que, à la différence des autres espèces de la famille des Tachinidae, les mouches Gymnosoma n’ont pas de soies fortes (de grands poils) hérissant l’abdomen.
Se promenant sur les fleurs d’achillée, Monsieur Gymnosoma se montre sous toutes ses faces. Avec son abdomen arrondi, orange à pois noirs il rappelle un peu une coccinelle. Mais la ressemblance s’arrête là . Les adultes de Gymnosoma sont des butineurs, d’ailleurs notre modèle est en plein repas, alors que les coccinelles se nourrissent essentiellement de pucerons (même si certaines sont végétariennes). Les larves des mouches sont des parasites des punaises Pentatomidae (comme Palomena prasina) alors que celles des coccinelles sont de voraces consommatrices de pucerons.
Le plus souvent, lorsque l’on voit un rapace c’est en vol, c’est-à -dire loin et à contre-jour. Pas toujours facile d’identifier l’espèce qui nous passe au-dessus de la tête dans ces conditions. Heureusement les silhouettes sont assez caractéristiques et permettent de discriminer assez précisément l’oiseau, du moins pour les espèces connues en àŽle-de-France. Les ailes et les queues sont de bons indicateurs.
La buse a de larges ailes digitées, les dernières plumes sont bien visibles, même de loin, comme les doigts écartés d’une main. Elle a une queue courte, comparativement à la largueur de ses ailes et arrondie. A la différence des milans par exemple qui ont la queue fourchue. Sa silhouette se rapproche de celle de la bondrée apivore, également présente en àŽle-de-France mais qu’on peut reconnaitre à la forme de sa tête et aux contrastes de son plumage (relativement difficile à contre-jour).
Les faucons ont eux des ailes en forme de faux et non digitées, elles sont bien pointues au bout et les dernières plumes ne se séparent pas. La queue est longue (toujours par rapport à la largeur des ailes) et de forme rectangulaire lorsqu’elle est repliée. Les différents faucons d’àŽle-de-France se distinguent par le contraste de leurs plumages.
En couleurs
Dans quelques cas, la lumière et l’orientation de l’oiseau concordent pour voir les couleurs et identifier l’espèce.
Malgré le peu de netteté de cette image, on reconnait ici un faucon à la silhouette de l’oiseau, et son plumage (couleur claire, bas-ventre blanc, queue blanche avec une bande terminale noire) indique qu’il s’agit d’un faucon crécerelle mâle.
Au plus près
Pour les plus chanceux, l’oiseau est assez près pour que l’objectif en capte tous les détails.
La saponaire est une plante de la famille des Caryophyllacées, aux fleurs roses pâles et aux propriétés étonnantes. Elle est assez fréquente en àŽle-de-France, notamment sur les sols riches et humides.
Malgré ses airs colorés et festifs, c’est une plante qui aime la vie nocturne. Elle déclenche la production de nectar au coucher du soleil pour attirer les papillons nocturnes (près de 95 % des espèces de papillons en France sont nocturnes !) qui assurent sa pollinisation.
Son nom, saponaire, a la même racine étymologique que le savon. Et pour cause, pour se défendre contre les agressions des insectes et maladies, la saponaire contient des saponines. Ce sont des molécules qui, une fois frottées avec de l’eau, moussent énormément. Les anciens utilisaient la saponaire pour faire leur lessive.
Attention toutefois, en usage externe elle peut être bénéfique, mais n’essayez pas d’en consommer, elle a un pouvoir hémolytique reconnu (qui détruit les globules rouges).
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Connaissez-vous la pie bavarde ? On attribue souvent à cet oiseau de biens vilains défauts. Elle serait agressive, bruyante et voleuse. Elle est tellement commune qu’on donne même son nom à tous les animaux de couleur noire et blanche (chevaux, vaches, autres oiseaux…). Pourtant, quand on y regarde plus près, la pie est surprenante.
Son nom scientifique est Pica pica, elle fait partie de la famille des corvidés, qu’elle partage en àŽle-de-France avec 4 autres espèces la corneille noire, le corbeau freux, le choucas des tours et le geai des chênes. Comme les autres corvidés, elle fait preuve d’une grande adaptabilité dans son régime alimentaire : essentiellement insectivore, elle peut aussi consommer des baies, tirer profits des déchets des humains, jouer les charognards ou chasser de petits vertébrés (lézards, amphibiens, poussins de passereaux). Elle est également capable de faire des réserves et de cacher de la nourriture pour les jours de pénuries. La pie étant sédentaire (elle ne migre pas à l’hiver) elle défend donc son territoire alimentaire, le plus souvent face aux autres prédateurs (les rapaces). Ainsi, ses tares de d’agressivité et de vol ne sont que des déformations de sa nature même de prédatrice.
Quant à ses couleurs, elles sont bien plus variées que ce qu’on le laisse croire. Sur l’image ci-dessus on peut voir, de la tête à la queue, du noir, du blanc, du bleu, du vert et du violet.
Et quelle allure ! Avec sa queue immense (plus longue que le reste de son corps) et son vol gracieux elle n’a rien à envier aux plus exotiques paradisiers.
Au-delà des aspects physiques et esthétiques la pie a de nombreuses qualités.
C’est un oiseau social. Les couples sont d’une grande fidélité et élèvent à deux les petits de l’année qui restent en famille toute l’année. A l’hiver les pies se rassemblent de manière grégaire pour passer la saison difficile et prendre soin des plus faibles (notamment les jeunes de l’année). Au printemps, la séparation du groupe en vue de la nidification et de la reproduction entraine quelques discussions. Ce qui lui vaut d’ailleurs le nom de bavarde et sa réputation d’oiseau bruyant.
A propos de la nidification, la pie est une bâtisseuse hors paire et véritable ingénieur. Il est fréquent que les couples construisent plusieurs prototypes de nids avant d’en occuper un pour la saison de ponte. Le nid en coupe fait de brindilles et de branches dans les hauteurs des arbres a d’ailleurs inspiré les nids-de-pie des grands voiliers.
Enfin, si les qualités intellectuelles de la pie étaient encore à démontrer, c’est l’un des rares oiseaux pour lequel il a été prouvé la capacité à reconnaître son reflet dans un miroir.
A défaut d’une nouvelle épopée de jardin confiné, je peux vous raconter une histoire de plant de tomates. J’ai, pour maintenir un peu de nature dans mon confinement, des pieds de tomates qui grandissent totalement librement dans un petit bac en compagnie de menthe et de chénopodes (tout aussi sauvages et désordonnés).
Ce matin là je les observe, les feuilles paraissent raplapla, ça manque d’eau … Mais autre chose attire mon attention, ça bouge sous le bac. C’est étrange, il n’y a pas de vent dans l’appartement, ce n’est donc pas une feuille qui s’agite …
Je me baisse pour voir de quoi il s’agit et qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir une grosse chenille prise dans une toile d’araignée. Encore plus surprise de voir que le prédateur est toujours sur la scène du crime. L’occasion d’un reportage photo !
L’araignée est la malmignatte des maisons, Steatoda triangulosa. On la reconnait à ses motifs marbrés en forme de triangles sur l’abdomen. C’est une araignée relativement commune dans l’hémisphère nord. Elle s’accommode très bien des habitations humaines, c’est d’ailleurs là qu’on la repère le plus souvent.
Elle fait partie de la famille des Theridiidées, la même famille que les veuves noires. Elle est inoffensive pour l’Homme, mais ce n’est pas la même histoire pour mon amie chenille. Elle s’est vaillamment débattue une fois prise dans la toile, mais l’araignée a été plus efficace. On voit l’effet du venin sur l’extrémité haute de la chenille et elle est déjà bien ficelée dans la toile.
72 heures plus tard, celle qui aurait probablement pu devenir un papillon blanc de la famille des piérides est dans un état de nécrose avancé. Madame l’araignée va bientôt pouvoir passer à table.