En avance pour mon rendez-vous de chantier dans la ZAC Bossut, j’en ai profité pour photographier quelques fleurs de vipérine dans une friche en attente de constructions. Le style rose à l’extrémité fourchue comme une langue de vipère, qui sort de chaque corolle au milieu des étamines, est peut-être à l’origine du nom de la plante.
Les inflorescences sont construites selon le schéma des cymes scorpioà¯des : elles sont recourbées comme la queue d’un scorpion. Les fleurs bleues sont systématiquement précédées d’un bouton de couleur rose.
L’espèce est bisannuelle. Les jeunes plantes de l’année passent la mauvaise saison sous forme de rosette étalée au sol et ne monteront leurs tiges florales ramifiées qu’après le passage au froid de l’hiver.
Dans les régions au climat doux, en situation abritée, on peut cultiver les espèces géantes très spectaculaires des Canaries, de Ténérife ou de Madère.
D’une exploration nature sur les crêtes de La Roche-Guyon le 23 juillet 2018, j’avais rapporté des images de deux beaux papillons que je vous ai présentés dans ces pages : le Flambé, et l’Argus bleu nacré. En triant mes photos, je constate que mon chemin a croisé aussi celui d’un Petit nacré. Il mérite aussi son article !
Les grandes taches blanches, brillantes et bien contrastées au revers des ailes postérieures sont caractéristiques du Petit nacré.
Cette espèce dont les chenilles consomment des violettes n’est pas menacée mais elle est cependant peu commune en Ile-de-France. On peut observer ce papillon migrateur dans notre région jusqu’à la fin octobre.
Entre les pavés du quai poussent quelques plantes de friches. Cette plante élancée au feuillage vert clair finement découpé est Artemisia annua, l’armoise annuelle. Ses feuilles froissées dégagent une odeur aromatique assez forte qui rappelle celle du génépi, de l’estragon ou de l’absinthe (qui sont aussi des Artemisia). Cette plante naturalisée est d’origine chinoise, elle est assez commune à Paris et en agglomération parisienne ainsi que dans la vallée de Seine aval. Elle se plaît dans les terrains vagues, les hauts de berges, les bords de chemins, les terre-pleins centraux d’autoroute.
Au jardin des Possibles à Saint-Ouen-l’Aumône, un pied d’armoise annuelle a germé dans un massif de plantes aromatiques. Les jardinières ont décidé de ne pas l’arracher. Dopée par la terre fertile et les arrosages, elle a pris de belles proportions !
L’armoise annuelle est une plante médicinale cultivée depuis fort longtemps en Chine et au Vietnam, elle est notamment employée pour lutter contre le paludisme.
Il ne faut pas la confondre avec l’ambroisie, plante invasive allergisante, qui n’a pas cette odeur aromatique.
Avec la chute des feuilles, les nids de frelons asiatiques cachés en haut des grands arbres sont soudainement visibles. Ennemis jurés des apiculteurs qui voient leurs abeilles décimées par ces redoutables prédateurs, les frelons asiatiques ne sont pas vraiment les bienvenus dans notre environnement. Arrivés accidentellement de Chine en 2004, ils ne cessent de gagner du terrain.
Alors que faire lorsque l’on découvre un nid de frelons asiatiques ?
Le Muséum national d’Histoire naturelle (voir leur excellent dossier consacré au frelon asiatique) recommande la destruction des nids de frelons asiatiques pour en freiner la progression. Mais si la découverte est tardive en saison (après mi-novembre) on peut considérer raisonnablement que la colonie est en déclin, voire inactive, et décider de ne pas intervenir. En effet les frelons ne survivent pas aux rigueurs de l’hiver. Seules les reines qui vont s’abriter dans des souches pourries ou des trous de murs vont hiverner pour fonder de nouvelles colonies au printemps. Les vieux nids ne sont jamais réemployés l’année suivante, ils seront progressivement disloqués par les oiseaux et les intempéries.
Découvert suffisamment tôt en saison, la marche à suivre est la suivante :
1/ identifier le propriétaire
C’est la commune qui se chargera d’intervenir sur le domaine public, et chaque propriétaire sur les propriétés privées.
Un peu de verdure vient égayer ce pied de muret en briques dans l’escalier qui mène au Verger. Ces Galinsoga se sont semés un peu partout dans ce secteur de la dalle Grand centre à Cergy, profitant des moindres fissures.
Vues de près, ces fleurettes blanches à cœur jaune sont simples et charmantes.
Mais d’où viennent-elles ?
On rencontre en fait en Ile-de-France deux espèces de Galinsoga très ressemblantes. Celle-ci dont les pédoncules des fleurs sont nettement poilus est Galinsoga quadriradiata. A l’inverse les poils des pédoncules de Galinsoga parviflora sont peu visibles à l’œil nu. Le domaine de cette dernière est Paris et la petite couronne, l’espèce quadriradiata étant plus largement répandue en grande couronne.
Ces deux espèces sont originaires d’Amérique sub-tropicale (Chili, Bolivie, Brésil, Colombie, Argentine, mais aussi Mexique).
Encore un coup des botanistes !
Galinsoga parviflora a été introduite par des botanistes, dont on connaît la manie de la collection, au Jardin des Plantes de Paris en 1785. Elle était aussi cultivée au Jardin royal de Madrid, d’où lui vient son nom, Martinez Galinsoga ayant été le directeur de cet établissement vers 1800. On l’a citée aussi dans les collections du Jardin botanique de Berlin à la même époque. Son expansion progressive en Europe depuis le début du XIXe siècle a été facilitée par ses nombreux moyens de dissémination : akènes à aigrettes portés par le vent, flottaison dans les eaux d’épandage, transports de terre, accrochage des akènes dans le pelage des animaux, pollutions de semences, adventices dans les pots des pépiniéristes et horticulteurs…
Passagères clandestines parmi les régimes de bananes ?
Galinsoga quadriradiata est d’introduction plus récente et elle a sans doute bénéficié de l’accélération des transports mondiaux de marchandises. On soupçonne l’explosion du commerce de la banane en provenance d’Amérique du Sud dans les années 1920. Des graines auraient voyagé parmi les régimes de bananes chargés dans les cargos frigorifiques, nommés bananiers, mis en service au début du XXe siècle.
Mais cette espèce a aussi été cultivée aux Jardin des plantes de Paris en 1862. Elle était signalée en Belgique en 1870. La grande ressemblance entre les deux espèces rend cependant incertain bon nombre de signalements…
Ils sont blagueurs ces anglais !
On ne connaît pas de nom vernaculaire français aux Galinsoga. Les anglais sont plus inventifs : ils nomment cette plante « gallant soldiers », c’est un jeu de mot (ah, ah !) Traduit en français, soldat galant, ça ne fonctionne pas vraiment.
Au bord de l’Oise à Cergy, les ormes sont très présents. Ils sont tous jeunes car dès qu’ils atteignent une dizaine d’années, ils sont décimés par la graphiose. Cette maladie est due à un champignon parasite qui obstrue les vaisseaux conducteurs de sève des ormes et les fait mourir.
Cet ormeau a l’air un peu malade, mais ce symptôme n’est pas celui de la graphiose. Ses feuilles sont attaquées par les larves d’un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, la galéruque de l’orme. On dit que les fortes attaques de cette galéruque affaiblissent les arbres, ce qui attire les scolytes qui à leur tour transmettent la maladie en mordant les rameaux.
Sur les espaces herbeux qui accompagnent l’avenue Gandhi à Vauréal, les achillées millefeuilles refleurissent après la fauche de l’été. Cette plante est facile à reconnaître avec ses feuilles très découpées et ses petits bouquets de fleurs blanches disposés en ombelles. Très résistante à la sècheresse, cette vivace indigène est une excellente plante pour des prairies fleuries naturelles.
L’achillée millefeuille est très appréciée des coléoptères. J’y vois souvent des clairons comme celui illustré ci-dessus et des Cerambycidae floricoles, comme ce stenoptère roux, très commun dans les prairies.
Les producteurs de plantes vivaces proposent une large gamme de variétés d’achillée millefeuille dans des coloris variés : rouge, rose, pourpre, lilas, saumon, jaune pâle…
Il s’agit de la tristement célèbre punaise diabolique ! Je savais qu’elle était à Paris depuis 2015. Elle est manifestement sortie de la capitale puisqu’elle a été observée le 17 octobre 2018 à Villejuif et le même jour à Rosny-sous-bois. Et j’ai observé cet individu le lendemain devant la Maison de la Nature de Rueil-Malmaison.
Cette punaise d’origine asiatique a envahi les Etats-Unis au début des années 2000, y causant des dégâts considérables aux vergers de pommiers, pêchers, agrumes, et aussi aux vignobles, au maà¯s, au soja, et aux cultures maraichères. Elle peut aussi compromettre les récoltes de noisettes. En Europe, l’envahisseur est sous surveillance, pour l’instant il ne cause pas de dégâts significatifs en grandes cultures, mais le risque est important, d’après un rapport de l’ANSES de 2014.
Cette espèce, comme la punaise américaine du pin, cherche pour passer l’hiver un endroit où se mettre au chaud. C’est pourquoi il peut lui arriver de rentrer dans les maisons. En cas de pullulation de cette punaise, les habitants peuvent être tentés de traiter leur domicile avec des doses massives d’insecticide, ce qui serait très néfaste pour leur santé ! L’insecte en revanche est inoffensif pour l’homme et les animaux domestiques. Si l’on veut les chasser de la maison, il faut utiliser des moyens non toxiques, l’aspirateur par exemple et penser à fermer les fenêtres.
La punaise asiatique est arrivée en France en 2012, plus précisément à Strasbourg. Depuis, elle a été signalée dans une bonne dizaine de départements.
Serait-ce une bestiole vorace avec un grande bouche qui fait ces profondes découpes dans ma belle de nuit ? Non, ce ne sont pas des traces de repas. C’est l’ouvrage d’une mégachile. Avec ses mandibules, cet hyménoptère découpe comme avec des ciseaux des pastilles de feuilles et les emporte une à une pour construire son nid.
Si j’étais une abeille solitaire, où établirais-je mon nid ? Voyons : un endroit bien isolé, à l’abri des intempéries… Dans la paille bien sà»r !
C’est la réserve pour le poulailler, et pour éviter que le vent ne me l’éparpille, j’ai lesté la botte avec un chaperon de muret en béton. Je le soulève précautionneusement.
Ce long « cigare » est bien le nid de la mégachile. Les découpes de feuilles sont courbées et assemblées à la manière de tuiles pour former un fourreau cylindrique dans lequel l’abeille stocke des boulettes de pollen, réserves de nourriture pour ses larves. Puis elle en bouche l’entrée avec le même matériau. La nouvelle génération émergera l’été prochain.
Il y a deux autres nids à côté, l’un d’eux, plus court, est manifestement de construction récente car les morceaux de feuilles sont encore bien verts. Il est occupé : je vois le derrière d’une abeille qui s’active ! Alors je décide de ne pas déranger plus longtemps et je remets le chaperon à sa place.
Les mégachiles récoltent le pollen sur leurs brosses ventrales, sous l’abdomen. L’espèce ci-dessus a des brosses rousses. Lorsqu’elles butinent, les mégachiles prennent souvent cette pose comique, abdomen redressé.
Retrouvez d’autres abeilles solitaires dans ces articles :
N’est-elle pas étonnante la coloration automnale du fusain ailé ? Cet arbuste caduc parfaitement rustique est originaire du Japon. Il ne dépasse pas deux mètres de haut et est très tolérant quant au sol. Apparemment cette espèce n’est pas sujette aux dégâts des hyponomeutes comme le fusain d’Europe. Les pépiniéristes proposent aussi sa variété ‘Compactus’ au port plus ramassé que le type, adapté pour la cuture en bac.
Les fruits du fusain ailé sont toxiques mais consommés par les oiseaux. On comprend avec cette photo pourquoi ce fusain est dit ailé : ce sont ses tiges qui présentent de fines excroissances liégeuses.
Le fusain ailé est un très bon arbuste pour une haie mélangée en port libre.
Retrouvez ces articles sur de bonnes plantes pour des haies libres :