Bravo à Béatrice, Juliet et Colette qui ont les premières reconnu le passage des sangliers ! Et une mention spéciale à Laurent Lebot de THEMA Environnement pour la précision de son commentaire.
Avez-vous déjà essayé de vous frotter à un tronc d’épicéa ?
A la base du tronc, on remarque une coloration gris terne : c’est de la boue séchée ! Les sangliers font ainsi leur toilette : un bon bain de boue dans une souille bien fangeuse, puis une séance de gratte-dos sur le tronc d’un arbre pour enlever la boue. Ces croà»tes de boue sont nommées houzures, leur hauteur sur le tronc renseigne sur le gabarit des animaux qui fréquentent le frottoir.
Et les traces noires au-dessus ? C’est un truc de chasseurs : un badigeon de goudron de Norvège, les sangliers adorent cette odeur et ça les aide à se débarrasser des parasites. A mon avis, il y a là -dessous des intentions pas très pures. Je ne crois pas que ce soit juste pour leur faire plaisir.
Petite remarque en passant : un chasseur respectueux de la nature ne balance pas le bidon vide de goudron de Norvège dans les fourrés…
C’est une plante bisannuelle (les botanistes disent thérophyte hivernal), elle germe à l’automne, passe l’hiver sous forme de rosette et fleurit l’été suivant.
En Ile-de-France, la plante, indigène ou naturalisée selon les endroits, est peu commune. Elle se dissémine principalement à la faveur du réseau ferré où elle apprécie le ballast. On la trouve aussi dans les clairières, les jachères, sur les décombres, les remblais et aux abords des usines… Dans le Guide des groupements végétaux de la région parisienne, elle est citée dans la végétation des « hautes friches héliophiles à composées épineuses », sur sols secs et caillouteux, plus ou moins remués, irrégulièrement entretenus, en situation ensoleillée. Elle côtoie souvent le mélilot blanc.
Cette plante à odeur fétide est toxique, et dangereuse pour le bétail.
Si, si, ça existe : c’est un mot-valise, créé par l’amalgame de deux mots. Japoniaiserie, alicament, progiciel, draculapin, franglais, celibattante sont des mots-valises passés dans la langage courant. Alors, notre sanglochon, un raccourci entre sanglot et ronchon pour traduire la mine ravagée du paysan devant son champ de maà¯s dévasté ?
Non, mais on n’est pas loin. Construit par l’apocope de sanglier et l’aphérèse de cochon, le sanglochon est le fruit des amours clandestines entre le sanglier et la femelle cochon. Le sanglier et le cochon domestique sont en effet de la même espèce et leur descendance est féconde. Depuis des millénaires, le sauvage et le domestique fricotent ainsi au hasard des rencontres à la lisière des bois. Et ce n’est pas une spécialité française, le mot a même une traduction en japonais : le ravissant inobuta, deinoshishi le sanglier et buta, le cochon. Le sanglochon de première génération se différencie du sanglier à ses oreilles plus grandes, sa robe parfois tachetée et ses soies moins drues. Mais au bout de quatre générations auprès des sangliers dans la forêt, impossible de différencier un descendant de sanglochon d’un autre sanglier.
J’oubliais un détail, le sanglochon est plus prolifique que le sanglier, comprenez profitable, pour des éleveurs de sangliers peu scrupuleux. Quelques départements du Sud-Est seraient ainsi plus touchés que le reste de la France par « l’invasion des sanglochons ». Le monde de la chasse serait-il là -bas moins respectueux des règlements ? Dans la presse locale, on ne cesse de vilipender les comportements des hordes de sanglochons !
Des champs retournés, des récoltes avalées, des paysans ruinés : les sanglochons ! Des stations de plantes rares saccagées dans les bois, les écolos qui pleurent : les sanglochons ! Le réchauffement climatique : les sanglochons !
Tant d’animosité me fait suspecter une histoire de cochon émissaire (eh non, commissaire n’est pas un mot-valise).
Pour finir, un petite devinette. Selon vous, des sanglochons, des sangliers ou des trafiquants-chasseurs, qui sont les vrais sauvages ?
Cet article est paru dans « Canard sauvage », le petit journal édité dans le cadre de l’exposition de dessins d’humour « TRAITS SAUVAGES » que vous pouvez admirer place des Arts à Cergy jusqu’au 16 avril 2018.
Un grand merci à Jopsé Keravis pour le prêt de son illustration !
On pouvait récupérer le catalogue de l’exposition et l’édition spéciale « Canard sauvage » ! Demain, « La saga du sanglochon » paraîtra dans ce blog avec l’illustration en couleurs de José Keravis, le président de l’association Dallas, initiatrice de l’événement.
Venez place des Arts, l’exposition vaut le coup d’œil ! Et n’oubliez pas d’encourager au passage, avec respect et bienveillance, les butineuses à l’ouvrage et le couple de cygnes du parc François Mitterrand.
Vous les avez forcément arrachées en jardinant, ces petites euphorbes annuelles au tiges gorgées d’un latex blanc. Deux espèces se partagent nos jardins, parfois en mélange. Elles sont très communes toutes les deux partout en France. Voici la plus grande des deux :
On reconnaît cette espèce à ses feuilles presque rondes et dentées. L’ombelle compte cinq rayons principaux, mais celle photographiée ci-dessus n’en a que quatre. La botanique n’est pas toujours une science exacte…
Ce sont toutes deux des plantes nectarifères qui intéressent les petits diptères. Ce sont aussi des plantes très toxiques. En Australie, Euphorbia peplus est cultivée pour récolter le latex dont sont extraites des molécules aux propriétés anticancéreuses.
Le latex des euphorbes peut provoquer des irritations de la peau et il faut se garder de tout contact avec les yeux. Mettez des gants pour jardiner (et pensez à retirez vos gants pour vous frotter les yeux) !
Il est souvent préconisé de faire cohabiter au jardin les plantes fleuries et les légumes, afin de profiter des bénéfices biologiques de ces associations. Ces pratiques plus ou moins empiriques ont des fondements scientifiques. Vous pouvez retrouvez dans notre article Plantes compagnes l’explication de ces mécanismes.
Des chercheurs ont récemment testé l’effet de la proximité de bandes fleuries dans la culture du melon. Leur idée était de proposer des plantes nourricières ou relais aux auxiliaires susceptibles de contrôler les pullulations de pucerons. Et cela a très bien fonctionné : les melons des planches bénéficiant de ce compagnonnage ont été significativement moins attaqués par les virus transmis par les pucerons que ceux des planches témoins. Les plantes composant la bande fleurie étaient adaptées au climat méditerranéen car cet essai a été conduit par une équipe de l’INRA d’Avignon.
Le mélange qui a prouvé son efficacité est composé de cinq espèces, deux annuelles, le bleuet et la gesse commune (Lathyrus sativus), et trois vivaces, le sainfoin, la petite pimprenelle et la marjolaine (Origanum majorana).
Je suggère aux jardiniers amateurs qui voudraient s’inspirer de ces résultats de remplacer la marjolaine par un origan, plante très proche et plus facile à trouver. De même, la gesse commune peut sans doute être remplacée par le pois de senteur (Lathyrus sativus) qui est aussi une gesse. Evidemment, il ne faut pas choisir des cultivars à fleurs doubles qui ont très peu à offrir aux insectes ! Attention en particulier au bleuet, souvent vendu en mélange de fleurs doubles de différents coloris.
La vrai difficulté consiste au bon respect du calendrier de cultures. Le système pour être efficace nécessite impérativement que les plantes compagnes soient déjà en fleurs au moment où l’on installe les plants de melon.
A chacun de faire ses essais selon sa région. Racontez-nous vos expériences !
En tant que contributeurs du STOC (suivi temporel des oiseaux communs) depuis plusieurs années, nous sommes fiers de participer à la constitution de données normalisées qui permettent aux chercheurs d’établir des statistiques fiables sur la diversité et l’abondance des oiseaux qui nichent dans notre région.
Mais nous ne sommes pas particulièrement réjouis par les résultats car ils sont alarmants !
Sur la période 2004- 2017, en Ile-de-France, les oiseaux spécialistes des milieux agricoles ont décliné de 44 % !
Evolution des effectifs du bruant jaune en Ile-de-France (ARB-IdF)
Nos enfants verront-ils encore en Ile-de-France la linotte et l’alouette des champs ? Les tendances par espèce sont bien inquiétantes. Voyons quelles sont celles qui accusent les baisses d’effectifs les plus importantes :
-64 %, le bruant proyer
-64 %, le tarier pâtre
-63 %, la perdrix grise
-53 %, le bruant jaune
-47 %, la linotte mélodieuse
-33 %, la bergeronnette printannière
-26 %, l’alouette des champs
Durant la même période, les oiseaux des milieux bâtis ont perdu 41 % de leurs effectifs.
-73 %, le pouillot fitis
-37 %, la sittelle torchepot
+22 %, le rouge-gorge familier
+46 %, le grimpereau des jardins
+114 %, le roitelet huppé
+146 %, le roitelet triple-bandeau
Les effectifs des oiseaux généralistes sont globalement stables, avec des disparités importantes selon les espèces :
-51 %, l’accenteur mouchet
-14 %, le merle noir
+ 0 %, le pigeon ramier
+ 0 %, le pinson des arbres
+ 0 %, le geai des chênes
+ 0 %, la mésange charbonnière
+ 0 %, le pic vert
+ 0 %, la fauvette à tête noire
+22 %, la mésange bleue
+25 %, la corneille noire
Les causes du déclin sont connues
Quelques espèces souffrent du réchauffement climatique, des migratrices sont impactées par la chasse ou les conditions de vie qu’elles rencontrent en Afrique, mais pour la plupart des espèces en diminution, ce sont bien la disparition ou la fragmentation des milieux, et les pratiques de l’agriculture intensive qui sont responsables.
Alors, d’urgence, plantons des haies champêtres, créons des prairies, aménageons de nouveaux espaces de nature et gérons-les sans pesticides, et agissons en faveur d’une agriculture plus favorable à la biodiversité !