Feuilles et tiges jaunissantes, desséchées, flétries, roussies, fanées… Certains entrevoient là le symbole du déclin, de la décadence lorsque d’autres y trouvent le signe de la conservation, de la continuité, de la renaissance…
Est-il nécessaire de rappeler le fameux adage : rien ne se perd tout se transforme ? Il se vérifie tous les jours dans la nature comme au jardin…
La maturation des graines permettra la régénération des plantes et la subsistance d’un certain nombre d’espèces qui s’en nourrissent. Au jardin en hiver, le maintien des plantes sur pied offrira aussi gîtes et couverts, préservera les volumes dans les massifs et évitera la mise à nue de la terre qui souffrirait du battement de la pluie et de l’érosion.
Les belles journées d’automne sont propices à l’observation de la lente et poétique dégénérescence végétale. Admirez les douces couleurs fauves, lie de vin, brun chocolat ou caramel grillé…Profitez du frémissement, des bruissements, des murmures des feuilles mortes et des tiges sèches au vent. La nature et le jardin en hiver nous offrent des scènes charmantes, sachons les apprécier.
Le Sympetrum striolatum est une libellule facile à reconnaître grâce au dessin contrasté et caractéristique des côtés de son thorax. C’est une espèce commune capable de grands déplacements ; elle a colonisé dès sa mise en eau le nouveau bassin du parc. On peut facilement observer en ce moment les accouplements des adultes.
Cergy-Pontoise Aménagement, en prévision de la restructuration du quartier Grand centre à Cergy, a mandaté le bureau d’études Thema Environnement pour une grande étude sur la faune et la flore locale. La cellule biodiversité de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a eu l’honneur de participer avec les écologues du bureau d’études à une journée de prospection de ce territoire.
Une très belle moisson d’observations. En voici un tout petit aperçu :
La hausse du mercure fait progresser certaines espèces d’odonates vers le Nord !
Un indice à Cergy-Pontoise, sur les bassins du parc François-Mitterand : Sympetrum fonscolombii, une espèce méridoniale migratrice jusqu’alors rare au centre et au nord de l’Europe, vient d’y être observée. Son apparition récente en Ile-de-France est bel et bien confirmée. Ci-dessous un beau mâle. Outre sa couleur sanguine, un certain nombre de critères permettent son identification :
La femelle du Sympetrum fonscolombii est jaune. Chez les odonates, mâles et femelles n’arborent généralement pas les mêmes couleurs. Celles-ci varient aussi en fonction de l’âge et de la saison.
Nous sommes autour des bassins du parc François Miterrand, dans le quartier Grand centre à Cergy-Pontoise. Pendant que les canards colvert se pâment au soleil, les odonates s’activent entre les feuilles des massettes et des joncs : émergences, échauffourées, accouplements, alimentation. Autant d’agitation et de passions discrètes mais bien visibles si on se donne la peine d’observer.
D’une grande voracité, les odonates chassent à l’affà»t ou par poursuite de nombreux petits insectes. Mais, quelquefois, des araignées, des abeilles et même d’autres odonates peuvent entrer dans leur régime alimentaire. Ils ont un arsenal bien développé pour la capture des proies : une technique de vols remarquablement efficace, des yeux à facettes permettant une vision à 360°, des pattes préhensibles, des mandibules puissantes.
Quant aux plantes de la zone humide, elles fleurissent tour à tour sur le pourtour des bassins : aux jaunes de cobalt des iris et des mimules ont succédé le fuchsia des salicaires, le rose tendre des ombelles des butomes ou des épilobes à petites fleurs, le bleu azuréen des myosotis des marais…
Avec sa floraison éclatante et sa silhouette très graphique, la salicaire est une plante incontournable des jardins aquatiques. C’est aussi une plante mellifère. Et ma cousine l’utilisait pour soigner ses veaux quand ils avaient la diarrhée. Bref, elle a tout pour plaire.
Elle plà»t aux Américains. Introduite en 1860 sur la côte Est des Etats-Unis, elle ne tarda pas à y faire de grands ravages en se comportant comme une plante invasive des zones humides, au point de mettre en péril la flore indigène et la faune associée.
En 1986, des chercheurs américains entreprirent de mettre au point un programme de lutte biologique par acclimatation pour endiguer l’invasion. Après de nombreux essais portant sur l’innocuité vis-à -vis de la flore et de la faune natives, ils procédèrent à des lâchers d’insectes européens qui consomment cette espèce.
Leur choix se porta sur quatre mousquetaires aux actions complémentaires : deux chrysomèles mangent ses feuilles, un charançon ses racines et un dernier coléoptère ses graines.
Dix ans après les premiers lâchers d’insectes, la présence parfaitement contrôlée de la salicaire européenne n’est plus une menace pour la biodiversité américaine. La lutte biologique, ça marche !
Tout le monde connaît la coccinelle à sept points, une des plus visibles de nos coccinelles. On connaît moins sa larve, encore plus vorace que l’adulte et grande destructrice de pucerons. A protéger absolument au jardin (elle est très sensible aux insecticides).
Beaucoup d’autres espèces, plus discrètes, habitent nos jardins. En voici deux, bien jolies.
La libellule déprimée n’est pas triste. Elle doit son nom à son abdomen applati. Ici, c’est une femelle, le mâle ayant un abdomen bleu-gris. Cette espèce précoce, reconnaissable aux grandes taches sombres à la base des ailes, aime beaucoup se percher en haut d’un bâton. Quand on a repéré son bâton, on peut se mettre à l’affà»t et attendre : elle y reviendra peut-être.
On voit sur son abdomen semi-transparent des étoiles de couleur claire. Ce sont les cloisons des sacs aériens qui participent à son mode de respiration et lui confèrent la légèreté indispensable au vol.
Dans quelques jours, une autre espèce très voisine doit apparaître sur notre territoire : la libellule fauve.
La libellule fauve a moins de noir à la base des ailes, l’extrême pointe des ailes est discrètement assombrie, et elle a de beaux yeux bleus. On voit ici un couple en « cœur copulatoire ». Le mâle a saisi la femelle derrière la tête grâce aux appendices en forme de crochet situés à l’extrémité de l’abdomen. La femelle, s’agrippant par les pattes à son partenaire, s’est recourbée pour aller chercher le sperme que le mâle a placé dans une poche située sous le deuxième segment abdominal. Les œufs ainsi fécondés seront déposés par la femelle un à un à la surface de l’eau au-dessus de plantes aquatiques.
On comprend mieux l’acrobatie sur cette photo d’un couple d’agrions élégants :
Escargots et limaçons tremblez, les Sciomyzides sont là !
Les larves de ces mouches se nourrissent de mollusques qu’elles rattrapent à la course (ou à la nage pour les espèces aquatiques). Elles s’accrochent à l’entrée de la coquille, perforent la chair de l’escargot et le dévorent tout vivant. Ce faisant, elles régulent efficacement la population de ces gastéropodes qui auraient tôt fait de pulluler sans leur action.
Leur présence atteste de l’établissement de chaînes alimentaires au bord du bassin récemment planté : les mollusques aquatiques se sont installés dans ce milieu favorable et leurs prédateurs naturels les ont suivi.
En France, on peut rencontrer 79 espèces de Sciomyzides.
Plante et Cité vient de publier une nouvelle étude de synthèse sur les bénéfices du végétal en ville. Ils sont présentés par chapitre, de façon claire et argumentée : santé humaine et bien-être, lien social et identité collective, biodiversité, régulation thermique, qualité de l’air, écoulement des eaux, valorisation du bâti, approvisionnement en produits végétaux, tourisme et attractivité…
Cette belle brochure, téléchargeable par le lien ci-après, tombe à point nommé en cette période d’installation dans nos collectivités des nouveaux décideurs en matière d’aménagement, de gestion ou d’animation des espaces verts et naturels. Nul doute qu’ils y trouveront de bonnes inspirations.