Qui est là -haut ?
A lundi pour la réponse !
La saponaire est une plante de la famille des Caryophyllacées, aux fleurs roses pâles et aux propriétés étonnantes. Elle est assez fréquente en àŽle-de-France, notamment sur les sols riches et humides.
Malgré ses airs colorés et festifs, c’est une plante qui aime la vie nocturne. Elle déclenche la production de nectar au coucher du soleil pour attirer les papillons nocturnes (près de 95 % des espèces de papillons en France sont nocturnes !) qui assurent sa pollinisation.
Son nom, saponaire, a la même racine étymologique que le savon. Et pour cause, pour se défendre contre les agressions des insectes et maladies, la saponaire contient des saponines. Ce sont des molécules qui, une fois frottées avec de l’eau, moussent énormément. Les anciens utilisaient la saponaire pour faire leur lessive.
Attention toutefois, en usage externe elle peut être bénéfique, mais n’essayez pas d’en consommer, elle a un pouvoir hémolytique reconnu (qui détruit les globules rouges).
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
La saponaire, par Sauvage du Poitou
Connaissez-vous la pie bavarde ? On attribue souvent à cet oiseau de biens vilains défauts. Elle serait agressive, bruyante et voleuse. Elle est tellement commune qu’on donne même son nom à tous les animaux de couleur noire et blanche (chevaux, vaches, autres oiseaux…). Pourtant, quand on y regarde plus près, la pie est surprenante.
Son nom scientifique est Pica pica, elle fait partie de la famille des corvidés, qu’elle partage en àŽle-de-France avec 4 autres espèces la corneille noire, le corbeau freux, le choucas des tours et le geai des chênes. Comme les autres corvidés, elle fait preuve d’une grande adaptabilité dans son régime alimentaire : essentiellement insectivore, elle peut aussi consommer des baies, tirer profits des déchets des humains, jouer les charognards ou chasser de petits vertébrés (lézards, amphibiens, poussins de passereaux). Elle est également capable de faire des réserves et de cacher de la nourriture pour les jours de pénuries. La pie étant sédentaire (elle ne migre pas à l’hiver) elle défend donc son territoire alimentaire, le plus souvent face aux autres prédateurs (les rapaces). Ainsi, ses tares de d’agressivité et de vol ne sont que des déformations de sa nature même de prédatrice.
Quant à ses couleurs, elles sont bien plus variées que ce qu’on le laisse croire. Sur l’image ci-dessus on peut voir, de la tête à la queue, du noir, du blanc, du bleu, du vert et du violet.
Et quelle allure ! Avec sa queue immense (plus longue que le reste de son corps) et son vol gracieux elle n’a rien à envier aux plus exotiques paradisiers.
Au-delà des aspects physiques et esthétiques la pie a de nombreuses qualités.
C’est un oiseau social. Les couples sont d’une grande fidélité et élèvent à deux les petits de l’année qui restent en famille toute l’année. A l’hiver les pies se rassemblent de manière grégaire pour passer la saison difficile et prendre soin des plus faibles (notamment les jeunes de l’année). Au printemps, la séparation du groupe en vue de la nidification et de la reproduction entraine quelques discussions. Ce qui lui vaut d’ailleurs le nom de bavarde et sa réputation d’oiseau bruyant.
A propos de la nidification, la pie est une bâtisseuse hors paire et véritable ingénieur. Il est fréquent que les couples construisent plusieurs prototypes de nids avant d’en occuper un pour la saison de ponte. Le nid en coupe fait de brindilles et de branches dans les hauteurs des arbres a d’ailleurs inspiré les nids-de-pie des grands voiliers.
Enfin, si les qualités intellectuelles de la pie étaient encore à démontrer, c’est l’un des rares oiseaux pour lequel il a été prouvé la capacité à reconnaître son reflet dans un miroir.
A défaut d’une nouvelle épopée de jardin confiné, je peux vous raconter une histoire de plant de tomates. J’ai, pour maintenir un peu de nature dans mon confinement, des pieds de tomates qui grandissent totalement librement dans un petit bac en compagnie de menthe et de chénopodes (tout aussi sauvages et désordonnés).
Ce matin là je les observe, les feuilles paraissent raplapla, ça manque d’eau … Mais autre chose attire mon attention, ça bouge sous le bac. C’est étrange, il n’y a pas de vent dans l’appartement, ce n’est donc pas une feuille qui s’agite …
Je me baisse pour voir de quoi il s’agit et qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir une grosse chenille prise dans une toile d’araignée. Encore plus surprise de voir que le prédateur est toujours sur la scène du crime. L’occasion d’un reportage photo !
L’araignée est la malmignatte des maisons, Steatoda triangulosa. On la reconnait à ses motifs marbrés en forme de triangles sur l’abdomen. C’est une araignée relativement commune dans l’hémisphère nord. Elle s’accommode très bien des habitations humaines, c’est d’ailleurs là qu’on la repère le plus souvent.
Elle fait partie de la famille des Theridiidées, la même famille que les veuves noires. Elle est inoffensive pour l’Homme, mais ce n’est pas la même histoire pour mon amie chenille. Elle s’est vaillamment débattue une fois prise dans la toile, mais l’araignée a été plus efficace. On voit l’effet du venin sur l’extrémité haute de la chenille et elle est déjà bien ficelée dans la toile.
72 heures plus tard, celle qui aurait probablement pu devenir un papillon blanc de la famille des piérides est dans un état de nécrose avancé. Madame l’araignée va bientôt pouvoir passer à table.
Qui sait ce que peuvent encore héberger mes tomates ? Heureusement, malgré ces péripéties je n’ai pas oublié de leur donner de l’eau.
Ca y est, le 15 novembre étant passé, il est temps de raccrocher les mangeoires, la saison BirdLab reprend !
Pour jouer, c’est très simple : installez deux mangeoires* plates (format A4) à environ 1m de distance sur votre balcon (comme ici au 5ème étage) ou dans votre jardin, téléchargez l’application gratuite, et observez !
*Pour jouer il vaut mieux remplir les mangeoires avec des graines de tournesol.
L’équipe BirdLab propose du nouveau cette année : un site internet, et trois nouvelles espèces qui vont faire leur apparition dans le jeu. Il s’agit du choucas des tours, de la fauvette à tête noire et du bouvreuil pivoine.
Profitons du confinement et du télétravail pour surveiller les mangeoires aux heures de repas des oiseaux, une partie ne dure que 5 min, pas plus long qu’une pause café.
Au 5ème étage de mon immeuble, en quartier très urbain, je ne sais pas vraiment qui j’aurai à vous présenter en fin de saison. Sans doute quelques pigeons assez observateurs, des étourneaux ou des moineaux fréquents dans le quartier ; et pourquoi pas un rougegorge ou une mésange un peu curieux ?
Cette année, pour des raison sanitaires, les rencontres naturalistes d’àŽle-de-France auront lieu en webinaire. La partie rencontre s’en voit un peu chamboulée, mais le format webinaire permet aussi à plus de monde d’assister aux conférences, s’affranchissant des contraintes de lieux et de déplacement. Profitez-en ! (Comme tous les ans, les vidéos seront aussi disponibles en replay)
Retrouvez sur le site de l’ARB le programme, les infos pratiques, et les liens d’inscriptions !
Cette année on parlera, entre autres, de chauves-souris, de vanneaux huppés, d’insectes pollinisateurs et de vipères. Un programme plutôt alléchant.
En 2019, le Parc naturel régional du Vexin français a réalisé un travail de sensibilisation et de dialogue autour d’un projet de films qui donnent la parole à une pluralité d’acteurs qui invitent à réfléchir à notre rapport à la nature.
L’un d’eux est un film de Marie-Elise Beyne, de 45 min, intitulé « Et l’humanité dans tout ça ? ».
A l’heure de la sixième extinction des espèces et de la responsabilité de l’Homme, des acteurs de terrain (agriculteurs, élus, écologue, technicien rivière, chargés de mission Parcs…) et des chercheurs reviennent sur la nécessité de changer nos comportements mais aussi notre regard vis à vis de l’ensemble du vivant comme sur la nature ordinaire.
A défaut de la balades natures, pour occuper ce confinement, je vous recommande vivement son visionnage.
Et en regardant attentivement vous pourriez y croiser des noms connus !
Il a une allure étrange ce champignon avec toutes ses mèches blanches. C’est le coprin chevelu, Coprinus comatus.
Sa chevelure est assez commune dans la région. Il pousse dans les sols riches des prés, friches, sous-bois et bords de route.
Il a une odeur faible et une saveur assez douce. Il est réputé être très bon en omelette. Mais méfiance, la prudence est de mise quand il s’agit de cueillette de champignons. Coprinus comatus ressemble à certaines autres espèces du mêmes genre : Coprinus sterquilinus a la même allure mais pousse sur le fumier (d’ailleurs Coprinus vient du grec Kopros qui signifie « excrément ») ou Coprinus levisticolens qui lui sent la chicorée.
Le guide des champignons, France et Europe par Guillaume Eyssatier et Pierre Roux
Il y a quelques semaines, j’ai suivi une formation sur la reconnaissance des Characées. J’y ai découvert des plantes absolument fascinantes et dont la reconnaissance est relativement abordable. Je crois me souvenir en avoir vu il y a plus d’un an à Vauréal. J’espère qu’il me reste de quoi l’identifier.
Bonne nouvelle, j’ai bien quelques photos de l’herbier et encore mieux, il s’agit bien de characées !
Les characées font partie des algues vertes. Les différentes espèces tolèrent des conditions écologiques différentes, mais de manière générale, la présence de characées traduit une très bonne qualité de l’eau. Ces plantes ayant un grand besoin de lumière, elles ne tolèrent pas de fortes turbidités dans l’eau. Elles auraient même une action sur l’épuration de l’eau (des nitrates et des carbonates). Malheureusement, elle sont devenues terriblement rares.
Les plus vieux fossiles connus de characées datent d’il y a 420 millions d’années, c’est l’une des plus anciennes formes végétales connues. Une bonne partie des espèces ont disparu lors des cinq crises biologiques majeures, mais celles subsistant aujourd’hui existaient déjà il y a 400 millions d’années ! Une longévité exceptionnelle pour une espèce (on estime à 50 millions d’années la durée moyenne d’une espèce, entre apparition et extinction). Aujourd’hui, la sixième crise biologique et la disparition des milieux favorables ont fortement réduit les populations de characées. Il reste en àŽle-de-France 26 espèces (40 en France et environ 400 dans le monde). C’est un chiffre inquiétant compte tenu de l’intérêt patrimonial et écologique des characées mais relativement rassurant pour un naturaliste débutant dans le domaine : 26 espèces, on apprend vite les critères ! A titre d’exemple, les plantes à fleurs indigènes en àŽle-de-France sont environ 1600.
Gilles avait récupéré un fragment pour le photographier de près. D’après les critères de la clé de détermination, il s’agit de Chara vulgaris. Sans doute la moins rare des Characées d’àŽle-de-France, mais tout de même !
Lors de la formation, j’ai tenté quelques prise de photo des échantillons observés à la loupe. On voit ici l’oogone (la cellule reproductrice femelle) de Chara vulgaris.
La formation avait lieu du côté de Fontainebleau, hotspot de biodiversité dans la région, aussi, nous avons eu la chance de voir plusieurs espèces de characées (environ une dizaine). J’espère que mes prochaines prospections me permettront d’en trouver sur le territoire, certaines sont vraiment très élégantes.
La formation characées, par l’ARB-idf
Ce petit amphibien est aisément reconnaissable : une allure un peu boudinée et une peau noire brillante marquée de jaune, c’est la salamandre tachetée, Salamandra salamandra, la seule salamandre d’àŽle-de-France.
A la différence des tritons, la salamandre adulte a une vie essentiellement terrestre, la femelle retourne à l’eau pour donner naissance aux petits (une cinquantaine de larves en général), mais la reproduction a lieu sur terre. La salamandre n’a pas les doigts palmés.
La larve est elle aquatique pendant plusieurs mois (voire années), elle se nourrit de divers petits organismes présents dans l’eau avant de sortir sous sa forme presque définitive (elle ne sera mâture qu’après 3 à 6 ans) et d’entamer une vie terrestre.
Terrestre, et nocturne. En effet, l’activité des salamandres est conditionnée par l’humidité ambiante, qui est souvent plus importante la nuit (et d’autant plus lors de pluies).
Leur habitat favorable est le boisement humide. Elles sont actives sur toute la période février-novembre, pour peu que le temps soit suffisamment humide, puis hivernent dans des cavités rocheuses ou des branches ou souches. Mais lors des migrations il n’est pas impossible de les voir traverser les routes. Méfiance au volant ! Les salamandres sont assez rares en àŽle-de-France et protégée à l’échelle nationale.
Elles sont d’une remarquable longévité pour leur petite taille (une vingtaine de centimètres). Elles peuvent vivre jusqu’à plus de 20 ans !
Nous vous avons déjà parlé du protocole Un dragon dans mon jardin dans de précédents articles. Cette année, la Société Herpétologique de France a développé un nouveau protocole accessible à tous : la nuit des dragons. Et qui de mieux que l’animal emblématique* de l’élément « feu » pour incarner les dragons de nos jardins ? Ce nouveau protocole, à réaliser uniquement au mois d’octobre, consiste à partager les observations nocturnes de salamandres. Rendez-vous donc l’année prochaine, et d’ici là , le protocole Un dragon dans mon jardin est toujours valable pour tous ceux qui croisent reptiles et amphibiens !
*Dans la culture populaire, la salamandre est connue pour être capable de résister aux flammes et de vivre à la fois sur terre et dans l’eau. Elle revêt souvent un caractère mystique.
La salamandre tachetée dans l’Atlas de Vauréal
La salamandre tachetée, par Info Fauna
La salamandre tachetée, par INPN
Protocole un dragon dans mon jardin
La salamandre, emblème de François Premier