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Nos premières anoures

Vendredi 27 février 2015, un beau soleil printanier nous invite à  sortir. Direction : le massif forestier de l’Hautil.

Les premières feuilles des iris des marais pointent d’une mare forestière peu profonde. Entre les touffes de végétation exposées à  la lumière, apparaissent d’étranges nuées grises. Puis, en nous approchant, nous distinguons de nombreuses têtes émergeant de ces agglomérats gélatineux constitués de milliers d’œufs.

© Gilles Carcassès
Les grenouilles s’adonnent sous nos yeux à  leurs amours orgiaques. © Gilles Carcassès

La température ambiante a donné le signal du réveil. A peine sortie de l’hibernation, les amphibiens, anoures (grenouilles, crapauds et rainettes) ou urodèles (tritons et salamandres), se dirigent vers les points d’eau pour s’y reproduire, leurs progénitures étant tributaires de l’eau pour leur développement. Ces deux phases de vie qui les caractérisent (aquatique pour les jeunes et terrestre pour les adultes), amènent les amphibiens à  faire annuellement de plus ou moins longs déplacements selon les espèces entre leurs gîtes hivernaux, le lieu de reproduction et leurs gîtes estivaux.

Certaines espèces sont plus précoces que d’autres pour sortir de l’hibernation. Les grenouilles rousses, qui habitent en forêt, sont ainsi parmi les premières à  rejoindre leur lieu de reproduction.

Pour l’accouplement, le mâle grimpe sur la femelle et l’empoigne sous les aisselles avec ses pattes antérieures. Il restera ainsi fermement agrippé plusieurs heures, provoquant l’évacuation des œufs. Cette puissante étreinte des anoures et des urodèles s’appelle l’amplexus. Une fois les œufs sortis, le mâle les asperge de son sperme pour les féconder.

© Marion Poiret
Amplexus de grenouilles rousses (Rana temporaria) – Boisemont. © Marion Poiret

La grenouille agile et la grenouille rousse sont les deux seules espèces de grenouilles brunes présentes en Ile-de-France. Faire la différence entre les deux n’est pas toujours aisé car il existe une forte variabilité individuelle concernant les critères morphologiques (forme du museau, détails de l’œil, couleur du ventre, longueur de la patte postérieure…). Aussi, faut-il croiser ces critères et s’appuyer éventuellement sur d’autres éléments comme le chant, le calendrier de migration ou l’aspect des pontes et la forme des têtards pour fonder sa détermination.

Chez les crapauds, les oeufs sont regroupés en cordons alors que chez les grenouilles du genre Rana les amas d’œufs s’agglomèrent en paquets.

© Marion Poiret
Pontes de grenouilles rousses. © Marion Poiret

L’ensemble des mares et zones humides forestières du massif de l’Hautil constituent un réseau utilisé par  les quatre espèces d’amphibiens répertoriés par le Conseil Général du Val d’Oise, mais aussi par des insectes et des vertébrés qui viennent y boire et s’y nourrir.

© Marion Poiret
Une des mares forestières du massif de l’Hautil. © Marion Poiret

Les conditions écologiques peuvent varier d’une année sur l’autre sur ces zones humides forestières. Il est indispensable que les mares soient préservées et reliées entre elles pour la survie des espèces.

La disparition des milieux humides, la pollution de l’eau et la circulation routière qui engendre chaque année des pertes considérables lors des migrations, constituent les plus fortes menaces pour les populations d’amphibiens.

Participez à  l’inventaire des routes traversées par les amphibiens (Natureparif)

Nos sources :

Clefs de détermination

Enquête sur les critères d’identification des grenouilles rousses et agiles

 

 

 

15 réflexions au sujet de “Nos premières anoures”

  1. Merci Marion pour ces jolies photos. Grâce à  elles je vais peut-être,enfin, réussir à  voir et photographier les oeufs des grenouilles qui se cachent dans les iris d’eau des étangs de Cergy…

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