J’ai observé cette exuvie dans les collections pédagogiques de la Maison de la nature de Vauréal. Il s’agit de la dépouille d’une nymphe de grande libellule, abandonnée après sa sortie de l’eau. Elle a été trouvée fixée à une tige d’herbe au bord d’un bassin du Domaine national de Marly-le-Roi.
Placée sur le dos, cette exuvie montre sous sa tête le masque articulé qui sert à la larve aquatique pour capturer ses proies. Il manque deux pattes à l’exuvie, elles sont peut-être restées accrochées dans l’herbe sur le lieu de la découverte. Sur cette photo, on voit très bien les ébauches des quatre ailes, en arrière des pattes.
Armé du guide de détermination, je mesure, compare, calcule… J’arrive facilement à la famille des Aeschnidae, caractérisée par le grand masque plat.
Le genre Anax est confirmé par la forme de la bordure arrière des yeux.
Pour aller à l’espèce, il faut observer les proportionsdu masque, et la taille de « l’expansion de l’épiprocte »(heureusement qu’il y a des illustrations dans le guide !).
Le rapport de la longueur sur la largeur maximale du masque est de l’ordre de 1,5 et la longueur de l’expansion de l’épiprocte est égale à la moitié de la longueur des cerques qui l’entourent. Ouf! On y est, il s’agit d’un mâle d’Anax imperator. Chouette, encore une enquête résolue.
Le petit agrion bleu derrière cet Anax imperator donne l’échelle : c’est l’une des plus grandes libellules d’Europe. On la rencontre couramment sur nos bassins et étangs de Cergy-Pontoise, notamment au parc François-Mitterrand à Cergy.
La perruche à collier n’est pas invasive qu’en France : dans la région de Londres, il y en aurait dix fois plus qu’en Ile-de-France !
Un grand merci à Philippine LAMBERT (ESSEC Global BBA) pour la traduction anglaise de cet article et à son professeur d’anglais, Christophe Brook, pour son aimable complicité.
La grosse tache rouge en Ile-de-France correspond aux descendantes des échappées de conteneurs, suite à des accidents dans les aéroports d’Orly et de Roissy, dans les années 1970 et 1990. Vous avez pu aussi croiser la perruche à collier sur certaines de vos destinations de vacances.
Un rapport très détaillé établi par les spécialistes du Muséum national d’Histoire naturelle pour les gestionnaires du parc de Sceaux montre la répartition de ces oiseaux dans 150 communes franciliennes :
Observations de la perruche à collier dans 150 communes en Ile-de-France, sur la période 2010 – 2014 (source MNHN)
Les chercheurs démontrent la croissance exponentielle de cette population d’Ile-de-France qui a dà» aujourd’hui dépasser les 5000 individus, sur plus de 50 sites de reproduction. Ces oiseaux engendrent des dégâts dans certains vergers de particuliers en ville, car ils sont friands de cerises et de pommes. Ils occasionnent des nuisances surtout aux endroits où ils se rassemblent pour dormir en très grand nombre. A Massy, les riverains excédés par les fientes et le bruit ont réclamé l’élagage des arbres formant dortoir (3500 perruches !).
Les perruches concurrencent pour les nids d’autres oiseaux cavernicoles : les pigeons colombins, les étourneaux, les sittelles. On rapporte un comportement agressif envers l’écureuil roux. Mais notre adorable écureuil ne serait pas totalement innocent : les perruches ne font que se défendre en pourchassant un voleur d’œufs !
Où voir facilement des perruches à Cergy-Pontoise ? Les grands platanes du parc de l’abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen l’Aumône en accueillent plusieurs dizaines. Laissez-vous guider par leurs cris stridents…
In Spring 2015, we told you about the ring-necked parakeet in Cergy-Pontoise. This exotic invasive species has not stopped increasing in numbers in France. Here is the map of observations in 2016 published by the website « Oiseaux des Jardins ».
The big red spot in Ile-de-France corresponds to the descendants of birds which escaped from containers, due to accidents at Orly and Roissy airports, in the 1970s and 1990s. You might have also come across the ring-necked parakeet at some of your holiday destinations.
A very detailed report established by the specialists of the National Natural History Museum for the managers of Sceaux park shows the distribution of these birds in 150 districts of Ile-de-France.
Observations of the ring-necked parakeet in 150 districts, in the period 2010 – 2014 (MNHN source)
The researchers have shown the exponential growth in this population in Ile-de-France which must now exceed 5000 individuals, at more than 50 sites of reproduction. These birds cause damage in some orchards of private individuals in towns, because they are fond of cherries and apples. They cause a nuisance especially where they gather to sleep in huge number. At Massy, residents, infuriated by the droppings and noise, have asked for the pruning of the trees forming the dormitory. (3500 parrots !)
The parakeets fight for the nests of other cavernicolous birds : the columbian pigeons, the starling, the nuthatch. We note an aggressive behavior towards the red squirrel. But our adorable squirrel doesn’t seem to be that innocent: the parakeets are only defending themselves by chasing away the egg thief !
Where can such parakeets be seen in Cergy-Pontoise ? The big plane trees in the park of Maubuisson Abbey at Saint-Ouen l’Aumône welcome them by the dozen. Let yourself be guided by their strident calls…
J’ai trouvé ce petit arthropode sur le tronc d’un vieil érable dans le parc François-Mitterrand à Cergy. Il dormait dans son cocon entre deux morceaux d’écorce. J’ai des scrupules de l’avoir dérangé.
Après quelques manœuvres d’intimidation toutes pinces écartées, il est parti se mettre à l’abri dans une fissure. On voit sur cette photo qu’il a quatre paires de pattes plus une paire de pinces, ce n’est donc pas un insecte. Ce n’est pas un scorpion non plus d’ailleurs, car il n’a pas d’appendice caudal. Et surtout il n’en a pas la taille : il dépasse à peine les deux millimètres ! Mais il doit être très effrayant pour un collembole. Cette bestiole est un pseudoscorpion, de la classe des Arachnides.
Voici une autre espèce, trouvée quelques mètres plus loin, sous une écorce de platane.
Dans le creux de ma main, il a cessé de galoper. Sa forme est plus trapue que le précédent, c’est sans doute Chernes hahnii, fréquent sur les platanes.
Les pseudoscorpions chassent à l’affà»t de petits arthropodes. Ils les capturent et leur injectent du venin avec leurs pinces avant de les digérer. Les pseudoscorpions sont très mal connus et peu étudiés. Il y en aurait environ 120 espèces en France.
Et sa femelle n’est pas mal non plus avec son bec bicolore.
Le canard chipeau hiverne régulièrement sur les étangs de la vallée de la Seine. Les comptages Wetlands estiment sa population hivernale, en progression constante depuis 1995, à un millier d’individus en Ile-de-France. Ces canards migrateurs sont herbivores et nichent en Europe de l’Est et en Allemagne.
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La presse locale (voir le dossier du Parisien du 04 12 2016) s’est faite l’écho récemment de la présence supposée de loups en Ile-de-France. Le Val d’Oise a même été placé « sous surveillance » par l’association Observatoire du loup qui estime que des déplacements aléatoires de cette espèce sont désormais possibles dans ce département.
Que nous montrent les cartes interactives de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) ?
Evolution officielle de la présence du loup 2008 – 2015 (source ONCFS)
En sept ans, de 2008 à 2015, le loup a significativement consolidé sa présence dans les Alpes, le Sud du Massif central et le Grand Est. Son effectif sur le territoire national, selon une estimation de mars 2016, serait d’environ 325 individus répartis en 49 zones de présence permanente.
Arrivé d’Italie en 1992 dans le Mercantour, il a nettement progressé vers l’Ouest et le Nord. Signalé dans la Marne et l’Aube, il est effectivement à la porte de l’Ile-de-France. Cette expansion se fait par la prospection de nouveaux territoires par des loups solitaires, parfois sur de longues distances. Lorsqu’il est installé, le loup vit en meutes familiales. Selon le dernier bulletin « loup » de l’ONCSF de septembre 2016, les meutes les plus proches de l’Ile-de-France sont dans les Vosges et le Jura. L’entrée du loup dans Paris n’est donc pas pour demain. De plus, l’animal est très craintif et fuit les zones urbanisées. D’autres populations de loups en provenance d’Europe de l’Est progressent en Allemagne. Le renforcement de la diversité génétique de l’espèce se fera peut-être à nos frontières avec ce pays.
Sauf dans la période moderne récente, le loup a toujours vécu en France, tenant sur tout le territoire sa place très utile de charognard et de prédateur des grands mammifères sauvages, qui font aujourd’hui bien des dégâts aux cultures. On estime que 10 000 à 20 000 loups peuplaient la France à la fin du 18ème siècle. Victimes des progrès de l’efficacité des armes à feu, des pièges et des poisons, ils n’étaient plus que 500 en 1900. Et le dernier loup français aurait été tué en 1937 dans le Limousin.
Du 15ème au 17ème siècle, les guerres avec leurs sinistres cortèges de cadavres frais ont modifié le comportement de certains loups accoutumés à la chair humaine. Quelques-uns, d’abord nécrophages sur les champs de bataille, sont devenus au retour des troupes dans leurs foyers, des prédateurs pour les humains vulnérables, femmes et enfants surtout. Les chroniques historiques (voir l’Homme et le loup, 2000 ans d’histoire, par l’Université de Caen) évoquent ainsi des centaines de cas d’attaques de loups, ou parfois de chiens féroces ressemblant à des loups, concentrées dans certaines zones. Ainsi, de Versailles à Rambouillet « la bête de l’Yveline » fit plus de 200 morts entre 1677 et 1683. A Cergy-Pontoise on eut à déplorer deux victimes, à Jouy-le-Moutier et Saint-Ouen l’Aumône, les 13 et 15 juin 1659. Mais n’accablez pas ces pauvres loups, les vrais responsables de ces tragédies, ce sont bien les humains avec leur folie guerrière. Des cas de rage parmi les loups furent aussi la cause d’accidents abominables, terrorisant la population.
Le loup a laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective. J’ai testé : à la nuit tombante, sur un chemin forestier, un farceur en ma présence a imité le hurlement du loup. L’effet fut immédiat sur les petits enfants trainards qui revenaient des champignons devant nous : les gamins ont rattrapé illico leurs parents !
Qui domine de la tête et des épaules ce troupeau de bernaches du Canada ? C’est une oie domestique. Mais regardez bien au premier plan, devant cette grosse oie, cette bernache plus petite avec une bavette noire : c’est une bernache nonnette.
Outre sa petite taille et sa bavette noire, on remarque son front blanc et son dos gris bleuté nettement barré. Cette espèce niche en Arctique et hiverne sur les côtes en Ecosse, Angleterre, Allemagne, Pays-Bas… En Ile-de-France, les rares oiseaux observés sont essentiellement échappés de captivité. Parfois, une vague de grand froid nous apporte quelques troupes de nonnettes sauvages. La reproduction de bernaches nonnettes en liberté n’a encore jamais été observée dans notre région, ce qui n’est pas le cas de la bernache du Canada, qui est une espèce invasive.
Bravo à Mathilde Vassenet, Peaupaul et Florent Roubinet, les trois premiers à avoir identifié les deux intrus !
Le Flambé est un papillon assez commun en Ile-de-France mais son habitat dispersé lui vaut son statut de « quasi menacé » sur la liste rouge régionale des papillons de jours. Il fréquente les landes, les friches buissonnantes, les haies et les lisières forestières car sa plante hôte préférée est Prunus mahaleb, une sorte de prunellier qui pousse dans ces milieux.
En Val d’Oise, c’est dans la Réserve naturelle nationale des coteaux de la Seine (La Roche-Guyon) que l’on aura le plus de chance de le rencontrer, en mai, puis en aoà»t pour la deuxième génération. Au jardin, on observe ce papillon sur les fleurs des buddleias qui semblent l’attirer particulièrement, et sur la lavande.
Cela fait quelques semaines que ce drôle d’oiseau rôde sur les berges de l’Oise entre Pontoise et Saint-Ouen l’Aumône. Un abonné au blog a eu le réflexe de le prendre en photo avec son téléphone portable. Ce canard mandarin est très loin de sa Chine natale ! Il s’est peut-être échappé d’un élevage ou d’un parc animalier.
Cette espèce exotique se reproduit parfois sur nos plans d’eau franciliens. Ce fut le cas à Cergy-Pontoise en 2015 : voir les bébés dans cet article.