Sur les branches de mon figuier, j’ai trouvé cette chose rose, pas plus grosse qu’une tête d’épingle. Serait-ce la fructification d’un lichen inconnu ?
Il s’agit en fait d’un champignon qui parasite des lichens des genres Physcia, Physconia et Xanthoria. Ce curieux ascomycète est présent un peu partout en France mais il est peu observé, sans doute en raison de sa taille minuscule.
Observé à la loupe, Illosporiopsis christiansenii est d’aspect irrégulier et granuleux. Le lichen jaune vert est Xanthoria parietina, le gris aux lobes ciliés est Physcia adscendens/tenella. Ils sont tous les deux très communs sur les troncs des arbres.
J’ai déterminé les lichens grâce à la clé du programme de science participative Lichens Go !
L’hellébore fétide est une plante fascinante à tous points de vue.
Sous le regard botanique
Cette plante est une vivace qui fleurit en hiver, dès le mois de janvier. C’est une caractéristique suffisamment rare pour la classer au rang des plantes étonnantes, mais elle ne s’arrête pas là . Pour survivre aux affres du froid elle a développé d’intéressantes techniques. Sa fleur est en forme de cloche et orientée vers le bas. De cette manière les organes reproducteurs de la plante sont protégés en cas d’importantes chutes de neige.
La fleur des hellébores ne se plie pas au schéma classique : une rangée de pétales (organes souvent colorés et imposants) soutenu par une rangée de sépales (organes le plus souvent verts). Dans son cas, ce sont les sépales qui constituent la part importante de la fleur et les pétales sont réduits à de tous petits réservoirs à nectar (les nectaires) cachés au fond de la cloche. Plus étonnant encore, ces nectaires renferment des levures qui, en consommant les sucres du nectar, produisent de la chaleur ! Les quelques insectes encore présents à cette période sont alors attirés et stimulés par cette source de chaleur comme si c’était le printemps ! Autre information intéressante à son sujet, tout comme la chélidoine ou les cyclamen coum et de Naples, elle est myrmécochore. C’est un bel exemple d’ingéniosité pour la coopération entre plante et insectes.
Sous le regard historique
Cette plante à la biologie si fascinante n’a pas manqué de faire parler d’elle au cours de l’histoire. Malgré sa puissante toxicité (Helleborus signifie toute de même « faire mourir la pâture ») elle était fréquemment utilisée comme remède contre la démence, ou pour se prémunir des maladies et des animaux nuisibles dans les abris des animaux domestiques. Cette chronique poétique de Sauvage du Poitou en relate quelques utilisations.
Où la rencontrer ?
Les individus présentés plus haut poussent dans le jardin de Gilles. Mais c’est une plante connue pour être largement présente dans le bassin de l’Oise et le Vexin. Elle affectionne les sols riches et relativement ombragés des lisières et des sous-bois. En voici un pied vu à Genainville l’été dernier. En l’absence de fleur on la reconnait tout de même à ses feuilles en éventail.
Attention cependant à ne pas confondre avec Helleborus viridis l’autre hellébore sauvage (plus rare) dans la région ou des plantes horticoles comme Helleborus orientalis.
Sources :
La flore d’àŽle-de-France, par Philippe Jauzein et Olivier Nawrot
Comme tous les ans à cette période, une bande de mouettes rieuses vient profiter de quelques rayons de soleil et d’un repas de poissons dans les bassins du Parc François Mitterrand à Cergy.
Forts des expériences de Gilles, nous surveillons les pattes de tout le joyeux groupe. Et ça ne loupe pas, l’une d’entre elles porte une bague ! Et même deux, une à chaque pied.
Malheureusement, un passant venu donner du pain aux oiseaux (bien que ce soit fortement déconseillé!) a fait décoller notre voyageuse et sa bague métallique reste illisible. Grâce à la plateforme « European color-ring birding » nous identifions cependant la bague colorée. Après avoir croisé des mouettes tchèques, lituaniennes, belges il s’agit cette fois d’une nouvelle polonaise !
Nous avons écrit au Muséum polonais qui nous a répondu immédiatement. Notre jolie mouette a été baguée l’été dernier sur une plage polonaise, elle avait alors plus de deux ans. Elle a depuis le mois d’aoà»t dernier parcouru au moins 1110 km !
Cergy-Pontoise a l’air connu chez les mouettes comme un arrêt immanquable sur le trajet migratoire.
Pour en savoir plus sur les migrations des mouettes et des oiseaux en général, nous vous conseillons :
L’agrion élégant est une demoiselle (de l’ordre des odonates) assez commune dans la région. On l’observe en été essentiellement autour des points d’eau. En effet, les larves sont aquatiques et les adultes, qui volent d’avril à septembre à la recherche de moucherons pour se nourrir et de partenaires pour se reproduire, restent à proximité des plans d’eau pour y pondre.
L’agrion élégant n’étant pas le seul agrion à parcourir nos zones humides voici quelques critères pour le reconnaître :
Belles demoiselles
L’agrion élégant, ou Ischnura elegans, porte bien tous ses noms. Le terme agrion vient du latin [agrios] qui signifie farouche ou sauvage, et Ischnura veut dire « fin, allongé ». On visualise bien l’abdomen fin de ces demoiselles voletant furtivement aux abords des points d’eau. Quant à « élégant », l’adjectif lui a sans doute été attribué en raison de la multitude de couleurs que peut revêtir cette libellule. Voyons le panel qu’elle nous propose.
Les mâles
On reconnaît le mâle car le ptérostigma est bicolore. La tache caudale et les yeux sont bleus et le thorax est bleu chez les adultes et vert chez les immatures.
La femelle
C’est la femelle qui, malgré des ptérostigmas uniformes, présente la plus grande variété de couleurs. Les immatures peuvent avoir le thorax orange, rose ou lilas avec une tache caudale bleue. Les adultes ont des thorax bleus ou vert-brun avec une tache caudale bleue ou brune. De quoi varier les nuances des mares et étangs sur lesquelles elles viennent pondre !
De quelle couleur seront les petits de ces deux-là ?
Dans mon jardin de Poissy, j’ai disposé une bassine qui me permet de récolter de l’eau de pluie pour l’arrosage des orchidées que je cultive à la maison. Visiblement, je n’ai pas transvasé que de l’eau dans ma bouteille : des petites bêtes sombres nagent et sautent à la surface. C’est l’occasion d’étrenner mon tout nouveau jouet, un microscope de poche adaptable sur l’objectif du smartphone.
Ce sont des collemboles. De gros adultes (de l’ordre d’un millimètre) voisinent avec de plus jeunes, d’une jolie teinte violette, que je n’avais pas vus à l’œil nu.
Les pattes claires, le corps bleu violacé d’aspect irisé et la forme des antennes m’orientent vers l’espèce Vertagopus arboreus de la famille des Isotomidae. On voit sur la tête du bébé, tout en bas, les ocelles sombres, organes rudimentaires de vision. Ces collemboles très communs vivent sur les troncs des arbres ou sur le bois mort. On peut les trouver en regardant sous les écorces. Ils consomment des déchets organiques. C’est le vent qui les aura apportés dans ma bassine sans doute.
Bravo à Jean-Louis, Patrick, Marie-Louise, Judith et Florent qui ont reconnu les premiers la galle du rosier appelée bédégar. Cette galle est causée par Diplolepis rosae, un petit hyménoptère de la famille des Cynipidae.
Au printemps la femelle de Diplolepis rosae pont ses œufs dans les cellules végétales des futures feuilles des rosiers (sauvages ou domestiques). La plante réagit à cette intrusion par le développement d’une coiffe visant à contenir l’invasion. Les larves sont séquestrées dans des petites loges dans lesquelles elles se développeront et d’où elles émergeront sans avoir impacté le reste de la plante.
Que se passe-t-il sous les cheveux ?
Si cette touffe chevelue est l’œuvre d’un seul insecte (Diplolepis rosae), elle bénéficie à beaucoup d’autres espèces.
Les oiseaux, et notamment les mésanges, se délectent des petites larves du cynipidae se développant dans la galle.
Et on les comprend, les larves ont l’air appétissantes. Il paraît même que certains leur trouvent un goà»t de noisette… Je leur laisse le bénéfice du doute !
Si tôt les loges vidées par les mésanges ou par l’éclosion des larves, d’autres insectes viennent s’installer dans les abris libérés.
L’an dernier, Gilles avait mis en élevage une galle trouvée sur l’île de loisirs de Cergy. Voici ce qui en est sorti :
Les « cheveux » peuvent aussi abriter de nombreuses petites bêtes. Comme ce Peritelus sphaeroides, petit charançon forestier qui s’était caché dans une galle de rosier sauvage.
Quant au rosier lui-même, outre l’aspect esthétique et un peu de dépense énergétique pour la croissance de la galle, les pompons roses ne causent pas de dégâts.
Qu’est-il donc arrivé à ces feuilles d’érables, qui se sont parées de taches noires ?
La tache goudronneuse de l’érable
Le responsable de ces figures sphériques n’est pas un artiste contemporain, ni un tatoueur, mais un champignon inféodé aux érables. Les taches sont en réalité des stromas, organes indépendants permettant la production de spores qui assurent la dispersion du champignon.
Ce champignon possède deux formes : Melasmia acerina, une forme asexuée (immature) dite « anamorphe », et Rhytisma acerinum, une forme sexuée (mature) dite « téléomorphe » que le champignon atteindra après maturation au printemps. C’est uniquement sous sa forme sexuée que le champignon pourra libérer ses spores contaminants et venir se loger sur les jeunes feuilles en mars-avril.
Inoffensif pour l’arbre
Les taches peuvent causer une chute prématurée des feuilles mais elles ne représentent pas un danger pour l’érable, celui-ci vit très bien avec.
Pour lutter contre sa propagation, il est conseillé d’évacuer les feuilles mortes du pied de l’arbre. Ainsi, le champignon ne pourra pas contaminer la prochaine génération de feuilles.
Au parc des Larris, lors d’une sortie avec l’école primaire, les enfants ont trouvé un escargot tout rabougri. Que lui est-il arrivé ?
En regardant de plus près, nous nous rendons compte qu’à l’intérieur de sa coquille, l’escargot tout rabougri n’est pas seul. Une larve de Lampyris noctiluca en sort également. Le nom latin est un peu compliqué mais les enfants connaissent bien son nom français : c’est la plus commune des 10 espèces de vers luisants ! Mais que fait cette larve dans la coquille de l’escargot, se demandent les enfants ?
La réponse est simple : un festin ! Les larves de vers luisants se nourrissent d’escargots et de limaces. L’aspect liquéfié de cet escargot est dà» aux sucs digestifs que la larve lui injecte pour pouvoir le manger. Petite particularité : chez les vers luisants seules les larves se nourrissent, les adultes ne s’occuperont que de la reproduction. Voici encore une larve, la tête plongée dans un escargot à déguster.
Les vers luisants (ou lampyres) sont des insectes de l’ordre des coléoptères. Comme tous les insectes, les larves muent (une ou plusieurs fois) pour donner les formes adultes. Chez le lampyre ces mues ont lieu au cours de l’hiver et du printemps et les adultes émergent à l’été.
Il faudra donc attendre le mois de juillet prochain pour retrouver les petits lampions verts de nos jardins, qui ne sont autres que les signaux de la femelle indiquant au mâle qu’elle est prête pour la reproduction. D’ici là , si vous reconnaissez la larve assez caractéristique de Lampyris noctiluca, signalez-la dans l’observatoire des vers luisants ! La canicule de 2019 ayant fortement impacté les gastéropodes, le suivi de leur prédateur en est d’autant plus important. Les vers luisants connaissent une forte régression des populations, tout élément susceptible de participer à leur sauvegarde est le bienvenu.
Et puisque la période s’y prête, je vous laisse sur ce très joli conte de Noà«l dont les stars sont d’autres Lampyridae, les lucioles : Au pays des pommes et des lucioles, par Joà«l Tribhout.
Le houx est une plante que l’on associe souvent à Noà«l. Du fait de son feuillage persistant et de sa fructification hivernale, le houx participe à la coloration des paysages durant la période des fêtes. Ses feuilles vertes brillantes et ses boules rouges ornent fréquemment les portes dans les couronnes de Noà«l. Mais quand elles restent sur l’arbuste ces petites baies font le bonheur des oiseaux migrateurs, comme les grives. Tout le monde profite du festin de fin d’année ! On espère que vous aussi.
L’équipe de Nature en ville à Cergy-Pontoise vous souhaite un très joyeux Noà«l.
Nous devons ces galles à Pediaspis aceris, un insecte hyménoptère de la famille des Cynipidés. Chez cet insecte, les adultes sont divisés en deux catégories : des individus sexués capables d’effectuer une reproduction mâle/femelle et des femelles asexuées qui se reproduisent par clonage.
Au début de l’été, les adultes sexués pondent leurs œufs à la surface des feuilles, des tiges et des bourgeons de l’érable alors que les femelles asexuées préfèrent les racines. De ces œufs naissent des larves blanchâtres qui causent l’apparition de ces excroissances brunes et sphériques, visibles sur les photos. Les galles de Pediaspisaceris sont fréquentes sur l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) mais nous les avons aussi observées sur l’érable champêtre (Acer campestre).
La larve se nourrit des tissus de la galle jusqu’à atteindre son stade adulte. Une fois atteint, l’insecte se fraye un passage à travers la paroi de la galle et laisse un petit trou derrière lui.