L'actualité de la Nature

Pissenlit

Devant la CAF de Cergy (quartier Grand centre) © CACP – Gilles Carcassès

Le pissenlit, symbole de la résilience de la nature ?

Cette plante vivace, l’une des plus communes de notre région, surgit là  où l’on ne l’attend pas, se contente de peu, fleurit généreusement toute l’année et disperse ses semences au moindre souffle de vent.

Capitule de pissenlit © CACP – Gilles Carcassès

Chaque graine insérée sur le capitule est prolongée par une aigrette qui permet le transport par le vent, quelques fois sur plusieurs kilomètres. Remarquez les petites épines orientées vers le haut qui empêcheront la graine de ressortir du sol, une fois insérée dans une fissure.

Coccinelle sur un pissenlit en fleurs © CACP – Gilles Carcassès

Les fleurs de pissenlit sont généreuses pour de nombreux insectes qui viennent s’y nourrir. Les abeilles, les fourmis et les coléoptères, comme cette coccinelle à  sept points, les fréquentent souvent. Ces fleurs sont comestibles : on en fait de bonnes gelées. Et les jeunes feuilles blanchies dans les taupinières font la meilleure des salades sauvages du printemps.

Un indicateur de gestion des pelouses

Floraison de pissenlits et de pâquerettes – Promenade des deux bois à  Cergy (fin avril 2013) © CACP – Gilles Carcassès

Les pissenlits prolifèrent quand la pelouse est tondue trop courte et trop souvent. A 6,5 cm de hauteur de coupe, on peut avoir 1% de pissenlit, et à  3,5 cm seulement on peut s’attendre à  50 % de pissenlits !

Le pissenlit inspire aussi les artistes !

Plafond de pissenlits © Magali Laffond

Ce plafond exposé au Domaine de Chaumont-sur-Loire est l’œuvre poétique de Duy Anh Nhan Duc, un artiste né à  Saigon en 1983, réalisée avec de véritables pissenlits cueillis un à  un à  la main !

Tableau de pissenlits © Magali Laffond

Là  c’est un tableau mural, du même artiste.

Sources :

Pissenlit dent de lion, la star, par Sauvages du Poitou

L’entretien écologique des pelouses, par la Mission eau Alsace

Le secret du vol des aigrettes de pissenlit, par Guru Med

L'actualité de la Nature

Vergerettes

Erigeron sp. – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

La reine des caniveaux !

Les vergerettes se contentent de peu mais poussent fort !

Il existe plusieurs espèces forts ressemblantes d’Erigeron, à  l’écologie semblable. La première arrivée est Erigeron canadensis. Cette plante annuelle très commune en Ile-de-France et originaire d’Amérique du Nord a été introduite en France vers 1650. Elle se plait dans les endroits chauds et secs et peut se développer dans le moindre interstice.

Erigeron sumatrensis, originaire d’Amérique du Sud, est d’introduction plus récente, et est très présente également en Ile-de-France. Elle se distingue de la précédente par des détails très subtils (trop) en particulier la pilosité des feuilles qui serait légèrement différente.

Très fréquentes en ville, ces vergerettes sont aussi des adventices communes des champs, des vignes et des vergers, et sont parfois résistantes au glyphosate. Elles ont un comportement de plantes pionnières et colonisent souvent les jachères et les friches.

Vergerettes – Neuville-sur-Oise © CACP – Gilles Carcassès

L’agriculteur a cessé de cultiver ce champ à  Neuville-sur-Oise, en raison d’un projet d’urbanisation. Quelques mois ont suffi pour que les vergerettes s’installent et dominent la végétation.

La vergerette du Canada est un hôte secondaire de plusieurs punaises de la famille des Miridae préjudiciables aux cultures, notamment la capside de la luzerne Lygus rugulipennis, et en Amérique du Nord la punaise terne Lygus lineolaris qui occasionne des dégâts aux cultures fruitières et maraichères.

Sources :

La vergerette du Canada, par Ephytia (INRA)

La vergerette du Canada, par le Conservatoire botanique national de Brest

La vergerette de Sumatra, par le groupe de travail IBMA

Vergerette du Canada, par IRIIS (Québec)

Flore des friches urbaines, par Audrey Muratet, Myr Muratet et Marie Pellaton

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Le séneçon visqueux

Senecio viscosus, le séneçon visqueux © CACP – Gilles Carcassès

Cette plante glanduleuse (et même collante) se contente de très peu : elle colonise ici une allée de service en graviers de l’hôpital d’Argenteuil.

Floraison du séneçon visqueux © CACP – Gilles Carcassès

Ses fleurs rappellent celles du séneçon jacobée, mais la plante est beaucoup plus basse.

Senecio viscosus, en rosette © CACP – Gilles Carcassès

C’est une plante bisannuelle (les botanistes disent thérophyte hivernal), elle germe à  l’automne, passe l’hiver sous forme de rosette et fleurit l’été suivant.

En Ile-de-France, la plante, indigène ou naturalisée selon les endroits, est peu commune. Elle se dissémine principalement à  la faveur du réseau ferré où elle apprécie le ballast. On la trouve aussi dans les clairières, les jachères, sur les décombres, les remblais et aux abords des usines… Dans le Guide des groupements végétaux de la région parisienne, elle est citée dans la végétation des « hautes friches héliophiles à  composées épineuses », sur sols secs et caillouteux, plus ou moins remués, irrégulièrement entretenus, en situation ensoleillée. Elle côtoie souvent le mélilot blanc.

Cette plante à  odeur fétide est toxique, et dangereuse pour le bétail.

Sources :

Le séneçon visqueux, par le blog de l’Association Nature Alsace Bossue

Guide des groupements végétaux de la région parisienne, de Marcel Bournérias, Gérard Arnal, Christian Bock (Belin)

Retrouvez un autre séneçon des voies ferrées :

Le séneçon de Mazamet

Retrouvez le séneçon jacobée et le séneçon commun dans ces articles :

La goutte de sang

Ni bonnes ni mauvaises

 

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Pas d’âne

Le tussilage en fleurs – Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Quelle est donc cette brillante floraison vue au parc du château de Menucourt ? C’est celle du tussilage qui a la particularité d’émettre des tiges florales et de produire des fruits avant de développer ses feuilles.

Tussilago farfara © CACP – Gilles Carcassès

Comme beaucoup d’Asteraceae, les capitules sont composés de deux types de fleurs : celles du centre, en tube, sont dotées de pistil et étamines, celles du pourtour sont de fines ligules qui n’ont d’autre fonction que l’améliorer la visibilité de la fleur pour les insectes pollinisateurs et de faciliter leur atterrissage. Diverses espèces d’abeilles et de petits coléoptères apprécient cette ressource précoce en pollen. Aux fleurs vont bientôt succéder des fruits surmontés d’une aigrette soyeuse que le vent dispersera.

Les fruits du tussilage © CACP – Gilles Carcassès

Le tussilage est une vivace pionnière, typique des sols remués et instables, il colonise souvent les talus argileux ou marneux.

Le limbe des feuilles, de forme arrondie, évoque l’empreinte du sabot d’un âne, d’où le nom vernaculaire de la plante « pas d’âne ».

Les chenilles de plusieurs espèces de papillons consomment le tussilage. Tyria jacobaeae, la « goutte de sang » que je vous ai montré sur le séneçon jacobée pourrait aussi occasionnellement se nourrir du tussilage.

Source :

Tussilago farfara, par la ville de Genève

L'actualité de la Nature, L'actualité des jardins

Le pouvoir de l’oreille de souris

Pilosella officinarum, la piloselle alias « oreille de souris » sur un talus très sec à  Menucourt © CACP – Gilles Carcassès

Plantes allélopathiques

Là  où pousse la piloselle, l’herbe trépasse. Cette astéracée stolonifère indigène élimine la concurrence, même si cette photo montre qu’elle s’accommode de la présence de Sedum album. Il paraît que le thym lui résiste aussi, alors que l’achillée, le millepertuis, le lin et bien d’autres disparaissent rapidement à  son approche. Comment fait cette plante de petite taille pour se débarrasser de ses voisines ? Le secret de la piloselle est caché dans le sol ! Ses racines sécrètent des exsudats racinaires toxiques pour les racines des autres plantes, on nomme cette capacité la télétoxie, une des formes de l’allélopathie. Le phénomène est connu chez de nombreuses plantes : le brome des toits, l’orge aux rats, la petite pimprenelle, l’origan, le trèfle porte-fraise, l’armoise annuelle, le sarrasin, le romarin… Et des espèces exotiques envahissantes sont également dotées de cette arme chimique : ailante, renouée du Japon, mimosa des fleuristes, caulerpe…

Quelles utilisations en agroécologie ?

Les agronomes essaient de tirer parti des propriétés des plantes allélopathiques. Plusieurs pistes sont explorées : l’incorporation au sol de plantes broyées, le paillage avec ces broyats, l’utilisation de macérations de plantes, l’installation d’un couvert végétal.

Cette dernière technique a été privilégiée dans un programme de recherche dans un vignoble en Alsace. Cette vidéo d’Alimagri témoigne de la démarche de tout un groupe de viticulteurs, entourés d’agronomes et d’écologues, et de la dynamique d’une conversion, avec ses difficultés, ses questionnements et ses résultats. Comment se passer des désherbants ? Et si la solution passait par l’enherbement avec des plantes indigènes locales, dont la piloselle ? A regarder jusqu’à  la fin : les meilleurs acquis ne sont pas ceux qu’on croit !

Sources :

La guerre chimique chez les plantes, un article du blog La Gazette des plantes

La piloselle épervière, un article du blog Booksofdante

Bibliographie abiodoc.com

 

 

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Chardon doré

Carlina vulgaris en hiver – Neuville-sur-Oise @ © CACP – Gilles Carcassès

La carline vulgaire affectionne les pelouses calcicoles, on peut aussi la rencontrer sur des friches et d’anciens terrains cultivés. Ses fleurs restent ouvertes sur la plante sèche, ce qui permet de détecter facilement sa présence même en hiver. Cet aspect hivernal a valu à  la plante son appellation de chardon doré. La voici en pleine floraison, fin juillet, dans les coteaux crayeux de La Roche-Guyon :

Carlina vulgaris – La Roche-Guyon © CACP – Gilles Carcassès

Sans être rare, elle est peu commune en Ile-de-France et semble en régression. C’est une plante-hôte pour la Belle-dame et la très jolie mouche Urophora solsticialis.

Urophora solsticialis femelle – La Roche-Guyon © CACP – Gilles Carcassès

Pour faire un peu de tri dans les différents genres de chardons, je recommande la lecture de cet article illustré qui donne quelques clés pour la détermination et montre la grande diversité botanique des plantes que l’on nomme chardons : http://bota-phytoso-flo.blogspot.fr/2013/06/les-chardons.html

Retrouvez d’autres articles sur des chardons :

Le chardon roland

Le chardon des champs

Le cirse maraîcher

 

 

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L’aigremoine

Nouvelle mode capillaire chez les chevaux ? © CACP – Gilles Carcassès

Ce sont des graines d’aigremoine qui s’accrochent ainsi dans la crinière de ce cheval lorsqu’il baisse la tête pour se nourrir dans son pré.

Agrimonia eupatoria © CACP – Gilles Carcassès

L’aigremoine est une plante vivace herbacée rhizomateuse qui croît sur des substrats riches en éléments nutritifs : prairies pâturées, lisières de bois, bordures de champs… Ses fruits sont armés de crochets qui facilitent son transport par les animaux ou les humains.

Feuille d’aigremoine © CACP – Gilles Carcassès

Les feuilles de l’aigremoine sont aisées à  reconnaître avec cette alternance de folioles petites et grandes.

Il existe deux espèces d’aigremoine en Ile-de-France : Agrimonia procera, qui pousse dans les fossés, est plus grande et moins commune qu’Agrimonia eupatoria. Les sillons sur ses fruits sont moins marqués et n’en dépassent pas le milieu.

On retrouve le même type de crochets sur les fruits d’une autre plante, la bardane. A noter que la bardane et l’aigremoine sont pourtant assez éloignées sur le plan de la botanique, la première étant une Asteracée et la seconde une Rosacée.

Les graines d’Arctium lappa, la grande bardane. © CACP – Marion Poiret
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Le séneçon de Mazamet

Dans la laine des moutons

Senecio inaequidens – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

C’est à  Mazamet à  la fin des années trente que le séneçon du Cap est arrivé d’Afrique du Sud dans des ballots de laine, à  l’époque de l’industrie textile florissante dans le Sud-Ouest. Les petites graines très légères s’accrochent facilement dans les toisons, mais aussi volent au vent et flottent au fil de l’eau. Aussi la plante s’est rapidement multipliée et disséminée, au point de devenir envahissante et de menacer la biodiversité de certains milieux fragiles. Au catalogue de la flore vasculaire d’Ile-de-France, elle est classée invasive au niveau 3. La plante est vivace sur quelques années, elle résiste assez bien aux incendies, et ses racines libèrent des substances qui inhibent le développement des autres espèces. Un seul pied peut produire 10 000 graines par an ! Comme si cela ne suffisait pas, c’est une plante toxique pour le bétail et fort peu d’insectes la consomment.

Séneçon du Cap – Cergy © CACP – Gilles Carcassès

Elle gagne du terrain en suivant les voies de communication, on peut la voir coloniser des kilomètres de bords d’autoroute de façon spectaculaire dans certaines régions. Elle est assez commune à  Cergy-Pontoise, aux abords des voies ferrées, dans les friches urbaines, elle pousse aussi dans les fissures des trottoirs et au pied des immeubles.

En dehors de son berceau natal sud-africain, le séneçon du Cap est présent dans beaucoup de pays en Europe, et a été repéré en Amérique du Sud et centrale, en Australie, à  Taà¯wan. En France, on le rencontre surtout dans le Languedoc et la vallée du Rhône, en Ile-de-France et en Alsace.

Le catalogue de la flore vasculaire d’Ile-de-France par la CBNBP

Retrouvez dans cet article :

une autre espèce invasive étonnante arrivée dans une cargaison de laine

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Le chardon des champs : ami ou ennemi ?

Cirsium arvense, le chardon des champs © Gilles Carcassès
Cirsium arvense, le chardon des champs © Gilles Carcassès

Comment reconnaître le chardon des champs ?

Ses feuilles sont piquantes mais n’ont pas d’épines sur leur face supérieure. Les capitules sont nombreux et mesurent moins de  2 centimètres. Les tiges ne sont pas ailées.

Est-ce une plante invasive ?

Le chardon des champs est une plante indigène, elle ne rentre donc pas dans la catégorie des plantes invasives, même si elle est reconnue comme une adventice indésirable.

Pourquoi est-elle gênante dans les cultures ?

Le chardon des champs est une plante vivace qui peut s’étendre latéralement par de vigoureux rhizomes, jusqu’à  2 mètres par an. La plante peut aussi se bouturer à  partir d’un tout petit fragment de rhizome. Enfin, un pied peut produire 1500 graines par an et les graines sont capables de rester en dormance dix ans dans le sol. C’est surtout sa capacité à  drageonner qui en fait une adventice redoutée. Sa présence dans les champs peut entraîner des pertes de rendements car son enracinement profond la rend compétitive par rapport aux cultures.

L'envol des graines du chardon des champs © Gilles Carcassès
L’envol des graines du chardon des champs © Gilles Carcassès

Est-elle utile à  la biodiversité ?

De très nombreux représentants de la faune sauvage fréquentent ce chardon et certaines espèces lui sont inféodées.

Les fleurs riches en nectar du chardon des champs sont très visitées par les hyménoptères © Gilles Carcassès
Cet hyménoptère butine une fleur de chardon des champs © Gilles Carcassès

Ses fleurs riches en nectar sont visitées par de nombreuses espèces d’insectes pollinisateurs : des papillons, des mouches et beaucoup d’hyménoptères. La faune aide aussi à  réguler l’expansion de l’espèce :

Comment lutter contre la prolifération du chardon des champs dans les espaces non cultivés ?

La meilleure façon d’agir est de gérer l’espace selon les principes de la gestion différenciée car une prairie stabilisée ne laissera pas de place aux chardons. Pour y parvenir, il faut respecter les principes suivants :

  • Pratiquer une fauche annuelle, haute de 8 cm minimum. En cas d’infestation, elle peut se faire en juin avant la formation des graines des chardons.
  • Bannir les fauchages à  l’épareuse qui laissent souvent des sols nus favorables à  l’établissement des chardons.
  • Préférer la faucheuse à  la broyeuse
  • Exporter les coupes si possible
  • Ne pas utiliser d’engins lourds qui tassent le sol, car un sol compacté est favorable aux chardons
  • Dans le cas d’une création de prairie, préférer le semis d’automne à  celui de printemps. La luzerne a la capacité d’éliminer les chardons.

Ne pas confondre

Il existe en Ile-de-France sept autres espèces de Cirsium et une bonne dizaine d’autres espèces herbacées épineuses à  fleurs composées (principalement chez les Asteraceae). Compte-tenu de leur absence de nuisance en agriculture, seul le chardon des champs est visé par les arrêtés préfectoraux d’échardonnage. Voici quelques-unes de ces autres espèces.

Cirsium vulgare, le cirse commun © Gilles Carcassès
Cirsium vulgare, le cirse commun (Asteraceae) © Gilles Carcassès

Les capitules du cirse commun sont plus gros et plus épineux que ceux du chardon des champs. C’est une plante bisannuelle.

Cirsium eriophorum, le cirse laineux © Gilles Carcassès
Cirsium eriophorum (Asteraceae) © Gilles Carcassès

Cirsium eriophorum est facile à  reconnaître avec ses involucres laineux. C’est aussi une plante bisannuelle.

Onopordon acanthium - Saint-Oen l'Aumône © Gilles Carcassès
Onopordon acanthium (Asteraceae)- Saint-Ouen l’Aumône © Gilles Carcassès

L’onopordon est une très grosse plante bisannuelle aux feuilles larges et cotonneuses et aux tiges ailées.

Le dossier très complet sur le chardon des champs par Seine-et-Marne Environnement, qui sera très utile aux agriculteurs comme aux jardiniers

La fiche Smart’Flore du chardon des champs