Cette année, c’était le Parc naturel régional Oise – Pays de France qui organisait la rencontre technique sur la gestion écologique des espaces verts. Une vingtaine de personnes venues de collectivités de l’agglomération de Cergy-Pontoise et des PNR Oise – Pays de France et du Vexin français se sont retrouvées à Senlis, accueillies par le service des Espaces verts. Cette ville labellisée 3 fleurs est réputée pour son fleurissement faisant une large part aux plantes vivaces. Cette journée très instructive s’est poursuivie à Crépy-en-Valois par une visite de divers aménagements particulièrement convaincants en matière de gestion des eaux pluviales.
Les animations de la Maison de la nature de Vauréal redémarrent fort dès le début de ce mois de septembre 2018. Et la cellule biodiversité est partenaire des deux premières animations :
le mercredi 5 septembre 2018 matin « les petites bêtes de la prairie et du jardin école »
le mercredi 12 septembre 2018 après-midi « sortie Sauvages de ma rue »
Le 26 juillet 2018, l’école Du Breuil recevait dans ses carrés d’essai les professionnels du fleurissement pour une présentation de plusieurs centaines d’espèces et variétés en situation de plates-bandes fleuries. J’ai croisé dans les allées impeccablement tondues, des photographes spécialisés, des jardiniers de la ville de Paris et de communes d’Ile-de-France, des étudiants, des amoureux des plantes. Tous étaient conviés à participer à un vote sur 40 plantes sélectionnées. Celles qui obtiendront le meilleur score seront proposées au service de production de la ville de Paris afin d’enrichir leur offre aux jardiniers municipaux.
Vous n’avez pas pu vous y rendre ? Ne désespérez pas, une autre matinée est programmée : le jeudi 30 aoà»t 2018!
Dans la sélection objet du vote, j’ai repéré ces trois plantes :
Le géranium Azure Rush est issu du célèbre Rozanne, en plus léger et compact à la fois. Sa floraison généreuse et de longue durée en font un des géraniums vivaces les plus recommandables au jardin.
On connaissait les Bidens jaunes, puis il y a eu la mode des blancs, et ces dernières années les orange ont fait fureur. En voici un rose !
Parmi les plantes grimpantes, les Thunbergia, souvent utilisés en fleurissement estival, attirent l’attention avec l’œil noir de leurs fleurs. La variété à fleurs roses Arizona Rose Sensation voisine ici avec des cléomes.
D’autres fleurs roses étaient particulièrement mises en beauté par le soleil de ce début de matinée :
J’ai trouvé aussi ces floraisons rouges épatantes :
Pentas lanceolata est un arbuste africain cultivé en plante annuelle dans nos massifs. On peut lui faire passer l’hiver en véranda chauffée.
Ces gaillardes annuelles ont une très longue floraison.
Ce Zinnia a obtenu une médaille Fleuroselect en 2014. La tenue de ses fleurs aux fortes chaleurs est exceptionnelle.
Et puis cette grimpante vivace peu employée, Maurandya barclaiana, m’a tapé dans l’oeil. Jolies fleurs, feuillage gracieux, elle a tout pour plaire !
Au potager pédagogique, exceptionnellement ouvert au public pour l’occasion, les abeilles sauvages Halictidae s’étaient données rendez-vous sur les grandes immortelles :
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L’an dernier, j’avais observé au potager fruitier de La Roche-Guyon un papillon rare en Ile-de-France, l’azuré porte-queue. Qu’allions-nous découvrir cette fois-ci ?
Au bord de cette allée, trône un fenouil gigantesque. Si j’étais un machaon, il me tenterait.
Effectivement, un femelle machaon a pondu sur ce fenouil et sa chenille est déjà bien développée ! Les plantes hôtes de cette belle espèce sont des Apiacées, essentiellement la carotte et le fenouil (sauvages ou cultivés).
Sur un pied d’asperge, quelques criocères à douze points, timides, se cachent à mon approche. Leurs larves consomment les baies des pieds femelles de l’asperge.
Un peu plus loin, au bord de la Seine, une chenille de Robert-le-Diable, reconnaissable à la grande tache blanche sur son dos, consommait tranquillement une feuille d’ortie dioà¯que, sa plante hôte préférée.
Au revers d’une feuille de chou, les œufs de la piéride ont éclos, donnant naissance à de minuscules chenilles. Avant de partir à l’aventure et dévorer le chou, elles consomment le chorion de l’œuf (la « coquille ») pour se donner des forces.
Sur la capucine, aussi
On rencontre parfois des chenilles de la piéride du chou sur la capucine, sans doute apprécient-elles la saveur piquante de ses feuilles, proche de celles des Brassicacées, comme la moutarde, la ravenelle et le chou qui font leur ordinaire.
Il existe en Ile-de-France quatre espèces de Pieris. Sur la photo ci-dessus, il s’agit de Pieris brassicae, la piéride du chou, très fréquente dans les potagers. Elle est reconnaissable à la tache noire à l’apex de l’aile antérieure qui est étendue sur les deux bords. A gauche, c’est le mâle, sa tache apicale est plus fine que celle de la femelle.
Cette espèce est bivoltine, c’est-à -dire que deux générations se succèdent dans l’année. On voit les papillons de première génération en avril, mai et ceux de la seconde en juillet, aoà»t.
Les parasitoà¯des, solutions naturelles de biocontrôle
Un hyménoptère parasitoà¯de du genre Apanteles (famille des Braconidae), présent naturellement dans les jardins, peut réguler efficacement les pullulations des chenilles de piérides. Il pond dans les jeunes chenilles. Ce parasitoà¯de-ci observé sous une feuille de chou à Vauréal pondait directement dans les œufs de la piéride :
La première fois que je l’ai remarqué à Cergy, c’était il y a deux ans, en bordure d’un massif fleuri sur le terre-plein du boulevard de l’Hautil. Ces quelques pieds ont grainé et la plante a progressé sur quelques dizaines de mètres en direction du boulevard de l’Oise.
Et cette année, il s’étale complaisamment à la porte de la cantine de l’hôtel d’agglomération sur la dalle du Grand centre, à cent mètres du boulevard. Comment ses grosses graines sont-elles montées sur la dalle ? Peut-être collées dans la terre sous les semelles des passants qui traversent le boulevard hors des passages piétons ?
Les jardiniers connaissent bien le pourpier, aux feuilles succulentes, d’abord parce que c’est une bonne petite salade au goà»t acidulé, riche en vitamine C, en oméga 3 et en minéraux, ensuite parce que c’est une adventice annuelle mais tenace qui se ressème abondamment et pousse très vite dans les potagers.
Les feuilles de pourpier peuvent se consommer crues, en soupe, confites au vinaigre, frites dans l’huile, ou cuites comme des épinards.
La plante se plaît dans les sols tassés et secs en été, où on la trouve souvent en compagnie de la renouée des oiseaux et de la roquette vivace.
Retrouvez nos articles sur les compagnons du pourpier :
Le collège Gérard Philipe à Cergy s’est engagé en 2016 dans une démarche environnementale et vient de décrocher le niveau 1 du label E3D, « Etablissement en Démarche de Développement Durable » du Ministère de l’éducation nationale.
A l’invitation de Nicolas Louineau, professeur des sciences de la vie et de la terre, nous avons pu visiter les nouveaux aménagements nature, réalisés cette année avec l’aide du conseil départemental du Val d’Oise.
L’espace de nature est ainsi doté d’un hôtel à insectes, de composteurs, d’une haie fruitière, d’un potager, d’une mare, d’un récupérateur d’eau de pluie, d’un verger, de nichoirs pour les oiseaux. Un rucher est en projet.
Les élèves participent au tri sélectif des déchets de repas, en plaçant les déchets qu’ils souhaitent composter dans des bio seaux. Des délégués assurent le transport de ces bio seaux chaque vendredi jusqu’aux composteurs. Les bio seaux ont été placés en cuisine, dans les réfectoires des élèves et des professeurs et dans la salle des professeurs.
Le collège est également refuge LPO.
Lors de notre visite le 4 juillet 2018, nous avons observé une toute jeune chenille du Machaon sur une carotte au bord du potager. Le papillon adulte était dans les parages et pondait sur les carottes sauvages de la pelouse transformée en prairie. Depuis, cette jeune chenille a bien grossi. Nicolas Louineau nous en a envoyé une photo :
A côté de l’hôtel de ville de Vauréal, la place du cœur battant est l’un des sites les plus joliment fleuris de notre territoire. C’est aussi l’un des plus fréquentés par les abeilles, les bourdons et les papillons. Il faut dire que ce ne sont pas les fleurs qui manquent !
Laissez-moi vous présenter quelques-unes des espèces vivaces à floraison estivale installées là par le service Espaces publics de la commune :
Les fleurs des monardes, originaires d’Amérique du Nord, sont activement visitées par les bourdons. Leur feuillage dégage une agréable odeur de bergamote. Pour que ces plantes fleurissent généreusement tout l’été, il leur faut un sol riche et maintenu suffisamment humide.
Les Echinacea sont un grand classique de l’été. De nouvelles variétés dans les tons rouges ou jaunes très lumineux viennent enrichir les possibilités de marier ces vivaces avec les annuelles ou d’autres vivaces dans les massifs floraux.
Les agapanthes sont des plantes bulbeuses qui peuvent être rustiques dans les situations abritées sous la protection d’un paillage. Elles forment de belles touffes quand elles sont bien installées. Les variétés à petites fleurs, bleues ou blanches, me paraissent plus rustiques.
Ces grosses campanules plates qui voisinent ici avec des gauras sont en fait des platycodons. Cette belle asiatique bien rustique est de culture facile.
Sur le toit potager d’AgroParisTech des expériences scientifiques sont menées sous la conduite de chercheurs en agronomie. Des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains sont testés, et les teneurs en métaux lourds sont mesurées dans les légumes produits. D’autres paramètres font l’objet de batteries de mesures comme le poids des récoltes, la capacité de rétention en eau des substrats, le teneur en carbone dissous dans les eaux de drainage, l’effet de l’inoculation en vers de terre sur les rendements.
Bonnes nouvelles : un tel toit potager est à peu près aussi productif que la même surface en maraîchage biologique, et les teneurs en métaux lourds restent inférieures aux normes (sauf pour les plantes accumulatrices comme les aromatiques).
L’objectif du toit potager d’AgroParisTech :
Démontrer qu’un toit potager utilisant des substrats de culture issus du recyclage de déchets urbains permet efficacement de « participer au recyclage les déchets de la ville, produire des denrées alimentaires de bonne qualité, retenir l’eau de pluie et contribuer au stockage du carbone »
Les oiseaux exercent une forte pression sur ce toit peu fréquenté. Les filets sont une parade efficace mais il faut les réparer souvent car les oiseaux cherchent à les percer.
Une partie de la terrasse est dévolue à l’expérimentation de diverses cultures, dont des légumes africains. Une friche mellifère est aussi installée. Elle a été conçue pour ne pas être irriguée, mais des arrosages de secours sont tout de même nécessaires en période de sècheresse.
Sur le site d’une ancienne gare de la petite ceinture, La Recyclerie est d’abord un lieu de vie et de rencontres. Son atelier de réparation de petits matériels et son café-cantine sont bien connus des habitants du quartier. Le jardin tout en longueur le long des anciennes voies ferrées est équipé d’un poulailler, de composteurs collectifs, d’un potager écologique, d’une serre, d’un démonstrateur d’aquaponie, de diverses installations expérimentales et de mobiliers de récupération. Sur le toit du bâtiment des ruches sont installées parmi des plantes de garrigue.
L’objectif de La Recyclerie
« Sensibiliser le public aux valeurs éco-responsables, de manière ludique et positive »
A La Recyclerie, on peut emprunter un bioseau et rapporter ses déchets de cuisine à composter. Le lieu à l’ambiance particulière est proposé à la location pour des groupes. La Recyclerie propose aussi des ateliers pédagogiques et des événements culturels et festifs.
Bowie le lapin et les deux cochons d’Inde Ron et Alpe sont les chouchous des enfants qui visitent régulièrement le site. Ils valorisent une partie des épluchures du restaurant. La toiture de leur clapier est plantée de fraisiers.
Agripolis, sur le toit du collège Eugène Delacroix dans le 16ème arrondissement
Agripolis, start-up créée en 2014, gère actuellement quatre fermes urbaines sur Paris et en région parisienne. Elle prévoit de s’étendre à d’autres villes en France, et à l’international dès 2019. Elle pratique une agriculture intensive faisant appel à des techniques innovantes permettant des rendements élevés.
Les objectifs d’Agripolis
Produire en circuit court : « les fruits et légumes sont vendus aux consommateurs dans un rayon de 500 mètres maximum du lieu de production »
Sans pesticides ni engrais chimiques : « nous n’utilisons aucun pesticide et exclusivement des nutriments d’agriculture biologique »
Et cueillir à maturité : « le délai de mise à disposition après récolte n’excède pas 12 heures »
Les légumes sont cultivés en aéroponie. Les colonnes de culture ne sont pas remplies de terreau, elles sont creuses ; à l’intérieur, le long de leur paroi, coule de l’eau fertilisée qui baigne les racines des plantes. Cette eau circule en circuit fermé. Dans ces colonnes sont cultivées des plantes adaptées, à végétation limitée, faciles à récolter et à forte rentabilité : des fraisiers, des potimarrons, des aubergines, du basilic, des blettes…
Ces tomates de collection sont cultivées également en technique hors-sol, dans des tubes où circule de l’eau fertilisée.
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Des inventaires de biodiversité, indicateurs de gestion d’une prairie
Le 5 juillet 2018, nous sommes allés au parc du château de Grouchy à Osny. La communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise y gère en fauche tardive une prairie humide dont la biodiversité est évaluée depuis plusieurs années par l’application de deux protocoles de sciences participatives pour gestionnaires d’espaces verts : Florilèges prairies urbaines (plantes) et Propage (papillons de jour).
Une belle rencontre avec une espèce protégée
Lors d’un transect, méthode d’inventaire de Propage, nous avons rencontré ce Flambé, Iphiclides podalirius. Cette espèce protégée en Ile-de-France doit son nom vernaculaire à ses belles lignes noires.
Ses chenilles consomment des feuilles de prunellier ou de cerisier.
Tout comme les plumes des oiseaux, les écailles, qui couvrent ses ailes et forment les motifs caractéristiques de l’espèce, permettent au papillon de trouver son ou sa partenaire pour se reproduire. Elles sont aussi probablement impliquées dans la conduite du vol, ainsi que dans l’émission et sans doute la perception d’odeurs. Elles sont accrochées, telles des tuiles d’un toit, à la membrane transparente qui constitue la structure de l’aile.
Ces écailles ne sont pas plus grosses qu’un grain de pollen. Retrouvées au fond des lacs ou dans les sols anciens elles pourraient permettre, comme le pollen, de raconter l’histoire d’un site et peut être même de dater certaines couches de sédiments.
Abîmer les écailles d’un papillon ne l’empêchera pas de vivre, mais il ne sera pas reconnu par ses congénères et ne pourra pas se reproduire.
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