La mare du parc des Larris se porte bien ! Grâce à la gestion écologique et raisonnée de ses abords par les services de la ville de Pontoise, la végétation des berges s’est épaissie, offrant gîte et couvert à la faune sauvage. On voit sur cette photo qu’à l’extrémité de la mare, la station d’aloès d’eau a bien prospéré.
Une autre plante aquatique, que je ne connaissais pas, a attiré mon regard.
Le potamot crépu, aux feuilles coriaces et joliment ondulées, était autrefois commun et serait devenu assez rare en Ile-de-France. Peut-être sa présence est-elle sous-estimée, car la plante se cantonne souvent au fond des parties les plus profondes des mares.
La chrysomèle polie
Un peu plus loin, j’ai trouvé cette brillante chrysomèle sur une touffe de menthe. Il s’agit de Chrysolina polita, espèce typique de la végétation des berges. On la rencontre sur les menthes, les eupatoires et les lycopes dont elle consomme les feuilles.
En inventaire faune/flore au parc du château de Menucourt, j’ai croisé cette petite merveille couleur de bonbon. La coccinelle rose, Oenopia conglobata, vit dans les arbres où elle consomme des pucerons et des psylles. Elle est sans doute assez commune mais un peu difficile à observer compte tenu de son habitat en hauteur. Elle apprécie les chênes, les saules, les aulnes, les peupliers, les merisiers, les sapins… L’adulte hiverne dans les crevasses des écorces des arbres et parfois dans les maisons.
Deux générations par an
Les données d’observations de la coccinelle rose sont principalement concentrées en deux périodes : avril/mai/juin puis septembre, ce qui laisse supposer que l’espèce a deux générations par an.
La Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise a décidé de procéder à un inventaire de la faune et de la flore du parc du château de Menucourt. Cet Espace Naturel Sensible, lieu de promenade prisé des habitants de l’agglomération, est en effet une réserve de biodiversité et constitue un maillon essentiel de la trame verte et bleue du territoire.
Voici quelques habitants du parc, photographiés lors nos investigations.
La petite nymphe à corps de feu est un agrion printanier qui fréquente les ruisselets et les petites pièces d’eau.
La chenille du Géomètre à barreaux consomment les trèfles et d’autres légumineuses.
Cette larve aquatique aux pattes rameuses ciliées est celle d’un Acilius, coléoptère proche des dytiques. La larve et l’adulte chassent de nombreux petits animaux de la mare.
Retrouvez d’autres articles sur la faune du parc du château de Menucourt :
Cette petite coccinelle a l’originalité de présenter des motifs de forme rectangulaire. Celle-ci est jaune à dessins noirs mais il en existe de noires à rectangles jaunes. Elle fréquente les plantes herbacées, les arbustes et les arbres, y compris les arbres fruitiers, dévore quantité d’espèces de pucerons et de thrips et est très prolifique : toutes les caractéristiques d’un auxiliaire naturel incontournable au jardin.
La coccinelle à damier a deux générations par an : on rencontre les adultes au printemps à partir de fin avril, puis en plein été.
Cette espèce indigène chez nous est invasive aux Etats-Unis.
Chilocorus bipustulatus, coccinelle de petite taille, est facile à reconnaître : d’un noir brillant avec une fine bande rouge transversale sur chaque élytre. Elle est connue pour consommer des cochenilles.
Où observer Chilocorus bipustulatus ?
On la rencontre sur les bruyères, les conifères, les arbres fruitiers… Sur le buis de mon jardin, elle s’intéresse sans doute aux cochenilles virgules du buis. Cette espèce est élevée pour participer à la lutte biologique contre les cochenilles, notamment sur les agrumes et le palmier dattier.
Une autre espèce de Chilocorus
On rencontre en Ile-de-France une autre espèce du même genre, un petit peu plus grande : Chilocorus renipustulatus. La forme de la tache rouge différencie les deux espèces. Celle-ci était aussi dans mon jardin, sur une feuille de noisetier. On la rencontre sur les arbres feuillus, notamment les saules. Elle se nourrit également de cochenilles.
Voici un petit hanneton, d’une espèce très commune, croisé sur un chêne à côté de l’université à Neuville. Ce hanneton des jardins (Phyllopertha horticola) vole en mai et en juin. On reconnaît cette espèce à la couleur verte métallisée de sa tête et de son thorax.
La biologie du hanneton des jardins
Le cycle de Phyllopertha horticola est annuel. Les femelles pondent au sol en été. Les larves consomment des racines de plantes herbacées : céréales, trèfles, gazons…
La nouvelle génération émerge dès le printemps suivant (elle ne reste pas en terre deux ou trois ans comme les autres espèces de hannetons). Les adultes grignotent les feuilles des églantiers et des chênes, noisetiers, bouleaux, généralement sans faire beaucoup de dégâts.
Voici quelques images des animations auxquelles nous avons participé.
Mercredi 17 mai 2017 au parc de Grouchy, une sortie organisée par la Maison de la nature de Vauréal
Les participants ont été épatés par la beauté du parc de Grouchy et la richesse des observations que l’on peut y faire. Nous avons ainsi croisé deux espèces d’orchidées : la listère à feuilles ovales et l’orchis pourpre.
La visite a aussi permis d’apprendre à reconnaître le chant de certains oiseaux : merle, rouge-gorge, pinson, fauvette à tête noire, mésange à longue queue, troglodyte mignon, poule d’eau…
La longue-vue a été très pratique pour observer les papillons sans les déranger. Un Tircis se dorait au soleil à quelques mètres du groupe et nous avons pu le détailler de façon très rapprochée. Près d’un massif d’orties, la Carte géographique s’est aussi laissé longuement admirer.
Vendredi 19 mai 2017 au parc du château de Menucourt, une animation sur les chauves-souris proposée par la Ferme d’Ecancourt
Après les jeux animés par Florian dans l’orangerie, le groupe motivé a affronté la pluie et cheminé à l’écoute des bruits de la nature dans le parc éclairé par les derniers rayons du soleil couchant.
Les insectes s’étaient mis à l’abri, comme cette tenthrède débusquée sous une large feuille de bardane. Les chauves-souris finalement se sont montrées en nombre, plus tard dans la soirée après l’averse.
Samedi 20 mai 2017, un rendez-vous nature organisé par les animateurs de l’Ile de loisirs de Cergy-Pontoise
Les personnes inscrites ont bénéficié des explications de Sylvain et Ludovic sur l’apiculture. Marion a ensuite présenté notre dernière exposition sur les insectes pollinisateurs, préparée par Corentin notre stagiaire (ci-dessous, un des six panneaux) :
Sur les cornouillers sanguins en fleurs, le groupe a pu observer la grande diversité des visiteurs ailés : abeilles, mouches, bourdons, coléoptères…
J’ai vu ces jours-ci des viornes obiers totalement défeuillées. C’est l’oeuvre des larves de la galéruque de la viorne, un coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Ces larves sont ornées de taches caractéristiques en forme de traits et de points noirs.
Présent aussi sur d’autres viornes
La même espèce peut faire de gros dégâts sur le laurier-tin, espèce méditerranéenne fréquemment employée en espaces verts, car c’est également un Viburnum. Elle s’attaque aussi parfois à la viorne lantane, espèce indigène en Ile-de-France, commune en lisière des bois sur sol calcaire.
Retrouvez notre article sur une viorne ornementale à la floraison magnifique, la viorne de Bodnant.
Au bord des bassins d’infiltration des eaux pluviales derrière l’Université à Neuville-sur-Oise, on trouve de beaux massifs de tanaisie. Cette plante vivace vigoureuse, à la forte odeur camphrée, a la solide réputation de repousser les insectes. Nos aà¯eux en plaçaient dans la litière, au chenil et au poulailler, pour combattre les parasites. On trouve sur internet quelques recettes pour soigner les plantes à base de tanaisie, mais cette espèce contient des composés toxiques pour l’Homme et pour cette raison elle n’a pas été homologuée comme substance de base par la Commission européenne. Elle n’est pas non plus dans le dernier tableau des produis de biocontrôle (version du 28 mars 2017). Aussi, je ne recommande pas son usage.
Un drôle d’insecte est capable de résister à son arsenal chimique. Sa forme en bouclier fait penser à une punaise, mais c’est un coléoptère, de la famille des chrysomèles. Il arbore le même vert franc que sa plante de prédilection : très discret, il n’est pas facile à observer.
C’est une casside, probablement l’espèce Cassida stigmatica, qui présente comme celle-ci trois taches brunes bien marquées à la base des élytres.
J’ai retourné la bête pour vous montrer comment elle peut se cacher entièrement sous sa carapace.
Les cassides sont souvent joliment colorées. En Ile-de-France, on peut chercher Cassida murraea (rouge ou verte, tachée de noir) sur les pulicaires, Cassida azurea (bleue) sur les saponaires, Cassida viridis (verte) sur les menthes, Cassida vibex (verte et brune) sur les chardons… En tout, 38 espèces de cassides du genre Cassida sont répertoriées en France.
Quel est donc ce lourd coléoptère, incapable de voler, qui traverse mollement l’allée forestière ? Il est mal fagoté, avec ses élytres qui couvrent à peine la moitié de son abdomen. C’est un méloé, et à son embonpoint je suppose que c’est une femelle prête à pondre. Après l’accouplement, elle dépose ses œufs par milliers dans le sol, puis les petites larves grimpent dans les fleurs de plantes basses comme les pissenlits. On rencontre aussi souvent des larves de cette famille dans les fleurs de ficaire ou d’anémone.
Là se joue le mystère de la vie : avec leurs pattes terminées par des griffes en trident, ces larves, que l’on nomme triongulins, s’agitent à l’arrivée d’un butineur et s’agrippent aux poils des abeilles sauvages de passage. Elles voyagent sur le dos de leur hôte, parfois en groupe serré, jusqu’au fond du terrier de l’hyménoptère. Là , le triongulin mange l’oeuf de son hôte et entame une série de mues, se transformant en une larve dodue qui va dévorer les réserves de miel. Etonnant, non ?
Mais il y a plus fort encore : il paraît que les triongulins d’un méloé américain savent attirer par une phéromone spécifique les mâles d’une espèce d’anthophore. Les triongulins grimpent sur ces visiteurs et ainsi véhiculés profitent des accouplements pour changer de monture et finalement contaminent le terrier des femelles.
Inquiété, le méloé fait sourdre par ses articulations un liquide malodorant, vésicatoire et toxique, à base de cantharidine. Sa toxicité lui vaudrait son surnom d’enfle-boeuf et une réputation sulfureuse d’aphrodisiaque. Sa consommation serait très dangereuse pour les reins, aussi je déconseille vivement de croquer l’animal !
Ironie du sort, ce méloé est attaqué par un diptère parasite (sans doute un Ceratopogonidae) qui s’est posé sur son dos et vient pomper ses humeurs.