Une jardinière des jardins des Hauts de Jouy m’a fait parvenir cette photo prise avec son téléphone portable.
Je n’ai encore jamais observé cet odonate à Cergy-Pontoise. Cordulegaster boltonii affectionne les ruisselets d’eau claire en forêt. C’est une espèce protégée en Ile-de-France.
Ici, c’est une femelle car les ailes postérieures sont arrondies.
Celui-ci est un mâle car le bord postérieur des ailes postérieures forme un angle droit près de l’abdomen.
Chez ces grandes libellules, les yeux sont composés de plusieurs dizaines de milliers d’ommatidies.
Il est descendu de la cime des arbres, a longé d’un vol rapide une allée ombragée du parc de Grouchy et s’est brièvement posé à terre pour chercher à boire. Clic-clac : deux photos réflexes, et le voilà reparti tout en haut d’un frêne.
Un bleu incroyable
Son reflet bleu métallisé est aussi spectaculaire que fugace. Il faut juste la bonne incidence pour l’apercevoir. Dés qu’il se tourne un peu ou relève les ailes, la magie disparaît. Ce reflet bleu violet est le fait d’irisations dues au microrelief des écailles qui recouvrent ses ailes. Les femelles ne présentent pas ces irisations.
On voit que ce papillon a sorti sa trompe jaune et s’intéresse à une tache d’humidité pas plus grosse qu’une tête d’épingle, peut-être une gouttelette d’urine d’un insecte, qu’il aura repéré à l’odeur. Il n’est pas rare qu’il se pose sur la peau humaine pour en pomper la sueur.
Sur les peupliers « sauvages »
La chenille du Petit mars changeant consomme des feuilles de peupliers mais on la trouve aussi sur les saules. L’adulte se nourrit du miellat des pucerons dans les arbres. L’espèce est un bonne indicatrice de la richesse de biodiversité des boisements humides ; elle s’adapte mal aux peupleraies modernes à l’ambiance trop sèche.
Qui grignote ainsi les jeunes feuilles du trèfle des champs, sous les grands pylônes de la plaine des Linandes ?
C’est le gribouri à deux taches ! Une chrysomèle connue pour manger surtout du millepertuis : Cryptocephalus moraei. Avez-vous vu sa tête à demi cachée dans son thorax : ainsi sont les Cryptocephalus.
Qui craint encore le gribouri ?
On appelait autrefois gribouris ces petits coléoptères à la tête peu visible. L’un d’eux surtout était très redouté, c’était le gribouri de la vigne qui en broutait les bourgeons et les grains encore verts. Il sévissait en Champagne, en Bourgogne, dans le Lyonnais. En Ile-de-France, on le désignait sous le nom de diablotin. Dans mon encyclopédie du 18ème siècle, il est décrit comme étant noir avec des élytres bruns et un peu poilus.
Pour recueillir et détruire ces ravageurs, il fallait secouer les ceps au-dessus d’entonnoirs à insectes, de bon matin, à l’heure où le gribouri dort encore. Des poules spécialement dressées contre le gribouri étaient parfois lâchées dans les vignes ; on utilisait pour les y conduire des poulaillers portatifs ou à roulettes. Et l’on semait aussi des fèves entre les rangs, utilisées comme plantes pièges. Aujourd’hui, cet insecte est devenu rare, et quand on le trouve, c’est le plus souvent dans sa forme entièrement noire. Les scientifiques ont débaptisé Cryptocephalus vitis : on doit dire maintenant Bromius obscurus.
Je n’ai jamais eu le bonheur de croiser le gribouri de la vigne, alors je vous en montre d’autres.
Les cercopes sont des homoptères sauteurs qui vivent aux dépens des plantes, herbacées ou ligneuses, en suçant leur sève.
Voyez-vous ses genoux rouges ?
Cercopis intermedia est une espèce plus fréquente dans la moitié sud de la France, mais elle est vue régulièrement dans le Val d’Oise depuis une dizaine d’années. On la reconnaît facilement à ses genoux rouges. Elle stridule pour attirer son partenaire, mais le son est inaudible pour l’oreille humaine.
Les cercopes ont la particularité (la souplesse) de pouvoir s’accoupler en position côte à côte. Sur la Côte d’Azur, on les regarde d’un mauvais œil car ce sont des vecteurs potentiels de Xylella fastidiosa, la bactérie tueuse des oliviers.
L’espèce la plus commune en Ile-de-France est Cercopis vulnerata. Elle est immanquable avec ses larges taches orange (et ses genoux noirs).
Crachats de coucous
Les larves des cercopes vivent bien à l’abri dans des amas d’écume qu’elles créent autour d’elles en injectant de l’air dans leurs déjections. On nomme ces formations « crachats de coucous », alors que les coucous n’y sont pour rien, juré craché !
En soufflant délicatement sur la boule d’écume, j’ai mis au jour la petite larve. Plusieurs genres d’homoptères pratiquent ainsi, les Cercopis, mais aussi les Philaenus et les Aphrophora…
Retrouvez dans nos articles d’autres homoptères étonnants :
Pour briller en société, rien de tel que de savoir différencier au premier coup d’œil les trois espèces de Libellula de la faune française.
Il suffit de savoir quoi observer : ce sont les taches sombres sur les ailes !
Démonstration :
Libellula quadrimaculata : immanquable, la tache sombre aux nodus (au milieu, à l’avant de chaque aile).
Libellula fulva : extrémité des ailes (plus ou moins) assombrie et une tache peu étendue à la base de chaque aile.
Libellula depressa : une tache étendue et bien visible à la base de chaque aile.
La plus difficile c’est la libellule fauve, parce que les taches sombres à l’extrémité des ailes ne sont pas toujours présentes. Mais il faut bien regarder les taches à la base des ailes : elles sont vraiment moins étendues que chez la libellule déprimée (surtout pour l’aile antérieure).
Chez Libellula quadrimaculata les deux sexes sont semblables, pour les espèces Libellula fulva et Libellula depressa, les mâles matures sont teintés de gris ou de bleu.
Application :
Quelle est l’espèce de cette Libellula mâle ?
Vous avez vu, c’est facile : Libellula depressa
Et celui-ci ?
Enfantin : petites taches = Libellula fulva.
Et celui-là ?
Aucune tache : ce n’est pas une Libellula, celui-ci est un Orthetrum. C’était un piège.
A l’inauguration du parc du peuple de l’herbe, il y avait du vent, des cerfs-volants, des clowns, des jeux pour les enfants, du public, visiblement ravi, des troupes fournies de personnels, et des bénévoles aussi, une Maison des insectes remplie d’une foule compacte. Bon, je passerai un autre jour faire mon selfie avec Pupuce, la mascotte de la Maison…
Une superbe friche à onopordons, au détour d’un chemin, m’a offert le ballet-spectacle de la grande sauterelle verte, du criquet à ailes bleues (une espèce protégée en Ile-de-France) et de ce demi-deuil (Melanargia galathea) femelle, reconnaissable à sa teinte plus jaune que le mâle.
Coriomeris denticulatus est la punaise dentée du mélilot. (Pour bien voir les dents de la bête, cliquez sur l’image pour l’agrandir.) Celle-ci, je l’ai observée sur une repousse de peuplier noir, mais c’est vrai que le parc ne manque pas de mélilots.
Sur la berge de la Seine, j’ai rencontré la mythique punaise bleue, en chasse sur un pied d’épilobe grignoté par des larves de coléoptères. Cette punaise est un excellent auxiliaire de culture : elle consomme beaucoup de chrysomèles, larves et adultes, comme les altises et même les doryphores, paraît-il… Dommage qu’elle ne soit pas plus courante dans les jardins. Elle aime les friches, les landes et les milieux humides.
Je crois avoir trouvé sa ponte, rarement observée.
Ce gamin « Pheuillu », tout en feuilles sèches, semble me dire au revoir du haut de sa balançoire. C’est sà»r, je reviendrai explorer ce superbe coin de nature.
Retrouvez nos articles sur le parc du peuple de l’herbe :
Cette chenille de l’Etoilée (Orgyia antiqua) vient de muer, elle se repose à côté de sa mue. Avec ses « moustaches » extravagantes et ses couleurs vives, elle me fait penser au dragon du Nouvel an chinois. Ses quatre grosses brosses dorsales sont caractéristiques de cette espèce. On aurait tort de s’y frotter, car cette espèce est réputée toxique et urticante.
Chez l’Etoilée, les papillons mâles et femelles sont très différents
L’adulte mâle est un papillon de nuit marron avec une petite tache blanche sur l’aile antérieure. On peut le voir en juin et en septembre (deuxième génération). La femelle ressemble à une petite peluche grise et dodue et ses moignons d’ailes ne lui permettent pas de voler.
En inventaire faune/flore au parc du château de Menucourt, j’ai croisé cette petite merveille couleur de bonbon. La coccinelle rose, Oenopia conglobata, vit dans les arbres où elle consomme des pucerons et des psylles. Elle est sans doute assez commune mais un peu difficile à observer compte tenu de son habitat en hauteur. Elle apprécie les chênes, les saules, les aulnes, les peupliers, les merisiers, les sapins… L’adulte hiverne dans les crevasses des écorces des arbres et parfois dans les maisons.
Deux générations par an
Les données d’observations de la coccinelle rose sont principalement concentrées en deux périodes : avril/mai/juin puis septembre, ce qui laisse supposer que l’espèce a deux générations par an.
En traversant à pieds la belle prairie de la plaine de Lameth à Osny, nous avons réveillé ce petit papillon de nuit.
Un papillon nommé Goutte de sang
Quand il s’envole, il montre le rouge vif de ses ailes postérieures. Encore un truc pour décontenancer les prédateurs. Pour les avertir aussi, car ce papillon est toxique !
Aimable, il a pris la pose sur un tronc. Tyria jacobaeae est une écaille, de la famille des Erebidae. Il ne faut pas confondre cette espèce avec les zygènes, qui arborent aussi cette gamme de coloris. Ils appartiennent à une famille différente, les Zygaenidae.
Des chenilles aussi voyantes que le papillon
Nous avons cherché les chenilles de la Goutte de sang, qui vivent sur le séneçon de Jacob. C’est uniquement sur celui qui pousse sur le trottoir que nous en avons trouvé.
Les chenilles les plus jeunes étaient dans la partie basse de la plante et consommaient les feuilles, les plus âgées se régalaient des boutons floraux. Comme le papillon, la chenille de Tyria jacobaeae est toxique. Ses rayures noires et jaunes sont aussi un avertissement pour les oiseaux.
Très voraces, ces chenilles sont utilisées comme moyen de biocontrôle au Canada, pour lutter contre le séneçon jacobée qui est là -bas une plante invasive.