L'actualité de la Nature

L’arbre à  sangliers

Bravo à  Béatrice, Juliet et Colette qui ont les premières reconnu le passage des sangliers ! Et une mention spéciale à  Laurent Lebot de THEMA Environnement pour la précision de son commentaire.

Avez-vous déjà  essayé de vous frotter à  un tronc d’épicéa ?

à‡a gratte fort ! Les sangliers adorent…

Frottoir à  sangliers – parc du château de Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

A la base du tronc, on remarque une coloration gris terne : c’est de la boue séchée ! Les sangliers font ainsi leur toilette : un bon bain de boue dans une souille bien fangeuse, puis une séance de gratte-dos sur le tronc d’un arbre pour enlever la boue. Ces croà»tes de boue sont nommées houzures, leur hauteur sur le tronc renseigne sur le gabarit des animaux qui fréquentent le frottoir.

Et les traces noires au-dessus ? C’est un truc de chasseurs : un badigeon de goudron de Norvège, les sangliers adorent cette odeur et ça les aide à  se débarrasser des parasites. A mon avis, il y a là -dessous des intentions pas très pures. Je ne crois pas que ce soit juste pour leur faire plaisir.

Petite remarque en passant : un chasseur respectueux de la nature ne balance pas le bidon vide de goudron de Norvège dans les fourrés…

L'actualité de la Nature

Le séneçon visqueux

Senecio viscosus, le séneçon visqueux © CACP – Gilles Carcassès

Cette plante glanduleuse (et même collante) se contente de très peu : elle colonise ici une allée de service en graviers de l’hôpital d’Argenteuil.

Floraison du séneçon visqueux © CACP – Gilles Carcassès

Ses fleurs rappellent celles du séneçon jacobée, mais la plante est beaucoup plus basse.

Senecio viscosus, en rosette © CACP – Gilles Carcassès

C’est une plante bisannuelle (les botanistes disent thérophyte hivernal), elle germe à  l’automne, passe l’hiver sous forme de rosette et fleurit l’été suivant.

En Ile-de-France, la plante, indigène ou naturalisée selon les endroits, est peu commune. Elle se dissémine principalement à  la faveur du réseau ferré où elle apprécie le ballast. On la trouve aussi dans les clairières, les jachères, sur les décombres, les remblais et aux abords des usines… Dans le Guide des groupements végétaux de la région parisienne, elle est citée dans la végétation des « hautes friches héliophiles à  composées épineuses », sur sols secs et caillouteux, plus ou moins remués, irrégulièrement entretenus, en situation ensoleillée. Elle côtoie souvent le mélilot blanc.

Cette plante à  odeur fétide est toxique, et dangereuse pour le bétail.

Sources :

Le séneçon visqueux, par le blog de l’Association Nature Alsace Bossue

Guide des groupements végétaux de la région parisienne, de Marcel Bournérias, Gérard Arnal, Christian Bock (Belin)

Retrouvez un autre séneçon des voies ferrées :

Le séneçon de Mazamet

Retrouvez le séneçon jacobée et le séneçon commun dans ces articles :

La goutte de sang

Ni bonnes ni mauvaises

 

Agenda

Le programme des animations de la Maison de la nature de Vauréal pour avril 2018

Encore une très belle programmation à  la Maison de la nature de Vauréal ! Pensez à  vous inscrire : maisondelanature@mairie-vaureal.fr

Crapaud commun  © CACP – Gilles Carcassès

Le 6 avril 2018, la nuit de la grenouille

L’araignée-loup © CACP – Gilles Carcassès

Le 7 avril 2018, à  la découverte des champignons du printemps

Le 7 avril 2018 en soirée : la nuit de la chouette

Le 16 avril 2018 : qu’est-ce ça mange une chouette (atelier de dissection de pelotes) ?

Le 19 avril 2018 : le monde des araignées

Le 25 avril 2018 : empreintes d’animaux

Le 26 avril 2018 : les petites bêtes de la mare

Corixidae (corise) © CACP – Gilles Carcassès

plus quelques ateliers déco et gourmands !

Retrouvez sur le site de la ville de Vauréal toutes les animations de la Maison de la nature pour avril 2018

L'actualité de la Nature

La saga du sanglochon

Croisés dans un rue de Châteauneuf-en-Auxois (21) © CACP – Gilles Carcassès

Sanglochon ? Sanglochon ? à‡a n’existe pas !

Si, si, ça existe : c’est un mot-valise, créé par l’amalgame de deux mots. Japoniaiserie, alicament, progiciel, draculapin, franglais, celibattante sont des mots-valises passés dans la langage courant. Alors, notre sanglochon, un raccourci entre sanglot et ronchon pour traduire la mine ravagée du paysan devant son champ de maà¯s dévasté ?

Non, mais on n’est pas loin. Construit par l’apocope de sanglier et l’aphérèse de cochon, le sanglochon est le fruit des amours clandestines entre le sanglier et la femelle cochon. Le sanglier et le cochon domestique sont en effet de la même espèce et leur descendance est féconde. Depuis des millénaires, le sauvage et le domestique fricotent ainsi au hasard des rencontres à  la lisière des bois. Et ce n’est pas une spécialité française, le mot a même une traduction en japonais : le ravissant inobuta, de inoshishi le sanglier et buta, le cochon. Le sanglochon de première génération se différencie du sanglier à  ses oreilles plus grandes, sa robe parfois tachetée et ses soies moins drues. Mais au bout de quatre générations auprès des sangliers dans la forêt, impossible de différencier un descendant de sanglochon d’un autre sanglier.

Sangliers à  l’heure de la gamelle, au zoo de Mulhouse © CACP – Gilles Carcassès

J’oubliais un détail, le sanglochon est plus prolifique que le sanglier, comprenez profitable, pour des éleveurs de sangliers peu scrupuleux. Quelques départements du Sud-Est seraient ainsi plus touchés que le reste de la France par « l’invasion des sanglochons ». Le monde de la chasse serait-il là -bas moins respectueux des règlements ? Dans la presse locale, on ne cesse de vilipender les comportements des hordes de sanglochons !

Des champs retournés, des récoltes avalées, des paysans ruinés : les sanglochons ! Des stations de plantes rares saccagées dans les bois, les écolos qui pleurent : les sanglochons ! Le réchauffement climatique : les sanglochons !

Tant d’animosité me fait suspecter une histoire de cochon émissaire (eh non, commissaire n’est pas un mot-valise).

Pour finir, un petite devinette. Selon vous, des sanglochons, des sangliers ou des trafiquants-chasseurs, qui sont les vrais sauvages ?

Cet article est paru dans « Canard sauvage », le petit journal édité dans le cadre de l’exposition de dessins d’humour « TRAITS SAUVAGES » que vous pouvez admirer place des Arts à  Cergy jusqu’au 16 avril 2018.
Un grand merci à  Jopsé Keravis pour le prêt de son illustration !

Sources :

Le mot-valise à  l’ère nucléaire, par correcteurs.blog,lemonde.fr

Un porc? Un sanglier ? Un sanglochon ou un cochonglier ! par le site Nature Paul Keirn

En savoir plus sur le sanglier :

Le sanglier, un souilleur semeur par Zoom-Nature

Retrouvez nos articles parus les années précédentes pour le même événement culturel :

Retenir le chant des oiseaux

Envie de nature

Agenda

Traits sauvages : le rendez-annuel de dessins d’humour à  Cergy-Pontoise

Inauguration de l’exposition Traits sauvages vendredi 31 mars 2018, place des Arts à  Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Les ingrédients d’une inauguration réussie :

Des artistes de grand talent © CACP – Gilles Carcassès
Une très belle scénographie © CACP – Gilles Carcassès
De la bonne musique © CACP – Gilles Carcassès
Des cadeaux ! © CACP – Gilles Carcassès

On pouvait récupérer le catalogue de l’exposition et l’édition spéciale « Canard sauvage » ! Demain, « La saga du sanglochon » paraîtra dans ce blog avec l’illustration en couleurs de José Keravis, le président de l’association Dallas, initiatrice de l’événement.

Venez place des Arts, l’exposition vaut le coup d’œil ! Et n’oubliez pas d’encourager au passage, avec respect et bienveillance, les butineuses à  l’ouvrage et le couple de cygnes du parc François Mitterrand.

Les abeilles domestiques se pressent sur les euphorbes de la place Charles de Gaulle © CACP – Gilles Carcassès
Il paraît qu’elle couve 6 œufs cette année ! © CACP – Gilles Carcassès
L'actualité de la Nature

Deux euphorbes sauvages communes au jardin

Vous les avez forcément arrachées en jardinant, ces petites euphorbes annuelles au tiges gorgées d’un latex blanc. Deux espèces se partagent nos jardins, parfois en mélange. Elles sont très communes toutes les deux partout en France. Voici la plus grande des deux :

Euphorbia helioscopia, l’euphorbe réveil-matin

Euphorbia helioscopia – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

On reconnaît cette espèce à  ses feuilles presque rondes et dentées. L’ombelle compte cinq rayons principaux, mais celle photographiée ci-dessus n’en a que quatre. La botanique n’est pas toujours une science exacte…

Euphorbia helioscopia – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

L’autre espèce a les feuilles plus allongées et l’ombelle compte trois rayons principaux :

Euphorbia peplus, l’euphorbe des jardins

Euphorbia peplus – Cergy © CACP – Gilles Carcassès
Euphorbia peplus – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont toutes deux des plantes nectarifères qui intéressent les petits diptères. Ce sont aussi des plantes très toxiques. En Australie, Euphorbia peplus est cultivée pour récolter le latex dont sont extraites des molécules aux propriétés anticancéreuses.

Le latex des euphorbes peut provoquer des irritations de la peau et il faut se garder de tout contact avec les yeux. Mettez des gants pour jardiner (et pensez à  retirez vos gants pour vous frotter les yeux) !

Retrouvez quelques autres adventices du potager :

La véronique de Perse

La sétaire glauque

Le souci des champs

L’oxalis corniculé

Sources :

Euphorbia helioscopia, par l’Université virtuelle Environnement et Développement durable (UVED)

Euphorbia peplus, par Sauvages du Poitou

Agenda

La transhumance de Cergy-Pontoise : 7 et 8 avril 2018

Ne manquez pas la transhumance de Cergy-Pontoise !

Le départ de la ferme d’Ecancourt © CACP – Gilles Carcassès

Le programme :


Et le plan du parcours est ici !

Retrouvez nos reportages sur les transhumances des années précédentes :

Transhumance 2017 : des brebis témoignent

Retour sur la transhumance 2016

La transhumance comme si vous y étiez (2015)

L'actualité des jardins

Les amis du melon

Il est souvent préconisé de faire cohabiter au jardin les plantes fleuries et les légumes, afin de profiter des bénéfices biologiques de ces associations. Ces pratiques plus ou moins empiriques ont des fondements scientifiques. Vous pouvez retrouvez dans notre article Plantes compagnes l’explication de ces mécanismes.

Cyanus segetum, le bleuet © CACP – Gilles Carcassès

Des chercheurs ont récemment testé l’effet de la proximité de bandes fleuries dans la culture du melon. Leur idée était de proposer des plantes nourricières ou relais aux auxiliaires susceptibles de contrôler les pullulations de pucerons. Et cela a très bien fonctionné : les melons des planches bénéficiant de ce compagnonnage ont été significativement moins attaqués par les virus transmis par les pucerons que ceux des planches témoins. Les plantes composant la bande fleurie étaient adaptées au climat méditerranéen car cet essai a été conduit par une équipe de l’INRA d’Avignon.

Le mélange qui a prouvé son efficacité est composé de cinq espèces, deux annuelles, le bleuet et la gesse commune (Lathyrus sativus), et trois vivaces, le sainfoin, la petite pimprenelle et la marjolaine (Origanum majorana).

Sanguisorba minor, la petite pimprenelle © CACP – Gilles Carcassès

Je suggère aux jardiniers amateurs qui voudraient s’inspirer de ces résultats de remplacer la marjolaine par un origan, plante très proche et plus facile à  trouver. De même, la gesse commune peut sans doute être remplacée par le pois de senteur (Lathyrus sativus) qui est aussi une gesse. Evidemment, il ne faut pas choisir des cultivars à  fleurs doubles qui ont très peu à  offrir aux insectes ! Attention en particulier au bleuet, souvent vendu en mélange de fleurs doubles de différents coloris.

La vrai difficulté consiste au bon respect du calendrier de cultures. Le système pour être efficace nécessite impérativement que les plantes compagnes soient déjà  en fleurs au moment où l’on installe les plants de melon.

A chacun de faire ses essais selon sa région. Racontez-nous vos expériences !

Source :

Résistance et agroécologie, des fleurs pour ‘Margot’ le melon, un article de Jardins de France, l’excellente revue de la SNHF

L'actualité de la Nature

Où sont passés les oiseaux ?

En tant que contributeurs du STOC (suivi temporel des oiseaux communs) depuis plusieurs années, nous sommes fiers de participer à  la constitution de données normalisées qui permettent aux chercheurs d’établir des statistiques fiables sur la diversité et l’abondance des oiseaux qui nichent dans notre région.

Mais nous ne sommes pas particulièrement réjouis par les résultats car ils sont alarmants !

Sur la période 2004- 2017, en Ile-de-France, les oiseaux spécialistes des milieux agricoles ont décliné de 44 % !

Evolution des effectifs du bruant jaune en Ile-de-France (ARB-IdF)

Nos enfants verront-ils encore en Ile-de-France la linotte et l’alouette des champs ? Les tendances par espèce sont bien inquiétantes. Voyons quelles sont celles qui accusent les baisses d’effectifs les plus importantes :

Linotte mélodieuse © CACP – Gilles Carcassès

-64 %, le bruant proyer
-64 %, le tarier pâtre
-63 %, la perdrix grise
-53 %, le bruant jaune
-47 %, la linotte mélodieuse
-33 %, la bergeronnette printannière
-26 %, l’alouette des champs

Durant la même période, les oiseaux des milieux bâtis ont perdu 41 % de leurs effectifs.

Verdier d’Europe © CACP – Gilles Carcassès

En ville, la situation n’est pas plus enviable :

-73 %, le serin cini
-60 %, le verdier d’Europe
-53 %, le moineau domestique
-40 %, l’hirondelle rustique

Les oiseaux forestiers sont moins impactés : -5 % seulement.

Grimpereau des jardins – © Gilles Carcassès

-73 %, le pouillot fitis
-37 %, la sittelle torchepot
+22 %, le rouge-gorge familier
+46 %, le grimpereau des jardins
+114 %, le roitelet huppé
+146 %, le roitelet triple-bandeau

Les effectifs des oiseaux généralistes sont globalement stables, avec des disparités importantes selon les espèces :

Accenteur mouchet © CACP – Gilles Carcassès

-51 %, l’accenteur mouchet
-14 %, le merle noir
+ 0 %, le pigeon ramier
+ 0 %, le pinson des arbres
+ 0 %, le geai des chênes
+ 0 %, la mésange charbonnière
+ 0 %, le pic vert
+ 0 %, la fauvette à  tête noire
+22 %, la mésange bleue
+25 %, la corneille noire

Les causes du déclin sont connues

Quelques espèces souffrent du réchauffement climatique, des migratrices sont impactées par la chasse ou les conditions de vie qu’elles rencontrent en Afrique, mais pour la plupart des espèces en diminution, ce sont bien la disparition ou la fragmentation des milieux, et les pratiques de l’agriculture intensive qui sont responsables.

Alors, d’urgence, plantons des haies champêtres, créons des prairies, aménageons de nouveaux espaces de nature et gérons-les sans pesticides, et agissons en faveur d’une agriculture plus favorable à  la biodiversité !

Sources :

Dans les campagnes et en ville le déclin des oiseaux s’amplifie, par l’ARB-IdF

Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises, par le MnHn

Où sont passés les oiseaux des champs ? par le CNRS

Retrouvez nos articles sur nos relevés STOC à  Cergy-Pontoise :

Observations ornithologiques 2017

Observations ornithologiques 2016

Observations ornithologiques 2015

D’autres articles, sur le déclin des insectes :

Le déclin des papillons de jour

Sur le pare-brise