Les cirses maraîchers en fleurs attirent de nombreux insectes. Au parc du château de Grouchy à Osny, j’ai observé ces deux espèces de volucelles attablées sur la même plante.
Un abdomen à moitié translucide !
La volucelle transparente vit aux dépends des guêpes. Elle s’introduit dans le nid souterrain de la guêpe commune ou de la guêpe germanique en trompant les occupantes avec des phéromones. Sa larve est un ectoparasite du couvain.
Avec ses 2,5 centimètres de long, la volucelle zonée est l’une de nos plus grandes mouches. Comme la volucelle transparente, elle pond sur la paroi des nids d’hyménoptères sociaux. Sa ressemblance avec le frelon européen lui est peut-être utile pour parasiter incognito les nids de cette espèce ?
Sur ce pied de cirse commun, un millier de pucerons ont été attaqués par de minuscules hyménoptères Braconidae de la sous-famille des Aphidiinae. Ces parasitoà¯des ont pondu dans les pucerons et leurs larves se sont développées à l’intérieur, se nourrissant des organes de leur hôte. Beaucoup de jeunes adultes de la nouvelle génération sont déjà sortis, on voit le trou rond qu’ils ont découpé dans le dos des pucerons pour prendre leur envol. Sur certains pucerons, on distingue encore le couvercle de sortie. D’autres pucerons momifiés, qui ne sont pas troués, abritent encore leur parasite.
Quand il est au repos, ce papillon aligne ses ailes de façon à faire parfaitement coà¯ncider la ligne rose qui barre ses ailes antérieures et postérieures, donnant ainsi l’illusion d’une ligne continue. Comme pour de nombreuses autres espèces de Geometridae, les motifs sur les ailes ont sans doute pour effet de tromper des prédateurs. Dans la photo ci-dessus, les lignes du papillon ne sont-elles pas en rapport avec celles des herbes sèches sur lesquelles il se tient ? Même quand on l’a vu se poser, il n’est pas si aisé de le retrouver, immobile dans son environnement, malgré sa couleur claire.
Timandra comae, la phalène anguleuse, est commune dans les prairies humides. Sa chenille consomme des rumex et d’autres Polygonaceae.
Ici, c’est une femelle, car ses antennes sont fines et non largement plumeuses comme celles des mâles de son espèce.
Retrouvez d’autres articles sur les papillons Geometridae :
Voilà la signature d’une larve d’insecte qui mange les fleurs et perce les boutons de ce pélargonium. Et je sais qui est le coupable : c’est le brun du pélargonium ! Ce papillon venu d’Afrique du Sud sévit dans la coin depuis une dizaine d’années. Ses chenilles ne sont pas faciles à repérer car elles sont en tenue de camouflage. J’en trouverai sà»rement une dans un bouquet floral.
Sur un pédoncule floral, je trouve effectivement une bestiole bien mimétique.
Surprise ! Ce n’est pas la chenille du brun du pélargonium, c’est autre chose ! Mais quoi ?
Une chenille de Brun du pélargonium, ça ressemble à ça : dodue, vert tendre rayée de rose, délicatement poilue. Et pas du tout de petites cornes sombres sur le dos ! Il m’a fallu l’aide de plusieurs experts pour identifier ma bête : c’est une chrysalide de Pterophoridae, probablement Amblyptilia acanthadactyla.
Les chenilles de ce papillon mangent un peu de tout : lavande, euphraise, calament, romarin, menthe, ancolie, épiaire, germandrée, géranium, chénopode, bruyère, carline, myrtille…
Si vous voulez savoir à quoi ressemble un papillon de la famille des Pterophoridae, il y en a un dans cet article : La faune de la sente des prés à Eragny (dernière photo).
Sur les berges de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise
La scutellaire à casque (Scutellaria galericulata) est une Lamiacée vivace aux jolies fleurs bleues. On la trouve au bord de l’eau, ses akènes sont d’ailleurs disséminés par flottaison. Celle-ci était au bord d’un bassin de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise.
C’est en voulant photographier cette petite plante que j’ai découvert cette larve contrastée, en train de manger une de ses fleurs. Avec six paires de fausses pattes, ce n’est pas une chenille, mais la larve d’une tenthrède, autrement dit une fausse chenille.
Vue de près, cette fausse chenille est tout en bourrelets. Cette espèce inféodée aux scutellaires n’est pas commune et elle est rarement observée. Les adultes passent souvent inaperçus car ils sont difficiles à distinguer d’espèces proches. En revanche, la larve est tout à fait caractéristique avec ses ponctuations blanches en relief.
Encore un papillon de nuit qui vole le jour ! J’ai croisé dans le parc de Grouchy à Osny ce petit rose joliment décoré sur une feuille de cirse maraîcher. Sa chenille ne consomme pas cette plante, mais les lichens qui poussent sur les troncs des chênes.
On l’appelle communément la Rosette, allez savoir pourquoi ?
Miltochrista miniata appartient à la famille des Erebidae, comme l’Ecaille marbrée récemment observée dans ce parc.
Quand on ne sait pas ce que c’est, c’est une cochenille. Cette larve qui porte une abondante toison de cire sur le dos échappe à la règle. Elle ressemble fort à une cochenille, mais elle se déplace bien trop vite : c’est en fait un prédateur des cochenilles, une larve de coccinelle de la sous-famille des Scymninae.
Celle-ci est d’ailleurs peut-être une larve de Scymus.
Les Scymnus sont des coccinelles de très petite taille. J’ai observé celle-ci sur un pied de patate douce d’ornement dans une jardinière fleurie.
Salade australienne
Plusieurs espèces de coccinelles sont utilisées en lutte biologique pour contrôler les cochenilles. La plus connue est Cryptolaemus montrouzieri. Originaire d’Australie, cette Scymninae est utilisée en serres pour protéger les cultures d’orchidées, mais aussi les agrumes, concombres, melons, aubergines, et diverses plantes vertes d’origine tropicale. En extérieur, elle peut s’attaquer aux cochenilles farineuses des hortensias, tilleuls, houx, marronniers… Cette espèce s’est acclimatée sur la Côte d’Azur, et sans doute ailleurs en France.
Cette grosse espèce de cochenille a fait le tour du Monde. La cochenille australienne (Icerya purchasi) a débarqué en Californie en 1868, où elle a fait de gros dégâts dans les vergers d’agrumes. Elle est maintenant cosmopolite et régulée par Rodolia cardinalis (Coccidulinae), une autre coccinelle australienne, qui a été introduite et acclimatée avec succès à mesure des pullulations de ce ravageur : 1887 en Californie, 1912 à Menton, 1999 au Jardins des Plantes à Paris pour soigner des tamaris et des citronniers épineux infestés.
Un papillon orange de grande taille traverse l’allée forestière et se pose sur une feuille de châtaignier au soleil. Le zoom de l’appareil photo me montre les stries noires longitudinales et épaisses sur l’aile antérieure, typiques d’un mâle de Tabac d’Espagne. Elles sont le siège de cellules spécialisées dans l’émission de phéromones destinées à stimuler les femelles. Celles-ci, par l’extrémité de leur abdomen, émettent également des substances aphrodisiaques à destination des mâles.
Ce papillon, le plus grand du groupe des nacrés, butine volontiers les fleurs de ronces et de berces dans les clairières des forêts. La chenille, quant à elle, est spécialisée dans les violettes.
Au fait, pourquoi donc Tabac d’Espagne ?
Encore un effet du réchauffement climatique ? Pas du tout, ce nom lui fut donné au 18ème siècle par analogie avec la couleur ocre du tabac en poudre, spécialité de Séville, qui contenait un additif argileux destiné à améliorer sa texture.
Retrouvez dans ces articles les portraits d’autres papillons de jour :
Sans doute à la poursuite d’une proie, elle est entrée dans ma véranda, et voilà qu’elle ne sait pas retrouver la sortie ! Pourtant la porte est grande ouverte, mais elle s’obstine à se cogner bruyamment contre la toiture translucide. Il faut faire quelque chose…
Je me suis rappelé l’attirance qu’ont les odonates pour les perchoirs, alors je lui ai tendu le premier outil de jardinage que j’avais sous la main. Elle s’est posée dessus et j’ai pu la transférer tout en douceur jusqu’au jardin.
Le temps de reprendre des forces avant de s’envoler, cette belle aeschne bleue femelle m’a laissé faire quelques photos. Pratique d’avoir toujours l’appareil autour du cou !
Quelle est donc cette larve avec ces curieuses protubérances hérissées de poils raides ? Très active, elle a le comportement d’un prédateur à la recherche de sa proie, inspectant tous les recoins.
Il s’agit de la larve du drile, et les escargots ne trouvent pas ça drôle. Car cet insecte consomme des mollusques.
J’avais trouvé un mâle adulte il y a quelque temps à Osny.
Magnifiques antennes
Le drile mâle est reconnaissable à ses antennes pectinées qui lui permettent de repérer à l’odeur la femelle de son espèce. Celle-ci n’est pas facile à trouver car elle se tient au sol dans les herbes. Egalement malacophage, elle est dépourvue d’ailes et d’élytres et ressemble plus à un ver dodu de 3 centimètres de long qu’à un coléoptère ! Cette étrange beauté manque encore à ma collection de photos. Si vous en voyez une cachée dans une coquille d’escargot, dites-lui de me faire signe.