L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le jour de la trainasse

Le 12 février, la trainasse est à  l’honneur dans le calendrier révolutionnaire (voir plus bas) !

C’est quoi, cette trainasse ?

Non, ce n’est pas une serpillière, ni un jour de repos, c’est l’autre nom de la renouée des oiseaux, une plante vivace indigène et commune qui s’étale et forme des tapis denses aux petites feuilles dressées. Son nom scientifique, Polygonum aviculare, indique qu’elle est appréciée des oiseaux, qui recherchent ses graines. En voici la preuve par quatre :

Troupe de moineaux sur un tapis de renouée des oiseaux © CACP – Gilles Carcassès

Et en détail :

Moineau domestique picorant la renouée des oiseaux © Michel Noà«l

La plante se plait dans les sols compacts et caillouteux. En ville, elle colonise souvent les pelouses trop piétinées.

Polygonum aviculare – Boulevard de l’Hautil à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

On ferait bien de ne pas la détruire, car c’est une source de nourriture importante pour les moineaux, et bien meilleure pour leur santé que le pain !

Et ce calendrier révolutionnaire ?

Il est organisé en 12 mois de 30 jours auxquels s’ajoutent 5 ou 6 jours supplémentaires en fin d’année. Chaque jour célèbre une plante, un animal, un outil ou une pratique agricole. C’est ainsi que le 24ème jour de Pluviôse, lendemain du chiendent, et veille du lièvre, est consacré à  la trainasse. Les noms des jours et des mois ont été choisis par le poète Fabre d’Eglantine et André Thouin, jardinier en chef du Jardin des Plantes de Paris et professeur au Muséum d’Histoire naturelle. Avec l’adoption de ce système laà¯c et décimal, les jours de repos ne furent plus hebdomadaires mais décadaires. Ce calendrier a été en vigueur de 1793 à  1806, puis quelques temps pendant la Commune de Paris.

Sources :

Description de la renouée des oiseaux par le site Infloweb

Le calendrier révolutionnaire par Wikipedia

L'actualité de la Nature

Petit souci

Souci des champs, en fleurs fin janvier 2018, sur un trottoir à  Poissy © CACP – Gilles Carcassès

Une adventice des vignes

Calendula arvensis, le souci des champs, est une espèce rare en Ile-de-France et son statut est classé « vulnérable ». Cette méridionale est arrivée en Ile-de-France à  l’époque gallo-romaine en même temps que la vigne. Avec d’autres annuelles, elle fait partie du cortège des plantes adventices typiques des vignobles, qui comprend aussi des bulbeuses comme le muscari à  toupet et l’ornithogale en ombelle, et des plantes à  stolons comme le physalis et l’aristoloche clématite.

Muscari comosum, le muscari à  toupet – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès
Aristolochia clematitis, l’aristoloche clématite – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Les vignes devaient être joliment fleuries avant les désherbants…

Devenue rare

En Ile-de-France, le souci des champs, autrefois très commun, n’est plus guère présent que dans l’Ouest parisien et le Hurepoix.

Il ne faut pas confondre Calendula arvensis, le souci des champs avec Calendula officinalis, le souci à  grosses fleurs cultivé dans les jardins.

Source :

La vigne, par jardinsdesplantes.net

 

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La pariétaire

Parietaria judaica – dans un escalier extérieur, au Verger à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Cette plante rugueuse qui croît en touffes au pied des murs en pierres est la pariétaire. J’en avais beaucoup au jardin, mais je n’en vois plus que des trognons : mes poules en raffolent ! Il paraît que les perdrix et les pigeons aiment beaucoup aussi la pariétaire.

Toute bonne, ou presque

On utilisait autrefois la pariétaire pour récurer les verres. La recette est simple : on en prend une poignée et on frotte. à‡a marche aussi pour les assiettes, paraît-il. Comme l’ortie qui appartient à  la même famille, c’est une plante comestible, mais elle est plus fade. Elle aurait plein de vertus médicinales. On la recommandait même en emplâtres contre le feu de Saint-Antoine, pour calmer les brà»lures. Elle a cependant un vilain défaut, son pollen très fin est fortement allergisant !

Sources :

Les pariétaires, par Books of Dante

La pariétaire ange ou démon, par Zoom Nature

Pariétaire de Judée, par Sauvages du Poitou

Principaux pollens allergisants, par le RNSA

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Le dactyle aggloméré

Dactylis glomerata, le dactyle aggloméré – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Une graminée vivace aux larges feuilles d’un vert bleuté portant haut des épillets très serrés, regroupés en panicules dont la silhouette évoque des doigts : c’est le dactyle aggloméré. Souvent cultivé comme fourrage, il est fréquent au bord des routes.

Ce pied était en fleur (on voit quelques étamines jaunes qui dépassent) le 26 janvier 2018 près de l’Oise sur un talus bien exposé. Ordinairement, il ne fleurit qu’à  partir du mois d’avril. C’est bien assez tôt quand on sait la responsabilité de la floraison de cette plante dans le rhume des foins qui touche les personnes allergiques aux pollens des graminées !

Le dactyle résiste très bien à  la sécheresse, mais son feuillage très grossier et ses grosses touffes font qu’on ne l’utilise pas dans les mélanges pour gazon.

En culture, le dactyle est sensible à  l’ergot de seigle, ce champignon responsable du feu de Saint-Antoine. Ses inflorescences peuvent être attaquées par des cécidomyies.

Ochlodes sylvanus, la sylvaine – Maurecourt © CACP – Gilles Carcassès

Les chenilles de plusieurs espèces de papillons de jour se nourrissent des feuilles du dactyle : la sylvaine, les hespéries de la houlque et du dactyle, la mégère.

Sources :

Dactyle aggloméré, trois doigts de poésie, par Sauvages du Poitou

Dactylis glomerata, par Ephytia

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Acericerus, cicadelle de l’érable

Bravo à  Esteban qui a trouvé que la photo mystère de février 2018 était celle d’une cicadelle !

Cette tête de féroce diablotin à  lunettes est le motif caractéristique du scutellum d’une cicadelle du genre Acericerus (ainsi sont les Acericerus, je vous assure).

Acericerus sp. – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

J’a trouvé celle-ci sous l’écorce d’un platane du parc François-Mitterrand à  Cergy. Un excellent endroit pour passer l’hiver à  labri des intempéries. Mais Acericerus ne consomme pas la sève du platane, ce sont les érables qui sont à  son goà»t. Il y avait bien un érable sycomore à  proximité. Je n’ai pas pu la prendre en photo de plus près car elle a disparu dans un saut vertigineux quand j’ai voulu l’approcher.

On trouve en France trois espèces d’Acericerus, assez difficiles à  distinguer, toutes sur les érables.

Un grand merci à  François pour m’avoir indiqué que ce type d’illusion qui nous fait voir le dessin d’une figure est une paréidolie. Très content d’avoir appris un nouveau mot !

Retrouvez  d’autres paréidolies dans ces articles :

La cigale bossue, inventeur de la roue dentée

J’ai trouvé un serpent cyclope !

La phalène anguleuse

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La photo mystère de février 2018

Diablotin à  lunettes © CACP – Gilles Carcassès

Cette tête de féroce diablotin à  lunettes mesure un peu moins d’un millimètre de long (cornes comprises).

Je l’ai rencontrée au parc François-Mitterrand à  Cergy. Devinerez-vous à  qui elle appartient ?

Uniquement pour ceux qui sèchent : indice de secours

A lundi !

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Pique-souris

Ruscus aculeatus, le fragon petit houx – forêt de Rosny-sur-Seine © CACP – Gilles Carcassès

Le fragon, plante dioà¯que toujours verte, pousse en touffes dans les sous-bois. Il ne possède pas de feuilles : les parties plates terminées par une épine coriace sont en fait des rameaux secondaires transformés, que l’on nomme des cladodes.

Des usages insoupçonnés

Ses rhizomes charnus étaient autrefois récoltés pour leurs propriétés médicinales, et ses jeunes pousses consommées comme celles du tamier.

On peut se servir de ses rameaux liés en fagots pour confectionner des balais rustiques, ou attachés tête-bêche en hérissons pour ramoner les cheminées. Et il paraît que la viande séchée était protégée des rongeurs quand elle était emmaillotée dans ses rameaux ; cet usage particulier aurait valu au fragon le surnom de pique-souris.

Dans certaines régions où le buis est absent des sous-bois, le fragon est utilisé pour les Rameaux. Mais sa croissance est très lente, et il est préférable de ne pas le cueillir. Il est d’ailleurs rare dans le Val d’Oise, alors qu’on le rencontre plus communément dans les forêts des Yvelines.

Pour votre jardin

Ruscus – coulée verte à  Bois-Colombes © CACP – Gilles Carcassès

Il existe quelques variétés cultivées de cette plante. On peut notamment trouver en pépinière le cultivar ‘John Redmond’, trapu et couvert de fruits rouges presque toute l’année. A cultiver à  l’ombre bien sà»r, et à  planter avec des gants !

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Coléoptères, fins stratèges !

Les mandibules des insectes ne servent pas qu’à  l’alimentation. On connaît bien sà»r les joutes entre mâles des espèces pourvues de mandibules très développées, comme le lucane. Mais elles peuvent aussi servir à  découper le végétal, dans le but de saboter les défenses chimiques des plantes, pour se cacher des prédateurs ou encore fournir un nid à  leur progéniture !

Voici trois exemples de ces découpes stratégiques :

Henosepilachna argus – Eragny-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Avant de consommer cette feuille de bryone, Henosepilachna argus, la coccinelle de la bryone, a soigneusement incisé la feuille selon une longue ligne arrondie en pointillés (en partie basse de la photo ci-dessus). Elle s’attaque ensuite à  la partie en aval de cette découpe. Il paraît que de cette façon elle sabote le système de défense chimique de la plante. Ce comportement est à  rapprocher de celui de certaines chenilles qui sectionnent les canaux lactifères de feuilles de plantes à  latex avant de les consommer tranquillement, hors d’atteinte des gouttes d’un latex à  la fois collant et toxique. La bryone n’est pas une plante à  latex mais il est possible que sa sève se charge de produits inappétants pour les insectes lorsqu’une feuille est blessée. Avec cette incision, l’insecte couperait le chemin de la sève vers la partie convoitée.

Couple de coccinelles de la bryone © CACP – Gilles Carcassès

Cette femelle de coccinelle de bryone a découpé cette feuille et a commencé à  en mâchouiller le parenchyme. Mais un mâle entreprenant est venu interrompre son repas !

Tituboea sexmaculata © CACP – Gilles Carcassès

Maladroite, cette chrysomèle qui coupe après son repas l’extrémité du rameau sur laquelle elle est installée ? Peut-être que non : certains insectes feraient ainsi pour cacher leurs méfaits et déjouer la gourmandise des oiseaux qui les cherchent parmi les feuilles grignotées… Ne pas laisser de traces pour ne pas attirer l’attention.

L’oeuvre élégante et savante du cigarier du noisetier © CACP – Gilles Carcassès

Apoderus coryli, le cigarier du noisetier découpe très précisément une feuille de façon à  en faire pendre un large lambeau qu’il roule sur lui-même avec ses petites pattes musclées. En séchant, ce « cigare » servira d’abri solide et de garde-manger à  sa larve.

Apoderus coryli, jeune adulte issu d’un de mes élevages  © CACP – Gilles Carcassès

Source :

Le sabotage des défenses des feuilles, par Alain Fraval / Insectes n°186 – 3éme trimestre 2017

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Les pollinisateurs nocturnes

Cirsium oleraceum en fleurs visité par un bourdon – Saint-Ouen l’Aumône © CACP – Gilles Carcassès

L’éclairage, néfaste pour les pollinisateurs nocturnes

Une équipe d’écologues s’est récemment intéressée à  l’effet de l’éclairage nocturne sur la pollinisation des plantes. Leur étude a montré une chute de 13% de la production de graines chez des cirses maraîchers (Cirsium oleraceum) éclairés la nuit par des candélabres, alors qu’ils sont aussi visités par des insectes pollinisateurs diurnes (comme le bourdon dans la photo ci-dessus). Ils en tirent la conclusion que l’éclairage a un effet négatif sur l’activité des insectes pollinisateurs nocturnes, et sur la biodiversité en général. On le savait déjà  pour certaines espèces de chauves-souris.

Qui sont les pollinisateurs nocturnes ?

Les pollinisateurs nocturnes sont des papillons de nuit, des punaises, certaines mouches…

Ce Coremacera (diptère Sciomyzidae) serait un pollinisateur strictement nocturne. © CACP – Gilles Carcassès
Pleuroptya ruralis, la pyrale du houblon, la nuit, sur une fleur de clématite sauvage © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont surtout des fleurs blanches qui sont pollinisées la nuit. L’émission de leur parfum en début de nuit renforce leur attractivité, c’est aussi le moment où leur pollen est le plus accessible. Ainsi les Platanthera, belles orchidées blanches de nos sous-bois, sont visitées par le sphinx de l’épilobe et sans doute d’autres papillons de nuit.

Platanthera chlorantha – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

Comment concilier éclairage et biodiversité ?

La pollution lumineuse augmente chaque année sur Terre. Heureusement, les aménageurs et les gestionnaires peuvent s’appuyer sur les conseils « éclairés » de l’Association Française de l’Eclairage pour tenir compte de la biodiversité (voir les fiches 15 et 16).

Autres sources :

Pollution lumineuse : comment la nuit disparaît peu à  peu – Les Echos.fr

Pollinisation de Platanthera chlorantha – un article de la SFO de Poitou-Charente et Vendée

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Un canard qui boite de l’aile

Canard colvert à  l’aile déformée – parc du château de Grouchy à  Osny © CACP – Gilles Carcassès

Le syndrome des ailes d’ange

Dans le cadre du comptage annuel des oiseaux d’eau, nous avons observé dans l’étang du parc du château de Grouchy ce canard colvert à  l’aile anormalement basse. La dernière articulation de l’aile est tournée vers l’extérieur. Cette infirmité, qui semble plus toucher les mâles que les femelles, est une maladie d’origine alimentaire ; elle empêche l’oiseau de voler. Ne pouvant fuir efficacement les prédateurs, son espérance de vie est forcément très limitée.

Halte au pain !

Qu’a-t-il donc mangé qui ne lui a pas réussi ? Du pain, tout simplement ! L’excès de pain chez les jeunes canards engendre ces malformations osseuses.

Dira-t-on jamais assez qu’il ne faut pas donner du pain aux oiseaux d’eau ?

Sources :

Ne donnez pas du pain aux cygnes et aux canards, un article de la LPO PACA

Nourrir les oiseaux – Règles de bonne conduite pour ne pas les mettre en danger, un article de Lac de Créteil