Des papillons de nuit, des coléoptères, des moucherons sont arrivés par dizaines sur le mur éclairé de la terrasse. Et des prédateurs aussi, qui semblent bien intéressés par la perspective d’un festin facile !
Quelle mobilité de la tête et quel regard fascinant ! La mante religieuse capture toutes sortes d’insectes avec ses pattes ravisseuses : papillons, criquets, grillons, sauterelles, blattes… La sauterelle verte fréquente également les murs éclairés la nuit, car cette espèce est carnivore. On y voit aussi parfois le frelon européen en maraude.
On peut raisonnablement supposer qu’ils forment un couple, le mâle étant le plus grand. Peuvent-ils se reproduire aussi loin de l’Australie, terre de leurs origines ? Cela s’est déjà vu en Ile-de-France, à Verneuil-sur-Seine en 1996. En France, en dehors des parcs zoologiques, au moins 120 cygnes noirs vivent librement dans la nature, et l’on dénombre environ 30 couples.
Ces photographies ont été faites fin septembre 2017 à la plage du centre multisports. Je les ai cherchés récemment à l’Ile de loisirs, mais je ne les ai pas trouvés. Peut-être ces oiseaux sont-ils cachés dans un coin discret, ou partis vers un autre étang de la région…
Encore une pêche miraculeuse à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise ! J’ai capturé dans l’étang des Hautes bornes un crustacé transparent inconnu. Il a cinq paires de pattes : c’est un décapode comme les crabes, le homard et la langouste.
Quel est son nom ?
Je sais qu’on trouve dans cet étang l’écrevisse américaine, décapode invasif, mais les jeunes écrevisses n’ont pas du tout cette allure.
Et le gammare du Danube, un autre crustacé invasif également présent à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise, alias Dikerogammarus villosus ? Il a sept paires de pattes (car c’est un amphipode) : ce n’est pas ça non plus.
Atyaephyra desmarestii, ou caridine, est une crevette d’eau douce qui se nourrit d’algues, de plantes aquatiques et de débris végétaux. Elle aime bien se cacher dans les abris sous berges, c’est justement là que je l’ai débusquée avec mon épuisette. D’origine méridionale, depuis plusieurs siècles elle progresse vers le Nord en accompagnant les péniches aux coques garnies d’algues qu’elle aime brouter. C’est une grande voyageuse : on l’a signalée jusqu’en Russie et au Danemark !
La caridine apprécie les eaux propres et calcaires. Est-ce que ça se mange ? Peut-être… Mais on ne la trouve pas en grandes quantités et c’est une espèce de petite taille, ne dépassant pas les 4 centimètres. On est très loin de la langouste !
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Le fourmilion longicorne (Distoleon tetragrammicus) est un névroptère souvent attiré la nuit par les lumières. Le plus commun en Ile-de-France, Euroleon nostrasa les antennes plus courtes.
Il est arrivé en bourdonnant, a rebondi sur mon épaule avant de se cogner lourdement au mur. Ce maladroit est un Copris lunaire (Copris lunaris) qui creuse sous les bouses de vaches, pour y enfouir de la matière et y déposer ses œufs. Il est très utile pour la décomposition des excréments.
D’une pierre deux coups : entre les pattes du scarabée, des passagers clandestins ! Ces acariens désireux de changer de bouse s’accrochent au scarabée, comme des citadins prendraient le bus. C’est juste un moyen de transport.
La couleur bleue chez les papillons est souvent le résultat d’une iridescence liée à des microreliefs de surface. Elle apparaît alors intensément sous certains angles seulement. C’est le cas par exemple chez le mâle du Petit mars changeant.
La chenille de ce papillon de nuit migrateur affectionne particulièrement les feuilles de pomme de terre. C’est l’une des plus grosses chenilles que l’on peut rencontrer en France. Elle est ordinairement d’une teinte jaune, ornée de larges rayures bleues. Bravo au photographe d’avoir su repérer cette forme rare sur le terre-plein d’une route nationale !
Démasquée, la petite bête qui grignote le bord des feuilles de lavande ! C’est une larve de coléoptère, et même de chrysomèle. Sa forme dodue me rappelle celle de la larve du doryphore, une autre chrysomèle. Ici il s’agit de Chrysolina americana, la chrysomèle du romarin.
On rencontre souvent sur les lavandes les adultes de cet insecte originaire des régions méditerranéennes (comme ne le laisse pas entendre son nom latin).
Des planorbes de toutes tailles ont colonisé l’endroit. Ces mollusques sont peut-être arrivés en même temps que les plantes aquatiques qui y ont été installées.
Les salamandres sont venues mettre bas dans cette mare : ça, c’est un beau succès ! Cela vaudrait le coup de surveiller l’arrivée des femelles adultes, à la sortie de l’hiver, lorsqu’elles viennent dans l’eau pour donner naissance à leurs petites larves. On reconnaît la larve de la salamandre à la tache claire qui marque ses hanches postérieures.
Voici une lentille d’eau atypique. Elle dessine des couronnes ! Lemna trisulca forme des tapis ramifiés qui flottent sous la surface. Aussi est-elle peu visible : on la découvre lorsque l’épuisette la sort de l’eau. Elle serait plus sensible à la pollution que les autres lentilles d’eau. Encore un bon point pour cette mare !
Contrairement aux notonectes qui nagent sur le dos, les corises nagent sur le ventre. Chez les corises, les pattes postérieures frangées sont utilisées comme des rames ; les longues pattes médianes sont munies de griffres dont la fonction est d’arrimer l’insecte sur le fond. Quant aux antérieures, plus courtes, elles servent à l’alimentation. Ces punaises aquatiques n’ont pas de rostre piqueur, elles consomment des algues filamenteuses, des débris de végétaux aquatiques, des vers, des larves de moustiques…
A la nuit tombée, de nombreuses espèces sont attirées par la lumière de la terrasse. C’est l’occasion de découvrir les papillons de nuit dont on sait qu’ils sont beaucoup plus nombreux et variés que les papillons de jour. Et certains sont vraiment superbes !
L’Ensanglantée des renouées (Lythria purpuraria) se nourrit de la renouée des oiseaux. C’est aussi un Geometridae. Celui-ci est un mâle, reconnaissable à ses antennes pectinées.
Tiens un gammare zébré au fond de mon épuisette ! Ma partie de pêche à l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise me réserve une drôle de surprise. Ce n’est pas le gammare commun, qui pullule dans les ruisseaux et les mares. Celui-là vient du Danube !
Dikerogammarus villosus se reconnaît à son aspect bicolore et aux deux petites pointes qui ornent le bas de son dos, tout près de sa queue (discrètes mais bien visibles sur la photo ci-dessus).
Un crustacé invasif
Cette espèce, originaire de la région de la mer Caspienne et de la mer Noire, a colonisé le Danube dans les années 1990, puis le Rhin en 1994 en empruntant un canal. En 1999 elle était détectée dans la Moselle. On pense que depuis 2003, elle est largement présente dans les réseaux hydrographiques de la Seine, de la Loire et du Rhône. On la retrouve parfois dans des étangs qui ont été contaminés par le débordement de rivières en crues. Elle est même arrivée en Grande-Bretagne en 2010 peut-être dans le chargement d’un bateau, ou accrochée dans les plumes d’un oiseau.
Une tueuse !
Cette grande espèce peut atteindre 3 centimètres et sa voracité lui vaut son surnom de « crevette tueuse du Danube », bien que ce ne soit pas à proprement parler une crevette. Carnivore, elle s’attaque aux larves de libellules, aux alevins, aux autres crustacés… Beaucoup d’espèces de crustacés indigènes ne survivent pas là où elle s’installe.
Ce dessin caractéristique sur les ailes, je le reconnais, c’est celui de l’inconfondable Amonoia purmunda, une adorable petite mouche de la famille des Tephritidae dont la larve vit dans les fruits sauvages, ceux des aubépines particulièrement.
Intéressant ! Quels autres insectes écrasés vais-je trouver sur mon pare-brise ? Euh… aucun. Voilà qui m’intrigue.
Quand j’étais gamin, je me souviens très bien qu’il était nécessaire de s’arrêter assez régulièrement lors des longs trajets pour nettoyer le pare-brise, tant étaient nombreux les impacts des insectes, petits et gros. On ne peut pas dire que ce soit le cas aujourd’hui. Qu’en pensent les entomologistes ? Dans un article paru en mai 2017 dans Science magazine, il est rapporté une étude réalisée dans une réserve naturelle en Allemagne, qui montre qu’en 24 ans (entre 1989 et 2013) 78% des insectes avaient disparu ! Il ne s’agit pas du nombre des espèces, mais bien de la masse ! Mon impression serait donc une réalité scientifique ? On aimerait ne pas y croire. Car tous ces insectes sont la nourriture de nombreuses espèces : les hirondelles, par exemple, dont nous voyons la population diminuer chaque année sur certains sites lors de nos inventaires.
Quelles sont les causes de ce déclin ? L’article pointe la disparition des haies, le développement de la culture du maà¯s, la fertilisation des prairies, la pollution lumineuse, l’urbanisation des campagnes, les pesticides…
Cela s’est passé sur le même parking à Cergy, un soir en quittant le bureau. Au moment de démarrer ma voiture, j’ai vu cet oiseau qui me regardait posé sur mon pare-brise. Cette jeune pie inexpérimentée, peut-être intéressée par un insecte écrasé et voulant en faire son quatre heures, avait coincé ses doigts dans l’essuie-glace ! Je l’ai libérée, et elle n’a pas demandé son reste !