Le CAUE du Val-d’Oise et la cellule Biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise organisaient le 2 octobre 2014 une journée de formation sur la photographie des insectes pour un public mixte composé de professionnels jardiniers ou naturalistes et d’amateurs passionnés. Gérard Blondeau, photographe professionnel et animateur de la journée, était venu avec son camion de matériels. Ses conseils de prise de vue ont été très appréciés de la dizaine de participants.
Les travaux pratiques au jardin ont été l’occasion de faire de belles rencontres dont voici un petit aperçu :
Les deux taches sombres que l’on devine au bout des ailes ont trahi cette petite mouche : c’est un mâle de l’espèce Drosophila suzukii et non pas une drosophile ordinaire, que l’on connaît aussi sous le nom de mouche du vinaigre.
Encore une invasive ! Arrivée en 2008 dans le Mercantour, elle a été repérée l’année suivante en Italie et en Espagne. Depuis, elle s’est largement disséminée en Europe. Elle est maintenant présente dans toute la France et les pays limitrophes. Cette mouche est une plaie pour les cultures de fruits rouges : contrairement aux inoffensives mouches du vinaigre qui ne s’attaquent qu’aux fruits pourris, celle-ci est dotée d’un ovipositeur capable de perforer l’épiderme des fruits, ce qui gâte rapidement les fruits infestés de minuscules asticots. Nos mauvaises récoltes de cerises du printemps dernier n’étaient pas dues qu’à la météo…
Samedi 20 septembre 2014, journée du Patrimoine, le public était invité au parc du château de Menucourt, classé espace naturel sensible.
Les visiteurs ont pu apprendre à reconnaître, munis d’un guide de visite illustré réalisé pour l’occasion, les oiseaux aquatiques de l’étang, les libellules et les batraciens qui fréquentent le lieu, les arbres et les plantes vivaces des berges. Ce fut aussi l’occasion d’étudier les mœurs étonnantes de quelques espèces singulières : les gammares, petits crustacés d’eau douce, la mouche du chardon qui provoque une galle renflée sur la tige, la cécidomyie du robinier et son parasitoà¯de exclusif…
Les actions d’éco pâturage se multiplient sur le territoire de Cergy-Pontoise, mais pour la première fois, c’est un espace naturel sensible qui accueille les brebis solognotes de la Ferme d’Ecancourt.
La Fondation John Bost et la Ferme d’Ecancourt ont édifié un projet d’envergure incluant plusieurs objectifs :
Le pâturage en tant que mode de gestion des prairies a un intérêt écologique qui n’est plus à démontrer. Il répond également ici à un enjeu paysager fort : la pérennité des grands principes de composition du parc du 19ème siècle, situé en limite du massif forestier de l’Hautil, avec le maintien de grandes clairières ponctuées de bosquets.
Mais l’expérience revêt aussi une dimension humaine et thérapeutique. Avec la mise en place de nombreuses animations, l’arrivée d’une vache, l’installation de ruches et la création d’un abri pour que les moutons restent à demeure, c’est un véritable projet intégré qui va bientôt se concrétiser. Outre la découverte et les soins aux animaux, les résidents pourront aussi s’initier au jardinage, à l’écologie et au développement durable.
Les élus de la ville de Maurecourt ont fait le choix de végétaliser les pieds d’arbres de l’avenue de l’ancienne gare, excellente façon de limiter l’emploi des désherbants tout en œuvrant pour la biodiversité en ville. Les plantes vivaces ont été choisies en accord avec les services de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, gestionnaire de cette voie.
Il fallait là des plantes résistantes, à fort pouvoir couvrant, adaptées à la concurrence exercée par les arbres, qui soient décoratives, et ne gênent ni la visibilité ni la circulation des piétons : la sélection fut rude. Toutes les espèces testées n’ont pas passé les éliminatoires, mais déjà certains assemblages semblent bien prometteurs, comme sur cette photo : la grise Artemisia schmidtiana nana, l’échevelé Carex testacea et le vert Geranium sanguineum. Santolina rosmarinifolia, Helichrysum italicum etSalvia officinalis ont eu aussi un très bon comportement. Le passage d’un été vraiment sec et d’un hiver vraiment froid (tout le contraire de 2014 !) sera notre juge de paix.
C’est le moment de la fauche d’automne sur la coulée verte de Menucourt.
Gilles, gestionnaire d’Anes en Vexin, assiste au déchargement. Il nous explique que ses ânes ont du talent : ce sont des médiateurs. Ils reçoivent régulièrement des groupes de malades schizophrènes, des autistes, des personnes alcooliques. Le contact des animaux apaise et rend heureux. On murmure bien à l’oreille des chevaux. Avec leurs grandes oreilles, les ânes peuvent sans doute entendre de lourds secrets…
Herbe coupée n’est pas foin ! Pour être consommables par le bétail, les produits de fauche doivent être exempts de déchets et ne pas contenir de plantes toxiques. Il convient de veiller particulièrement à l’absence de jeunes pousses d’érable et même de samares, et d’éviter le séneçon jacobée riche en alcaloà¯des pyrrolizidiniques. Le foin doit également être parfaitement sec avant d’être engrangé, sinon il s’échauffe et fermente.
PRà‰SERVATION DU MILIEU NATUREL, VERS L’INTERDICTION DES PESTICIDES
de 18h à 20h à Cergy
Hôtel d’agglomération, salle Hubert Renaud
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise et le CAUE du Val-d’Oise vous proposent, dans le cadre des rendez-vous du développement durable, en partenariat avec l’association « Quelle Terre Demain ? », une rencontre sur le thème de la réduction des pesticides, avec le témoignage de partenaires locaux.
Avez-vous remarqué ces enroulements au bord des feuilles des robiniers ? Cette année, on en voit un peu partout, à condition de les chercher, car les attaques restent discrètes. Le responsable est un moucheron, plus exactement une cécidomyie. Sa ponte provoque cette forme de galle qui protègera les asticots durant leur croissance. A l’intérieur de chaque galle on trouve deux ou trois larves d’un joli jaune. Les mésanges ont vite appris qu’elles étaient comestibles : on voit ici ou là les coups de becs qui ont percé les galles.
Obolodiplosis robiniae – c’est le nom de cette cécidomyie – est inféodée aux robiniers. Ce nouveau ravageur nous arrive d’Amérique, le continent d’origine de ces arbres introduits au 17ème siècle en Europe par les explorateurs, qui avaient remarqué la solidité de son bois, apte à faire de bons piquets, et la valeur nutritive de son feuillage pour le bétail.
Le premier signalement en France de cette cécidomyie remonte à 2007, suite à son introduction fortuite en Italie en 2003.
Cette cécidomyie est souvent parasitée par un minuscule hyménoptère du genre Platygaster, qui assure une régulation efficace du ravageur. Cette micro guêpe parasitoà¯de exclusif de ce diptère pond dans les larves de la cécidomyie. Les larves de Platygaster qui se développent rapidement ne laisseront de leur hôte que la peau. On a cherché ce Platygaster en Amérique : il semble bien qu’il n’y soit pas. Il s’agirait donc d’une espèce européenne qui se serait spécialisée à l’arrivée d’Obolodiplosis. Une création d’espèce nouvelle en quelques années seulement ? La nature a de ces mystères !
Comme chaque année, la ville de Paris a réuni un grand jury autour du concours « Décoflo » qui récompense les meilleurs fleurissements des parcs et squares parisiens. Le thème de cette année était l’illusion. Voici un petite sélection des meilleures inventions des jardiniers parisiens :
Quand faut-il faucher les bords de route ? Les fauches tardives sont-elles vraiment bénéfiques pour les insectes pollinisateurs ? Faut-il semer des prairies fleuries ? Avec quelles espèces et dans quelles proportions ?
Le ministère de l’Ecologie a publié au début de cette année le rapport d’une expérimentation menée sur trois ans et dans plusieurs régions. Encadrée scientifiquement, elle apporte des réponses claires aux gestionnaires.
Quelles sont les conclusions de cette étude ?
La diversité des plantes à fleurs, la densité florale et la continuité des floraisons apparaissent comme les conditions essentielles au développement des populations d’insectes pollinisateurs, en diversité et en quantité.
L’étude révèle le grand intérêt de l’origan très fréquenté de nombreuses espèces pollinisatrices, des fabacées comme le trèfle des prés et le lotier corniculé, des astéracées (centaurées, knauties… ). La floraison des apiacées (carotte sauvage, berce commune, panicaut… ) est profitable aux diptères et aux hyménoptères ; les mauves, quant à elles, conviennent bien aux hyménoptères.
Ainsi, dans la région d’Evreux, les relevés d’insectes sur les bords de route ont permis de mettre en évidence les fortes affinités suivantes :
– pour les papillons de jour :
origan
knautie des champs
centaurée
– pour les abeilles domestiques :
origan
centaurée
panicaut des champs
L’étude démontre le réel intérêt de la fauche tardive (une seule fauche par an en octobre) qui permet très rapidement d’inverser la dominance des graminées au profit aux dicotylédones (plantes à fleurs). Il semble qu’il serait intéressant de conduire des parties de prairies en fauchage précoce (une seule fauche par an début juin) en complément et à proximité immédiate de zones en fauchage tardif, car cela permettrait d’étaler les périodes de floraison.
L’exportation des produits de fauche est a priori préférable mais pose de nombreux problèmes : coà»t, matériel, transport, gestion des déchets. Sur les 3 années de l’expérimentation, l’absence d’exportation n’a pas empêché l’amélioration sensible et rapide de la composition floristique ayant entraîné un impact positif sur les pollinisateurs.
L’intérêt de prairies semées en mélange fleuri apparaît limité, même lorsqu’il s’agit de plantes indigènes. Si ces formations offrent aux insectes une densité florale plus importante les deux premières années, la variété d’espèces est moindre que dans une prairie naturelle. De plus, cette pratique a deux sérieux inconvénients : le coà»t et la difficulté technique de l’implantation. Ces aménagements semblent profitables aux abeilles domestiques, mais le bénéfice n’est pas établi pour les autres pollinisateurs. Si l’on considère le critère de l’intérêt pour les insectes pollinisateurs, il faut raisonnablement s’abstenir de semer des prairies fleuries à la place de prairies naturelles déjà installées.
Une liste nationale d’espèces végétales a été établie pour les semis de mélange de jachère fleurie sur les espaces d’accompagnement du réseau routier national. Cette liste (texte et tableau extraits du rapport indiqué en lien dans cet article) a été définie en intégrant à la fois les critères d’intérêt pollinifère et nectarifère des différentes espèces, et l’offre commerciale existante ainsi que le coà»t des différentes espèces. Cette liste a ensuite été validée par le MEDDTL (Bureau de la biodiversité) afin d’en exclure les espèces présentant des risques de croisement avec certaines espèces sauvages.
nom latin
nom commun
couleur
Hauteur (cm)
floraison
fleurs vivaces
– Cichorium intybus
chicorée sauvage
bleu
120
juin – octobre
– Galium verum
gaillet jaune
jaune
45
juin – septembre
– Lotus corniculatus
lotier corniculé
jaune
20
mai – aoà»t
– Malva moschata
mauve musquée
rose
50
juillet – septembre
– Malva sylvestris
mauve sylvestre
pourpre
60
mai – septembre
– Origanum vulgare
origan
rose
70
juillet-septembre
– Salvia pratensis
sauge des prés
bleu
45
mai – aoà»t
– Sanguisorba minor
pimprenelle
rouge – vert
40
juin – juillet
– Silene latifolia alba
silene enflé
blanc
30
mai – septembre
– Silene dioica
compagnon rouge
rose vif
55
avril – juillet
– Trifolium pratense
trèfle violet
violet
20
mai – octobre
– Trifolium repens
trèfle blanc nain
blanc
20
mai – octobre
fleurs bisannuelles
– Daucus carota
carotte sauvage
blanc
50
juin – septembre
– Dipsacus fullonum
cardère sauvage
pourpre
115
juillet – aoà»t
– Echium vulgare
vipérine
bleu
55
mai – aoà»t
– Medicago lupulina
minette
jaune
20
mai – septembre
fleurs annuelles
– Papaver rhoeas
coquelicot
rouge
50
mai – juillet
graminées vivaces
– Festuca rubra trichophylla
fétuque rouge 1/2 traçante
– Festuca rubra rubra
fétuque rouge traçante
– Festuca ovina
fétuque ovine
La règle de composition du mélange est la suivante :
graminées : 2 à 3 espèces, 40 à 50 % du mélange (en poids de graines)