Que sont ces filaments roses au fond de la mare pédagogique du ru de Liesse à Saint-Ouen l’Aumône ?
La couleur est nettement plus franche quand on les regarde sans le filtre de l’eau. Un vrai rose bonbon ! Mais je ne m’y risquerais pas, cela n’a pas l’air bien comestible.
D’avis de spécialistes, il s’agit probablement d’une algue rouge du nom de Compsopogon (Compsopogon caeruleus). Cette algue est plutôt blanche lorsqu’elle est en vie et rosit à sa mort. A priori, c’est une espèce exotique, potentiellement invasive. La mare en est remplie, mais l’algue n’a pas l’air de se propager ailleurs (dans le ru notamment).
Son arrivée la plus plausible serait par le rejet d’eaux d’aquarium dans la mare. On rappelle donc que, même si cette couleur rose est plutôt esthétique, rejeter des éléments vivants dans le milieu naturel n’est en général par une idée judicieuse. D’autant plus lorsque les espèces en question n’existent pas naturellement dans le milieu en question.
La mare construite par les élèves du lycée jean Perrin à Saint-Ouen l’Aumône dans les espaces verts de leur établissement intéresse beaucoup d’oiseaux : chardonnerets, pinsons, verdiers, étourneaux, bergeronnettes des ruisseaux, pigeons ramiers, merles, grives draines et musiciennes se font régulièrement tirer le portrait par le piège photo installé sur la plage. Un héron est même passé voir l’état du garde-manger. Sagement, le lycée, qui veut étudier en classe la petite faune aquatique, n’a pas introduit de poissons. Le héron en a été pour ses frais.
Le lycée m’a envoyé ces quelques images des habitués de la plage.
Après le bain, le pic vert s’ébroue et se sèche sur la plage.
Pour le bain, le geai devra revenir : ce jour-là , le bassin est tout gelé.
La glace a fondu, il est revenu.
Sa mésaventure ne l’a pas empêché de revenir roder à la plage !
Encore raté !
Retrouvez nos articles qui retracent la genèse de cet espace de biodiversité :
La SNPN et les CAUE d’Ile-de-France se sont associés pour répondre à toutes les questions soulevées par la présence d’une mare sur un territoire communal. Avec ce nouveau guide pratique (sorti en décembre 2016) destiné aux gestionnaires et aux élus, ils invitent à prendre les bonnes décisions pour la sauvegarde des mares, ces éléments essentiels à la biodiversité des territoires.
Un piège photo, ça ne mord pas : c’est un appareil photo sur pied qui se déclenche automatiquement si quelque chose bouge dans les parages. L’éco-lycée Jean Perrin en a installé un, pour quelques jours, au bord de la mare que les élèves ont réalisée au printemps dernier. Le chat des voisins a été immortalisé sur la pellicule, ainsi qu’une pie, un pigeon ramier, un merle, une grive musicienne, une libellule et deux lycéens venus faire des prélèvements d’eau pour un TP de biochimie. Le plus beau trophée fut ce hérisson qui est passé plusieurs nuits de suite, entre 21 heures et 2 heures du matin. Sur un des clichés, on distingue même la silhouette de deux hérissons.
L’aventure a commencé le 15 décembre 2015. Ce jour-là , élèves et professeurs avaient tracé le périmètre de la future mare dans une pelouse rebaptisée « Zone d’accueil pour la faune ». Armés de pelles et de pioches et avec l’aide d’un niveau laser, ils ont réalisé entièrement à la main cet ouvrage magnifique.
Aujourd’hui déjà bien végétalisée, la mare accueille ses premiers insectes. Nous avons repéré sur la berge un Sympetrum striolatum et aussi de très nombreux syrphes de l’espèce Helophilus pendulus. Il paraît que des larves de plusieurs espèces d’odonates sont déjà en chasse au fond du bassin ! De belles découvertes en perspective pour le printemps prochain…
La digue intègre un abri souterrain préfabriqué pour les hérissons, débouchant au bas du talus, entre deux grosses pierres.
Les hérissons l’ont-ils découvert ? Pour l’instant, ils fréquentent la plage…
Au lycée Jean Perrin de Saint-Ouen l’Aumône, quand on jardine, on ne fait pas semblant. Le groupe accompagnement personnalisé « jardinage » s’est donné pour objectif de créer une vaste zone naturelle dans les espaces verts du lycée, qui sera propice à l’observation de la biodiversité.
Mardi 8 décembre 2015, encadrés par plusieurs professeurs et aidé par un jardinier de l’établissement, les lycéens ont planté une haie variée sur le périmètre de la zone, matérialisé par des piquets et une ficelle. On m’avait invité à venir voir le chantier.
Les sacs de compost attendent les lycéens jardiniers, ainsi que les bottes de plants d’arbustes indigènes : 15 charmilles, 5 érables champêtres, 5 noisetiers, 5 cornouillers sanguins, 5 pruniers myrobolans, 5 troènes vulgaires et 5 viornes obiers.
La pluie insistante n’a pas refroidi les ardeurs.
N’enterrez pas trop profond le plant, si vous voulez une bonne reprise !
10 mètres de long, 4 de large, 1 mètre de profondeur, ça c’est de la mare ! Le creusement, à la main, sera pour la prochaine séance. Je reviendrai, si on m’invite encore.
Vendredi 27 février 2015, un beau soleil printanier nous invite à sortir. Direction : le massif forestier de l’Hautil.
Les premières feuilles des iris des marais pointent d’une mare forestière peu profonde. Entre les touffes de végétation exposées à la lumière, apparaissent d’étranges nuées grises. Puis, en nous approchant, nous distinguons de nombreuses têtes émergeant de ces agglomérats gélatineux constitués de milliers d’œufs.
La température ambiante a donné le signal du réveil. A peine sortie de l’hibernation, les amphibiens, anoures (grenouilles, crapauds et rainettes) ou urodèles (tritons et salamandres), se dirigent vers les points d’eau pour s’y reproduire, leurs progénitures étant tributaires de l’eau pour leur développement. Ces deux phases de vie qui les caractérisent (aquatique pour les jeunes et terrestre pour les adultes), amènent les amphibiens à faire annuellement de plus ou moins longs déplacements selon les espèces entre leurs gîtes hivernaux, le lieu de reproduction et leurs gîtes estivaux.
Certaines espèces sont plus précoces que d’autres pour sortir de l’hibernation. Les grenouilles rousses, qui habitent en forêt, sont ainsi parmi les premières à rejoindre leur lieu de reproduction.
Pour l’accouplement, le mâle grimpe sur la femelle et l’empoigne sous les aisselles avec ses pattes antérieures. Il restera ainsi fermement agrippé plusieurs heures, provoquant l’évacuation des œufs. Cette puissante étreinte des anoures et des urodèles s’appelle l’amplexus. Une fois les œufs sortis, le mâle les asperge de son sperme pour les féconder.
La grenouille agile et la grenouille rousse sont les deux seules espèces de grenouilles brunes présentes en Ile-de-France. Faire la différence entre les deux n’est pas toujours aisé car il existe une forte variabilité individuelle concernant les critères morphologiques (forme du museau, détails de l’œil, couleur du ventre, longueur de la patte postérieure…). Aussi, faut-il croiser ces critères et s’appuyer éventuellement sur d’autres éléments comme le chant, le calendrier de migration ou l’aspect des pontes et la forme des têtards pour fonder sa détermination.
Chez les crapauds, les oeufs sont regroupés en cordons alors que chez les grenouilles du genre Rana les amas d’œufs s’agglomèrent en paquets.
L’ensemble des mares et zones humides forestières du massif de l’Hautil constituent un réseau utilisé par les quatre espèces d’amphibiens répertoriés par le Conseil Général du Val d’Oise, mais aussi par des insectes et des vertébrés qui viennent y boire et s’y nourrir.
Les conditions écologiques peuvent varier d’une année sur l’autre sur ces zones humides forestières. Il est indispensable que les mares soient préservées et reliées entre elles pour la survie des espèces.
La disparition des milieux humides, la pollution de l’eau et la circulation routière qui engendre chaque année des pertes considérables lors des migrations, constituent les plus fortes menaces pour les populations d’amphibiens.