Parmi les Bidens et menthes aquatiques, une autre fleur attire mon attention sur la plage de galets de l’île de loisirs : la jussie.
Les jussies sont des plantes aquatiques de la famille de Onagraceae qui forment des sortes de lianes rampantes, flottantes ou submergées. Bien qu’encore extrêmement rares dans la région, elles sont réputées pour leur caractère invasif qui peut entrainer des dysfonctionnements hydrauliques et biologiques dans les milieux où elles s’installent avec vigueur (eutrophisation, diminution de la biodiversité et de la qualité de l’eau).
Les jussies ont été introduites comme plantes d’ornement de bassins en raison de leur belle floraison jaune. Elles ont largement conquis le sud de la France et remontent progressivement vers le nord, bien qu’elles ne soient quasiment pas présentes en àŽle-de-France.
Ici, il s’agit de la jussie à grandes fleurs, Ludwigia grandiflora, que l’on différencie de la jussie faux-pourpier, Ludwigia peploides, par la taille des poils sur ses tiges et la présence de stipules à l’aisselle des feuilles.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
On peut la rencontrer dans les jardins, prairies et bords de chemins au milieu de l’automne. C’est Mucilago crustacea, un myxomycète.
Myxo quoi ?
Les myxomycètes sont des organismes qui forment une sortent de gelée visqueuse (le plasmode) capable de se déplacer et de phagocyter (c’est-à -dire d’absorber au travers de la paroi cellulaire) des moisissures ou des bactéries pour s’en nourrir. Puis, cette gelée se fixe sur un support, durcit et forme une croà»te (le sporocyste) qui produit des spores pour la reproduction. A priori cette phase est réversible : le myxomycète peut revenir à l’état visqueux pour recommencer un cycle nourriture/reproduction.
Le myxomycète se déplace, comme un animal, mais produit des spores, comme un champignon. Alors qui est-il ? Dans la classification actuelle du vivant on considère 7 règnes différents : les animaux, les végétaux, les champignons, les bactéries, les archées, les chromistes et les protozoaires. Les myxomycètes appartiennent à cette dernière catégorie, les protozoaires. Ce sont des organismes constitués d’une unique cellule capable de se déplacer et de phagocyter sa nourriture.
Le mucilage crustacé
Ce myxomycète particulier est somme toute assez fréquent dans les prairies et les bords de chemins et il peut mesurer plusieurs centimètres de long, il est donc assez facile à repérer. Au stade « plasmode » il est jaune pâle et se déplace sur les herbes et les feuilles en décomposition. Au stade « sporocyste » il est blanc, car composé de cristaux de calcaire, puis gris à la libération des spores qui, elles, sont noires.
D’autres myxomycètes forment des croutes à l’aspect de mousse dans la litière forestière ou la végétation basse. C’est le cas par exemple du genre Fuligo dont la couleur varie selon l’espèce, comme ce jaune vif chez septica.
En observation aux bords des étangs de l’île de loisirs je repère au milieu des menthes aquatiques quelques pieds d’une plante déjà toute séchée. Il s’agit d’un bidens.
Les bidens sont des astéracées à fleurs jaunes typiques des milieux humides. Celui-ci, Bidens tripartita, le bidens trifolié, est le plus commun des 5 espèces présentes en àŽle-de-France. On le retrouve sur les substrats vaseux des berges des mares et étangs un peu partout dans la région.
Bien que nos individus soient secs, il reste un élément important sur nos plantes : le fruit. Etymologiquement, Bidens fait référence à la forme du fruit à deux pointes bien visibles (bi-dents).
Si on y regarde de plus près on distingue de nombreuses épines, telles des harpons. Cela permet certainement au fruit de mieux s’accrocher dans les poils et plumes des animaux de rivage et d’assurer une meilleure dispersion des graines.
Le leste vert, Chalcolestes viridis, est une espèce de l’ordre des Odonates et du sous-ordre des Zygoptères, les demoiselles.
On reconnait les lestes à leurs couleurs métalliques, leurs ptérosigmas (taches colorées dans les ailes) de forme rectangulaires et le fait qu’ils se posent en général avec les ailes étalées, caractéristique plus commune chez les anisoptères (libellules) que les zygoptères (demoiselles). Il en existe 6 espèces en àŽle-de-France.
Chalcolestes viridis se différencie des autres par : une couleur métallique verte relativement uniforme du thorax au bout de l’abdomen, des ptérostigmas clairs, une pointe verte sur le côté du thorax et des appendices annaux très clairs chez le mâle.
Chez tous les lestes la ponte se réalise en tandem, mâle et femelle accrochés, dans des tissus végétaux vivants ; souvent dans les branches de saules avançant au-dessus d’un plan d’eau. On peut d’ailleurs voir les cicatrices provoquées par les pontes sur les branches des arbres.
Cornus sanguinea, le cornouiller sanguin, est un arbrisseau qui dépasse rarement les 3 mètres de haut. Il appartient à la famille des Cornaceae, qu’il partage avec Cornus mas, le cornouiller mâle, le seul autre représentant en àŽle-de-France.
Quelques caractéristiques du cornouiller sanguin
Le cornouiller sanguin a des fleurs blanches disposées en corymbe. Sa floraison est souvent décrite comme ayant une odeur « désagréable ». Je lui trouve un parfum de levure de boulanger, ou de patte à pain crue… Chacun y trouvera agrément ou non selon ses préférences.
La feuille du cornouiller est de forme elliptique avec des nervures bien dessinées. Elle présente une caractéristique particulière : lorsque l’on déchire la feuille des filaments se forment, probablement par coagulation de la sève, qui maintiennent quelques temps les deux fragments, reliés comme par magie !
L’écorce des plus jeunes rameaux a des teintes rouges, parfois très vives, ce qui lui vaut son nom de cornouiller sanguin. On voit sur l’image précédente l’aspect pourpré de la branche.
Quelques atouts du cornouiller sanguin
Cet arbuste est indigène en àŽle-de-France, il est très présent et particulièrement bien adapté aux conditions franciliennes. Il fait d’ailleurs partie des plantes disposant de la marque Végétal Local pour la région. Ses fleurs, qui s’épanouissent de mai à juin, sont très mellifères et assez appréciées des insectes pollinisateurs. En septembre et octobre ce sont ses fruits qui nourrissent les oiseaux amateurs de baies et petits fruits (comme les merles et les grives par exemple). Etant de plus, plutôt bas et de structure très buissonnante il fait un formidable allié des créateurs de haies !
Elle a une drôle d’allure cette petit bête avec sa grosse tête et ses yeux globuleux. Je la trouve plutôt mignonne. Mais qui peut-elle bien être ?
Comme je l’ai rencontrée au cours des inventaires des pollinisateurs des cimetières pendant l’observation d’un liseron à Courdimanche, je poste son portrait sur la plateforme SPIPOLL. La communauté m’informe aussitôt : c’est une punaise de la famille des Lygaeidae, Geocoris megacephalus. On rencontre plus fréquemment son cousin, Geocoris erytrhocephalus, à tête beaucoup plus petite et rouge vif.
Notre spécimen semble donc être une rareté. Et après vérification, il n’est mentionné que deux fois dans la base de données régionale ! Pourtant, quelques jours plus tard je recroise un individu sur le cimetière de Maurecourt. D’après les quelques descriptions de l’espèce, cette punaise est plutôt méditerranéenne et apprécie les espaces chauds, secs et sableux. Peut-être est-elle en train de remonter vers le nord au fil des changements climatiques. Et sans doute que les cimetières, des espaces secs et rocailleux, lui sont favorables.
Quand on parle de pollinisateurs, on pense souvent aux abeilles et aux papillons. On oublie alors un groupe important : les mouches ! En France, près d’un tiers des pollinisateurs sont des diptères (mouches et moustiques). Lors de nos inventaires estivaux nous avons l’occasion d’en croiser de toutes les couleurs et de toutes les tailles. En voici quelques unes, assez sages pour s’être fait tirer le portrait.
Parmi les toutes petites mouches, qu’on appelle en général des moucherons, certaines ont des couleurs particulières. A y regarder de près celle-ci est jaune, à motifs bruns et avec des yeux verts. Etonnant non ? (Mieux vaut regarder de très près, elle ne fait qu’un ou deux millimètres !) Cette mouche du genre Meromyza appartient à la famille des Chloropidae (environ une vingtaine d’espèces).
Dans la famille des Calliphoridae, qui regroupe plusieurs espèces ayant des reflets métalliques, nous avions rencontré au printemps Calliphora vicina, la mouche bleue. C’est maintenant sa comparse, la mouche verte, Lucilia sericata. Elles sont toutes les deux assez fréquentes dans les maisons. Elles n’y sont que rarement appréciées, pourtant le détail des couleurs est saisissant : masque blanc, yeux rouges et armure verte.
Celle-ci arbore des motifs blancs et noirs ressemblant à un damier. Ces mouches, du genre Sarcophaga sont assez fréquentes. On les appelle également mouches à viande. Elles aiment pondre sur la viande (ou les cadavres d’animaux de manière plus générale), leurs asticots s’en nourrissent et agissent comme équarisseurs du milieu naturel. Bien que pas très glamour, elles ont un look intéressant.
Stomorhina lunata est également une Calliphoridae. Si elle n’a pas de reflets métalliques distinctifs on la reconnait aisément à ses yeux : ils sont rayés !
Cette jolie mouche appartient à la grande famille des Stratiomyidae (plus de cinquante espèces). Son allure élancée, ses yeux verts et son thorax métallique peuvent indiquer qu’elle est du genre Sargus. Mais il serait difficile d’aller plus loin dans l’identification sur photo.
La famille la plus représentée dans nos inventaires de pollinisateurs est sans doute celle des syrphes. C’est une famille assez conséquente et dont les individus, qui ressemblent souvent à des guêpes ou des abeilles, sont assez photogéniques. Ici, c’est un syrphe avec de gros fémurs que l’on rencontre souvent lors des inventaires SPIPOLL : Syritta pipiens, la syritte piaulante.
Ces grosses mouches velues qui ressemblent un peu à de minuscules nounours sont des Bombylidae. C’est également une grande famille (avec plus de soixante espèces en France). Ici, c’est Villa hottentotta qui se délecte d’une fleur de lierre.
Retrouvez notre galerie de printemps dans cet article :
Nous le plaçons en quarantaine (de secondes) dans une boîte loupe, le temps de le photographier plus commodément. Ce n’est pas l’abdomen qui est très long, c’est une expansion du pronotum, le dessus du thorax, qui couvre les ailes. C’est une particularité du genre Tetrix dont on compte 6 espèces en Ile-de-France.
On voit sur ces photos que le dessus de la tête (le vertex) avance un peu au-devant des yeux, que le thorax est peu bombé et que l’arête inférieure des fémurs médians ne semble pas ondulée. Il s’agit donc probablement de l’espèce Tetrix subulata, une espèce rare inféodée aux milieux humides. Si ce n’est lui, c’est son frère Tetrix ceperoi, le criquet des vasières.
C’est au cœur du Vieux Pontoise, au numéro 9 de la rue de la Harengerie, que m’attend ma correspondante, une des membres de l’association qui fait vivre ce jardin peu commun.
Avec l’accord de la ville, propriétaire des lieux, les jardiniers amateurs ont investi les ruines de l’ancien presbytère dont il ne subsiste que quelques pans de mur. On lit encore la trace de l’un des bâtiments démolis sur le pignon aveugle de l’immeuble voisin.
Le défi a été rude : pas d’eau sur le terrain et pas non plus de sol, uniquement des gravats !
Et pourtant cet endroit inhospitalier est devenu au bout de quelques années une oasis de verdure productive et pleine de charme.
Pour l’essentiel, les parcelles jardinées sont des bacs ou des buttes de culture intégrant de grosses quantités de compost. La végétation sauvage présente sur le site (clématite, buddleias, orties) est régulièrement taillée et coupée menu pour pailler le pied des fleurs et des légumes.
C’est un jardin dans lequel sont bichonnées avec amour toutes les plantes : les sauvageonnes, les mellifères, les aromatiques, les engrais verts, les vivaces et bulbes de collection, les légumes généreux… La biodiversité y trouve son compte, on peut même y croiser la belle Ariane, Lasiommata maera.
Les bacs de compostage collectifs ont été fournis par la Communauté d’agglomération, ils fonctionnent à plein régime !
Voici un joli papillon que nous n’avions pas encore vu : le petit sylvain. Son habitat naturel est le boisement ou la forêt humide, rien d’étonnant à ce que nous l’ayons aperçu dans le sous-bois aux bords de la mare de l’Hautil.
De plutôt grande envergure (4 à 5 cm) le petit sylvain arbore des couleurs sobres, brun et blanc, sur la face supérieure de ses ailes et tire sur le orange vif sur la face inférieure.