L'actualité de la Nature

Les petites bêtes de la mare

Au collège Gérard Philipe de Cergy, une mare a été réalisée au printemps 2018 avec le soutien du conseil départemental du Val d’Oise. Elle est déjà  grouillante de vie ! Nicolas Louineau, professeur de SVT, m’a aidé à  capturer quelques petites bêtes aux fins d’identification.

La mare du collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les notonectes, ou abeilles d’eau, nagent le ventre en l’air. Elles se nourrissent de proies aquatiques ou d’insectes tombés dans l’eau, qu’elles piquent avec leur rostre puissant.

Notonecta viridis – collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Lorsqu’elle vient en surface faire le plein d’air pour respirer sous l’eau, seule l’extrémité de l’abdomen est en contact avec l’atmosphère. L’air emmagasiné tapisse la surface de son corps, lui donnant des reflets argentés. Ses grands yeux lui permettent de surveiller ce qu’il se passe au-dessus et en-dessous d’elle.

Notonecta viridis, face dorsale © CACP – Gilles Carcassès

Pour déterminer les notonectes, il faut observer la face dorsale. Il est recommandé de les manipuler avec précaution pour ne pas se faire piquer par le rostre, car c’est assez douloureux ! L’angle aigu du pronotum au coin de l’œil permet ici d’identifier Notonecta viridis.

Acilius sulcatus – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cet Acilius, de la famille des Dytiscidae, rame vigoureusement sous l’eau à  l’aide de ses longues pattes ciliées. A l’inverse des notonectes, il nage sur le ventre. C’est un prédateur de nombreux animaux aquatiques.

Acilius sulcatus, face ventrale © CACP – Gilles Carcassès

Pour déterminer les Acilius, il faut observer la face ventrale. Les fémurs postérieurs à  moitié noirs et la coloration ventrale globalement très sombre indiquent l’espèce Acilius sulcatus. L’insertion des pattes postérieures dans cette famille de coléoptères aquatiques est étonnamment très décalée vers l’arrière. L’insecte est très bien adapté pour la nage, il vole aussi sur de bonnes distances, mais s’est un marcheur très maladroit ! Ici il s’agit d’une femelle, car le mâle est équipé de ventouses sur ses pattes antérieures qui lui permettent de saisir commodément sa partenaire pendant l’accouplement.

Nymphe d’Acilius ? © CACP – Gilles Carcassès

Sur la berge à  fleur d’eau nous avons trouvé des cocons de terre cachés sous des feuilles en décomposition. A l’intérieur d’un cocon, une nymphe attend la mue qui la transformera en adulte. Il s’agit probablement d’une nymphe d’Acilius.

Corixidae – collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cette petite punaise aquatique finement barrée nage aussi sur le ventre. Elle navigue entre deux eaux et se pose sur le fond. Il s’agit d’une espèce de la famille des Corixidae. Ce sont des prédateurs de la petite faune aquatique comme les larves de moustiques.

Ponte de gastéropode aquatique – collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les feuilles d’arbres tombées dans l’eau servent de support aux pontes des gastéropodes aquatiques.

Sympetrum striolatum mâle – collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les Sympetrum striolatum étaient en ponte en tandem au-dessus de la mare. Les femelles ont déposé dans l’eau des centaines d’œufs. Cela nous promet de belles observations de leurs larves l’an prochain. Une aeschne bleue mâle est passée aussi mais ne s’est pas posée.

Helophilus pendulus – collège Gérard Philipe à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

L’hélophile suspendu est un bien joli syrphe, commun dans les zones humides. On voit ici la bande médiane noire qui orne sa face. Les larves de cette espèce vivent dans la vase et les eaux boueuses des berges.

Sources :

SOHIER Sandra, COROLLA Jean-Pierre in : DORIS, 08/08/2016 : Acilius sp.

Clé des hétéroptères aquatiques, par Raymond Poisson in : Faune de France (1957)

Retrouvez nos articles :

La mouche Nestor

Les Sympetrum striolatum du parc François-Mitterrand

A la mare de la Maison des Russes

L’abeille d’eau

Une aeschne bleue au parc du château de Grouchy

L'actualité de la Nature

A la mare de la Maison des russes

Dans le parc de la Maison des russes à  Eragny-sur-Oise, une mare a été créée il y a deux ans, avec l’aide de la ville.

La mare de la Maison des russes à  Eragny © CACP – Gilles Carcassès

J’ai été invité récemment à  venir apprécier la biodiversité de cet endroit. Et j’y ai trouvé des habitants intéressants ! En voici quatre :

Planorbarius corneus – Eragny © CACP – Gilles Carcassès

Des planorbes de toutes tailles ont colonisé l’endroit. Ces mollusques sont peut-être arrivés en même temps que les plantes aquatiques qui y ont été installées.

Larve de salamandre – Eragny © CACP – Gilles Carcassès

Les salamandres sont venues mettre bas dans cette mare : ça, c’est un beau succès ! Cela vaudrait le coup de surveiller l’arrivée des femelles adultes, à  la sortie de l’hiver, lorsqu’elles viennent dans l’eau pour donner naissance à  leurs petites larves. On reconnaît la larve de la salamandre à  la tache claire qui marque ses hanches postérieures.

Lemna trisulca – Eragny © CACP – Gilles Carcassès

Voici une lentille d’eau atypique. Elle dessine des couronnes ! Lemna trisulca forme des tapis ramifiés qui flottent sous la surface. Aussi est-elle peu visible : on la découvre lorsque l’épuisette la sort de l’eau. Elle serait plus sensible à  la pollution que les autres lentilles d’eau. Encore un bon point pour cette mare !

Corixidae (corise) – Eragny © CACP – Gilles Carcassès

Contrairement aux notonectes qui nagent sur le dos, les corises nagent sur le ventre. Chez les corises, les pattes postérieures frangées sont utilisées comme des rames ; les longues pattes médianes sont munies de griffres dont la fonction est d’arrimer l’insecte sur le fond. Quant aux antérieures, plus courtes, elles servent à  l’alimentation. Ces punaises aquatiques n’ont pas de rostre piqueur, elles consomment des algues filamenteuses, des débris de végétaux aquatiques, des vers, des larves de moustiques…